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31/03/2011

Un tout petit peu plus sur le nombre de grands blancs

Depuis mon dernier article quelques mails instructifs me sont parvenus. Merci. Je vous avais prévenu, tout cela n'était pas très scientifique, mais mieux que rien. J'ai appris depuis 2 choses importantes. Une étude conduite à la fin des années 80 début 90, avait conclu à une population d'environ 1200 individus en Afrique du Sud (mais celle-ci a dû bien décliner depuis). Une autre en Australie identifiait 250 individus. Ce qui est bien moins que ce que je pensais. Là dessus, j'ai bien dû oublier des populations inconnues, ce qui m'étonnerait un peu car le blanc est un requin qui aime passer par les côtes.

Dans tous les cas, je pense que la population totale doit se situer entre 3000 et 7000 individus (mon intuition penchant pour la fourchette basse), ce qui vous le reconnaîtrez est bien peu.

13/10/2010

Meilleures plongées, Pinnacles, Ponta Do Ouro

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas publié de post digne de ce nom. Ce n’est pas par négligence ou par paresse, juste que je n’avais grand chose à dire. L’impression d’avoir déjà abordé bien thèmes que nourrit l’actualité. Pas grand chose de neuf. Je n’aime pas reproduire les informations que l’on trouve ailleurs, métastase déplaisante de bien des blogs, tout au plus m’autorisé-je de temps en temps un point de vue propre sur une information qui ne l’est pas. Ce que je préfère cependant, c’est raconter des choses que je n’ai pas lues ailleurs, mais là encore je ne lis pas tout. Il me faut donc recharger les accus. Ce que je vais faire dans un mois, en partant plonger dans le Pacifique, histoire d’éviter les immersions dans le Pathétique. Je vais faire le plein d’histoires de requins, histoires de premières mains. Du moins, je l’espère. En attendant, pour ne pas me défausser une fois de plus, je vais vous raconter une plongée que j’ai faite l’année dernière, en 2000neuf.

Il m’est arrivé de voir plus de requins, de beaucoup plus près, mais cette plongée reste gravée car elle est si proche, si facile. Il suffit de prendre l’avion jusqu’à Johannesburg, de conduire 600 kms jusqu’à la frontière du Mozambique où vous attend un rastah local en pick up qui vous emmène 8 kms plus loin à Ponto Do Ouro. Un zodiac vous y attend.

 

 

Plongée N°4 : Pinnacles, Ponta do Ouro, Mozambique, Avril 2009

 

 

The Pinnacles. Enfin ! C’est là, à quelques encablures de la frontière sud-africaine que j’aurais dû voir mes premiers requins dans les années 90. La nature commençait tout juste à reprendre ses droits, après 16 ans d’une guerre pas très civile, et se montra à nous dans les magnifiques atours d’un très venimeux Puffadder. Les mines anti-personnel ne prenaient plus racines, mais fleurissaient encore un peu. L’une d’elles avait d’ailleurs explosé sous le 4X4 d’un ami, peu de temps avant (par miracle sans atteindre celui-ci) alors qu'il essayait naïvement de capter le réseau de téléphone portable sud africain, du haut d’une dune. J’étais alors un plongeur débutant et Pinnacles se déroba à moi le dernier jour, pour cause de mauvais temps.

 

Il me fallait donc retourner à la Pointe d’or. Retourner à Graceland (qui a changé de nom), ce bar dont les escaliers ne sont mémorables que dans un sens.

 

Le jour précédent, j’avais vu mon premier requin baleine (après tant de rendez-vous manqués) et je retournais pour la deuxième fois du séjour sur Pinnacles. J’avais déjà été gratifié de la présence de quelques requins du Zambèze, le jour précédent et j’en redemandais. Nous sortions d’une semaine de vacances des sud africains où les lieux avaient été archi peuplés de plongeurs et où le gros était parti élire momentanément domicile ailleurs. Les sud africains partis, les habitants revenaient occuper leur territoire. Nous le constatâmes.

 

Le problème, une fois les sud africains partis est de trouver suffisamment de plongeur pour aller sur Pinnacles. Le récif est éloigné et la sortie n’est rentable pour l’opérateur qu’à partir d’environ 7 plongeurs. Je me chargeais d’une partie du recrutement. Force est de constater que tout le monde ne veut pas plonger sur Pinnacles.

 

Mis à part Protea Banks en déclin, Pinnacles est l’un des derniers endroits d’Afrique Australe où la présence du requin bouledogue (aka requin du Zambèze) est presque garantie, pour peu qu’on évite l’heure de pointe. C’est surtout lui que l’on vient voir.

 

Comme Protea, Pinnacles est une plongée en dérive. On vous lâche généralement là où la concentration de requins bouledogues est censée être la plus forte. C’est pour cela qu’il faut faire une entrée négative et plonger rapidement vers le fond (35 m-40m) environ.

C’est ce que je faisais ce jour-là. Tout de suite, arrivé à 20 mètre j’apercevais sur le fond un gros requin du Zambèze, probablement une femelle, interprétant la danse lente et zigzagante caractéristique de son espèce. Un mètre au-dessus du fond, elle s’économisait en minorant l’impact du courant. Je la survolais brièvement, hésitant à lui faire face en me posant sur le fond pour lui tirer le portrait. Elle était vraiment très grosse. 3 m quand même et calibrée comme un sumo. J’auto-justifiais ma frousse en me disant qu’elle était quand même à 40 m et que j’allais cramer pas mal d’air en la rejoignant. Je repensais aussi à ce poisson scorpion sur lequel j’avais failli poser la main en me posant comme ça, une fois, bêtement sur le fond, comme un con. Mais en vrai, j’avais un peu les jetons, ces mêmes jetons qui font que je n’ai jamais eu le moindre problème.

 

Quoiqu’il en soit, mes hésitations furent rapidement tranchée quand j’aperçus mes compagnons qui s’éloignaient en regardant dans la direction d’un requin marteau qui nous contourna comme un avion de chasse. Les bombardiers n’étaient pas loin.

Alors que nous continuions à dériver au dessus du Pinnacle, nous tombâmes sur deux autres requins du Zambèze, plus petits cette fois qui tournaient à mi-eau puis au fond. A 20 mètres, j’en aperçus un troisième, de face, qui s’approchait juste dans ma direction.

Le moment où le vidéaste ne vit plus l’événement, mais vit de le filmer.

J’avais déjà vu plein de requins bouledogues. Ce que je voulais ce jour-là, c’était un gros plan de face avec le bleu pour seul fond. Trop préoccupé par ma prise, je ne remarquais pas que le museau était un peu aplati pour un bouledogue. Son arrivée de face masquait sa taille. Il se mit de côté et là, je m’aperçus qu’il ne s’agissait pas d’un bouledogue mais d’un requin tigre de 4m. De façon surprenante, les rayures étaient très marquées pour un individu de cette taille. Peut-être n’avait-il pas terminé sa croissance ? Evidemment, la surprise me fit rater la prise. Normal. C’est tout mon problème. Je ne filme que pour graver à titre personnel. Après s’être présenté de profil, le tigre s’en alla nonchalamment, tandis que je zoomais et dézoomais comme un abruti. Au montage, je réalisai qu’ un marteau se promenait derrière.

 

C’est peut-être lui, d’ailleurs, qui nous rendit visite juste après. Lui ou son congénère, puisqu’ils furent deux marteaux hallicornes à venir nous dire bonjour alors que nous continuions à dériver. Alors qu’il s’éclipsaient momentanément, un Blacktip vint à notre rencontre dans le plus pur style Blacktip : contre-courant, je fais le tour, je reviens voir d’un peu plus près en passant par derrière un peu nerveux et je me casse. Pas de sardine, pas d’intérêt.

 

Alors que j’avais été masqué par mes camarades de palanquée lors des premiers passages de marteaux, l’un des deux, sans doute, revint directement de mon côté. Mon côté un peu plus profond, un peu plus seul, un peu plus planqué, un peu plus tranquille. Il s’approcha d’une nage rapide et saccadée, puis s’en alla plus brusquement à 20-25, fit soudainement demi tour et revint directement sur moi, s’arrêtant à deux mètres, légèrement au dessus. On aurait pu croire qu’il venait poser, mais il s’agissait plus certainement d’un jeune en pleine chasse attiré par mon objectif grand angle qui produisait un beau reflet argenté. Il s’éloigna presque aussi vite qu’il était venu, un peu déçu. Nous nous laissâmes dériver quelques instants de plus au passé simple en croisant un dernier petit bouledogue qui ne retint que vaguement notre attention. Le meilleur était passé, le reste était imparfait.

 

4 espèces en une seule plongée. C’est simple, c’est là, ce n’est pas si loin. Pinnacles. Ponta Do Ouro.

04/01/2010

Les requins blancs s'attaquent eux-mêmes

Un requin blanc se cachait dans le noir. Il nageait à quelques centimètres du fond, tôt, très tôt le matin, avant que les rayons du soleil ne le dénoncent. Quand le soleil est au zénith, les profondeurs perdent de leur intimité.  Il faut savoir en effet que le requin blanc se cache dans la noirceur du fond comme les léopards se cachent dans les buissons. Comme le léopard, il chasse à l'affût.

A la surface, il aperçut la silhouette d’un autre requin blanc qui lui ressemblait étrangement et qui se tapissait en haut, de l’autre côté, sur l’autre fond. Un requin qui lui était en tous points semblable, à ceci près que ce n’était pas lui. Un requin symétrique.

Il remarqua alors les jambes d’une baigneuse qui perçaient la surface, bercées par les rayons obliques du soleil du matin.  Il tourna alors rapidement sur lui même, pris son élan et s’élança. La profondeur était de 18 m. Il allait l’annuler plus vite que ça.

Plus il s’approchait de la surface, plus les réflexions prenaient de la place dans son cerveau en Y de requin blanc. Plus il remontait, plus c’est son image qu’il apercevait se reflétant dans la surface. C’était bien lui qu’il voyait. Du reflet de sa bouche sortait les deux jambes de la baigneuse, comme de longues dents désarticulées.

Ne pouvant stopper, ni même ralentir son ascension, emporté par son élan, il se saisit de cette paire de jambes, convaincu d’avoir perdu son temps, convaincu au final de s’être fait mal à lui même. Inutilement.

12/10/2009

Tourner en rond

Ces derniers temps la sharkuterie s’est un peu dispersée sur tous les supports : blogs, mails, sms, en des contrées non requinesques. Mais le squale finit toujours par revenir tourner en rond où qu’il se trouve. En rond, où le même endroit est le même envers. Le squale revient toujours à la sharkuterie. Et ces prochains temps, il sent qu’il va y passer beaucoup de temps, beaucoup de temps à y tourner en rond voire, comme l’hiver approche à grands coups de palmes, y hiberner.

A bientôt, pour des articles très froids venus d’en bas.

18/03/2009

Pseudo attaque, vrai massacre

Vous avez peut-être entendu parler ces derniers jours de ce pêcheur sous-marin qui pour sauver « héroïquement » un de ses compagnons a dû batailler pendant plusieurs heures avec un requin tigre qu'il transperça de plusieurs flèches, avant de tenter de le noyer puis de le finir à coups de couteau. Charmant, non?

Qu'un requin tigre soit attiré par des pêcheurs sous marins, n'a rien de bien surprenant. Vous verrez dans la video ci-dessous que celui-ci n'avait pas l'air si menaçant, puisqu'il suffisait de crier dans son embout pour le faire détaler.

Vu le niveau de menace, un retour à la surface sans trop d’encombre n’aurait pas été trop difficile. A moins de vouloir faire quelques clichés sensationnalistes qui avec un soupçon d’ignorance peuvent aisément faire passer un bourreau pour un héros.





14/03/2009

This is the end

Une bien triste nouvelle m’est parvenue ces derniers jours. Alors que j’écrivais à Trevor Krull pour l’informer de mon intention de plonger avec lui sur Protea Banks au mois d’Avril, ce dernier me fit savoir qu’il avait cessé son activité sur ce récif qu’il avait été le premier à explorer en dessous de la surface, en tant que pêcheur sous-marin en 1993. Il fut également le premier à le faire découvrir à d’autres plongeurs à partir de 1994 à la tête d’African Dive Adventures qu’il revendit ensuite à un abruti dont j’ai oublié le nom, avant de revenir en 2002 pour travailler dans l’opposition.

Protea Banks était pour moi la Mecque de la plongée avec les requins. Le nombre et la variété d’espèces que l’on pouvait y observer étaient impressionnants. On y rencontrait régulièrement, au gré des saisons, requins marteaux halicornes, requins du zambèze (requins bouledogue), requins taureaux, requins tigre, requins à pointe noires, requins cuivre, requins sombres et beaucoup plus rarement requins blancs. Occasionnellement, on y vit aussi requin pélérin , requin baleine, requin mako et requin renard.

Mais ce qui faisait le caractère unique de Protea, c’était avant tout le requin du Zambèze. Protea était probablement le seul récif d’Afrique du Sud sur lequel on pouvait observer de la façon la plus certaine cet animal emblématique des côtes de l’Afrique Australe. Certes on peut toujours l’observer ailleurs, mais jamais plus on ne verra les congrégations qui peuplaient alors Protea Banks.

Protea était la ruche longtemps inconnue d’où venaient tous ces requins qui provoquèrent la panique sur les plages d’Amamzintoti dans les années 50, puis dans les années 70. Ce sont eux qui provoquèrent ce besoin chez les nageurs de se cacher derrière des filets meurtriers, alors même qu’il leur aurait suffit d’aller nager ailleurs.

Alors qu’il arrivait encore en 1999 d’apercevoir une quarantaine de requins du zambèze par plongée, on n’en voit plus aujourd’hui dans les bons jours qu’un ou deux. Les longliners et les filets se sont occupés du gros du ménage, les pêcheurs au gros, ont enlevé la poussière qu’il restait dans les coins.

Si je vous parle aujourd’hui de ce récif au passé, c’est que pour moi il n’existe plus. Le Protea que je viens de vous décrire, n’est hélas plus qu’un souvenir. Protea n'est pas Protea sans Trevor et ces requins, qui portent le nom de son chien.

C’est pourquoi je vais aller les voir à Ponta, au Mozambique, en espérant qu'ils soient encore un peu là, mais pour combien de temps.

23/05/2008

Le tour de la question

Ces derniers temps, je me pose parfois cette question angoissante. Ai-je fait le tour de la question des requins. ? Ou plutôt, combien de fois en ai-je fait le tour ? Ne suis-je pas occupé à encercler de manière répétitive et obsessionnelle un sujet qui n’en vaut plus la peine. ? Un sentiment de requin. Une curieuse impression de tourner en rond.


Si la nature complexe de la fascination que nous portons à ces animaux était finalement plus intéressante que ces derniers. Ne se pourrait-il qu’ils ne soient que les victimes de notre imaginaire ?

Leur beauté n’est t-elle pas à mettre en rapport avec la décharge d’adrénaline injustifiée que nous procure leur présence ? L’une n’est-elle pas le résultat de l’autre ?

La réalité des requins est peut être très nettement en dessous de la représentation fantasmatique que nous nous en faisons .

Je tourne en rond.

Et je continuerai, jusqu’à ce que le problème se sente cerné.

15/04/2008

Les requins sont de gauche, mais ça ne se voit pas tout de suite

Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, les requins penchent à gauche. Pas physiquement, non. Politiquement.

Il y a des choses ou des êtres pour lesquels on ne se pose même pas la question. Les panneaux indicateurs, la corrida, les voitures, Pompidou, les couteaux à huîtres, sont par exemple évidemment des éléments de droite. Même si je m’interroge pour Pompidou.

En revanche et c’est incontestable, les foulards, les cheveux longs, les escaliers, les pavés, les chats, les poulpes, les lunettes rondes, les carnavals et certains anciens amis de Mitterrand sont de gauche.

Il y a des choses que nous savons immédiatement localiser dans notre cartographie politique binaire et d’autres, non. Certaines que nous croyons situer et d’autres où nous nous trompons.

Mais quels sont donc les éléments qui donnent à penser que le requin est de gauche :

- Tout d’abord, il n’arbore pas le sourire trompeur du bonimenteur.
- Il est résigné et il ne s’en cache pas.
- Il est authentique et constant dans son caractère.
- Ensuite, il confie ses enfants directement au Parti. Il ne les éduque pas personnellement, de peur de les corrompre, et laisse plutôt l’Etat les imprégner de sa loi.
- Il est persécuté et stigmatisé.
- Il chasse avec d’autres espèces, il est éclectique.
- Il tolère la différence
- Il n’y en pas en Allemagne.

Voilà, si vous voyez autre chose, n’hésitez pas à me faire signe, cette analyse n’étant pas à 100% scientifique.

16/02/2008

The rainbow fin

J’entends souvent dire autour de moi que l’environnement est un souci de riche, la mer encore plus, et les requins, qui sont ma passion, je ne vous en parle même pas. Il faudrait, semble t-il, au moins être concerné par le paquet fiscal de Sarkozy pour avoir le droit de s’en soucier. Préoccupation de privilégié.

Le monde serait ainsi divisé en deux : d’un côté Zola, de l’autre le règne naturel. D’un côté le progrès, de l’autre ceux qui ne lisent pas. C’est à cela que l’on réduit hélas bien souvent le débat actuel. Les écolos seraient des débiles à la pensée parcellaire. Personnellement, je n’adhère pas à cette conception primaire. Certes il y a bien deux sortes de personnes, mais elles ne se répartissent pas de cette manière-là. En fait, il y a ceux qui divisent le monde en deux et ceux qui ne le font pas. Ceux qui pensent que l’Homme et la Nature se distinguent et ceux qui ne le pensent pas.

Or le souci écologique et le souci humain ne font pas deux, ils ne font qu’un. L’homme n’est qu’un sous-produit de la Nature. La croissance est une idéologie qui nous menace nous, osbcure sous-partie de la biosphère.

Une chose m’inquiète cependant. Très, très sérieusement d'ailleurs. Il s’agit de notre temps de réaction à nous tous. Nous nous comportons comme si nous avions le temps.

Alors que c’est tout de suite qu’il faut s’y mettre.

La menace qui se dresse face à nous n’est d'ailleurs peut être que le prétexte qu’il nous manquait pour réinventer une société si loin d’être parfaite. Qu'attendons-nous?

It’s an exciting time to be alive !


PS: désolé pour ce post lyrique, mais pas très requinesque

12/01/2008

La femelle du requin

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"De tous ces êtres humains, qui remuent les quatre membres dans ce continent peu ferme, les requins ne font bientôt qu’une omelette sans œufs, et se la partagent d’après la loi du plus fort. »

Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont

18/12/2007

Le requin qui attaquait les kangourous

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Un kangourou en pleine baignade (la photo n'est pas de moi).




Un évènement vient de faire la une de l’actualité marine globale. Un kangourou a été attaqué par un requin et n’a pas survécu à cette attaque. Quoi de tellement surprenant?

Pourquoi tout cela paraîtrait-il anormal ou insolite, puisqu’il y a des requins en Océanie et que les kangourous nagent? Mais voilà, justement, on ignorait tout de la propension aquatique du kangourou. Il y a des animaux improbables que l’on met inconsciemment à l’abri d’un redoublement d’improbable comme une attaque de requin.

Le coupable, je vous le donne en mille : le plus imaginatif des squales, le requin bouledogue, votre nouvel ami. On ne peut vraiment faire confiance qu’à lui pour animer les pages de la Sharkuterie.

Alors pourquoi cette nouvelle étonne t-elle ? Pour son incongruité. Parce qu'on se demande ce que le kangourou foutait là. Comme un top model italien accompagné d’un chef d’état qui visiterait Euro Disney par un dimanche après-midi de Décembre.

20/11/2007

Un requin bouledogue en Irak

Pauvres irakiens qui ne sont à l’abri nul part. Les américains et les attentats sur terre et maintenant des requins dans les fleuves.

Vous l’avez peut être entendu, un requin a été trouvé mort dans les filets d’un pêcheur non loin de Nassiriyah à 200 kms de la mer, en Irak. Il s’agirait d’un spécimen d’environ 2 m, et 110 kg, décrit comme étant un requin blanc ayant commis une escapade suicidaire en eau douce dans l’Euphrate.

Vous vous en doutez, il ne s’agit évidemment pas d’un requin blanc. Je vous le confirme, j’ai vu une photo de l’animal. Pas plus d’un requin taureau, comme le prétendent d’autres sites pseudo-érudits (erreur habituelle de traduction de bullshark en français), mais bien d’un requin bouledogue.

Les sites qui rapportent cet évènement parlent d’une prise inédite. Ce n’est pas non plus tout à fait vrai. Le requin bouledogue a fréquenté pendant de nombreuses années l’Euphrate, ainsi que le Tigre, autre fleuve d’Irak. Les individus à ailerons qui fréquentent ce genres d’eaux fluviales le font essentiellement, quand il s’agit de spécimens de petite taille (environ 1m), pour se préserver des prédateurs. On les trouve alors souvent aux embouchures des fleuves. Pour ce qui est des individus de plus grande taille, il s’agit le plus souvent de femelle qui viennent mettre bas. La constitution particulière de cette espèce lui autorise ces séjours prolongés en eau douce (cf. article : « Dans quelles circonstances le requin bouledogue en vient-il à attaquer ? »).

Si la présence du bouledogue dans l’Euphrate semble avoir été oubliée, c’est que cette espèce a progressivement déserté les fleuves qui étaient son domaine jadis. Il y a de cela 5 ans, dans le cadre d’un reportage sur les attaques de 1916 dans le New Jersey, une équipe de National Geographic avait eu le plus grand mal à trouver un tout petit spécimen de bouledogue mort, après trois semaines de tournage sur le Gange, alors qu'il "infestait" jadis ce fleuve. Le Zambèze, qui était son royaume et qui lui a valu son surnom en Afrique australe (requin du Zambèze), ne fait lui même plus partie de ses fleuves prédilections, obstrué qu’il est par de nombreux barrages.

Si la présence des américains en Irak est contestable, celle d'un requin bouledogue dans l’Euphrate l'est beaucoup moins. Il ne fait que revenir, peut être à l’occasion de circonstances exceptionnelles, sur un territoire dont on l’a chassé, il y a peu. Peut-être s'agit-il d'ailleurs d'un ultime pélerinage. Qui sait si l’on reverra un jour un autre requin bouledogue dans l’Euphrate ?

01/11/2007

Les hauts et les bas du requin tigre

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Ma femme en compagnie d'un requin tigre. Aliwal Shoal, Juin 2007




Les dernières observations pratiquées sur le requin tigre, comme souvent, contredisent les précédentes. Il s’avère que le requin tigre est un requin qui a des sautes d’humeur dont on n’avait jamais vraiment perçu l’origine, évidemment lunatique, sans qu’elle ne soit tout à fait nocturne.

Que ce soit en matière de profondeur, de température, de nourriture ou de lieu de résidence, le requin tigre oscille. L’hésitation est érigée chez lui en mode de vie et varie avec l’âge. S’il vous attaque un jour, ce sera du bout des dents, pour mieux vous connaître. L’adolescence du requin tigre a plusieurs rangées.

La première de ses hésitations tient à son mode de déplacement. Les anglo-saxons appellent cela son « schéma de nage rebondissant ». Le requin tigre arpente la colonne d’eau de bas en haut. A cela une raison bien simple : comme le dirigeable recherche les courants porteurs, le tigre inspecte les strates odorantes en recherche de nourriture, car les courants portent conseil. Il passe rapidement de 6 à 70m. Le tigre passe sa journée dans l’ascenseur.

Car il en va autrement la nuit. Le requin tigre n’arrive pas à se décider. Ou bien il s’éloigne en mer, ou bien il se rapproche de la côte. Dans tous les cas, il est moins actif qu’on ne le pensait et reste même parfois longtemps en un même lieu, sans doute pensif. Ce demi somnanbulisme explique sans doute le pyjama rayé qu’il porte en permanence.

On disait jusqu’à récemment que le requin tigre ne vivait qu’en eau chaude et ne descendait jamais à plus de 350m de fond. Les dernières études, basée sur la télémétrie acoustique, ont déjà (en moins de deux ans) prouvé le contraire. Les quelques requins tigres marqués à Aliwal Shoal en Afrique du Sud avec des appareils enfin fiables ont montré qu’ils pouvaient descendre ponctuellement jusqu’à 875m dans une eau à 5°c.

Reste que le tigre préfère quand même l’eau chaude. C’est indéniable. Il quitte plus ou moins les eaux du Kwazulu Natal en Juin pour ne revenir qu’en Octobre. Quelques spécimens particulièrement bien adaptés restent néanmoins dans la région en permanence. On ne sait ce qui les différencie des autres, si ce n’est un vécu de requin tigre particulier.

Deux choses semblent provoquer les transhumances du requin tigre. La nourriture et la température de l’eau. Cette dernière semble cependant bien plus déterminante. Ainsi, on ne constate pas les mêmes transhumances chez les requins tigres hawaïens que chez les tigres sud-Africains, la température des eaux hawaïennes étant bien plus constante.

Parmi les autres aspects changeant de la personnalité du requin tigre, on peut également citer son régime. Contrairement à bien d’autres requins, le tigre possède un régime extrêmement varié de proies vivantes ou non. C’est ce qui lui valu sa réputation de poubelle des mers ,puisqu’on a souvent retrouvé des objets en métal ou en plastique dans son estomac. Ce caractère de charognard lui a certainement valu d’endosser certaines attaques qu’il n’avait peut-être pas commises. Ainsi, quand on a retrouvé, il y a deux ou trois ans le bras sectionné d’un pêcheur sous-marin disparu près de Sodwana en Afrique du Sud, on a tout de suite cru que le coupable était un gros requin tigre de plus de quatre mètres observé dans la zone de recherche le même jour. Il n’est pas dit cependant que le pêcheur sous-marin ne soit pas mort d’une syncope en remontant à la surface et que le requin tigre n’ait fait que se repaître du corps qui traînait au fond.

Le régime varié du tigre en Afrique du Sud se compose principalement d’élasmobranches que l’on retrouve dans 46,5% des estomacs de spécimens capturés, puis viennent les téléostes (37,3%), les mammifères marins (36,4%), les oiseaux (22,5%), les mollusques (16,3%), des objets divers et variés (13%), les crustacés (10,7%), les reptiles (6,6% : essentiellement des tortues). Ce menu peut varier énormément selon les points du globe. Chez les tigres de Shark Bay en Australie par exemple, on trouve une dominante de tortues et de mammifères marins. Ce régime évolue de surcroît avec l’âge. Ainsi ce n’est qu’à partir de 2m50 que la tortue fait son apparition au menu. Avant cela, les mâchoires du requin tigre ne sont pas encore assez puissantes pour transpercer l’épaisse carapace de ces reptiles. Cette extrême variété des proies du requin tigre nous a longtemps fait croire que nous pourrions éventuellement faire partie du menu. Ce n’est heureusement pas le cas.

La prédation des tortues nous livre quelques enseignements sur les habitudes de chasse des requins tigre. Ainsi, on s’est longtemps demandé pourquoi les tortues vertes étaient plus épargnées par les tigres que leurs cousines les caouannes. C’est le cas en Australie comme en Afrique du Sud. Après des études, on s’est aperçu que les tortues vertes passaient bien moins de temps en surface pour prendre leur respiration. Ainsi, elles s’exposaient moins.

Comme le blanc, le tigre est un requin qui chasse à l’affût. En partant du bas, contrairement au laveur de carreaux. Inversement, quand il monte, il ne peut s’empêcher de suivre ceux qui glissent vers le bas, comme des gouttes sur une vitre. Il se nourrit souvent en surface. La combinaison de ce mode de prédation, de sa taille et de son menu varié, explique qu’il se soit rendu coupable de nombreuses attaques sur des baigneurs. Rarement sur des plongeurs toutefois, et quasiment jamais sans que celles-ci ne soient provoquées. Les accidents/incidents peuvent être considérés comme provoqués dans la mesure où dans tous les cas un appât était présent dans l’eau moment de l’attaque, qu’il s’agisse d’un shark feeding ou de pêcheurs sous marins.

Reste qu’on sent qu’il convient d’être méfiant en présence d’un tigre. Comme le longimanus, le tigre vient défier le plongeur de très près. Le mieux alors est de ne rien faire. Quand on a l’habitude, comme moi, de plonger avec une caméra, on peut toujours se protéger avec celle-ci, mais mieux vaut tout de même ne pas provoquer de contact avec le requin, même s’il vient très près. Il n’est pas dit d’ailleurs que ce ne soit pas le métal et les batteries de la caméra qui l’attire. Les requins tigres aiment également beaucoup les écrans de contrôles LCD des caméras vidéos modernes. Méfiez vous donc des caméras sous marines pourvues d’un écran de contrôle extérieur. A moins que vous n’aimiez vous faire des frayeurs.
Méfiez-vous également du calme du tigre. Quand un tigre attaque, l’attaque est rarement soudaine, il ne s’agit d’ailleurs le plus souvent même pas d’une attaque de son point de vue, mais d’un « check bite ». Une morsure investigatrice faite dans le calme. Le requin tigre n’a pas peur de vous. Il n’hésitera pas à vous « goûter » pour mieux vous identifier. Ainsi est fait son caractère.

Quoiqu’il en soit, en règle générale, le tigre évite l’homme. Pendant longtemps, on s’est d’ailleurs demandé pourquoi les palanquées de plongeurs voyaient si peu de tigres sur Aliwal shoal, alors même que le récif fait partie de leur territoire. On pourrait d’ailleurs se poser la même question pour les requins blancs du Cap. La réponse est simple, les requins tigres évitent les plongeurs.Les relevés faits sur Aliwal grâce aux requins marqués montrent que ceux-ci ne fréquentent assidument le récif que l’après midi, alors même que les dernières plongées ont lieu entre midi et une heure. Les tigres ont compris les règles de notre manège sous-marin. Quant aux spécimens qui s’aventurent sur le récif durant la matinée, les plongeurs la plupart du temps ne les voient pas. Probablement se faufilent-ils derrière les palanquées où nagent-ils en surface quand ils les croisent. Or nous ne regardons que rarement au-dessus de nos têtes, piétons que nous sommes d’un monde en deux dimensions.

Le tigre, qui est également le plus primitif des requins, la plus vieille espèce vivante, est un requin discret et furtif qui se cache et nous cache sans doute encore bien des secrets.

04/09/2007

Making of d'une jolie photo de requin

Voici quelques précisions (suite à la photo mise en ligne récemment), sous forme de vidéo, sur la façon de s'y prendre pour faire une jolie photo de requin. Les ingrédients sont les suivants : une mer calme, une bonne visibilité, de longues palmes (éviter le jaune, je ne sais pas pourquoi, mais ils n'aiment pas)) et quelques sardines à placer entre l'appareil et le requin.

Ce jour là, le photographe (qui était très exigeant) ne fut pas satisfait du résultat.




Aliwal Shoal, Afrique du Sud, Juin 2007

02/07/2007

Les requins et les nazis

Ricky Gervais nous parle des nazis et des requins lors de son one-man-show "Animals".