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26/01/2012

Le premier requin hybride

 

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Ces jours derniers, une bien curieuse nouvelle m'est parvenue. Curieuse et heureuse (ironique). Les mutants sont parmi nous.

Je me suis souvent attristé sur ce blog de la disparition progressive de certaines espèces de requins aujourd'hui menacées, voire très menacées dans certains cas comme celui du grand requin marteau, devenu le plus rare de tous les requins. 

Eh bien, aujourd'hui une occasion nous est donnée de nous réjouir (toujours ironique) de l'apparition d'un nouveau requin. Il s'agit d'une troisième espèce de requin à pointes noires australienne fruit de l'union du requin à pointe noire commun et du requin à pointe noire australien (endémique).

On connaissait déjà une variété de requin à pointe noire dite subtropicale (il s'agit des pointes noires du large et non des pointes noires de récifs). On connaissait également une variante préférant les eaux tempérée voire froide, la variante commune, Sous l'effet du réchauffement climatique , il semble que la variété subtropicale soit descendue plus bas que Brisbane sur la côte Ouest de l'Australie où elle a rencontré l'autre variété. Les deux se sont accouplées pour donner naissance à un nouveau requin hybride, adapté aux deux eaux. On dénombre déjà 53 spécimens de cette nouvelle espèce.

C'est le premier requin hybride connu à ce jour. Le requin s'adapte. La mutation sera complète quand sortira enfin le modèle sans aileron, mangeur de plancton, parfaitement adapté à son nouvel environnement .

03/06/2011

Les requins préfèrent AC/DC

Un opérateur australien prétend attirer les requins en diffusant sous l’eau des chansons d'AC/DC, groupe de hard rock, australien bien sûr.

Parmi de nombreux groupes de musique testés, c’est à AC/DC que les requins répondent le mieux semble t-il, allant jusqu’à se frotter à la cage d’où le son est émis. Pas sûr que cet opérateur ait tenté l’expérience avec un concerto pour piano de Rachmaninov.

Sont-ils attirés par les riffs de « If you want blood » ? Je ne le pense pas. Les requins sont-ils attirés par AC/DC parce que le nom de ce groupe fait référence à l'électricité. Non plus. Il s’agit plus probablement des basses fréquences, apparemment plus présentes chez ce groupe que ceux auxquels il a été comparé, qui intéressent les squales. A mon avis d’ailleurs, la techno marcherait encore mieux. Pas sûr non plus que notre ami australien en écoute.

Déjà en Afrique du Sud, Trevor Krull utilisait à Protea Banks ce qu’il appelait un Shark Whisperer (pas besoin de paroles, ni de mélodie). Un engin émettant de basses fréquences lui servait à attirer les requins du zambèze (requins bouledogues). Les opérateurs qui à la pointe du cap de Bonne espérance attirent requins mako et requins bleus utilisent eux aussi des appareils sonores. Ce système présente l’avantage de ne pas appâter. Y a-t-il un phénomène d’accoutumance qui ferait que les animaux réagiraient moins au bout d’un certain temps ? Je n’en sais rien, mais je ne le crois pas.  Je n’ai encore jamais fait cette plongée à la pointe pour voir les requins bleus électriques, mais je n’y manquerais pas la prochaine fois. Dans quelques mois peut être. Je vous tiendrais au courant. 

07/12/2010

Red Alert

Et voilà, une nouvelle attaque de requin à Sharm El Sheikh. A Naam'a Bay qui plus est. A quelques mètres des restaurants de plages pourris bourrés de russes, d'italiens et de touristes en tous genres. Ce coup-ci, c'est tombé sur une touriste Allemande, à un endroit où les apprentis plongeurs passent leur premier niveau et où l'on ne voit généralement rien d'autre que des poissons de récifs. Cette histoire devient très étonnante

En tous cas, deux hypothèses peuvent déjà être écartées : tout d'abord le rôle qu'aurait pu jouer la vodka dans les précédentes attaques, mais aussi le fait que le coupable ait pu être capturé le jour précédent, suite à la brillante campagne de chasse au requin décrétée par le gouvernement Egyptien.

2 spécimens capturés avait alors été présentés comme les possibles agresseurs. Un Oceanic Whitetip, espèce formellement identifiée lors de deux attaques à répétition, ainsi qu'un Mako, espèce qui avait apparemment également été identifiée. L'Oceanic Whitetip, ne correspondait finalement pas au signalement de l'agresseur qui avait été filmé par des touristes, peu avant l'attaque (ce qui démontre, si besoin était, l'intérêt de ce genre de mesures). Quant au Mako, quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre qu'il était sur la liste des suspects. Après de nombreux voyages en Egypte, c'est la première fois que j'entends parler de la présence de cette espèce, qui plus est sur un site de plongée où l'on s'estime heureux quand on aperçoit un blacktip ou un pointe blanche de récif! C'est en tous cas la photo du malheureux Mako pêché en représaille qui a fait la une des journaux.

Mako ou pas, la présence de grands requins du large au bord est de plus en plus surprenante. Souvent dans le passé, on s'est aperçu que quand un grand nombre d'attaque survient sur un petit périmètre, ce n'est pas le fait d'un unique requin tueur, mais plutôt la conséquence de la présence massive de requins, y compris du large, attirés par une source de nourriture, qu'il s'agisse de bancs de poissons ou d'une source très odorante de viande en décomposition : cétacé mort, cargaison de viande avariée déchargée en mer etc. C'est peut être de ce côté là qu'il faudrait chercher.

02:28 Publié dans Requinades | Lien permanent | Commentaires (0)

04/12/2010

Plus rouge la mer

Comme vous l'avez peut être lu ces derniers jours quatre touristes russes ont été attaqués par un ou des requins en mer rouge. Je ne connais pas les circonstances exactes de cette nouvelle attaque mais je vous renvoie à ce sujet sur le dernier d'une longue série de posts dont le dernier remonte au 6 Juin 2009.

Saluons le gouvernement égyptien dont la décision de lancer une chasse au requin pour éliminer le coupable me paraît vraiment être la bonne. 2 gros requins Longimanus capturés et sans doute bien d'autres représentants d'espèces totalement inoffensives : à coup sûr ils tiennent le coupable. le vrai problème est que c'est le deuxième gros accident avec ce type requin. La vraie question, si les informations sur l'espèce concernée sont confirmées est pourquoi se rapproche t-il des côtes alors que c'est un requin du large? Le parfum de la vodka peut être.

04/01/2010

Les requins blancs s'attaquent eux-mêmes

Un requin blanc se cachait dans le noir. Il nageait à quelques centimètres du fond, tôt, très tôt le matin, avant que les rayons du soleil ne le dénoncent. Quand le soleil est au zénith, les profondeurs perdent de leur intimité.  Il faut savoir en effet que le requin blanc se cache dans la noirceur du fond comme les léopards se cachent dans les buissons. Comme le léopard, il chasse à l'affût.

A la surface, il aperçut la silhouette d’un autre requin blanc qui lui ressemblait étrangement et qui se tapissait en haut, de l’autre côté, sur l’autre fond. Un requin qui lui était en tous points semblable, à ceci près que ce n’était pas lui. Un requin symétrique.

Il remarqua alors les jambes d’une baigneuse qui perçaient la surface, bercées par les rayons obliques du soleil du matin.  Il tourna alors rapidement sur lui même, pris son élan et s’élança. La profondeur était de 18 m. Il allait l’annuler plus vite que ça.

Plus il s’approchait de la surface, plus les réflexions prenaient de la place dans son cerveau en Y de requin blanc. Plus il remontait, plus c’est son image qu’il apercevait se reflétant dans la surface. C’était bien lui qu’il voyait. Du reflet de sa bouche sortait les deux jambes de la baigneuse, comme de longues dents désarticulées.

Ne pouvant stopper, ni même ralentir son ascension, emporté par son élan, il se saisit de cette paire de jambes, convaincu d’avoir perdu son temps, convaincu au final de s’être fait mal à lui même. Inutilement.

12/08/2009

Les morsures du requin tigre

Le requin tigre est de ces requins qui pour mieux appréhender un objet ou un élément nouveau finissent par le mordre, pour le goûter et ainsi mieux le connaître. Les anglais utilisent l'expression "to mouth". Souvent le requin tigre s'éloigne après cette morsure initiale. Nombre de cas répertoriés comme des attaques sont ainsi des morsures exploratoires, sans arrière-pensées.

Comme tous les requins et bien qu’on n’ait jamais à ma connaissance assisté à un accouplement, le requin tigre s’accroche probablement à sa partenaire en saisissant entre ses mâchoires son aileron dorsal pour s'agripper à elle. L'amour lui fait souvent perdre des dents.

Parfois, le requin tigre rêve d’une existence ou il ne serait pas nécessaire de mordre pour faire connaissance.

07/07/2009

Les absences du requin pèlerin

Le requin pèlerin doit son qualificatif aux premières observations répertoriées qui se basaient sur les apparitions saisonnières de cet animal de passage ; passage qui finit par s’installer pour devenir son essence, avec une certaine connotation religieuse qui ne vous aura pas échappé. Le requin pèlerin est en effet un requin en pèlerinage. On supposait alors, bien entendu, que l’objet de ce pèlerinage était nos côtes qu’il visitait en été. Personne ne connaissait alors les Maldives, qu’il ne visite d’ailleurs jamais..

Ce qu’il faisait le reste de l’année, notamment pendant les longs mois d’hiver, fut longtemps sujet à conjectures. Nombreux furent ceux qui tentèrent ou furent tentés par la thèse de l’hibernation. Il faut dire que la saison s’y prêtait.

Rien ne confirmait, ni n’infirmait leurs dires, si ce n’étaient les disparitions fantomatiques de l’animal. Ses absences à répétition. Il devait partir vers le bas, mais qu’y faisait-il au juste et où. ? On l’imaginait un peu plus loin et beaucoup plus profond. Plus tard on imagina qu’il suivait le plancton en des régions marines isolées.

Aujourd’hui, le doute a de moins en moins de place. Tous les ballons sont crevés et presque tous les mystères sont percés. Les bateaux disparus aux Bermudes sont sortis d’une brume liquide grâce aux sonars et autres voyeurs aveugles des fonds. Il était donc normal que tôt ou tard l’hibernation des requins pèlerins refasse surface.

C’est chose faite depuis peu. On a enfin réussi à marquer le requin pèlerin avec de petits enregistreurs de données qui tiennent suffisamment de temps accrochés à l’animal pour suivre ses moindres mouvements. C’est tout récent. Ca date d’il y a à peine un an.

Et qu’a t-on découvert au juste de bien intéressant? Que le requin pèlerin se livre à un long pèlerinage circulaire, qu’il tourne en rond comme sied à son espèce. Il tourne inversement au sens des aiguilles d’une montre, emporté dans le tambour de la machine à laver du Gulf Stream.

Où passe t-il l’hiver nordique ? Au sud du Nord, normal. Aux Bahamas qu’il aperçoit au loin,en transit 800m plus bas. Il prend l’avion, l’avion pèlerin, celui qui atterrit au fond.

Que fait-il alors ? Les enregistreurs ne le disent pas. C’est la limite du truc. Si ça se trouve, il entre en hibernation, comme le pensaient les anciens. La saison s’y prête drôlement.

03/06/2009

Accident waiting to happen

C’est la formule qu’utilisent les anglo-saxons pour qualifier un certain type d’activité dont la fin tragique n’est que trop prévisible. Il y a quelques temps, mois, années peut être, dans un article intitulé « la réputation du longimanus est-elle justifiée ?», j’avais décrit les comportements stupides et dangereux auxquels se vouaient certains plongeurs en croisière en mer rouge avec la bénédiction de certains opérateurs . Ce qui devait arrivé est arrivé : une femme a été tuée ces derniers jours par un requin au sud de la mer rouge lors d’une de ces croisières.

 

Quand pour la première fois, je vis en 2003 des longimanus aux Brothers, un des guides de plongée me montra des clichés pris à Elphinstone de ces mêmes requins chargeant les plongeurs. Le guide admit que pour obtenir ces clichés il avait du appâter les requins  au moyen de carcasses de poulets. Deux ans plus tard, à Elphinstone, je vis des touristes jeter de la nourriture aux longimanus depuis un bateau. Quand je leur criai d’arrêter, ils réagirent comme face à un mauvais coucheur.

 

J’ai vu ce requin plusieurs fois en mer rouge. Elphinstone, les Brothers, Daedalus et Habili Ali. Je suppose que c’est sur l’un de ses sites que l’attaque a eu lieu. Le communiqué parle d’un récif au sud de Marsa Alam, donc a priori pas Elphinstone, mais allez savoir avec les communiqués. Pas sûr non plus qu’il s’agisse d’un longimanus, le communiqué ne le précise pas. Il pourrait tout aussi bien s’agir d’un requin soyeux, mais bon, je mettrais quasiment ma main à couper, façon de parler, que c’était bien lui. L’aileron blanc du large.

 

Penser que l’on puisse nourrir un longimanus à la main en snorkeling comme cela semble avoir été le cas semble totalement délirant pour celui qui connaît un peu les requins. Cousteau désignait ce requin comme le plus dangereux à son sens. C’était très exagéré, mais de là à le confondre avec un caniche, il y a un grand pas que je ne sauterais pas. Il n’attaque certes pas beaucoup plus souvent que le caniche, mais la morsure est un peu plus dangereuse, surtout quand on se trouve en pleine mer dans un pays qui ne dispose pas d’hélicoptères de secours.

 

Ce qui me désole le plus dans cette histoire, c’est le comportement des opérateurs. Que les touristes ne mesurent pas les dangers que peut présenter cette espèce une fois excitée est une chose, mais que ceux qui le savent ne les préviennent pas en est une autre. D’autant plus que d’autres incidents s’étaient déjà produits, soigneusement cachés au grand public.

 

Le requin océanique est un requin du large, à l’affût de la moindre opportunité. Il défie souvent les plongeurs avant de s’éloigner. Il les teste, sait-on jamais. Je l’ai vu attaquer les parachutes oranges montant vers la surface de plongeurs au palier. C’est le plus beau requin qu’il m’ait été donné de voir. Mettez de la nourriture dans l’eau (n’importe comment de surcroît), vous en ferez malgré lui un tueur potentiel.

08/08/2008

Un requin ange est passé

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J'ai plongé au bon endroit, mais pas à la bonne tempérarature, d'après les mecs du coin. Je pensais qu'il ne se passerait rien, mais il n'en fût pas ainsi, car il n'en est jamais ainsi, aux Canaries.

Comment vous dire exactement où cela s'est passé, ce site a autant de noms que de plongeurs qui le parcourent. San Miguel? Peut être.

C'était en face du phare, à gauche. A 27m de profondeur. Une trace dans le sable, encore chaude.

2 jours plus tard, mes collègues aperçurent sans moi, au même endroit, un requin ange qui se barrait en laissant derrière lui un sarcophage de regrets.

Je ne peux pas les croire.

23/05/2008

Le tour de la question

Ces derniers temps, je me pose parfois cette question angoissante. Ai-je fait le tour de la question des requins. ? Ou plutôt, combien de fois en ai-je fait le tour ? Ne suis-je pas occupé à encercler de manière répétitive et obsessionnelle un sujet qui n’en vaut plus la peine. ? Un sentiment de requin. Une curieuse impression de tourner en rond.


Si la nature complexe de la fascination que nous portons à ces animaux était finalement plus intéressante que ces derniers. Ne se pourrait-il qu’ils ne soient que les victimes de notre imaginaire ?

Leur beauté n’est t-elle pas à mettre en rapport avec la décharge d’adrénaline injustifiée que nous procure leur présence ? L’une n’est-elle pas le résultat de l’autre ?

La réalité des requins est peut être très nettement en dessous de la représentation fantasmatique que nous nous en faisons .

Je tourne en rond.

Et je continuerai, jusqu’à ce que le problème se sente cerné.

11/03/2008

Un instructeur mordu par un requin bouledogue lors d'un shark feeding à Cuba



Santa Lucia, Cuba, 2004. (la vidéo n'est pas de moi).

Un nouvel épisode dans ma série sur les shark feeding et la preuve de ce que je vous disais. Ce requin bouledogue est nourri à la main... et se saisit du bras. A faible distance le requin révulse ses yeux et se dirige aux courants électriques. Dès qu'il réalise son erreur, il relâche immédiatement. Autrement, c'est tout le bras qui serait parti.

Un autre bon conseil, en dehors de celui assez évident de ne pas nourrir un requin à la main : ne pas agiter les bras, surtout lorsque l'on ne porte pas de gant. Votre main risque d'être prise pour un bout d'appât qui se balade. Le requin pourvu de nageoire a du mal à concevoir ce qu'est un bras recouvert de néoprène qui se termine par une main nue.

07/03/2008

Erratum sur l'attaque de requin survenue aux Bahamas

Contrairement à ce qui avait été dit dans les premiers communiqués et comme on pouvait s'en douter après mon dernier post, le requin impliqué était un requin tigre. Je n'ai pas dit coupable.

06/03/2008

Informations additionnelles sur l’accident survenu lors d’un shark feeding

J’ai pu obtenir quelques informations complémentaires sur l’accident survenu lors d’un shark feeding la semaine dernière. Apparemment, il se serait produit dans les eaux bahaméennes.

J’ai pu trouver sur Youtube deux vidéos prises lors de feedings organisés par le même opérateur avant l’accident. Je n’ai pas vu sur ces vidéos de requins bouledogue, mais en revanche plusieurs requins tigre qui avaient l’air particulièrement agités, ce qui n’est pas si courant pour le requin tigre, car c’est un requin d'ordinaire calme. Il n’entre pas en frénésie, y compris quand il se nourrit sur des carcasses de baleines mortes qui pour les grands blancs sont des lieux d’orgie.

On voit néanmoins distinctement sur ces vidéos que les requins tigre viennent un peu trop fréquemment taper du museau l’objectif du caméraman. La raison est simple. ils cherchent quelque chose : l’origine de l’odeur. Faute de la localiser, ils s’énervent. S’il ne peuvent localiser cette source, c’est que toute la zone du feeding doit être saturée d’odeur et de minuscules morceaux d’appâts. Un détail ne trompe pas : les autres poissons sont très éparpillés sur toute la zone ou se trouvent les plongeurs, alors que normalement ils se concentrent autour de l’appât.

On aperçoit une densité de poissons un peu plus importante autour d’un des plongeurs agenouillés au fond (la profondeur doit être de 10m maximum). On distingue qu’il tient ce qui ressemble à un appareil photo d’une main et de l’autre un récipient dont il doit sortir des appâts de temps en temps.

Ainsi, il se met doublement en danger ainsi que les plongeurs autour de lui, d’abord en faisant que les requins associent la présence d’appât à celle des plongeurs, ensuite en éparpillant des morceaux d’appâts anarchiquement sur la zone. Il est toujours bon dans un shark feeding qu'il y ait une zone "safe" où se trouvent les plongeurs et une zone où les requins se nourrissent

Les shark feeding sûrs, comme ceux de Walker’s Cay ou d’Aliwal Shoal évitent ces deux écueils. A Walker’s Cay, la boule d’appât est congélée, ce qui évite l’éparpillement. A Aliwal shoal, les opérateurs procèdent en deux temps. D’abord ils attirent les requins avec du chum (brouet odorant), puis, une fois les requins sur zones, laissent dériver un tambour de machine à laver rempli de sardine et accroché à une drumline sur laquelle sont accroché des carcasses de plus gros poissons pour les requin tigre. Aucun morceau d’appât ne se disperse. C’est alors seulement qu’ils laissent les plongeurs se mettre à l’eau.

C’est la clé. La source d’appât ne doit pas laisser échapper de morceaux de poissons et les requins ne doivent pas être nourri directement par l’homme. Ils doivent associer ce dernier à un prédateur qui comme eux a été attiré par l’odeur.

26/02/2008

Un requin bouledogue tue un plongeur lors d’un shark feeding

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Moi-même en snorkeling avec
un requin bouledogue aux Bahamas.







Un plongeur autrichien serait mort des suites de ses blessures, le week dernier en Floride, suite à un accident survenu lors d’un shark feeding, à 50 miles au sud est de Fort Lauderdale. Apparemment, l’opérateur ne serait pas des plus fiables, puisqu’il avait déjà été averti par courrier par Neal Watson qui supervise la plupart des shark feedings de la région, Bahamas comprises.

Le requin incriminé serait un requin bouledogue (bull shark) et aurait mordu le touriste à la jambe. Ce dernier serait mort de ses blessures après avoir été transporté en hélicoptère dans un hôpital de Floride. Probablement une perte de sang trop importante. C’est le danger lors d’une attaque de requin. Si d’ailleurs le nombre de mort n’a pas augmenté plus au cours des dernières décennies, cela est principalement dû à la rapidité des secours qui permettent des transfusions plus rapides.

Nul doute que cet accident va relancer le débat sur les shark feedings et notamment ceux qui impliquent des requins dits dangereux, comme celui-ci qui attirait régulièrement requins tigre et requins bouledogue.

C’est la première fois que j’entends parler d’un accident de la sorte sur le net. Même si dans la réalité ces accidents arrivent. Il faut reconnaître qu’ils sont généralement tus par les opérateurs et qu’une véritable omerta est soigneusement entretenue par les uns et les autres. J’ai pourtant réussi à savoir par diverses indiscrétions qu’un plongeur avait été mordu au visage lors du sardine run de l’année dernière. J’ai également eu vent d’une attaque provoquées, probablement mortelle, de requin tigre en Afrique du Sud, il y a quelques années. Il semblerait qu’une attaque (mortelle ou non je ne le sais pas) impliquant un requin océanique à pointe blanche ait aussi eu lieu sur un récif du large en Egypte (Brothers ou Elphinstone, je n’en sais rien). Les guides rencontrés sur place ne me l’ont jamais confirmée, mais ils n’ont jamais cherché à l’infirmer non plus. Leur silence semblait néanmoins éloquent. L’Egypte, qui ne comporte aucun Hélicoptère de secours, ce qui est tout de même une honte quand on pense à l’argent que les plongeurs du monde entier y déversent chaque année, est à cet égard un des pires endroits où un tel accident puisse survenir.

Il est fort dommage que ces accidents soient systématiquement tus. Les opérateurs doivent estimer, justement ou non, qu’ils procureraient une baisse de la fréquentation. Je n’en suis pas si sûr. Le silence qui les entoure me semble pire. Il empêche les touristes d'évaluer les risques qu'ils courent et empêche de faire le tri entre bons et mauvais opérateurs. Il entretient aussi les pratiques abusives comme celles que l’on voit à Elphinstone où les bateaux nourrissent fréquemment les requins océaniques alors même qu’un peu plus loin des plongeurs se jettent à l’eau. Il nourrit les rumeurs infondées (rien ne me prouve en effet que les accidents dont je vous parle aient bien eu lieu).

Il serait sain qu’un serveur rassemble des données concernant ces accidents. En attendant qu’un site plus développé ne s’y colle, je vous propose de m’envoyer un mail si jamais vous avez vent de tels accidents ou abus. Après vérification, je tâcherais de les mettre en ligne.

On pourrait d’ailleurs envisager la même chose pour les accidents de plongée qui sont bien souvent eux aussi soigneusement dissimulés. Or les accidents se répètent souvent de la même façon. Les connaître, c’est pouvoir les éviter.

Pour en revenir à cet accident précis, je ne saurais encore que dire. Si ce n’est qu’il faut bien se renseigner avant de faire confiance à un opérateur qui attire en pleine eau de tels requins. Il convient également de bien observer les procédures. Le requin est un animal d’habitude. Ainsi, aux Bahamas, un opérateur avait l’habitude de nettoyer le pont des restes d’appâts, une fois les plongeurs remontés. Les requins le savaient et attendaient ces derniers morceaux de poissons. Un jour, un plongeur, après sa plongée eut la mauvaise idée de nettoyer son masque en surface. Un requin le mordit sérieusement à la main.

Il convient donc de ne se livrer à ce genre d’activité qu’avec extrême prudence et en compagnie de vrais professionnels. Il faut être avec quelqu’un qui contrôle bien les mises à l’eau ainsi que les sorties et qui surtout sache empêcher les novices de se placer à contre-courant des appâts. Les squales ne doivent pas être nourris directement à la main, bien évidemment. En Afrique du Sud à Aliwal, deux opérateurs contrôlent parfaitement ces techniques avec les requins tigres. Reste que ceux-ci n’ont pu éviter des incidents liés à l’inconscience de certains plongeurs. Ainsi ai-je pu voir une vidéo dans laquelle un père ayant confié une caméra au caisson métallique bien scintillant à son fils, laissa celui-ci foncer directement sur l’appât à contre-courant, horizontalement sous la surface. Tout ce que les requins tigre apprécient. Un requin fonça droit sur le jeune homme, se saisit de la caméra et il s’en fallut d’un miracle qu’il ne soit pas blessé. Seule l’intervention immédiate de l’opérateur permit d’éviter l’accident.

En ce qui concerne les requins bouledogue, je ne les ai jamais vus appâtés en pleine eau, mais je suspecte que la chose puisse être dangereuse, dans la mesure où le bouledogue préfère les proies vivantes qui se débattent. Ainsi, à Walker’s Cay aux Bahamas, on ne les voit pas sur le site du shark rodeo. Même chose à Aliwal shoal où ils ne viennent pas sur les lieux des plongées avec les tigres. Il se pourrait donc que notre opérateur de Floride ait utilisé une technique dangereuse et peu au point. J’avais à cet égard aperçu une vidéo sur le net où l’on apercevait requins tigre et bouledogue sous l’eau, depuis l’arrière d’un bateau. Les plongeurs devaient être sous la plateforme arrière du bateau. La technique n’avait pas l’air très élaborée et les requins étaient forcément attirés par quelque chose lancé depuis le bateau.

Une chose n’est jamais à perdre de vue quand on plonge avec un requin. Si le risque d’accident est faible, les conséquences peuvent être désastreuses. On ne peut autoriser le moindre risque.

09/01/2008

Et si on commençait l'année par des poissons d'avril ?



Requins blanc, Dyer island, Juillet 2005



Bonne année à vous qui êtes trois fois plus nombreux que l’année dernière à la même époque. Ce qui me fait le plus plaisir, ce sont les mails que je reçois et vos commentaires qui se font un peu moins rares. A cet égard, n’hésitez pas à me faire part des articles qui vous intéressent afin que je poursuive dans ce sens. Je compte prochainement revenir sur une rubrique un peu délaissée, celle de mes « meilleures plongées avec des requins ». Je vous réserve également quelques nouvelles vidéos dont la qualité devrait être meilleure, grâce aux convertisseurs de fichiers désormais disponibles.

La cause des requins fait son chemin. Leur éradication a même fait l’objet d’une séquence lors du zapping de fin d’année sur Canal plus. Il faut à cet égard saluer le travail de sensibilisation énorme accompli par le film Sharkwater. Il semble que l’heure, plus qu’à la sensibilisation, soit désormais à l’action. Et de ce côté, il y a beaucoup de travail. J’ai pu constater en deux passages sur le marché de St Martin de Ré cet été, qu’à chaque fois le requin était proposé aux consommateurs. Une fois du requin taupe, l’autre du requin bleu. Parlez aux poissonniers, parlez aux consommateurs. C’est en supprimant la demande qu’on arrêtera l’offre. Il est plus facile et plus légitime de convaincre un Européen bien portant qu’il peut se passer de requin, qu’un pêcheur Sénégalais dans le besoin qu’il doit renoncer à cette source de revenu.

L’année a commencé avec une nouvelle étonnante. Le feuilleton de la présence du grand requin blanc sur les côtes anglaises se poursuit. La nouvelle est cependant à prendre avec les plus longues pincettes disponibles, car elle émane au départ, une fois de plus, du très sérieux Sun. Ce journal même qui nous faisait part de la possible présence cet été d’un requin blanc sur les côtes du Cornwall, attestée par une vidéo. Très vite le débat s’était alors porté sur le fait de savoir si l’aileron filmé ne pouvait être celui d’un très gros spécimen de requin taupe. On avait juste oublié de se demander si cette vidéo avait bien été filmée en Angleterre, ce qui n’était justement pas le cas. Il s’agissait en fait bien d’un requin blanc, mais d’un requin blanc Sud Africain. Le requin blanc a remplacé le monstre du Loch Ness. L’animal en voie de disparition a donc fini par accéder au statut de créature mythique dans l’inconscient collectif britannique, ce qui n’est guère rassurant. On utilise les mêmes stratagèmes qu’hier pour faire croire à sa présence.

Il faut également rappeler qu’au cours des deux précédentes années une promeneuse avait déjà cru apercevoir un grand blanc du haut d’une falaise du Cornwall et un surfer avait cru distinguer la silhouette d’un requin bouledogue alors qu’il était assis sur sa planche dans la même région (ce dernier événement avait d’ailleurs fait l’objet d’un article de ma part). Il s’agissait probablement dans les deux cas, au vu de l’endroit et de la saison, de requins pèlerin.

Cette fois-ci, la nouvelle a l’air plus sérieuse ou la supercherie plus élaborée. Un phoque gris a été retrouvé mort le 4 Janvier sur la cote du Norfolk, portant les signes caractéristiques d’une morsure de grand requin. Une gigantesque morsure en forme de demie lune qui au-delà de la graisse a atteint les organes vitaux de l’animal. S’il s’agit d’une requin (et il ne peut s’agir d’un orque vu la taille de la machoire), il s’agit probablement d’un requin blanc. A ma connaissance le Mako n’attaque pas les phoques et quand bien même ce serait le cas, il s’agirait alors d’un spécimen d’une taille hors du commun (ce qui est toutefois possible, une pièce de 884 livres ayant été pêchée cette année).

Cette première nouvelle en a déclenché une seconde, relayée cette fois par le Daily Mail, journal tout aussi sérieux qui s’interroge encore sur les véritables circonstances de la mort de la princesse Diana. A la lecture de l’article du Sun, un pêcheur du Suffolk aurait fait le rapprochement avec une carcasse de marsouin qu’il avait observée et prise en photo à l’aide de son téléphone portable sur une plage le 1er Janvier au matin. Cette fois-ci, il s’agit d’une proie, certes occasionnelle, mais entrant dans le menu du requin mako. Qui plus est, les mutilations que l’on constate sur ce qu’il reste de la carcasse ne permettent pas de tirer de véritable conclusion quant à l’identité du ou des agresseurs.

Toujours est-il que les commentateurs ne peuvent s’empêcher de voir là la possible signature du tueur blanc tant espéré. Possible. Même si rien ne dit que les incidents soient reliés, même si aucun requin blanc n'a jamais été observé en Atlantique Est au nord de Noirmoutiers.

Vous me permettrez néanmoins de rester dubitatif. Le pêcheur qui a trouvé la carcasse du marsouin souligne qu’en 40 ans de pêche, il n’avait jamais vu de marsouin échoué. Quant au phoque, on ne comprend pas bien pourquoi un requin blanc, s’il s’agit de cette espèce, ne l’aurait pas consommé en entier, puisque les organes vitaux semblaient atteint et que l’on ne voit pas bien comment l’animal aurait pu s’échapper. Les individus mutilés que l’on aperçoit du côté de Dyer ou de Seal island en Afrique du Sud ne parviennent à fuir leur agresseur qu’à la seule condition de n’avoir été amputé que de graisse.

Et si nous avions affaire à un serial imposteur ?