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28/09/2012

Le flicage et l'éradication des requins côtiers en Australie : la tracking tuerie organisée par le gouvernement australien

Après une augmentation du nombre d'attaques qui n'était imputable qu'à une augmentation du nombre d'utlisateurs de la mer, dans un grand geste de démagogie obscurantiste, le gouvernement australien a décidé d'ouvrir la chasse aux requins "qui s'approchent trop près des côtes" ou qui "présentent une menace imminente". 

Mais pas une chasse à l'ancienne. Non, le chasseur utlise tous les nouveaux moyens qu'offre le monde moderne. Ainsi, une partie des fonds gouvernementaux ira au marquage et au tracking de requins. Pour mieux les connaître ? Pas du tout. Pour pouvoir les tuer s'ils sortent de leur périmètre !

Le requin menaçant ou s'approchant trop des plages sera abattu, tandis que le requin éloigné et peu menaçant sera marqué. A lui de ne pas trop s'approcher par la suite, car grâce ou à cause de son tag, il déclenchera  une alarme et sera occis sur le champ. Le gouvernement australien s'est ainsi décidé à fliquer les requins !

Les deux critères sont d'une rigueur à toute épreuve. S'approchant "trop près des côtes" d'abord. J'ose espérer qu'une limite précise a été donnée ? Mais quoi ? Cela veut dire qu'à terme tous les requins côtiers seront abattus tant il est évident que tous s'approchent à un moment ou un autre du bord ? Le requin bouledogue tout d'abord qui s'approche des emboûchures de rivières quand il n'y entre pas. On a vu lors d'Australia Day, dans la région de Sydney que six requins bouledogues marqués s'étaient promenés au milieu des baigneurs, sans même que personne ne les aperçoivent. Avec les nouvelles mesures qu'aurait-on fait ? Les aurait-on abattus ?

Dans la rivière Breede en Afrique du Sud vit une population de requins bouledogues dont certains éléments mesurent plus de 4m, sans qu'aucune attaque n'ait eu lieu à ce jour.  

Une telle décision revient à nier au requin bouledogue le droit d'habiter son propre écosystème. Cela revient donc à un arrêt de mort.

Le requin blanc est lui aussi un requin qui occasionnellement peut s'approcher tout près du bord, sans qu'il ne soit pour autant menaçant (pour preuve Chris Fallows pagayant sur une planche au dessus d'un spécimen dans False Bay). Le requin tigre peut venir tout près du bord si quelque chose l'y attire. A terme tous les requins bouledogues, blancs  et tigres marqués seront tués, puisque tôt ou tard, ils s'approcheront tous trop près. C'est absurde.

Passons au deuxième critère "présenter une menace imminente". En voilà un critère objectif ! Il n'est qu'à aller sur Youtube et taper "shark attack" pour s'apercevoir que ce terme recouvre des interprétations assez variées. Ainsi une video anglaise d'un pauvre requin renard pêché à la ligne et se débattant sur le pont d'un bateau est qualifiée d' "attaque" et le requin décrit comme "vicieux" (alors même qu'il vit ses derniers instants !). Nul doute que beaucoup de requins présenteront des "menaces imminentes". Imminentes, car comme chacun le sait il est très facile de prévoir une attaque de requin et de percevoir le moment exact où elle va se déclencher.

Au final, ces mesures veulent surtout dire que la pêche au requin est à nouveau ouverte en Australie, le gouvernement fournissant désormais aux pêcheurs deux bonnes raisons stupides permettant de justifier n'importe quelle prise, y compris celle du grand requin blanc, dont la population australienne se compte aujourd'hui en centaines.

L'Australie a massacré sa population de requins taureaux dans les années 60, elle va maintenant s'occuper des autres espèces côtières. Le plus stupide, c'est que pour pouvoir les tuer, les pêcheurs vont désormais appâter bien près des côtes, là ou c'est autorisé, mettant par la même les populations humaines en danger. Bravo.

30/01/2012

Un nouveau massacre de requins à Malpelo

 

Marine colombienne, Columbian navy, Malpelo, Colombie, requins, pêche illégale






LE Bateau de la marine colombienne, prêt à bondir.






La semaine dernière, la marine colombienne a saisi un bateau de pêche costa-ricien de retour de Malpelo, la cale pleine d'ailerons de requins. 660 Livres. Il y a deux mois déjà cette même marine colombienne avait saisi un autre bateau, unique coupable appréhendé d'une flotille de 10 bateaux selon les plongeurs qui les avait surpris et avait attiré l'attention sur leurs activités. On a calculé d'après les prises de ce bateau qu'environ 2000 requins marteaux et soyeux avaient dû être pêchés par cette flotille. Cette dernière était doublement dans l'illégalité, pratiquant une méthode de pêche illégale (le finning) à l'intérieur d'une zone marine protégée, le Sanctuaire de Faune et de Flore de Malpelo, classé au patrimoine mondial de de l'UNESCO (en voilà encore une chose utile).

Il faut savoir que le bateau saisi ces jour derniers, faisait quant à lui partie d'une autre opération de pêche illégale (et qu'il y en avait là encore peut être 10 autres de plus sur zone au même moment que lui). C'est effrayant. Alors même que les opinions changent et que la consommation de soupe d'ailerons baisse en Asie, le massacre se poursuit.

Une première question vient à l'esprit. Combien de temps cet écosytème du pacifique Est pourra t-il soutenir de telles ponctions? Les plongeurs russes qui ont documenté le massacre affirment qu'après leur macabre découverte, ils ne virent plus un seul requin marteau sur place pendant le reste de leur séjour (soit environ 5 jours je suppose).  Cette dernière nouvelle ne m'étonne guère. En sentant et en voyant leurs congénères aux ailerons sectionnés agonisant sur le fond, les requins restants ont provisoirement dû fuir la zone, terrorisés. Ils reviendront sous peu, jusqu'au jour où il ne reviendront plus, parce qu'ils auront disparu de cette zone.

Il y a un an, de retour de cet ilôt au large de la Colombie, je vous avais parlé dans un post de la protection des requins à Malpelo (http://sharkuterie.blogspirit.com/archive/2010/12/08/la-protection-des-requins-a-malpelo.html) et vous avais expliqué le problème des ressources, sur place : un seul pauvre bateau rouillé, assez lent aux dires des gardiens du Sanctuaire. Qui plus est, un guide de plongée qui s'était rendu quatre fois sur place dans l'année m'avait calmement confié quand nous nous amarrâmes au bateau de la marine que c'était la première fois qu'il le voyait sur zone (!!!!).
Il semblerait qu'il en existe un deuxième. Il paraît. Les moyens de garantir la protection de la zone sont donc dérisoires et du coup les grandes déclarations des gouvernements sonnent creux.

Les gouvernements colombien et costa ricien se sont joints la semaine dernière pour souligner qu'ils allaient renforcer leur coopération, suite à ces derniers "incidents". La sincérité des colombiens, qui sont derrière toutes les révélations, n'est plus à prouver. Celle des costa riciens me paraît beaucoup plus douteuse. Passivité ou corruption, je n'en sais rien, mais les problèmes viennent souvent de ce pays qui se dit écologiste. Le Costa Rica ne pourrait-il prouver sa bonne foi en commençant par sanctionner ses ressortissants criminels ? Ne pourrait-il également mettre un tout petit peu plus de moyens au service de la protection des requins, puisqu'une bonne partie des pêcheurs illégaux battent son pavillon et déchargent leurs prises au Costa Rica.  Sans doute suis-je naïf. Le documentaire Sharkwater était édifiant à ce sujet.

A court terme, la seule solution que je vois serait à mon sens qu'on autorise plus de bateaux de plongée à Malpelo. Les bateaux de plongée ne peuvent arraisonner les pêcheurs illégaux (pas plus que les bateaux de la marine colombienne d'ailleurs, vue leur lenteur,) mais peuvent signaler les fauteurs de trouble aux autorités compétentes. Or avec plus de bateau de plongée, on pourrait garantir une présence quasi permanente sur place, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Aujourd'hui le nombre de bateaux de plongée est limité à un seul à la fois. On pourrait sans aucun problème en avoir trois sur place au même moment, sans que la faune n'en soit beaucoup plus dérangée, ni que les plongeurs ne se marchent sur les palmes.

Cette solution offirait également un avantage du point de vue de la sécurité. Il est dangereux de laisser un bateau seul, à 700 km des côtés, quand bien même il y aurait une présence humaine sur l'ilôt.

Dernière chose, augmenter et partager les revenus du tourisme écologique, c'est sans doute la meilleure façon de protéger les requins de Malpelo.