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30/01/2012

Un nouveau massacre de requins à Malpelo

 

Marine colombienne, Columbian navy, Malpelo, Colombie, requins, pêche illégale






LE Bateau de la marine colombienne, prêt à bondir.






La semaine dernière, la marine colombienne a saisi un bateau de pêche costa-ricien de retour de Malpelo, la cale pleine d'ailerons de requins. 660 Livres. Il y a deux mois déjà cette même marine colombienne avait saisi un autre bateau, unique coupable appréhendé d'une flotille de 10 bateaux selon les plongeurs qui les avait surpris et avait attiré l'attention sur leurs activités. On a calculé d'après les prises de ce bateau qu'environ 2000 requins marteaux et soyeux avaient dû être pêchés par cette flotille. Cette dernière était doublement dans l'illégalité, pratiquant une méthode de pêche illégale (le finning) à l'intérieur d'une zone marine protégée, le Sanctuaire de Faune et de Flore de Malpelo, classé au patrimoine mondial de de l'UNESCO (en voilà encore une chose utile).

Il faut savoir que le bateau saisi ces jour derniers, faisait quant à lui partie d'une autre opération de pêche illégale (et qu'il y en avait là encore peut être 10 autres de plus sur zone au même moment que lui). C'est effrayant. Alors même que les opinions changent et que la consommation de soupe d'ailerons baisse en Asie, le massacre se poursuit.

Une première question vient à l'esprit. Combien de temps cet écosytème du pacifique Est pourra t-il soutenir de telles ponctions? Les plongeurs russes qui ont documenté le massacre affirment qu'après leur macabre découverte, ils ne virent plus un seul requin marteau sur place pendant le reste de leur séjour (soit environ 5 jours je suppose).  Cette dernière nouvelle ne m'étonne guère. En sentant et en voyant leurs congénères aux ailerons sectionnés agonisant sur le fond, les requins restants ont provisoirement dû fuir la zone, terrorisés. Ils reviendront sous peu, jusqu'au jour où il ne reviendront plus, parce qu'ils auront disparu de cette zone.

Il y a un an, de retour de cet ilôt au large de la Colombie, je vous avais parlé dans un post de la protection des requins à Malpelo (http://sharkuterie.blogspirit.com/archive/2010/12/08/la-protection-des-requins-a-malpelo.html) et vous avais expliqué le problème des ressources, sur place : un seul pauvre bateau rouillé, assez lent aux dires des gardiens du Sanctuaire. Qui plus est, un guide de plongée qui s'était rendu quatre fois sur place dans l'année m'avait calmement confié quand nous nous amarrâmes au bateau de la marine que c'était la première fois qu'il le voyait sur zone (!!!!).
Il semblerait qu'il en existe un deuxième. Il paraît. Les moyens de garantir la protection de la zone sont donc dérisoires et du coup les grandes déclarations des gouvernements sonnent creux.

Les gouvernements colombien et costa ricien se sont joints la semaine dernière pour souligner qu'ils allaient renforcer leur coopération, suite à ces derniers "incidents". La sincérité des colombiens, qui sont derrière toutes les révélations, n'est plus à prouver. Celle des costa riciens me paraît beaucoup plus douteuse. Passivité ou corruption, je n'en sais rien, mais les problèmes viennent souvent de ce pays qui se dit écologiste. Le Costa Rica ne pourrait-il prouver sa bonne foi en commençant par sanctionner ses ressortissants criminels ? Ne pourrait-il également mettre un tout petit peu plus de moyens au service de la protection des requins, puisqu'une bonne partie des pêcheurs illégaux battent son pavillon et déchargent leurs prises au Costa Rica.  Sans doute suis-je naïf. Le documentaire Sharkwater était édifiant à ce sujet.

A court terme, la seule solution que je vois serait à mon sens qu'on autorise plus de bateaux de plongée à Malpelo. Les bateaux de plongée ne peuvent arraisonner les pêcheurs illégaux (pas plus que les bateaux de la marine colombienne d'ailleurs, vue leur lenteur,) mais peuvent signaler les fauteurs de trouble aux autorités compétentes. Or avec plus de bateau de plongée, on pourrait garantir une présence quasi permanente sur place, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Aujourd'hui le nombre de bateaux de plongée est limité à un seul à la fois. On pourrait sans aucun problème en avoir trois sur place au même moment, sans que la faune n'en soit beaucoup plus dérangée, ni que les plongeurs ne se marchent sur les palmes.

Cette solution offirait également un avantage du point de vue de la sécurité. Il est dangereux de laisser un bateau seul, à 700 km des côtés, quand bien même il y aurait une présence humaine sur l'ilôt.

Dernière chose, augmenter et partager les revenus du tourisme écologique, c'est sans doute la meilleure façon de protéger les requins de Malpelo. 

26/01/2012

Le premier requin hybride

 

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Ces jours derniers, une bien curieuse nouvelle m'est parvenue. Curieuse et heureuse (ironique). Les mutants sont parmi nous.

Je me suis souvent attristé sur ce blog de la disparition progressive de certaines espèces de requins aujourd'hui menacées, voire très menacées dans certains cas comme celui du grand requin marteau, devenu le plus rare de tous les requins. 

Eh bien, aujourd'hui une occasion nous est donnée de nous réjouir (toujours ironique) de l'apparition d'un nouveau requin. Il s'agit d'une troisième espèce de requin à pointes noires australienne fruit de l'union du requin à pointe noire commun et du requin à pointe noire australien (endémique).

On connaissait déjà une variété de requin à pointe noire dite subtropicale (il s'agit des pointes noires du large et non des pointes noires de récifs). On connaissait également une variante préférant les eaux tempérée voire froide, la variante commune, Sous l'effet du réchauffement climatique , il semble que la variété subtropicale soit descendue plus bas que Brisbane sur la côte Ouest de l'Australie où elle a rencontré l'autre variété. Les deux se sont accouplées pour donner naissance à un nouveau requin hybride, adapté aux deux eaux. On dénombre déjà 53 spécimens de cette nouvelle espèce.

C'est le premier requin hybride connu à ce jour. Le requin s'adapte. La mutation sera complète quand sortira enfin le modèle sans aileron, mangeur de plancton, parfaitement adapté à son nouvel environnement .

01/01/2012

Y a t-il un courant froid qui rend possible le Sardine run?

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"En évitant un prédateur, les sardines se mettent à portée d’un autre : l’homme."

 



En ce début d’année, que je ne vous souhaite pas trop degradée, j’ai décidé de faire un petit article un peu moins requinesque sur le courant froid qui remonterait en Afrique du Sud de la côte Est de la province du Cap jusqu’au Kwazulu Natal et provoquerait la migration annuelle des sardines, appelée Sardine Run. Migration dont bénéficieront notamment les requins taureaux, les requins sombres et les requins cuivres. Les requins ne sont donc pas totalement absents de ce post.

Je regardais hier un épisode de la série de documentaires de la BBC “Great events” consacré au Sardine Run et je constatais qu’on n’avait guère évolué depuis 2009 sur l’explication de ce phénomène. Les mêmes erreurs perdurent.

L’explication que donne la BBC, emboîtant le pas de certains "scientifiques", serait qu’un courant froid venu du Cap remonterait le long de la côte, comme une langue de froid, dans le sens inverse du courant .

J’aimerais faire à ce sujet une ou deux observations factuelles. J’ai assisté au Sardine Run en 2005 , j’ai plongé de nombreuses fois avec les spécialistes locaux du Run qu’il s’agisse d’opérateurs de plongée, de photographes de passionnés ou même de scientifiques.

Un premier fait m’interpelle : un opérateur de plongée local, ancien du sharks board, m’a dit qu’il n’avait jamais observé, en tout cas de la South Coast du Natal jusqu’au Nord du Transkei, un courant remontant vers le nord. Le courant va toujours invariablement dans le meme sens en direction du sud ouest. C’est le courant qu’on appelle le courant des Aiguilles (Agulhas current), du nom de Cape Agulhas, le point le plus au sud du continent africain.

Certains se demanderont alors comment font les sardines pour remonter à contre-courant. La réponse à mon avis est qu’elle n’avancent que les jours où le courant est le moins fort.  En effet, les jours où j’ai pu observer des baitballs en mer, ou meme des poches des sardines depuis la plage, le courant était relativement clément.

Une chose est vraie néanmoins : il faut que la temperature de l’eau descende en dessous de 20°c, 19°c très exactement pour que les sardines apparaissent.

Je suis  sorti en mer tous les matins de 7 heures à 2 heures de l’après midi pendant deux semaines. La première semaine, la temperature de l’eau oscillait entre 22 et 23°c. Pas une sardine. C’est seulement quand la temperature est tombée à 19°c que les poches sont apparues. D’après les spécialistes locaux, elles resteraient au large, en profondeur quand la temperature du bord est trop chaude. Quoiqu’il en soit, quand la temperature a atteint les 19°c et que les baiballs ont commence à fleurir (3 en 2 jours), pas de trace d’un courant remontant le long de la côte.

Si les sardines s’approchent de la côte, c’est donc peut être pour une autre raison. Je ne sais laquelle. Est-ce par ce que la côte leur semble un meilleur endroit pour se protéger de certains prédateurs, les requins et les dauphins notamment qui en s’approchant du bord courent le risque de s’échouer (risque que certains prennent, parfois à leurs propres depens cf. http://www.youtube.com/watch?v=2BX-F5iVdk8)? Si c’est le cas les sardines ne sont pas bien inspirées. En évitant un prédateur, elles se mettent à portée d’un autre : l’homme.

Du coup, l’explication la plus plausible me paraît là encore être le courant des aiguilles, venant en sens inverse de leur progression. Peut être est-ce en longeant la côte qu’elles s’en protègent le mieux, comme le font des plongeurs qui se collent à un récif pour se protéger?

Ainsi, lors du Sardine Run, ll n'y aurait donc pas de courant qui remonterait vers le Nord, juste des sardines qui remonteraient à contre-courant en rasant les murs.