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20/05/2013

Attaque de requins à La Réunion : et si on s'occupait du vrai problème?

 

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Le maire de Saint Leu à La Réunion, commune sur laquelle a eu lieu une attaque de requin bouledogue ce mois-ci, a autorisé par un arrêté municipal la pêche au requin bouledogue, espèce responsable de l'attaque. L'année dernière, une autre attaque mortelle avait eu lieu sur la même plage.

M. Robert, sortant d'une Réunion avec le préfet reprochait à ce dernier de ne prendre que des mesurettes, alors même que celui-ci venait d'autoriser de façon totalement irrationnelle le "prélévement" (ou plutôt le massacre), de requins bouledogues grâce à la pause de drumlines qui ne manqueront pas de tuer de nombreuses autres espéces.

Irrationnelle, car la nécessité de ces prélèvements ne s'appuie sur aucune conclusion scientifique, alors même que des études sont en cours et ne semblent pas indiquer une augmentation du nombre de requins (c'est sans doute même le contraire).

M. Thierry Robert a donc décider d'en remettre une couche. Il est d'ailleurs coutumier du fait puisque c'est déjà lui qui avait autorisé la chasse il y a un an, en toute illégalité (sa commune faisant partie d'une réserve naturelle).

M.Robert ferait mieux de s'occuper du retraitement des eaux usées de sa commune où le 18 Mars à la suite de la rupture d'une canalisation toutes les eaux usées se sont déversées dans la mer. Dans ce cas pas de mesure immédiate, mais des travaux qui auront sans doute lieu à la Saint Glin Glin. Le problème des eaux usées est un problème que les élus locaux de la Réunion ne semblent pas vouloir combattre , au point que la France paie des amendes à l'Union Européenne pour non respect des normes en la matière. 

A la Réunion 58% des eaux usées ne sont pas retraîtées, mais résoudre ce problème semble un peu au dessus des compétences de M.Robert qui préfère dilapider l'argent publc ("7 euros par kilo de poids vif, dans la limite de 50 requins!!!) pour pêcher dans une réserve garante de la biodiversité de l'ïle.

28/11/2012

Un requin blanc à La Réunion : c'est possible

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Comme vous le voyez sur cette capture d'écran du shark tracker d'Ocearch, un des 35 requins marqués par l'organisation entre mars et juin, se promène non loin de La Réunion (tout est relatif), en tout cas sous les mêmes latitudes.

C'est donc possible, ce dont certains doutait, mais qui ne m'étonne pas puisqu'on les aperçoit aussi, bien que rarement au Mozambique, en Floride et en Nouvelle-Calédonie. Le mythe du grand blanc dissuadé par l'eau chaude est donc définitivement dissipé.

On nuancera néanmoins le propos. En 6 mois, seulement deux des requins marqués sont remontés plus haut que la frontière du Mozambique et de l'Afrique du Sud.  On comprend donc qu'une rencontre soit encore plus improbable, mais tout aussi possible.

28/09/2012

Le flicage et l'éradication des requins côtiers en Australie : la tracking tuerie organisée par le gouvernement australien

Après une augmentation du nombre d'attaques qui n'était imputable qu'à une augmentation du nombre d'utlisateurs de la mer, dans un grand geste de démagogie obscurantiste, le gouvernement australien a décidé d'ouvrir la chasse aux requins "qui s'approchent trop près des côtes" ou qui "présentent une menace imminente". 

Mais pas une chasse à l'ancienne. Non, le chasseur utlise tous les nouveaux moyens qu'offre le monde moderne. Ainsi, une partie des fonds gouvernementaux ira au marquage et au tracking de requins. Pour mieux les connaître ? Pas du tout. Pour pouvoir les tuer s'ils sortent de leur périmètre !

Le requin menaçant ou s'approchant trop des plages sera abattu, tandis que le requin éloigné et peu menaçant sera marqué. A lui de ne pas trop s'approcher par la suite, car grâce ou à cause de son tag, il déclenchera  une alarme et sera occis sur le champ. Le gouvernement australien s'est ainsi décidé à fliquer les requins !

Les deux critères sont d'une rigueur à toute épreuve. S'approchant "trop près des côtes" d'abord. J'ose espérer qu'une limite précise a été donnée ? Mais quoi ? Cela veut dire qu'à terme tous les requins côtiers seront abattus tant il est évident que tous s'approchent à un moment ou un autre du bord ? Le requin bouledogue tout d'abord qui s'approche des emboûchures de rivières quand il n'y entre pas. On a vu lors d'Australia Day, dans la région de Sydney que six requins bouledogues marqués s'étaient promenés au milieu des baigneurs, sans même que personne ne les aperçoivent. Avec les nouvelles mesures qu'aurait-on fait ? Les aurait-on abattus ?

Dans la rivière Breede en Afrique du Sud vit une population de requins bouledogues dont certains éléments mesurent plus de 4m, sans qu'aucune attaque n'ait eu lieu à ce jour.  

Une telle décision revient à nier au requin bouledogue le droit d'habiter son propre écosystème. Cela revient donc à un arrêt de mort.

Le requin blanc est lui aussi un requin qui occasionnellement peut s'approcher tout près du bord, sans qu'il ne soit pour autant menaçant (pour preuve Chris Fallows pagayant sur une planche au dessus d'un spécimen dans False Bay). Le requin tigre peut venir tout près du bord si quelque chose l'y attire. A terme tous les requins bouledogues, blancs  et tigres marqués seront tués, puisque tôt ou tard, ils s'approcheront tous trop près. C'est absurde.

Passons au deuxième critère "présenter une menace imminente". En voilà un critère objectif ! Il n'est qu'à aller sur Youtube et taper "shark attack" pour s'apercevoir que ce terme recouvre des interprétations assez variées. Ainsi une video anglaise d'un pauvre requin renard pêché à la ligne et se débattant sur le pont d'un bateau est qualifiée d' "attaque" et le requin décrit comme "vicieux" (alors même qu'il vit ses derniers instants !). Nul doute que beaucoup de requins présenteront des "menaces imminentes". Imminentes, car comme chacun le sait il est très facile de prévoir une attaque de requin et de percevoir le moment exact où elle va se déclencher.

Au final, ces mesures veulent surtout dire que la pêche au requin est à nouveau ouverte en Australie, le gouvernement fournissant désormais aux pêcheurs deux bonnes raisons stupides permettant de justifier n'importe quelle prise, y compris celle du grand requin blanc, dont la population australienne se compte aujourd'hui en centaines.

L'Australie a massacré sa population de requins taureaux dans les années 60, elle va maintenant s'occuper des autres espèces côtières. Le plus stupide, c'est que pour pouvoir les tuer, les pêcheurs vont désormais appâter bien près des côtes, là ou c'est autorisé, mettant par la même les populations humaines en danger. Bravo.

07/08/2012

Prélévements de requins à la Réunion : l'hypocrisie des pouvoirs publics

Suite à l'attaque de la semaine dernière à St Leu à la Réunion et après une valse-hésitation, les pouvoirs publics ont finalement autorisé le prélévement de 10 requins bouledogues et 10 requins tigres, tenez-vous bien "pour étudier une bactérie, la ciguatera, dont ils seraient porteurs"  et qui les rendant impropre à la consommation en limiterait la pêche (???).

Quel raisonnement tordu !

Si l'on suit ce raisonnement qui ne vise qu'à autoriser hypocritement une battue à l'ancienne de pêcheurs locaux qui ce faisant ne vont encore qu'attirer plus de requins, il s'agirait de lutter contre ce qui fait proliférer le requin bouledogue, alors même que cette prolifération n'est pas du tout établie scientifiquement.  L'hypothèse selon laquelle l'augmentation du nombre d'attaque ne pourrait résulter que d'une augmentation de la population de requin n'a rien d'évidente. Il n'y a pas prolifération de requin mais augmentation du nombre d'attaque. Cette augmentation pourrait très bien ne résulter que d'un changement de nos comportements et d'un changement des leurs, l'un ayant peut être occasionné l'autre. Nous sommes plus nombreux dans l'eau, de plus en plus loin du bord. Ils se rapprochent plus souvent des côtes (rejets). Par exemple.

Pas question d'avouer qu'il s'agit d'éliminer quelques spécimens pour contenter l'électorat. Non. Tout ceci n'a de fin que scientifique. 

Dans le même temps les pouvoirs publics ont investi dans un programme de marquage des requins bouledogues de la Réunion. Il serait amusant que leurs études sur les bactéries les amènent à éliminer des individus marqués dans le cadre de leur programme d'observation des comportements.

De la même façon, les pouvoirs publics ont créé une réserve naturelle, près de Saint Leu. Ils souligent néanmoins, par la voie d'un certain M.Brunetière, que la pêche au requin bouledogue, qui n'est pas une espèce protégée "y est autorisée". On hallucine. 

Il serait temps d'arrêter de réagir face à chaque attaque de façon soit hypocrite, soit épidermique pour regarder les choses de façon pragmatique et distanciée,

Tout d'abord, les mesures mises en place, du type vigie-requin, dont les surfeurs demandent le renforcement, sont-elles véritablement appropriées ?

Les vigies-requins s'inspirent d'une initiative mise en place sur certaines plages du Cap en Afrique du Sud : les Shark Spotters.

Il s'agit en effet d'une remarquable initiative parfaitement adaptée à la région du Cap et aux attaques de requins spécifiques qu'elle connaît. Mais pas à la Réunion!

Les Shark Spotters au Cap jouissent de deux avantages : ils interviennent sur un terrain accidenté et sont positionnés en hauteur, en surplomb des plages, parfois à plusieurs dizaines de mètres.  Je ne sais pas si c'est le cas à la Réunion. Qui plus est, les requins qu'ils guettent sont des grands requins blancs, bien plus imposants que le bouledogue et surtout nageant fréquemment sous la surface, donc bien plus faciles à repérer. Le bouledogue lui, partout où je l'ai rencontré, que ce soit au Mozambique, en Afrique du Sud ou au Bahamas, nage en rasant le fond.

D'après ce que j'ai pu voir sur Youtube, les vigies-requins de la Réunion encadrent notamment les cours en stand up paddle. Une telle technique, aussi reconfortante qu'elle soit pour les participants puisque la vigie est parmi eux, ne peut en aucun cas avoir une véritable efficacité. Seul un pêcheur aguerri parviendrait à percer à travers la surface à une distance de plus de 4m avec un tel angle et les reflets sur la surface (par temps calme). Il faudrait vraiment que le requin passe sous la planche pour qu'il soit aperçu. Rappelez-vous un post précédent :  lors d'Australia day, six bouledogues marqués se sont promenés au milieu des baigneurs sur les plages de Sydney sans qu'un seul ne soit remarqué !

Du coup, la vigie-requin de la Réunion en arrive à avoir une fonction inverse des shark spotters du Cap. Alors que les shark spotters du Cap sécurisent véritablement la plage, notamment en informant sur la fiabilité de leur surveillance (en fonction de la visibilité) et en amenant les surfers à évaluer la dangerosité des conditions, les vigies-requin donnent un faux sentiment de sécurité. Un système de drapeau vert et rouge, indiquant le niveau du danger requin (eau trouble ou non, analyse de celle-ci si possible) serait préférable.

La seule mesure efficace (même si je pense que la vraie conduite à avoir serait que les surfeurs acceptent ce risque minime comme faisant parti de leur activité) ne peut être que l'installation de filets ou de drumlines sur quelques plages sélectionnées (le moins possible) et ce de façon provisoire en attendant les résultats de l'étude sur le comportement des bouledogues. Seule cette solution satisfera les surfers et les professionnels du tourisme. A défaut de pouvoir partager la même mer, chacun la sienne.

Ceci n'évitera pas à 100% le risque d'attaque, mais le réduira considérablement. Les attaques sur les plages protégées de la South Coast du Kwazulu-Natal en Afrique du Sud sont rarissimes depuis la pose de filets à la fin des années 50 et au cours des années 60/70.  

La filets fonctionnent comme des pièges. Ils n'empêchent pas les requins de passer, mais tendent à capturer les spécimens passant trop de temps près de la plage. A la vue et à l'odeur de leurs congénères morts, les requins désertent probablement la zone (Cousteau avait remarqué ce comportement en mer rouge). C'est la seule raison que je vois à leur efficacité, si ce n'est peut être également qu'ils contribuent à faire diminuer inexorablement le nombre de requins. Les plages concernées ne deviendront donc pas sûre du jour au lendemain après la pose des filets. Cette technique est efficace notamment sur les bouledogues, relativement sédentaires (territoire s'étendant sur une centaine de km) par rapport aux tigres et aux blancs. . 

Elle constitue sans doute un moindre mal, si elle permet d'éviter qu'on éradique une espèce entière, au seul motif de sécuriser la pratique d'un sport aquatique. Le requin bouledogue est un requin côtier. C'est comme ça. Depuis assez longtemps d'ailleurs. 

Le requin bouledogue est classé parmi les espèces vulnérables par la CITES. Il constitue la quatrième espèce dont les ailerons sont les plus communs sur le marché de Hong Kong (cf. Rapport CITES). Peut-être se rapproche t-il des côtes parce qu'il est trop pêché au large ?

24/12/2011

Sur les récents marquages de requins bouledogue à la Réunion

 

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Le Capitaine Billy Black, fameux pêcheur au gros, préparant le fruit de sa pêche à Walker's Cay, aux Bahamas, qui abrite (abritait?) une impressionnante communauté de requin bouledogues. 2002

 

 

 

 

 

 

Certains d’entre vous ont peut-être suivi les liens postés par Ben concernant les récents marquages à la Réunion (qui étaient apparemment le fait d’initiatives privées), là même où avaient eu lieu certaines attaques. Comme vous l’avez dans ce cas vu, les résultats se sont avérés assez décevants. Un seul requin marqué par la première équipe et un autre par la seconde, au moment où le lien était paru. Ces derniers avaient encore quelques jours devant eux.

J’ai lu ici ou là des remises en cause de l’expérience ou de l’expertise des équipes ayant procédé à ces marquages. Certes, je n’avais personnellement jamais entendu parler de Fred Buyle, l’apnéiste belge qui a procédé au marquage d’un requin avec la première équipe, mais je n’ai pas l’impression que le choix soit particulièrement à remettre en cause. Pour une telle tâche, être un ancien champion d’apnée ne me paraît pas contre-indiqué, les bouledogues appréciant raser le fond ce qui ne les rend pas faciles à approcher.

Le problème ce n’est pas le marqueur, mais la technique de marquage.

De toutes mes plongées avec des requins bouledogues en Afrique du Sud et au Mozambique, je ne les ai jamais vus tourner autour des plongeurs comme le font d’autres requins. La plupart du temps, ils restaient à distance, rasant le fond, si ce n’est peut-être lors de la mise à l’eau où il venaient parfois jeter un rapide coup d’œil avant de repartir aussitôt. Il n’y a guère qu’à Walker’s Cay aux Bahamas que j’ai pu les voir vraiment de près, mais c’était là une situation exceptionnelle. Ils s’étaient habitués à venir à un endroit précis de l’île où l’on vidait les poubelles pleines d’entrailles et d’arêtes des poissons ramenés par les pêcheurs au gros qui fréquentaient cette île. On venait même les nourrir pour divertir le touriste, une à deux fois par semaine. En revanche, cela m’avait intrigué, pas un requin bouledogue lors de mes plongées bouteilles journalières, alors qu’ils étaient parfois une trentaine au bord de l’île. Pas de requin bouledogue non plus lors du shark feeding local (le shark rodeo), fréquenté par les requins gris, les requins des caraïbes et les requins nourrices. Ils ne mangeaient pas de cette soupe. Même chose en Afrique du Sud lors de mes plongées avec les requins tigre d’Aliwal shoal où ceux-ci sont appâtés, même s’ils ne sont pas à proprement parlé nourris. Des blacktips à ne plus pouvoir les compter, parfois jusqu’à 5 ou 6 requins tigres, mais pas de bouledogue. Le requin bouledogue est difficile à approcher en plongée et on ne l’attire pas en surface avec du vinaigre ou de l’huile plutôt.

Dans ces conditions on comprend que le travail des équipes réunionnaises, vue la technique choisie avait peu de chances de réussir.

Les grandes opérations de marquages de requins bouledogue qui ont eu lieu récemment, à savoir celles menées à Sydney Harbour et quelques km au nord en Australie et celle menée sur la Breede River dans la province du cap en Afrique du sud, ont toutes été faites sur des requins qui avaient été au préalable pêchés puis sortit de l’eau. Ceci demande pas mal d’expérience et de moyens puisqu’il faut posséder un harnais permettant de soulever l’animal tout en protégeant sa colonne vertébrale. Ensuite il faut pouvoir le protéger du soleil tout en faisant passer de l’eau dans ses ouïes. Cette opération doit se faire rapidement pour ne pas risquer de remettre à l’eau un animal qui mourra quelques minutes plus tard. Les équipes réunionnaises ont peut être voulu éviter cette technique qui cause certainement beaucoup de stress à l’animal, mais je crains que ce ne soit la seule permettant de mener à bien une étude fiable en marquant un nombre suffisant d’animaux.

Afin de capturer le requin bouledogue, les sud-africains comme nombres d’autres pêcheurs dans le monde utilisent de préférence des appâts vivants. C’est la meilleure garantie avec le requin bouledogue. Les pêcheurs au gros le savent bien qui voient souvent leurs prises sectionnées par les requins bouledogues dans les eaux qu’ils fréquentent. Ceux qui en doutent peuvent aller voir cette vidéo de requins bouledogues attaquant un tarpon en Floride (http://www.youtube.com/watch?v=HCqAafdU09E), il y en plein d’autres sur Youtube. Je vous en recommande également une autre où cette fois-ci c’est en eau douce dans la rivière Breede en RSA qu’un bouledogue découpe une gigantesque carpe. D’ailleurs, c’est dans cette même rivière Breede, je vous le disais qu’on a marqué et suivi une énorme femelle pendant 43h récemment. On a constaté à cette occasion que par moment elle suivait les bateaux de pêcheurs, une fois pendant 35 mn, semblant attendre une prise pour ensuite la dérober.

En conclusion, c’est avec des appâts vivants qu’il faudra peut-être songer à capturer les bouledogues réunionnais une prochaine fois, à condition d’avoir les experts et le matériel adéquats pour les marquer ensuite en dehors de l’eau.

Il me semble qu’il faudrait également envisager des marquages à des périodes différentes de l’année. Les bouledogues migrent parfois d’au moins 200 km au cours d’une année. Il n’est pas dit qu’il n’y est pas à la réunion une population de passage et des périodes de l’année où les bouledogues soient plus nombreux que d’autres. Mais bon, je dis ça, je ne dis rien.

14/10/2011

Un requin "attaque" un kayak à la Réunion

Une cinquième attaque a eu lieu à la Réunion. Mon dernier post avait un peu de retard sur l’actualité. Elle s’est produite le 5 Octobre et a cette fois impliqué un kayakiste. Le requin s'en est pris au kayak sans dommage pour son occupant. Elle s’est produite à peu près là où avait eu lieu la dernière, aux environs du 20 Septembre au cap de la Houssaye, mais aussi et surtout là où un requin bouledogue avait été pêché suite à l’arrêté préfectoral dont je vous parlais dans mon précédent post.

Pas étonnant qu’il y ait des requins dans le coin, vu qu’on a dû appâter en continu pendant trois jours, moins d’une semaine avant. Il aurait été sage de ne pas faire de kayak à cet endroit pendant quelques jours. Je suppose d’ailleurs que c’est la recommandation qu’avaient dû faire les autorités.  Le problème, c’est qu’une fois de plus la réaction primaire va être « plus d’extermination », alors même que c’est probablement le fait de pêcher à cet endroit qui a attiré encore plus de requins. Le poisson se mord la queue, oserais-je dire.

Une remarque : le kayak n’était pas si répandu il y a encore quelques années, le kite surf n’existait pas. Deux pratiques nautiques qui font s’éloigner du bord, par delà les tombants, bien au delà de la où vont les surfeurs. C’est automatique, les rencontres sont plus fréquentes. Alors même qu'il y a sans doute moins de requins.

J’ai entendu dire que les autorités avaient ou allaient entreprendre un balisage des requins de la zone. Apparemment, l’idée serait de suivre leurs déplacements (grâce à des bornes placés sous l’eau) et de savoir ainsi à quel moment fermer les plages. Le balisage est certes intéressant pour étudier les déplacements, je doute qu’un système d’alerte puisse être mis en place (en dehors du fait qu'il faudrait équiper tous les requins et renouveler ces équipements), pour la bonne et simple raison que ce serait sans doute l’alerte permanente. Je vous renvoie à un précédent post et à l’opération de marquage des requins bouledogues à Sydney qui révélait que le jour de la fête nationale, sept bouledogues s’étaient promenés, à proximité des baigneurs à certains moments, sans qu’aucun ne soit même aperçu. Toujours se rappeler qu’on a été vu par bien plus de requins que l’on a vus.

La vraie question est en fait la suivante : pourquoi attaquent-ils à certains moments, alors que tout le reste du temps ils ne le font pas ?

 

 

10/10/2011

10 requins tigres et bouledogues pêchés sur arrêté préfectoral à la Réunion

Il y a de cela quelques jours, l’un de vous (et je l’en remercie vivement) m’a fait parvenir un arrêté préfectoral émanant de la Réunion et autorisant une « opération ciblée de prélèvement de requins ». En gros, la préfecture avertissait qu’elle avait décidé la prise de 10 requins tigres et bouledogue et ce afin de réguler une population de requins "côtiers sédentaires et dangereux" (suite aux quatre attaques mortelles recensées en 2011). Cette régulation par l'homme prête à sourire tant les spécialistes de ces espèces s’accordent à dire combien leurs effectifs ont reculé ces 20 dernières années, en particulier le requin bouledogue, ou requin du Zambèze.

Dans sa très grande rigueur, la préfecture ne donnait pas la répartition des prises entre les espèces. On se demande bien, de toutes façons, comment on en est arrivé à ce nombre de 10, puisque le rapport précise qu’on ne connaît pas la taille des populations de ces deux espèces.  Qui plus est le requin tigre n’est pas sédentaire, même s’il repasse souvent par les mêmes endroits. Quant au requin bouledogue, certes il est un peu plus casanier, mais on le voit quand même souvent faire des migrations de plus de 300 km entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. C'est dire la précision du ciblage.

Dernière petit détail : ces prises, était-il précisé, pourraient être faites à l’aide de palangres (ces longues lignes bourrées d’hameçons), technique de pêche qui comme chacun le sait permet une pêche extrêmement sélective.

Cette décision paraît totalement stupide (ne régulant rien du tout), et probablement motivée par de seules raisons électoralistes. Ne pourrait-on plutôt s’inspirer des autorités australiennes qui ont marqué les populations de requins bouledogues dans le port de Sydney. Connaître les déplacements de ces requins réunionnais, pour comprendre ces attaques et leurs circonstances, serait sans doute bien plus intéressant que de les pêcher 

Probablement s’apercevrait-on alors que ces populations n’augmentent pas, qu’elles décroissent au contraire, et que la cause est à chercher du côté d’une autre population, celle des surfeurs, qui passent de longues heures dans l’eau à des endroits fréquentés par les requins, et qui elle n’a cessé d’augmenter depuis l’apparition du surf à la Réunion dans les années 1970-80.

1 attaque mortelle en moyenne chaque année, quatre cette année. Nous restons sur des chiffres très bas comparés à d’autres dangers.

Il faut que les surfeurs acceptent ce risque, comme on accepte le risque de chute dans certains sports extrêmes, fût-elle mortelle, qu’ils oublient qu’il s’agit d’un animal et en particulier du requin avec tout ce que cela excite comme imaginaire. 

01/09/2011

Les requins bouledogues ne sont pas des tueurs aveugles

Le 14 juillet australien dernier, Australia Day, le 26 Janvier, des scientifiques australiens travaillant pour le Dr Smoothey ont monitoré une population de requins bouledogues qu’ils marquent en les équipant de transmetteurs depuis 2009 ( à la suite de l’attaque qui avait eu lieu de nuit dans le port de Sydney). Ils ont publié, il y a quelques jours, la carte de leurs déplacements. Les résultats sont édifiants.

 

Deux populations ont été marquées depuis 2009. D’abord dans la baie de Sydney qui devient ensuite bras de mer et s’enfonce dans un delta, puis, depuis octobre 2010 un peu plus au nord dans un écosystème qui semble proche pour celui qui regarde une carte, mais qui ne l’est sans doute pas tant que ça, vus les premiers résultats de l’étude : Clarence river. En effet sur le premier site, où environ une trentaine de requins ont été marqués (je ne suis pas sûr du chiffre exact), on ne trouve que des mâles. Sur le second site en revanche, rien que des femelles et de jeunes spécimens (25 individus marqués), ce qui est assez logique.

 

Les informations collectées lors de l’Australia Day ne concernaient donc que des mâles (mais le marquage de Clarence n’a commencé qu’en Octobre) dont la taille oscillait entre 2m20 et 2m80 environ.

 

Il s’avère que ce jour-là, au coeur de l’été austral, alors que les plages de Sydney étaient bondées, 7 requins bouledogues se sont baladés, parfois à proximité des baigneurs, sans qu’aucun incident ne survienne et surtout, c’est peut être la le plus étonnant, sans qu’aucun d’eux ne soit remarqué.

 

Cette observation m’a rappelé deux témoignages qui abondent dans le même sens. Il y a quelques années, sur la toile, je suis tombé sur un témoignage d’un plongeur américain qui disait qu’une population de quelques requins bouledogues traînait en quasi-permanence au bord d’un tombant qui créait une vague que les surfeurs affectionnaient tout particulièrement. Là encore, jamais le moindre accident. L’autre témoignage me vient du Mozambique, de Ponta Do Ouro, dont je vous ai souvent parlé. Un chauffeur de pick up m’avait confié, sans que je l’ai observé moi-même, que les enfants surfaient très souvent en compagnie de requins bouledogues et qu’ils s’amusaient même parfois à les taquiner. Si c’était mes enfants, je pense que j’aurais tout de même une petite conversation avec eux.

 

Tout ceci amène une première conclusion. Ce qui est exceptionnel, dans les zones qui constituent son habitat, ce n’est pas la présence du requin bouledogue, c’est le fait qu’il attaque (très très rarement) l’homme, alors même que leurs habitats se chevauchent plus que pour aucun autre requin.

 

Je ne reviendrai pas sur les conditions dans lesquelles un requin bouledogue peut être amené à parfois attaquer l’homme (cf. dans ce blog l’article « Dans quelles conditions le requin bouledogue risque t-il d’attaquer ? »). Ce que je veux dire ici et c’est ma deuxième conclusion, c’est que l’homme n’est en aucun cas une proie pour ce requin et que la coexistence de ces deux grands prédateurs que sont l’homme et le requin bouledogue est le plus souvent harmonieuse.

 

Je ne voudrais pas vivre dans un monde où il n’y aurait plus de requins bouledogues.

21/08/2011

Quels sont les requins responsables des attaques aux Seychelles?

En quinze jours deux personnes ont été attaqués et tués par des requins à Praslin aux Seychelles. Jeremy Cliff du Natal Sharks Board a conclu avec une certitude de 100% qu’il s’agissait pour la seconde attaque d’un requin blanc.  Les marques de dents portent sa signature et on a même retrouvé les restes disloqués d’une dent dans le corps du malheureux baigneur.

Le débat, ces jours derniers, voyait s’affronter les partisans du requin bouledogue et ceux du requin tigre. Le grand blanc a mis tout le monde d’accord et apparemment rassuré certains qu’il ne s’agissait que d’un requin de passage (c’est bien connu, le Mal est toujours extérieur), même si d’autres sont persuadés que ce requin attaque lors des marées qui suivent la pleine lune (lune de miel pour la victime, pleine lune pour le requin, tout se recoupe) et qu’il devrait faire une nouvelle apparition meurtrière le 29 août ( !!!!). Les Quint locaux se préparent pour ce rendez vous durant lequel ils n’attraperont évidemment pas le coupable, mais qui sera sans doute l’occasion de massacrer quelques spécimens d’autres espèces totalement innocentes qui passeront par là. C'est bien connu, quand un larcin est commis à Sarcelles par un individu de type asiatique, on a toutes les chances de trouver le coupable en arrêtant un japonais place de l'Etoile.

Il est désolant de constater, une fois de plus, que 25 ans après les dents de la mer, nous n’avons guère évolué. Tout d’abord pourquoi s’agirait-il d’un seul requin ou même d’un seule espèce ? Les attaques dans le New Jersey en 1916 qui ont inspiré les dents de la mer étaient elles-mêmes sans doute le fait d’au moins deux espèces (le grand blanc et le requin bouledogue). Pourquoi n’aurions-nous ici affaire qu’au seul grand requin blanc ? On a déjà vu dans cette partie de l’océan indien, des requins blancs et des requins tigres s’inviter à la même table pour dépecer une carcasse de baleine.

Je pencherais personnellement, même si le jeu des devinettes est ridicule, pour une combinaison de tigre et de blanc. Le requin bouledogue (ou requin du zambèze dans cette région) est une espèce relativement territorial (ou plutôt qui possède un territoire beaucoup plus petit). Sa présence dans ce cas aurait une signification beaucoup plus profonde que celle du blanc ou du tigre, requins maraudeurs qui avalent des milliers de kilomètres et qui n’hésitent pas à dévier de leur itinéraire habituel et faire un petit crochet pour un bon repas.

S’il s’agit du tigre et du blanc, ils ne devraient pas rester longtemps sur place. Pour les tigres, il me semble que c’est environ quinze jours, pour les blancs une semaine. Je me base sur les observations faites par les opérateurs en Afrique du sud avec les grands blancs de Dyer Island ou les tigres d’Aliwal Shoal. Les mêmes individus reviennent au cours de l’année, mais à chaque fois font des séjours sur place de ces durées respectives, si je me souviens bien. Dans ce cas, si c’est l’opportunité qui les a amenés, il faut juste s’assurer que la source de nourriture est bien tarie, car sinon, ce qui pourrait se produire, c’est que d’autres requins soient attirés (ce qui a d’ailleurs dû déjà se produire, car j’ai du mal à croire que le même requin aient pu attaquer deux fois, même si c’est techniquement possible). En attendant, j’éviterais personnellement de me baigner à cet endroit avant que l’affaire ne soit tirée au clair et qu’au moins 2 à 3 semaines soient passées. Ou plutôt non, j'irais vite voir avec une bouteille sur le dos.

04/01/2010

Les requins blancs s'attaquent eux-mêmes

Un requin blanc se cachait dans le noir. Il nageait à quelques centimètres du fond, tôt, très tôt le matin, avant que les rayons du soleil ne le dénoncent. Quand le soleil est au zénith, les profondeurs perdent de leur intimité.  Il faut savoir en effet que le requin blanc se cache dans la noirceur du fond comme les léopards se cachent dans les buissons. Comme le léopard, il chasse à l'affût.

A la surface, il aperçut la silhouette d’un autre requin blanc qui lui ressemblait étrangement et qui se tapissait en haut, de l’autre côté, sur l’autre fond. Un requin qui lui était en tous points semblable, à ceci près que ce n’était pas lui. Un requin symétrique.

Il remarqua alors les jambes d’une baigneuse qui perçaient la surface, bercées par les rayons obliques du soleil du matin.  Il tourna alors rapidement sur lui même, pris son élan et s’élança. La profondeur était de 18 m. Il allait l’annuler plus vite que ça.

Plus il s’approchait de la surface, plus les réflexions prenaient de la place dans son cerveau en Y de requin blanc. Plus il remontait, plus c’est son image qu’il apercevait se reflétant dans la surface. C’était bien lui qu’il voyait. Du reflet de sa bouche sortait les deux jambes de la baigneuse, comme de longues dents désarticulées.

Ne pouvant stopper, ni même ralentir son ascension, emporté par son élan, il se saisit de cette paire de jambes, convaincu d’avoir perdu son temps, convaincu au final de s’être fait mal à lui même. Inutilement.

03/06/2009

Accident waiting to happen

C’est la formule qu’utilisent les anglo-saxons pour qualifier un certain type d’activité dont la fin tragique n’est que trop prévisible. Il y a quelques temps, mois, années peut être, dans un article intitulé « la réputation du longimanus est-elle justifiée ?», j’avais décrit les comportements stupides et dangereux auxquels se vouaient certains plongeurs en croisière en mer rouge avec la bénédiction de certains opérateurs . Ce qui devait arrivé est arrivé : une femme a été tuée ces derniers jours par un requin au sud de la mer rouge lors d’une de ces croisières.

 

Quand pour la première fois, je vis en 2003 des longimanus aux Brothers, un des guides de plongée me montra des clichés pris à Elphinstone de ces mêmes requins chargeant les plongeurs. Le guide admit que pour obtenir ces clichés il avait du appâter les requins  au moyen de carcasses de poulets. Deux ans plus tard, à Elphinstone, je vis des touristes jeter de la nourriture aux longimanus depuis un bateau. Quand je leur criai d’arrêter, ils réagirent comme face à un mauvais coucheur.

 

J’ai vu ce requin plusieurs fois en mer rouge. Elphinstone, les Brothers, Daedalus et Habili Ali. Je suppose que c’est sur l’un de ses sites que l’attaque a eu lieu. Le communiqué parle d’un récif au sud de Marsa Alam, donc a priori pas Elphinstone, mais allez savoir avec les communiqués. Pas sûr non plus qu’il s’agisse d’un longimanus, le communiqué ne le précise pas. Il pourrait tout aussi bien s’agir d’un requin soyeux, mais bon, je mettrais quasiment ma main à couper, façon de parler, que c’était bien lui. L’aileron blanc du large.

 

Penser que l’on puisse nourrir un longimanus à la main en snorkeling comme cela semble avoir été le cas semble totalement délirant pour celui qui connaît un peu les requins. Cousteau désignait ce requin comme le plus dangereux à son sens. C’était très exagéré, mais de là à le confondre avec un caniche, il y a un grand pas que je ne sauterais pas. Il n’attaque certes pas beaucoup plus souvent que le caniche, mais la morsure est un peu plus dangereuse, surtout quand on se trouve en pleine mer dans un pays qui ne dispose pas d’hélicoptères de secours.

 

Ce qui me désole le plus dans cette histoire, c’est le comportement des opérateurs. Que les touristes ne mesurent pas les dangers que peut présenter cette espèce une fois excitée est une chose, mais que ceux qui le savent ne les préviennent pas en est une autre. D’autant plus que d’autres incidents s’étaient déjà produits, soigneusement cachés au grand public.

 

Le requin océanique est un requin du large, à l’affût de la moindre opportunité. Il défie souvent les plongeurs avant de s’éloigner. Il les teste, sait-on jamais. Je l’ai vu attaquer les parachutes oranges montant vers la surface de plongeurs au palier. C’est le plus beau requin qu’il m’ait été donné de voir. Mettez de la nourriture dans l’eau (n’importe comment de surcroît), vous en ferez malgré lui un tueur potentiel.

20/05/2009

Le requin transactionnel

Il existe un requin très agressif et méconnu, le requin transactionnel.

Il pense ne pas aimer mordre, mais ne peut pourtant s’en empêcher. Son aileron dorsal penche à droite. Certains disent qu’il est en berne, d’autres ne le remarquent pas.

 

Requin du large, une irrésistible envie le pousse pourtant vers le bord. Attiré par les jambes de belles nageuses, il ne peut s’empêcher de s’en approcher.

 

Pourtant à chaque fois qu’il mord, il se sent irrémédiablement pris de remords et se met à perdre du sang, comme s’il se le reprochait.

 

De chacun de ses ailerons s’échappe un large filet rouge que d’aucuns qualifieraient de saignement à flots.

 

C’est alors que le requin transactionnel finit par mériter son nom. Il prend soudain conscience que c’est finalement lui-même qu’il a mordu, que c’est lui même qui saigne et que c’est lui même qui tôt ou tard devra se sauver vers le large.

 

On devrait interdire les jeux aux requins qui ne pensent qu'à eux-mêmes.

 

06/05/2009

Tous les requins Tigres ne se valent pas

 

La première fois que j’eus la chance de voir un requin tigre, c’était un jeune de 2m, à peine  Il me rendit visite au palier, remontant la colonne d’eau attisé par la curiosité qui est le propre de cet âge. Je le pris tout d’abord pour un requin du zambèze, puis apercevant les rayures marquées qui caractérisent les jeunes spécimens (contrairement aux rides, les rayures du tigre s’estompent avec l’âge), je ne pus m’empêcher de nager dans sa direction, ce qui eut pour effet immédiat de le faire fuir à tire de nageoire. Un petit requin tigre, mais un requin tigre quand même. Et un tigre en Afrique, ça reste étonnant.

 

 

Plus tard, j’eus l’occasion de voir d’un coup bien d’autres requins tigres, beaucoup plus gros et de beaucoup plus près (n’y voyez pas de relation de cause à effet), mais ce ne fut pas pareil.  Ils étaient appâtés, accessibles au premier ukrainien venu, qui les prenaient à s’y méprendre pour des tchétchénes soumis. On n’aurait plus l’idée (même si on l’a eu au début du siècle) d’attirer des lions dans une réserve en leur offrant de la viande, alors pourquoi la même idée ne nous dérange t-elle pas en immersion?

 

Ce shark feeding était très bien préparé, sous la superivsion des équipes de Mark Addison. Il vaut mieux avec un tigre. Ce n’est pas toujours le cas. Un accident mortel est survenu aux Bahamas cette année et un autre est en préparation, puisqu’un abruti nommé Eli Martinez s’amuse à nourrir ces requins à la main. Nul doute que leur mauvaise réputation en sortira tôt ou tard renforcée pour de très mauvaises raisons.

 

C’est pourquoi je pense qu’il faut s’abstenir de participer à ce genre d’opération, d’autant plus que voir un requin tigre dans ces conditions revêt un petit côté zoo assez déplaisant.

 

A l’inverse, rien ne remplace le plaisir que procure l’arrivée surprise et naturelle d’un spécimen de quatre mètres, comme j’ai eu l’occasion d’en voir un récemment sur Pinnacles à Ponta d’Ouro au Mozambique.

 

En plongée, c’est l’attente qui est magnifique. Et quand celle-ci se dissipe dans la lassitude ou la torpeur, une bonne surprise rayée vient parfois la couronner.

 

 

 

18/03/2009

Pseudo attaque, vrai massacre

Vous avez peut-être entendu parler ces derniers jours de ce pêcheur sous-marin qui pour sauver « héroïquement » un de ses compagnons a dû batailler pendant plusieurs heures avec un requin tigre qu'il transperça de plusieurs flèches, avant de tenter de le noyer puis de le finir à coups de couteau. Charmant, non?

Qu'un requin tigre soit attiré par des pêcheurs sous marins, n'a rien de bien surprenant. Vous verrez dans la video ci-dessous que celui-ci n'avait pas l'air si menaçant, puisqu'il suffisait de crier dans son embout pour le faire détaler.

Vu le niveau de menace, un retour à la surface sans trop d’encombre n’aurait pas été trop difficile. A moins de vouloir faire quelques clichés sensationnalistes qui avec un soupçon d’ignorance peuvent aisément faire passer un bourreau pour un héros.





14/03/2009

This is the end

Une bien triste nouvelle m’est parvenue ces derniers jours. Alors que j’écrivais à Trevor Krull pour l’informer de mon intention de plonger avec lui sur Protea Banks au mois d’Avril, ce dernier me fit savoir qu’il avait cessé son activité sur ce récif qu’il avait été le premier à explorer en dessous de la surface, en tant que pêcheur sous-marin en 1993. Il fut également le premier à le faire découvrir à d’autres plongeurs à partir de 1994 à la tête d’African Dive Adventures qu’il revendit ensuite à un abruti dont j’ai oublié le nom, avant de revenir en 2002 pour travailler dans l’opposition.

Protea Banks était pour moi la Mecque de la plongée avec les requins. Le nombre et la variété d’espèces que l’on pouvait y observer étaient impressionnants. On y rencontrait régulièrement, au gré des saisons, requins marteaux halicornes, requins du zambèze (requins bouledogue), requins taureaux, requins tigre, requins à pointe noires, requins cuivre, requins sombres et beaucoup plus rarement requins blancs. Occasionnellement, on y vit aussi requin pélérin , requin baleine, requin mako et requin renard.

Mais ce qui faisait le caractère unique de Protea, c’était avant tout le requin du Zambèze. Protea était probablement le seul récif d’Afrique du Sud sur lequel on pouvait observer de la façon la plus certaine cet animal emblématique des côtes de l’Afrique Australe. Certes on peut toujours l’observer ailleurs, mais jamais plus on ne verra les congrégations qui peuplaient alors Protea Banks.

Protea était la ruche longtemps inconnue d’où venaient tous ces requins qui provoquèrent la panique sur les plages d’Amamzintoti dans les années 50, puis dans les années 70. Ce sont eux qui provoquèrent ce besoin chez les nageurs de se cacher derrière des filets meurtriers, alors même qu’il leur aurait suffit d’aller nager ailleurs.

Alors qu’il arrivait encore en 1999 d’apercevoir une quarantaine de requins du zambèze par plongée, on n’en voit plus aujourd’hui dans les bons jours qu’un ou deux. Les longliners et les filets se sont occupés du gros du ménage, les pêcheurs au gros, ont enlevé la poussière qu’il restait dans les coins.

Si je vous parle aujourd’hui de ce récif au passé, c’est que pour moi il n’existe plus. Le Protea que je viens de vous décrire, n’est hélas plus qu’un souvenir. Protea n'est pas Protea sans Trevor et ces requins, qui portent le nom de son chien.

C’est pourquoi je vais aller les voir à Ponta, au Mozambique, en espérant qu'ils soient encore un peu là, mais pour combien de temps.