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20/11/2007

Un requin bouledogue en Irak

Pauvres irakiens qui ne sont à l’abri nul part. Les américains et les attentats sur terre et maintenant des requins dans les fleuves.

Vous l’avez peut être entendu, un requin a été trouvé mort dans les filets d’un pêcheur non loin de Nassiriyah à 200 kms de la mer, en Irak. Il s’agirait d’un spécimen d’environ 2 m, et 110 kg, décrit comme étant un requin blanc ayant commis une escapade suicidaire en eau douce dans l’Euphrate.

Vous vous en doutez, il ne s’agit évidemment pas d’un requin blanc. Je vous le confirme, j’ai vu une photo de l’animal. Pas plus d’un requin taureau, comme le prétendent d’autres sites pseudo-érudits (erreur habituelle de traduction de bullshark en français), mais bien d’un requin bouledogue.

Les sites qui rapportent cet évènement parlent d’une prise inédite. Ce n’est pas non plus tout à fait vrai. Le requin bouledogue a fréquenté pendant de nombreuses années l’Euphrate, ainsi que le Tigre, autre fleuve d’Irak. Les individus à ailerons qui fréquentent ce genres d’eaux fluviales le font essentiellement, quand il s’agit de spécimens de petite taille (environ 1m), pour se préserver des prédateurs. On les trouve alors souvent aux embouchures des fleuves. Pour ce qui est des individus de plus grande taille, il s’agit le plus souvent de femelle qui viennent mettre bas. La constitution particulière de cette espèce lui autorise ces séjours prolongés en eau douce (cf. article : « Dans quelles circonstances le requin bouledogue en vient-il à attaquer ? »).

Si la présence du bouledogue dans l’Euphrate semble avoir été oubliée, c’est que cette espèce a progressivement déserté les fleuves qui étaient son domaine jadis. Il y a de cela 5 ans, dans le cadre d’un reportage sur les attaques de 1916 dans le New Jersey, une équipe de National Geographic avait eu le plus grand mal à trouver un tout petit spécimen de bouledogue mort, après trois semaines de tournage sur le Gange, alors qu'il "infestait" jadis ce fleuve. Le Zambèze, qui était son royaume et qui lui a valu son surnom en Afrique australe (requin du Zambèze), ne fait lui même plus partie de ses fleuves prédilections, obstrué qu’il est par de nombreux barrages.

Si la présence des américains en Irak est contestable, celle d'un requin bouledogue dans l’Euphrate l'est beaucoup moins. Il ne fait que revenir, peut être à l’occasion de circonstances exceptionnelles, sur un territoire dont on l’a chassé, il y a peu. Peut-être s'agit-il d'ailleurs d'un ultime pélerinage. Qui sait si l’on reverra un jour un autre requin bouledogue dans l’Euphrate ?