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09/01/2008

Et si on commençait l'année par des poissons d'avril ?



Requins blanc, Dyer island, Juillet 2005



Bonne année à vous qui êtes trois fois plus nombreux que l’année dernière à la même époque. Ce qui me fait le plus plaisir, ce sont les mails que je reçois et vos commentaires qui se font un peu moins rares. A cet égard, n’hésitez pas à me faire part des articles qui vous intéressent afin que je poursuive dans ce sens. Je compte prochainement revenir sur une rubrique un peu délaissée, celle de mes « meilleures plongées avec des requins ». Je vous réserve également quelques nouvelles vidéos dont la qualité devrait être meilleure, grâce aux convertisseurs de fichiers désormais disponibles.

La cause des requins fait son chemin. Leur éradication a même fait l’objet d’une séquence lors du zapping de fin d’année sur Canal plus. Il faut à cet égard saluer le travail de sensibilisation énorme accompli par le film Sharkwater. Il semble que l’heure, plus qu’à la sensibilisation, soit désormais à l’action. Et de ce côté, il y a beaucoup de travail. J’ai pu constater en deux passages sur le marché de St Martin de Ré cet été, qu’à chaque fois le requin était proposé aux consommateurs. Une fois du requin taupe, l’autre du requin bleu. Parlez aux poissonniers, parlez aux consommateurs. C’est en supprimant la demande qu’on arrêtera l’offre. Il est plus facile et plus légitime de convaincre un Européen bien portant qu’il peut se passer de requin, qu’un pêcheur Sénégalais dans le besoin qu’il doit renoncer à cette source de revenu.

L’année a commencé avec une nouvelle étonnante. Le feuilleton de la présence du grand requin blanc sur les côtes anglaises se poursuit. La nouvelle est cependant à prendre avec les plus longues pincettes disponibles, car elle émane au départ, une fois de plus, du très sérieux Sun. Ce journal même qui nous faisait part de la possible présence cet été d’un requin blanc sur les côtes du Cornwall, attestée par une vidéo. Très vite le débat s’était alors porté sur le fait de savoir si l’aileron filmé ne pouvait être celui d’un très gros spécimen de requin taupe. On avait juste oublié de se demander si cette vidéo avait bien été filmée en Angleterre, ce qui n’était justement pas le cas. Il s’agissait en fait bien d’un requin blanc, mais d’un requin blanc Sud Africain. Le requin blanc a remplacé le monstre du Loch Ness. L’animal en voie de disparition a donc fini par accéder au statut de créature mythique dans l’inconscient collectif britannique, ce qui n’est guère rassurant. On utilise les mêmes stratagèmes qu’hier pour faire croire à sa présence.

Il faut également rappeler qu’au cours des deux précédentes années une promeneuse avait déjà cru apercevoir un grand blanc du haut d’une falaise du Cornwall et un surfer avait cru distinguer la silhouette d’un requin bouledogue alors qu’il était assis sur sa planche dans la même région (ce dernier événement avait d’ailleurs fait l’objet d’un article de ma part). Il s’agissait probablement dans les deux cas, au vu de l’endroit et de la saison, de requins pèlerin.

Cette fois-ci, la nouvelle a l’air plus sérieuse ou la supercherie plus élaborée. Un phoque gris a été retrouvé mort le 4 Janvier sur la cote du Norfolk, portant les signes caractéristiques d’une morsure de grand requin. Une gigantesque morsure en forme de demie lune qui au-delà de la graisse a atteint les organes vitaux de l’animal. S’il s’agit d’une requin (et il ne peut s’agir d’un orque vu la taille de la machoire), il s’agit probablement d’un requin blanc. A ma connaissance le Mako n’attaque pas les phoques et quand bien même ce serait le cas, il s’agirait alors d’un spécimen d’une taille hors du commun (ce qui est toutefois possible, une pièce de 884 livres ayant été pêchée cette année).

Cette première nouvelle en a déclenché une seconde, relayée cette fois par le Daily Mail, journal tout aussi sérieux qui s’interroge encore sur les véritables circonstances de la mort de la princesse Diana. A la lecture de l’article du Sun, un pêcheur du Suffolk aurait fait le rapprochement avec une carcasse de marsouin qu’il avait observée et prise en photo à l’aide de son téléphone portable sur une plage le 1er Janvier au matin. Cette fois-ci, il s’agit d’une proie, certes occasionnelle, mais entrant dans le menu du requin mako. Qui plus est, les mutilations que l’on constate sur ce qu’il reste de la carcasse ne permettent pas de tirer de véritable conclusion quant à l’identité du ou des agresseurs.

Toujours est-il que les commentateurs ne peuvent s’empêcher de voir là la possible signature du tueur blanc tant espéré. Possible. Même si rien ne dit que les incidents soient reliés, même si aucun requin blanc n'a jamais été observé en Atlantique Est au nord de Noirmoutiers.

Vous me permettrez néanmoins de rester dubitatif. Le pêcheur qui a trouvé la carcasse du marsouin souligne qu’en 40 ans de pêche, il n’avait jamais vu de marsouin échoué. Quant au phoque, on ne comprend pas bien pourquoi un requin blanc, s’il s’agit de cette espèce, ne l’aurait pas consommé en entier, puisque les organes vitaux semblaient atteint et que l’on ne voit pas bien comment l’animal aurait pu s’échapper. Les individus mutilés que l’on aperçoit du côté de Dyer ou de Seal island en Afrique du Sud ne parviennent à fuir leur agresseur qu’à la seule condition de n’avoir été amputé que de graisse.

Et si nous avions affaire à un serial imposteur ?