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28/09/2012

Le flicage et l'éradication des requins côtiers en Australie : la tracking tuerie organisée par le gouvernement australien

Après une augmentation du nombre d'attaques qui n'était imputable qu'à une augmentation du nombre d'utlisateurs de la mer, dans un grand geste de démagogie obscurantiste, le gouvernement australien a décidé d'ouvrir la chasse aux requins "qui s'approchent trop près des côtes" ou qui "présentent une menace imminente". 

Mais pas une chasse à l'ancienne. Non, le chasseur utlise tous les nouveaux moyens qu'offre le monde moderne. Ainsi, une partie des fonds gouvernementaux ira au marquage et au tracking de requins. Pour mieux les connaître ? Pas du tout. Pour pouvoir les tuer s'ils sortent de leur périmètre !

Le requin menaçant ou s'approchant trop des plages sera abattu, tandis que le requin éloigné et peu menaçant sera marqué. A lui de ne pas trop s'approcher par la suite, car grâce ou à cause de son tag, il déclenchera  une alarme et sera occis sur le champ. Le gouvernement australien s'est ainsi décidé à fliquer les requins !

Les deux critères sont d'une rigueur à toute épreuve. S'approchant "trop près des côtes" d'abord. J'ose espérer qu'une limite précise a été donnée ? Mais quoi ? Cela veut dire qu'à terme tous les requins côtiers seront abattus tant il est évident que tous s'approchent à un moment ou un autre du bord ? Le requin bouledogue tout d'abord qui s'approche des emboûchures de rivières quand il n'y entre pas. On a vu lors d'Australia Day, dans la région de Sydney que six requins bouledogues marqués s'étaient promenés au milieu des baigneurs, sans même que personne ne les aperçoivent. Avec les nouvelles mesures qu'aurait-on fait ? Les aurait-on abattus ?

Dans la rivière Breede en Afrique du Sud vit une population de requins bouledogues dont certains éléments mesurent plus de 4m, sans qu'aucune attaque n'ait eu lieu à ce jour.  

Une telle décision revient à nier au requin bouledogue le droit d'habiter son propre écosystème. Cela revient donc à un arrêt de mort.

Le requin blanc est lui aussi un requin qui occasionnellement peut s'approcher tout près du bord, sans qu'il ne soit pour autant menaçant (pour preuve Chris Fallows pagayant sur une planche au dessus d'un spécimen dans False Bay). Le requin tigre peut venir tout près du bord si quelque chose l'y attire. A terme tous les requins bouledogues, blancs  et tigres marqués seront tués, puisque tôt ou tard, ils s'approcheront tous trop près. C'est absurde.

Passons au deuxième critère "présenter une menace imminente". En voilà un critère objectif ! Il n'est qu'à aller sur Youtube et taper "shark attack" pour s'apercevoir que ce terme recouvre des interprétations assez variées. Ainsi une video anglaise d'un pauvre requin renard pêché à la ligne et se débattant sur le pont d'un bateau est qualifiée d' "attaque" et le requin décrit comme "vicieux" (alors même qu'il vit ses derniers instants !). Nul doute que beaucoup de requins présenteront des "menaces imminentes". Imminentes, car comme chacun le sait il est très facile de prévoir une attaque de requin et de percevoir le moment exact où elle va se déclencher.

Au final, ces mesures veulent surtout dire que la pêche au requin est à nouveau ouverte en Australie, le gouvernement fournissant désormais aux pêcheurs deux bonnes raisons stupides permettant de justifier n'importe quelle prise, y compris celle du grand requin blanc, dont la population australienne se compte aujourd'hui en centaines.

L'Australie a massacré sa population de requins taureaux dans les années 60, elle va maintenant s'occuper des autres espèces côtières. Le plus stupide, c'est que pour pouvoir les tuer, les pêcheurs vont désormais appâter bien près des côtes, là ou c'est autorisé, mettant par la même les populations humaines en danger. Bravo.

07/08/2012

Prélévements de requins à la Réunion : l'hypocrisie des pouvoirs publics

Suite à l'attaque de la semaine dernière à St Leu à la Réunion et après une valse-hésitation, les pouvoirs publics ont finalement autorisé le prélévement de 10 requins bouledogues et 10 requins tigres, tenez-vous bien "pour étudier une bactérie, la ciguatera, dont ils seraient porteurs"  et qui les rendant impropre à la consommation en limiterait la pêche (???).

Quel raisonnement tordu !

Si l'on suit ce raisonnement qui ne vise qu'à autoriser hypocritement une battue à l'ancienne de pêcheurs locaux qui ce faisant ne vont encore qu'attirer plus de requins, il s'agirait de lutter contre ce qui fait proliférer le requin bouledogue, alors même que cette prolifération n'est pas du tout établie scientifiquement.  L'hypothèse selon laquelle l'augmentation du nombre d'attaque ne pourrait résulter que d'une augmentation de la population de requin n'a rien d'évidente. Il n'y a pas prolifération de requin mais augmentation du nombre d'attaque. Cette augmentation pourrait très bien ne résulter que d'un changement de nos comportements et d'un changement des leurs, l'un ayant peut être occasionné l'autre. Nous sommes plus nombreux dans l'eau, de plus en plus loin du bord. Ils se rapprochent plus souvent des côtes (rejets). Par exemple.

Pas question d'avouer qu'il s'agit d'éliminer quelques spécimens pour contenter l'électorat. Non. Tout ceci n'a de fin que scientifique. 

Dans le même temps les pouvoirs publics ont investi dans un programme de marquage des requins bouledogues de la Réunion. Il serait amusant que leurs études sur les bactéries les amènent à éliminer des individus marqués dans le cadre de leur programme d'observation des comportements.

De la même façon, les pouvoirs publics ont créé une réserve naturelle, près de Saint Leu. Ils souligent néanmoins, par la voie d'un certain M.Brunetière, que la pêche au requin bouledogue, qui n'est pas une espèce protégée "y est autorisée". On hallucine. 

Il serait temps d'arrêter de réagir face à chaque attaque de façon soit hypocrite, soit épidermique pour regarder les choses de façon pragmatique et distanciée,

Tout d'abord, les mesures mises en place, du type vigie-requin, dont les surfeurs demandent le renforcement, sont-elles véritablement appropriées ?

Les vigies-requins s'inspirent d'une initiative mise en place sur certaines plages du Cap en Afrique du Sud : les Shark Spotters.

Il s'agit en effet d'une remarquable initiative parfaitement adaptée à la région du Cap et aux attaques de requins spécifiques qu'elle connaît. Mais pas à la Réunion!

Les Shark Spotters au Cap jouissent de deux avantages : ils interviennent sur un terrain accidenté et sont positionnés en hauteur, en surplomb des plages, parfois à plusieurs dizaines de mètres.  Je ne sais pas si c'est le cas à la Réunion. Qui plus est, les requins qu'ils guettent sont des grands requins blancs, bien plus imposants que le bouledogue et surtout nageant fréquemment sous la surface, donc bien plus faciles à repérer. Le bouledogue lui, partout où je l'ai rencontré, que ce soit au Mozambique, en Afrique du Sud ou au Bahamas, nage en rasant le fond.

D'après ce que j'ai pu voir sur Youtube, les vigies-requins de la Réunion encadrent notamment les cours en stand up paddle. Une telle technique, aussi reconfortante qu'elle soit pour les participants puisque la vigie est parmi eux, ne peut en aucun cas avoir une véritable efficacité. Seul un pêcheur aguerri parviendrait à percer à travers la surface à une distance de plus de 4m avec un tel angle et les reflets sur la surface (par temps calme). Il faudrait vraiment que le requin passe sous la planche pour qu'il soit aperçu. Rappelez-vous un post précédent :  lors d'Australia day, six bouledogues marqués se sont promenés au milieu des baigneurs sur les plages de Sydney sans qu'un seul ne soit remarqué !

Du coup, la vigie-requin de la Réunion en arrive à avoir une fonction inverse des shark spotters du Cap. Alors que les shark spotters du Cap sécurisent véritablement la plage, notamment en informant sur la fiabilité de leur surveillance (en fonction de la visibilité) et en amenant les surfers à évaluer la dangerosité des conditions, les vigies-requin donnent un faux sentiment de sécurité. Un système de drapeau vert et rouge, indiquant le niveau du danger requin (eau trouble ou non, analyse de celle-ci si possible) serait préférable.

La seule mesure efficace (même si je pense que la vraie conduite à avoir serait que les surfeurs acceptent ce risque minime comme faisant parti de leur activité) ne peut être que l'installation de filets ou de drumlines sur quelques plages sélectionnées (le moins possible) et ce de façon provisoire en attendant les résultats de l'étude sur le comportement des bouledogues. Seule cette solution satisfera les surfers et les professionnels du tourisme. A défaut de pouvoir partager la même mer, chacun la sienne.

Ceci n'évitera pas à 100% le risque d'attaque, mais le réduira considérablement. Les attaques sur les plages protégées de la South Coast du Kwazulu-Natal en Afrique du Sud sont rarissimes depuis la pose de filets à la fin des années 50 et au cours des années 60/70.  

La filets fonctionnent comme des pièges. Ils n'empêchent pas les requins de passer, mais tendent à capturer les spécimens passant trop de temps près de la plage. A la vue et à l'odeur de leurs congénères morts, les requins désertent probablement la zone (Cousteau avait remarqué ce comportement en mer rouge). C'est la seule raison que je vois à leur efficacité, si ce n'est peut être également qu'ils contribuent à faire diminuer inexorablement le nombre de requins. Les plages concernées ne deviendront donc pas sûre du jour au lendemain après la pose des filets. Cette technique est efficace notamment sur les bouledogues, relativement sédentaires (territoire s'étendant sur une centaine de km) par rapport aux tigres et aux blancs. . 

Elle constitue sans doute un moindre mal, si elle permet d'éviter qu'on éradique une espèce entière, au seul motif de sécuriser la pratique d'un sport aquatique. Le requin bouledogue est un requin côtier. C'est comme ça. Depuis assez longtemps d'ailleurs. 

Le requin bouledogue est classé parmi les espèces vulnérables par la CITES. Il constitue la quatrième espèce dont les ailerons sont les plus communs sur le marché de Hong Kong (cf. Rapport CITES). Peut-être se rapproche t-il des côtes parce qu'il est trop pêché au large ?

24/12/2011

Sur les récents marquages de requins bouledogue à la Réunion

 

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Le Capitaine Billy Black, fameux pêcheur au gros, préparant le fruit de sa pêche à Walker's Cay, aux Bahamas, qui abrite (abritait?) une impressionnante communauté de requin bouledogues. 2002

 

 

 

 

 

 

Certains d’entre vous ont peut-être suivi les liens postés par Ben concernant les récents marquages à la Réunion (qui étaient apparemment le fait d’initiatives privées), là même où avaient eu lieu certaines attaques. Comme vous l’avez dans ce cas vu, les résultats se sont avérés assez décevants. Un seul requin marqué par la première équipe et un autre par la seconde, au moment où le lien était paru. Ces derniers avaient encore quelques jours devant eux.

J’ai lu ici ou là des remises en cause de l’expérience ou de l’expertise des équipes ayant procédé à ces marquages. Certes, je n’avais personnellement jamais entendu parler de Fred Buyle, l’apnéiste belge qui a procédé au marquage d’un requin avec la première équipe, mais je n’ai pas l’impression que le choix soit particulièrement à remettre en cause. Pour une telle tâche, être un ancien champion d’apnée ne me paraît pas contre-indiqué, les bouledogues appréciant raser le fond ce qui ne les rend pas faciles à approcher.

Le problème ce n’est pas le marqueur, mais la technique de marquage.

De toutes mes plongées avec des requins bouledogues en Afrique du Sud et au Mozambique, je ne les ai jamais vus tourner autour des plongeurs comme le font d’autres requins. La plupart du temps, ils restaient à distance, rasant le fond, si ce n’est peut-être lors de la mise à l’eau où il venaient parfois jeter un rapide coup d’œil avant de repartir aussitôt. Il n’y a guère qu’à Walker’s Cay aux Bahamas que j’ai pu les voir vraiment de près, mais c’était là une situation exceptionnelle. Ils s’étaient habitués à venir à un endroit précis de l’île où l’on vidait les poubelles pleines d’entrailles et d’arêtes des poissons ramenés par les pêcheurs au gros qui fréquentaient cette île. On venait même les nourrir pour divertir le touriste, une à deux fois par semaine. En revanche, cela m’avait intrigué, pas un requin bouledogue lors de mes plongées bouteilles journalières, alors qu’ils étaient parfois une trentaine au bord de l’île. Pas de requin bouledogue non plus lors du shark feeding local (le shark rodeo), fréquenté par les requins gris, les requins des caraïbes et les requins nourrices. Ils ne mangeaient pas de cette soupe. Même chose en Afrique du Sud lors de mes plongées avec les requins tigre d’Aliwal shoal où ceux-ci sont appâtés, même s’ils ne sont pas à proprement parlé nourris. Des blacktips à ne plus pouvoir les compter, parfois jusqu’à 5 ou 6 requins tigres, mais pas de bouledogue. Le requin bouledogue est difficile à approcher en plongée et on ne l’attire pas en surface avec du vinaigre ou de l’huile plutôt.

Dans ces conditions on comprend que le travail des équipes réunionnaises, vue la technique choisie avait peu de chances de réussir.

Les grandes opérations de marquages de requins bouledogue qui ont eu lieu récemment, à savoir celles menées à Sydney Harbour et quelques km au nord en Australie et celle menée sur la Breede River dans la province du cap en Afrique du sud, ont toutes été faites sur des requins qui avaient été au préalable pêchés puis sortit de l’eau. Ceci demande pas mal d’expérience et de moyens puisqu’il faut posséder un harnais permettant de soulever l’animal tout en protégeant sa colonne vertébrale. Ensuite il faut pouvoir le protéger du soleil tout en faisant passer de l’eau dans ses ouïes. Cette opération doit se faire rapidement pour ne pas risquer de remettre à l’eau un animal qui mourra quelques minutes plus tard. Les équipes réunionnaises ont peut être voulu éviter cette technique qui cause certainement beaucoup de stress à l’animal, mais je crains que ce ne soit la seule permettant de mener à bien une étude fiable en marquant un nombre suffisant d’animaux.

Afin de capturer le requin bouledogue, les sud-africains comme nombres d’autres pêcheurs dans le monde utilisent de préférence des appâts vivants. C’est la meilleure garantie avec le requin bouledogue. Les pêcheurs au gros le savent bien qui voient souvent leurs prises sectionnées par les requins bouledogues dans les eaux qu’ils fréquentent. Ceux qui en doutent peuvent aller voir cette vidéo de requins bouledogues attaquant un tarpon en Floride (http://www.youtube.com/watch?v=HCqAafdU09E), il y en plein d’autres sur Youtube. Je vous en recommande également une autre où cette fois-ci c’est en eau douce dans la rivière Breede en RSA qu’un bouledogue découpe une gigantesque carpe. D’ailleurs, c’est dans cette même rivière Breede, je vous le disais qu’on a marqué et suivi une énorme femelle pendant 43h récemment. On a constaté à cette occasion que par moment elle suivait les bateaux de pêcheurs, une fois pendant 35 mn, semblant attendre une prise pour ensuite la dérober.

En conclusion, c’est avec des appâts vivants qu’il faudra peut-être songer à capturer les bouledogues réunionnais une prochaine fois, à condition d’avoir les experts et le matériel adéquats pour les marquer ensuite en dehors de l’eau.

Il me semble qu’il faudrait également envisager des marquages à des périodes différentes de l’année. Les bouledogues migrent parfois d’au moins 200 km au cours d’une année. Il n’est pas dit qu’il n’y est pas à la réunion une population de passage et des périodes de l’année où les bouledogues soient plus nombreux que d’autres. Mais bon, je dis ça, je ne dis rien.

26/10/2011

En rond

La semaine dernière, une troisième attaque de grand requin blanc en quelques mois a eu lieu en Australie de l'Ouest . En Australie, pays qui fut après l'Afrique du Sud un des premiers à protéger le grand requin blanc, on propose aujourd'hui (la région de Perth étant moins familière de cette espèce que la Nouvelle Galles du Sud), là encore, de prélever quelques spécimens, au pif, pour satisfaire les électeurs, tout en sachant bien que cela ne sert à rien, mais pour montrer qu'on se bouge.

Une conclusion s'impose. Que ce soit pour les pays a priori en avance dans la connaissance des requins (Australie) ou en retard (France (Réunion) et Seychelles), le naturel chevauche toujours la même Harley Davidson quand il revient au galop.

Il semblerait que nous ayons protégé à l'échelle mondiale le requin blanc sans que nous n'en acceptions  les conséquences. Comme pour le loup. La vérité est que nous voulons éradiquer ces animaux sauvages pour étendre nos prés verts d'ennui. Nous n'acceptons pas leur mode de vie qui se heurte au nôtre. La pratique sécurisée du kite surf est plus importante qu'une espèce toute entière.

Alors même que les effectifs du grand blanc n'augmentent pas en Australie (et diminuent probablement), l'homme fait confiance à ce bon sens, qui se trompe la plupart du temps, pour croire les sportifs aquatiques toujours plus nombreux à le repérer, parce qu'ils sont tout simplement plus nombreux dans l'eau.

Protéger le requin blanc, ce devrait être accepter qu'il y ait des attaques. Sinon, nous continuerons à tourner en rond.

10/10/2011

10 requins tigres et bouledogues pêchés sur arrêté préfectoral à la Réunion

Il y a de cela quelques jours, l’un de vous (et je l’en remercie vivement) m’a fait parvenir un arrêté préfectoral émanant de la Réunion et autorisant une « opération ciblée de prélèvement de requins ». En gros, la préfecture avertissait qu’elle avait décidé la prise de 10 requins tigres et bouledogue et ce afin de réguler une population de requins "côtiers sédentaires et dangereux" (suite aux quatre attaques mortelles recensées en 2011). Cette régulation par l'homme prête à sourire tant les spécialistes de ces espèces s’accordent à dire combien leurs effectifs ont reculé ces 20 dernières années, en particulier le requin bouledogue, ou requin du Zambèze.

Dans sa très grande rigueur, la préfecture ne donnait pas la répartition des prises entre les espèces. On se demande bien, de toutes façons, comment on en est arrivé à ce nombre de 10, puisque le rapport précise qu’on ne connaît pas la taille des populations de ces deux espèces.  Qui plus est le requin tigre n’est pas sédentaire, même s’il repasse souvent par les mêmes endroits. Quant au requin bouledogue, certes il est un peu plus casanier, mais on le voit quand même souvent faire des migrations de plus de 300 km entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. C'est dire la précision du ciblage.

Dernière petit détail : ces prises, était-il précisé, pourraient être faites à l’aide de palangres (ces longues lignes bourrées d’hameçons), technique de pêche qui comme chacun le sait permet une pêche extrêmement sélective.

Cette décision paraît totalement stupide (ne régulant rien du tout), et probablement motivée par de seules raisons électoralistes. Ne pourrait-on plutôt s’inspirer des autorités australiennes qui ont marqué les populations de requins bouledogues dans le port de Sydney. Connaître les déplacements de ces requins réunionnais, pour comprendre ces attaques et leurs circonstances, serait sans doute bien plus intéressant que de les pêcher 

Probablement s’apercevrait-on alors que ces populations n’augmentent pas, qu’elles décroissent au contraire, et que la cause est à chercher du côté d’une autre population, celle des surfeurs, qui passent de longues heures dans l’eau à des endroits fréquentés par les requins, et qui elle n’a cessé d’augmenter depuis l’apparition du surf à la Réunion dans les années 1970-80.

1 attaque mortelle en moyenne chaque année, quatre cette année. Nous restons sur des chiffres très bas comparés à d’autres dangers.

Il faut que les surfeurs acceptent ce risque, comme on accepte le risque de chute dans certains sports extrêmes, fût-elle mortelle, qu’ils oublient qu’il s’agit d’un animal et en particulier du requin avec tout ce que cela excite comme imaginaire. 

27/08/2011

Un jour sans fin

 

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Ca y est. je vous l'avais dit. Ce sont Les Dents de la Mer qui n'arrêtent pas de recommencer. Les deux requins tigres que vous voyez sur la photo viennent d'être capturés de l'autre côté de l'île par les pêcheurs seychellois. 

On nous précise que rien ne prouve qu'il s'agisse des requins responsables des attaques, mais que des tests ADN sont en cours. Sage précision.

On a donc massacré deux magnifiques spécimens de requins tigres pour rien. D'abord parce qu'il y a peu de chances qu'un de ces requins soit le bon (10 jours après la seconde attaque, 25 après la première, à un autre endroit!!!).  Ensuite parce que s'il y en a deux, il pourrait y en avoir d'autres. Et enfin parce qu'un requin, quand bien même il attaquerait une fois l'homme n'en deviendrait pas pour autant mangeur d'homme. Ca ne s'est jamais vu. C'est un mythe. En vrai, un requin tigre mange n'importe quoi, du gigot d'agneau à la plaque d'immatriculation, c'est même sa marque de fabrique.

Tout ceci est stupide et barbare. 

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25/08/2011

Deux espèces de requins impliquées dans les attaques aux Seychelles

Contrairement à ce que j'écrivais il y a 4 jours, on n'a pas pu établir avec certitude que l'espèce responsable de la seconde attaque de requin aux Seychelles était bien le grand requin blanc. Les restes de dents retrouvés ne sont pas suffisants. Néanmoins on sait qu'il s'agit à coup sûr d'un requin blanc ou d'un requin tigre. 

En revanche, conformément à ce que je pressentais, il s'agit non seulement de deux requins différents, mais aussi de deux espèces différentes qui seraient responsables des attaques. On se dirige en effet pour la première attaque vers un suspect qui a pour nom le requin bouledogue ou requin du zambèze. 

Sur un site officiel Seychellois (que je n'arrive pas à retrouver, je vous transmettrais le lien si je retombe dessus), l'auteur rappelle qu'il avait aperçu des pêcheurs il y a peu de temps qui avaient capturé un requin tigre, si gros qu'ils avaient dû le sectionner en trois pour le transporter sur leur bateau (pas évident), et trois requins bouledogues que le tigre avait attaqués quand ils les avaient pêchés. On se demande bien d'ailleurs pourquoi ils les pêchaient (en tous cas, ça n'a manifestement pas empêché les attaques suivantes). L'auteur s'était réjoui que ces animaux n'aient pas totalement disparu de l'île (la population de requins ayant sérieusement déclinée au cours des dernières décennies notamment avec l'installation d'une pêcherie qui les ciblait), tout en se réjouissant que ce requin tigre en particulier ne s'aventurât pas près des côtes (!). 

Chose que je ne savais pas, les requins bouledogues sont présents à Mahé, mais rarement si près du bord (20m). Je n'ai même pas entendu dire que les touristes les croisaient en plongée. Il faudrait savoir pourquoi ces derniers, et d'autres requins, s'approchent désormais un peu plus souvent. Quoiqu'il en soit, vu le pédigrée des experts dépêchés sur place, tout porte à croire que la solution préconisée sera la pose de filets qui ne protègeront en rien les baigneurs (les filets ne barrent pas l'accès à la plage. cf article sur la suppression des filets anti requins dans ce blog), mais décimeront lentement mais sûrement le peu de requins qu'il reste dans le coin.

Il serait temps que l'homme accepte le risque qu'il court en pénétrant dans un espace qui n'est pas uniquement réservé à ses baignades ou qu'il y renonce.

Dernière petite information. Je me suis laissé dire que des pêcheurs cherchant à capturer le requin responsable de la première attaque avait appâté en amont de la plage ou celle-ci s'était produite. La seconde attaque a eu lieu au même endroit.

21/08/2011

Quels sont les requins responsables des attaques aux Seychelles?

En quinze jours deux personnes ont été attaqués et tués par des requins à Praslin aux Seychelles. Jeremy Cliff du Natal Sharks Board a conclu avec une certitude de 100% qu’il s’agissait pour la seconde attaque d’un requin blanc.  Les marques de dents portent sa signature et on a même retrouvé les restes disloqués d’une dent dans le corps du malheureux baigneur.

Le débat, ces jours derniers, voyait s’affronter les partisans du requin bouledogue et ceux du requin tigre. Le grand blanc a mis tout le monde d’accord et apparemment rassuré certains qu’il ne s’agissait que d’un requin de passage (c’est bien connu, le Mal est toujours extérieur), même si d’autres sont persuadés que ce requin attaque lors des marées qui suivent la pleine lune (lune de miel pour la victime, pleine lune pour le requin, tout se recoupe) et qu’il devrait faire une nouvelle apparition meurtrière le 29 août ( !!!!). Les Quint locaux se préparent pour ce rendez vous durant lequel ils n’attraperont évidemment pas le coupable, mais qui sera sans doute l’occasion de massacrer quelques spécimens d’autres espèces totalement innocentes qui passeront par là. C'est bien connu, quand un larcin est commis à Sarcelles par un individu de type asiatique, on a toutes les chances de trouver le coupable en arrêtant un japonais place de l'Etoile.

Il est désolant de constater, une fois de plus, que 25 ans après les dents de la mer, nous n’avons guère évolué. Tout d’abord pourquoi s’agirait-il d’un seul requin ou même d’un seule espèce ? Les attaques dans le New Jersey en 1916 qui ont inspiré les dents de la mer étaient elles-mêmes sans doute le fait d’au moins deux espèces (le grand blanc et le requin bouledogue). Pourquoi n’aurions-nous ici affaire qu’au seul grand requin blanc ? On a déjà vu dans cette partie de l’océan indien, des requins blancs et des requins tigres s’inviter à la même table pour dépecer une carcasse de baleine.

Je pencherais personnellement, même si le jeu des devinettes est ridicule, pour une combinaison de tigre et de blanc. Le requin bouledogue (ou requin du zambèze dans cette région) est une espèce relativement territorial (ou plutôt qui possède un territoire beaucoup plus petit). Sa présence dans ce cas aurait une signification beaucoup plus profonde que celle du blanc ou du tigre, requins maraudeurs qui avalent des milliers de kilomètres et qui n’hésitent pas à dévier de leur itinéraire habituel et faire un petit crochet pour un bon repas.

S’il s’agit du tigre et du blanc, ils ne devraient pas rester longtemps sur place. Pour les tigres, il me semble que c’est environ quinze jours, pour les blancs une semaine. Je me base sur les observations faites par les opérateurs en Afrique du sud avec les grands blancs de Dyer Island ou les tigres d’Aliwal Shoal. Les mêmes individus reviennent au cours de l’année, mais à chaque fois font des séjours sur place de ces durées respectives, si je me souviens bien. Dans ce cas, si c’est l’opportunité qui les a amenés, il faut juste s’assurer que la source de nourriture est bien tarie, car sinon, ce qui pourrait se produire, c’est que d’autres requins soient attirés (ce qui a d’ailleurs dû déjà se produire, car j’ai du mal à croire que le même requin aient pu attaquer deux fois, même si c’est techniquement possible). En attendant, j’éviterais personnellement de me baigner à cet endroit avant que l’affaire ne soit tirée au clair et qu’au moins 2 à 3 semaines soient passées. Ou plutôt non, j'irais vite voir avec une bouteille sur le dos.

13/10/2010

Meilleures plongées, Pinnacles, Ponta Do Ouro

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas publié de post digne de ce nom. Ce n’est pas par négligence ou par paresse, juste que je n’avais grand chose à dire. L’impression d’avoir déjà abordé bien thèmes que nourrit l’actualité. Pas grand chose de neuf. Je n’aime pas reproduire les informations que l’on trouve ailleurs, métastase déplaisante de bien des blogs, tout au plus m’autorisé-je de temps en temps un point de vue propre sur une information qui ne l’est pas. Ce que je préfère cependant, c’est raconter des choses que je n’ai pas lues ailleurs, mais là encore je ne lis pas tout. Il me faut donc recharger les accus. Ce que je vais faire dans un mois, en partant plonger dans le Pacifique, histoire d’éviter les immersions dans le Pathétique. Je vais faire le plein d’histoires de requins, histoires de premières mains. Du moins, je l’espère. En attendant, pour ne pas me défausser une fois de plus, je vais vous raconter une plongée que j’ai faite l’année dernière, en 2000neuf.

Il m’est arrivé de voir plus de requins, de beaucoup plus près, mais cette plongée reste gravée car elle est si proche, si facile. Il suffit de prendre l’avion jusqu’à Johannesburg, de conduire 600 kms jusqu’à la frontière du Mozambique où vous attend un rastah local en pick up qui vous emmène 8 kms plus loin à Ponto Do Ouro. Un zodiac vous y attend.

 

 

Plongée N°4 : Pinnacles, Ponta do Ouro, Mozambique, Avril 2009

 

 

The Pinnacles. Enfin ! C’est là, à quelques encablures de la frontière sud-africaine que j’aurais dû voir mes premiers requins dans les années 90. La nature commençait tout juste à reprendre ses droits, après 16 ans d’une guerre pas très civile, et se montra à nous dans les magnifiques atours d’un très venimeux Puffadder. Les mines anti-personnel ne prenaient plus racines, mais fleurissaient encore un peu. L’une d’elles avait d’ailleurs explosé sous le 4X4 d’un ami, peu de temps avant (par miracle sans atteindre celui-ci) alors qu'il essayait naïvement de capter le réseau de téléphone portable sud africain, du haut d’une dune. J’étais alors un plongeur débutant et Pinnacles se déroba à moi le dernier jour, pour cause de mauvais temps.

 

Il me fallait donc retourner à la Pointe d’or. Retourner à Graceland (qui a changé de nom), ce bar dont les escaliers ne sont mémorables que dans un sens.

 

Le jour précédent, j’avais vu mon premier requin baleine (après tant de rendez-vous manqués) et je retournais pour la deuxième fois du séjour sur Pinnacles. J’avais déjà été gratifié de la présence de quelques requins du Zambèze, le jour précédent et j’en redemandais. Nous sortions d’une semaine de vacances des sud africains où les lieux avaient été archi peuplés de plongeurs et où le gros était parti élire momentanément domicile ailleurs. Les sud africains partis, les habitants revenaient occuper leur territoire. Nous le constatâmes.

 

Le problème, une fois les sud africains partis est de trouver suffisamment de plongeur pour aller sur Pinnacles. Le récif est éloigné et la sortie n’est rentable pour l’opérateur qu’à partir d’environ 7 plongeurs. Je me chargeais d’une partie du recrutement. Force est de constater que tout le monde ne veut pas plonger sur Pinnacles.

 

Mis à part Protea Banks en déclin, Pinnacles est l’un des derniers endroits d’Afrique Australe où la présence du requin bouledogue (aka requin du Zambèze) est presque garantie, pour peu qu’on évite l’heure de pointe. C’est surtout lui que l’on vient voir.

 

Comme Protea, Pinnacles est une plongée en dérive. On vous lâche généralement là où la concentration de requins bouledogues est censée être la plus forte. C’est pour cela qu’il faut faire une entrée négative et plonger rapidement vers le fond (35 m-40m) environ.

C’est ce que je faisais ce jour-là. Tout de suite, arrivé à 20 mètre j’apercevais sur le fond un gros requin du Zambèze, probablement une femelle, interprétant la danse lente et zigzagante caractéristique de son espèce. Un mètre au-dessus du fond, elle s’économisait en minorant l’impact du courant. Je la survolais brièvement, hésitant à lui faire face en me posant sur le fond pour lui tirer le portrait. Elle était vraiment très grosse. 3 m quand même et calibrée comme un sumo. J’auto-justifiais ma frousse en me disant qu’elle était quand même à 40 m et que j’allais cramer pas mal d’air en la rejoignant. Je repensais aussi à ce poisson scorpion sur lequel j’avais failli poser la main en me posant comme ça, une fois, bêtement sur le fond, comme un con. Mais en vrai, j’avais un peu les jetons, ces mêmes jetons qui font que je n’ai jamais eu le moindre problème.

 

Quoiqu’il en soit, mes hésitations furent rapidement tranchée quand j’aperçus mes compagnons qui s’éloignaient en regardant dans la direction d’un requin marteau qui nous contourna comme un avion de chasse. Les bombardiers n’étaient pas loin.

Alors que nous continuions à dériver au dessus du Pinnacle, nous tombâmes sur deux autres requins du Zambèze, plus petits cette fois qui tournaient à mi-eau puis au fond. A 20 mètres, j’en aperçus un troisième, de face, qui s’approchait juste dans ma direction.

Le moment où le vidéaste ne vit plus l’événement, mais vit de le filmer.

J’avais déjà vu plein de requins bouledogues. Ce que je voulais ce jour-là, c’était un gros plan de face avec le bleu pour seul fond. Trop préoccupé par ma prise, je ne remarquais pas que le museau était un peu aplati pour un bouledogue. Son arrivée de face masquait sa taille. Il se mit de côté et là, je m’aperçus qu’il ne s’agissait pas d’un bouledogue mais d’un requin tigre de 4m. De façon surprenante, les rayures étaient très marquées pour un individu de cette taille. Peut-être n’avait-il pas terminé sa croissance ? Evidemment, la surprise me fit rater la prise. Normal. C’est tout mon problème. Je ne filme que pour graver à titre personnel. Après s’être présenté de profil, le tigre s’en alla nonchalamment, tandis que je zoomais et dézoomais comme un abruti. Au montage, je réalisai qu’ un marteau se promenait derrière.

 

C’est peut-être lui, d’ailleurs, qui nous rendit visite juste après. Lui ou son congénère, puisqu’ils furent deux marteaux hallicornes à venir nous dire bonjour alors que nous continuions à dériver. Alors qu’il s’éclipsaient momentanément, un Blacktip vint à notre rencontre dans le plus pur style Blacktip : contre-courant, je fais le tour, je reviens voir d’un peu plus près en passant par derrière un peu nerveux et je me casse. Pas de sardine, pas d’intérêt.

 

Alors que j’avais été masqué par mes camarades de palanquée lors des premiers passages de marteaux, l’un des deux, sans doute, revint directement de mon côté. Mon côté un peu plus profond, un peu plus seul, un peu plus planqué, un peu plus tranquille. Il s’approcha d’une nage rapide et saccadée, puis s’en alla plus brusquement à 20-25, fit soudainement demi tour et revint directement sur moi, s’arrêtant à deux mètres, légèrement au dessus. On aurait pu croire qu’il venait poser, mais il s’agissait plus certainement d’un jeune en pleine chasse attiré par mon objectif grand angle qui produisait un beau reflet argenté. Il s’éloigna presque aussi vite qu’il était venu, un peu déçu. Nous nous laissâmes dériver quelques instants de plus au passé simple en croisant un dernier petit bouledogue qui ne retint que vaguement notre attention. Le meilleur était passé, le reste était imparfait.

 

4 espèces en une seule plongée. C’est simple, c’est là, ce n’est pas si loin. Pinnacles. Ponta Do Ouro.

12/08/2009

Les morsures du requin tigre

Le requin tigre est de ces requins qui pour mieux appréhender un objet ou un élément nouveau finissent par le mordre, pour le goûter et ainsi mieux le connaître. Les anglais utilisent l'expression "to mouth". Souvent le requin tigre s'éloigne après cette morsure initiale. Nombre de cas répertoriés comme des attaques sont ainsi des morsures exploratoires, sans arrière-pensées.

Comme tous les requins et bien qu’on n’ait jamais à ma connaissance assisté à un accouplement, le requin tigre s’accroche probablement à sa partenaire en saisissant entre ses mâchoires son aileron dorsal pour s'agripper à elle. L'amour lui fait souvent perdre des dents.

Parfois, le requin tigre rêve d’une existence ou il ne serait pas nécessaire de mordre pour faire connaissance.

06/05/2009

Tous les requins Tigres ne se valent pas

 

La première fois que j’eus la chance de voir un requin tigre, c’était un jeune de 2m, à peine  Il me rendit visite au palier, remontant la colonne d’eau attisé par la curiosité qui est le propre de cet âge. Je le pris tout d’abord pour un requin du zambèze, puis apercevant les rayures marquées qui caractérisent les jeunes spécimens (contrairement aux rides, les rayures du tigre s’estompent avec l’âge), je ne pus m’empêcher de nager dans sa direction, ce qui eut pour effet immédiat de le faire fuir à tire de nageoire. Un petit requin tigre, mais un requin tigre quand même. Et un tigre en Afrique, ça reste étonnant.

 

 

Plus tard, j’eus l’occasion de voir d’un coup bien d’autres requins tigres, beaucoup plus gros et de beaucoup plus près (n’y voyez pas de relation de cause à effet), mais ce ne fut pas pareil.  Ils étaient appâtés, accessibles au premier ukrainien venu, qui les prenaient à s’y méprendre pour des tchétchénes soumis. On n’aurait plus l’idée (même si on l’a eu au début du siècle) d’attirer des lions dans une réserve en leur offrant de la viande, alors pourquoi la même idée ne nous dérange t-elle pas en immersion?

 

Ce shark feeding était très bien préparé, sous la superivsion des équipes de Mark Addison. Il vaut mieux avec un tigre. Ce n’est pas toujours le cas. Un accident mortel est survenu aux Bahamas cette année et un autre est en préparation, puisqu’un abruti nommé Eli Martinez s’amuse à nourrir ces requins à la main. Nul doute que leur mauvaise réputation en sortira tôt ou tard renforcée pour de très mauvaises raisons.

 

C’est pourquoi je pense qu’il faut s’abstenir de participer à ce genre d’opération, d’autant plus que voir un requin tigre dans ces conditions revêt un petit côté zoo assez déplaisant.

 

A l’inverse, rien ne remplace le plaisir que procure l’arrivée surprise et naturelle d’un spécimen de quatre mètres, comme j’ai eu l’occasion d’en voir un récemment sur Pinnacles à Ponta d’Ouro au Mozambique.

 

En plongée, c’est l’attente qui est magnifique. Et quand celle-ci se dissipe dans la lassitude ou la torpeur, une bonne surprise rayée vient parfois la couronner.

 

 

 

18/03/2009

Pseudo attaque, vrai massacre

Vous avez peut-être entendu parler ces derniers jours de ce pêcheur sous-marin qui pour sauver « héroïquement » un de ses compagnons a dû batailler pendant plusieurs heures avec un requin tigre qu'il transperça de plusieurs flèches, avant de tenter de le noyer puis de le finir à coups de couteau. Charmant, non?

Qu'un requin tigre soit attiré par des pêcheurs sous marins, n'a rien de bien surprenant. Vous verrez dans la video ci-dessous que celui-ci n'avait pas l'air si menaçant, puisqu'il suffisait de crier dans son embout pour le faire détaler.

Vu le niveau de menace, un retour à la surface sans trop d’encombre n’aurait pas été trop difficile. A moins de vouloir faire quelques clichés sensationnalistes qui avec un soupçon d’ignorance peuvent aisément faire passer un bourreau pour un héros.





07/03/2008

Erratum sur l'attaque de requin survenue aux Bahamas

Contrairement à ce qui avait été dit dans les premiers communiqués et comme on pouvait s'en douter après mon dernier post, le requin impliqué était un requin tigre. Je n'ai pas dit coupable.

06/03/2008

Informations additionnelles sur l’accident survenu lors d’un shark feeding

J’ai pu obtenir quelques informations complémentaires sur l’accident survenu lors d’un shark feeding la semaine dernière. Apparemment, il se serait produit dans les eaux bahaméennes.

J’ai pu trouver sur Youtube deux vidéos prises lors de feedings organisés par le même opérateur avant l’accident. Je n’ai pas vu sur ces vidéos de requins bouledogue, mais en revanche plusieurs requins tigre qui avaient l’air particulièrement agités, ce qui n’est pas si courant pour le requin tigre, car c’est un requin d'ordinaire calme. Il n’entre pas en frénésie, y compris quand il se nourrit sur des carcasses de baleines mortes qui pour les grands blancs sont des lieux d’orgie.

On voit néanmoins distinctement sur ces vidéos que les requins tigre viennent un peu trop fréquemment taper du museau l’objectif du caméraman. La raison est simple. ils cherchent quelque chose : l’origine de l’odeur. Faute de la localiser, ils s’énervent. S’il ne peuvent localiser cette source, c’est que toute la zone du feeding doit être saturée d’odeur et de minuscules morceaux d’appâts. Un détail ne trompe pas : les autres poissons sont très éparpillés sur toute la zone ou se trouvent les plongeurs, alors que normalement ils se concentrent autour de l’appât.

On aperçoit une densité de poissons un peu plus importante autour d’un des plongeurs agenouillés au fond (la profondeur doit être de 10m maximum). On distingue qu’il tient ce qui ressemble à un appareil photo d’une main et de l’autre un récipient dont il doit sortir des appâts de temps en temps.

Ainsi, il se met doublement en danger ainsi que les plongeurs autour de lui, d’abord en faisant que les requins associent la présence d’appât à celle des plongeurs, ensuite en éparpillant des morceaux d’appâts anarchiquement sur la zone. Il est toujours bon dans un shark feeding qu'il y ait une zone "safe" où se trouvent les plongeurs et une zone où les requins se nourrissent

Les shark feeding sûrs, comme ceux de Walker’s Cay ou d’Aliwal Shoal évitent ces deux écueils. A Walker’s Cay, la boule d’appât est congélée, ce qui évite l’éparpillement. A Aliwal shoal, les opérateurs procèdent en deux temps. D’abord ils attirent les requins avec du chum (brouet odorant), puis, une fois les requins sur zones, laissent dériver un tambour de machine à laver rempli de sardine et accroché à une drumline sur laquelle sont accroché des carcasses de plus gros poissons pour les requin tigre. Aucun morceau d’appât ne se disperse. C’est alors seulement qu’ils laissent les plongeurs se mettre à l’eau.

C’est la clé. La source d’appât ne doit pas laisser échapper de morceaux de poissons et les requins ne doivent pas être nourri directement par l’homme. Ils doivent associer ce dernier à un prédateur qui comme eux a été attiré par l’odeur.

26/02/2008

Un requin bouledogue tue un plongeur lors d’un shark feeding

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Moi-même en snorkeling avec
un requin bouledogue aux Bahamas.







Un plongeur autrichien serait mort des suites de ses blessures, le week dernier en Floride, suite à un accident survenu lors d’un shark feeding, à 50 miles au sud est de Fort Lauderdale. Apparemment, l’opérateur ne serait pas des plus fiables, puisqu’il avait déjà été averti par courrier par Neal Watson qui supervise la plupart des shark feedings de la région, Bahamas comprises.

Le requin incriminé serait un requin bouledogue (bull shark) et aurait mordu le touriste à la jambe. Ce dernier serait mort de ses blessures après avoir été transporté en hélicoptère dans un hôpital de Floride. Probablement une perte de sang trop importante. C’est le danger lors d’une attaque de requin. Si d’ailleurs le nombre de mort n’a pas augmenté plus au cours des dernières décennies, cela est principalement dû à la rapidité des secours qui permettent des transfusions plus rapides.

Nul doute que cet accident va relancer le débat sur les shark feedings et notamment ceux qui impliquent des requins dits dangereux, comme celui-ci qui attirait régulièrement requins tigre et requins bouledogue.

C’est la première fois que j’entends parler d’un accident de la sorte sur le net. Même si dans la réalité ces accidents arrivent. Il faut reconnaître qu’ils sont généralement tus par les opérateurs et qu’une véritable omerta est soigneusement entretenue par les uns et les autres. J’ai pourtant réussi à savoir par diverses indiscrétions qu’un plongeur avait été mordu au visage lors du sardine run de l’année dernière. J’ai également eu vent d’une attaque provoquées, probablement mortelle, de requin tigre en Afrique du Sud, il y a quelques années. Il semblerait qu’une attaque (mortelle ou non je ne le sais pas) impliquant un requin océanique à pointe blanche ait aussi eu lieu sur un récif du large en Egypte (Brothers ou Elphinstone, je n’en sais rien). Les guides rencontrés sur place ne me l’ont jamais confirmée, mais ils n’ont jamais cherché à l’infirmer non plus. Leur silence semblait néanmoins éloquent. L’Egypte, qui ne comporte aucun Hélicoptère de secours, ce qui est tout de même une honte quand on pense à l’argent que les plongeurs du monde entier y déversent chaque année, est à cet égard un des pires endroits où un tel accident puisse survenir.

Il est fort dommage que ces accidents soient systématiquement tus. Les opérateurs doivent estimer, justement ou non, qu’ils procureraient une baisse de la fréquentation. Je n’en suis pas si sûr. Le silence qui les entoure me semble pire. Il empêche les touristes d'évaluer les risques qu'ils courent et empêche de faire le tri entre bons et mauvais opérateurs. Il entretient aussi les pratiques abusives comme celles que l’on voit à Elphinstone où les bateaux nourrissent fréquemment les requins océaniques alors même qu’un peu plus loin des plongeurs se jettent à l’eau. Il nourrit les rumeurs infondées (rien ne me prouve en effet que les accidents dont je vous parle aient bien eu lieu).

Il serait sain qu’un serveur rassemble des données concernant ces accidents. En attendant qu’un site plus développé ne s’y colle, je vous propose de m’envoyer un mail si jamais vous avez vent de tels accidents ou abus. Après vérification, je tâcherais de les mettre en ligne.

On pourrait d’ailleurs envisager la même chose pour les accidents de plongée qui sont bien souvent eux aussi soigneusement dissimulés. Or les accidents se répètent souvent de la même façon. Les connaître, c’est pouvoir les éviter.

Pour en revenir à cet accident précis, je ne saurais encore que dire. Si ce n’est qu’il faut bien se renseigner avant de faire confiance à un opérateur qui attire en pleine eau de tels requins. Il convient également de bien observer les procédures. Le requin est un animal d’habitude. Ainsi, aux Bahamas, un opérateur avait l’habitude de nettoyer le pont des restes d’appâts, une fois les plongeurs remontés. Les requins le savaient et attendaient ces derniers morceaux de poissons. Un jour, un plongeur, après sa plongée eut la mauvaise idée de nettoyer son masque en surface. Un requin le mordit sérieusement à la main.

Il convient donc de ne se livrer à ce genre d’activité qu’avec extrême prudence et en compagnie de vrais professionnels. Il faut être avec quelqu’un qui contrôle bien les mises à l’eau ainsi que les sorties et qui surtout sache empêcher les novices de se placer à contre-courant des appâts. Les squales ne doivent pas être nourris directement à la main, bien évidemment. En Afrique du Sud à Aliwal, deux opérateurs contrôlent parfaitement ces techniques avec les requins tigres. Reste que ceux-ci n’ont pu éviter des incidents liés à l’inconscience de certains plongeurs. Ainsi ai-je pu voir une vidéo dans laquelle un père ayant confié une caméra au caisson métallique bien scintillant à son fils, laissa celui-ci foncer directement sur l’appât à contre-courant, horizontalement sous la surface. Tout ce que les requins tigre apprécient. Un requin fonça droit sur le jeune homme, se saisit de la caméra et il s’en fallut d’un miracle qu’il ne soit pas blessé. Seule l’intervention immédiate de l’opérateur permit d’éviter l’accident.

En ce qui concerne les requins bouledogue, je ne les ai jamais vus appâtés en pleine eau, mais je suspecte que la chose puisse être dangereuse, dans la mesure où le bouledogue préfère les proies vivantes qui se débattent. Ainsi, à Walker’s Cay aux Bahamas, on ne les voit pas sur le site du shark rodeo. Même chose à Aliwal shoal où ils ne viennent pas sur les lieux des plongées avec les tigres. Il se pourrait donc que notre opérateur de Floride ait utilisé une technique dangereuse et peu au point. J’avais à cet égard aperçu une vidéo sur le net où l’on apercevait requins tigre et bouledogue sous l’eau, depuis l’arrière d’un bateau. Les plongeurs devaient être sous la plateforme arrière du bateau. La technique n’avait pas l’air très élaborée et les requins étaient forcément attirés par quelque chose lancé depuis le bateau.

Une chose n’est jamais à perdre de vue quand on plonge avec un requin. Si le risque d’accident est faible, les conséquences peuvent être désastreuses. On ne peut autoriser le moindre risque.