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24/12/2011

Sur les récents marquages de requins bouledogue à la Réunion

 

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Le Capitaine Billy Black, fameux pêcheur au gros, préparant le fruit de sa pêche à Walker's Cay, aux Bahamas, qui abrite (abritait?) une impressionnante communauté de requin bouledogues. 2002

 

 

 

 

 

 

Certains d’entre vous ont peut-être suivi les liens postés par Ben concernant les récents marquages à la Réunion (qui étaient apparemment le fait d’initiatives privées), là même où avaient eu lieu certaines attaques. Comme vous l’avez dans ce cas vu, les résultats se sont avérés assez décevants. Un seul requin marqué par la première équipe et un autre par la seconde, au moment où le lien était paru. Ces derniers avaient encore quelques jours devant eux.

J’ai lu ici ou là des remises en cause de l’expérience ou de l’expertise des équipes ayant procédé à ces marquages. Certes, je n’avais personnellement jamais entendu parler de Fred Buyle, l’apnéiste belge qui a procédé au marquage d’un requin avec la première équipe, mais je n’ai pas l’impression que le choix soit particulièrement à remettre en cause. Pour une telle tâche, être un ancien champion d’apnée ne me paraît pas contre-indiqué, les bouledogues appréciant raser le fond ce qui ne les rend pas faciles à approcher.

Le problème ce n’est pas le marqueur, mais la technique de marquage.

De toutes mes plongées avec des requins bouledogues en Afrique du Sud et au Mozambique, je ne les ai jamais vus tourner autour des plongeurs comme le font d’autres requins. La plupart du temps, ils restaient à distance, rasant le fond, si ce n’est peut-être lors de la mise à l’eau où il venaient parfois jeter un rapide coup d’œil avant de repartir aussitôt. Il n’y a guère qu’à Walker’s Cay aux Bahamas que j’ai pu les voir vraiment de près, mais c’était là une situation exceptionnelle. Ils s’étaient habitués à venir à un endroit précis de l’île où l’on vidait les poubelles pleines d’entrailles et d’arêtes des poissons ramenés par les pêcheurs au gros qui fréquentaient cette île. On venait même les nourrir pour divertir le touriste, une à deux fois par semaine. En revanche, cela m’avait intrigué, pas un requin bouledogue lors de mes plongées bouteilles journalières, alors qu’ils étaient parfois une trentaine au bord de l’île. Pas de requin bouledogue non plus lors du shark feeding local (le shark rodeo), fréquenté par les requins gris, les requins des caraïbes et les requins nourrices. Ils ne mangeaient pas de cette soupe. Même chose en Afrique du Sud lors de mes plongées avec les requins tigre d’Aliwal shoal où ceux-ci sont appâtés, même s’ils ne sont pas à proprement parlé nourris. Des blacktips à ne plus pouvoir les compter, parfois jusqu’à 5 ou 6 requins tigres, mais pas de bouledogue. Le requin bouledogue est difficile à approcher en plongée et on ne l’attire pas en surface avec du vinaigre ou de l’huile plutôt.

Dans ces conditions on comprend que le travail des équipes réunionnaises, vue la technique choisie avait peu de chances de réussir.

Les grandes opérations de marquages de requins bouledogue qui ont eu lieu récemment, à savoir celles menées à Sydney Harbour et quelques km au nord en Australie et celle menée sur la Breede River dans la province du cap en Afrique du sud, ont toutes été faites sur des requins qui avaient été au préalable pêchés puis sortit de l’eau. Ceci demande pas mal d’expérience et de moyens puisqu’il faut posséder un harnais permettant de soulever l’animal tout en protégeant sa colonne vertébrale. Ensuite il faut pouvoir le protéger du soleil tout en faisant passer de l’eau dans ses ouïes. Cette opération doit se faire rapidement pour ne pas risquer de remettre à l’eau un animal qui mourra quelques minutes plus tard. Les équipes réunionnaises ont peut être voulu éviter cette technique qui cause certainement beaucoup de stress à l’animal, mais je crains que ce ne soit la seule permettant de mener à bien une étude fiable en marquant un nombre suffisant d’animaux.

Afin de capturer le requin bouledogue, les sud-africains comme nombres d’autres pêcheurs dans le monde utilisent de préférence des appâts vivants. C’est la meilleure garantie avec le requin bouledogue. Les pêcheurs au gros le savent bien qui voient souvent leurs prises sectionnées par les requins bouledogues dans les eaux qu’ils fréquentent. Ceux qui en doutent peuvent aller voir cette vidéo de requins bouledogues attaquant un tarpon en Floride (http://www.youtube.com/watch?v=HCqAafdU09E), il y en plein d’autres sur Youtube. Je vous en recommande également une autre où cette fois-ci c’est en eau douce dans la rivière Breede en RSA qu’un bouledogue découpe une gigantesque carpe. D’ailleurs, c’est dans cette même rivière Breede, je vous le disais qu’on a marqué et suivi une énorme femelle pendant 43h récemment. On a constaté à cette occasion que par moment elle suivait les bateaux de pêcheurs, une fois pendant 35 mn, semblant attendre une prise pour ensuite la dérober.

En conclusion, c’est avec des appâts vivants qu’il faudra peut-être songer à capturer les bouledogues réunionnais une prochaine fois, à condition d’avoir les experts et le matériel adéquats pour les marquer ensuite en dehors de l’eau.

Il me semble qu’il faudrait également envisager des marquages à des périodes différentes de l’année. Les bouledogues migrent parfois d’au moins 200 km au cours d’une année. Il n’est pas dit qu’il n’y est pas à la réunion une population de passage et des périodes de l’année où les bouledogues soient plus nombreux que d’autres. Mais bon, je dis ça, je ne dis rien.

03/06/2011

Les requins préfèrent AC/DC

Un opérateur australien prétend attirer les requins en diffusant sous l’eau des chansons d'AC/DC, groupe de hard rock, australien bien sûr.

Parmi de nombreux groupes de musique testés, c’est à AC/DC que les requins répondent le mieux semble t-il, allant jusqu’à se frotter à la cage d’où le son est émis. Pas sûr que cet opérateur ait tenté l’expérience avec un concerto pour piano de Rachmaninov.

Sont-ils attirés par les riffs de « If you want blood » ? Je ne le pense pas. Les requins sont-ils attirés par AC/DC parce que le nom de ce groupe fait référence à l'électricité. Non plus. Il s’agit plus probablement des basses fréquences, apparemment plus présentes chez ce groupe que ceux auxquels il a été comparé, qui intéressent les squales. A mon avis d’ailleurs, la techno marcherait encore mieux. Pas sûr non plus que notre ami australien en écoute.

Déjà en Afrique du Sud, Trevor Krull utilisait à Protea Banks ce qu’il appelait un Shark Whisperer (pas besoin de paroles, ni de mélodie). Un engin émettant de basses fréquences lui servait à attirer les requins du zambèze (requins bouledogues). Les opérateurs qui à la pointe du cap de Bonne espérance attirent requins mako et requins bleus utilisent eux aussi des appareils sonores. Ce système présente l’avantage de ne pas appâter. Y a-t-il un phénomène d’accoutumance qui ferait que les animaux réagiraient moins au bout d’un certain temps ? Je n’en sais rien, mais je ne le crois pas.  Je n’ai encore jamais fait cette plongée à la pointe pour voir les requins bleus électriques, mais je n’y manquerais pas la prochaine fois. Dans quelques mois peut être. Je vous tiendrais au courant. 

14/03/2009

This is the end

Une bien triste nouvelle m’est parvenue ces derniers jours. Alors que j’écrivais à Trevor Krull pour l’informer de mon intention de plonger avec lui sur Protea Banks au mois d’Avril, ce dernier me fit savoir qu’il avait cessé son activité sur ce récif qu’il avait été le premier à explorer en dessous de la surface, en tant que pêcheur sous-marin en 1993. Il fut également le premier à le faire découvrir à d’autres plongeurs à partir de 1994 à la tête d’African Dive Adventures qu’il revendit ensuite à un abruti dont j’ai oublié le nom, avant de revenir en 2002 pour travailler dans l’opposition.

Protea Banks était pour moi la Mecque de la plongée avec les requins. Le nombre et la variété d’espèces que l’on pouvait y observer étaient impressionnants. On y rencontrait régulièrement, au gré des saisons, requins marteaux halicornes, requins du zambèze (requins bouledogue), requins taureaux, requins tigre, requins à pointe noires, requins cuivre, requins sombres et beaucoup plus rarement requins blancs. Occasionnellement, on y vit aussi requin pélérin , requin baleine, requin mako et requin renard.

Mais ce qui faisait le caractère unique de Protea, c’était avant tout le requin du Zambèze. Protea était probablement le seul récif d’Afrique du Sud sur lequel on pouvait observer de la façon la plus certaine cet animal emblématique des côtes de l’Afrique Australe. Certes on peut toujours l’observer ailleurs, mais jamais plus on ne verra les congrégations qui peuplaient alors Protea Banks.

Protea était la ruche longtemps inconnue d’où venaient tous ces requins qui provoquèrent la panique sur les plages d’Amamzintoti dans les années 50, puis dans les années 70. Ce sont eux qui provoquèrent ce besoin chez les nageurs de se cacher derrière des filets meurtriers, alors même qu’il leur aurait suffit d’aller nager ailleurs.

Alors qu’il arrivait encore en 1999 d’apercevoir une quarantaine de requins du zambèze par plongée, on n’en voit plus aujourd’hui dans les bons jours qu’un ou deux. Les longliners et les filets se sont occupés du gros du ménage, les pêcheurs au gros, ont enlevé la poussière qu’il restait dans les coins.

Si je vous parle aujourd’hui de ce récif au passé, c’est que pour moi il n’existe plus. Le Protea que je viens de vous décrire, n’est hélas plus qu’un souvenir. Protea n'est pas Protea sans Trevor et ces requins, qui portent le nom de son chien.

C’est pourquoi je vais aller les voir à Ponta, au Mozambique, en espérant qu'ils soient encore un peu là, mais pour combien de temps.

12/05/2007

Requin taureau sur Protea Banks

Le requin taureau a une tête à s'être fait péter la gueule. C'est d'ailleurs ce qu'il lui est arrivé. On ne devrait jamais avoir l'air caricaturalement salaud.