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28/10/2011

Meilleures plongées avec des requins : N°7, Raggie Cave, Aliwal Shoal, South Africa

Raggie Cave à Aliwal Shoal est sans doute l’endroit du monde (avec le site homonyme de Protea Banks, 70 kms plus au sud, au large de Margate et Shelly Beach) où l’on peut voir le plus de requins taureaux en une seule plongée.

On peut également observer des variantes de cette espèce en Caroline du Nord, en Australie et même au Liban, ai-je entendu dire, mais dans des quantités bien moindre. Le surnom de Raggie vient de Ragged Toothed Shark qui est le nom que les sud africains donnent au requin taureau. En Australie, on l’appelle Grey Nurse Shark et aux Etats Unis Sandtiger shark, mais il s’agit, à chaque fois, à peu près du même requin à la très sale gueule de voyou des mers. Il ne faut jamais se fier à la tête des requins.

Du fait de son faciès peu engageant, ce requin a particulièrement été massacré durant les années 60-70, en Australie notamment, où l’importante population locale fut en partie décimée par les plongeurs amateurs qui découvraient les têtes de harpon explosives.  Il s’agissait pour eux d’un trophée facile qui devait permettre d’en accrocher d’autres (plus féminins), une fois à terre. Les dragueurs à la noix surfent toujours sur des malentendus. Ce requin, dont l’apparence peu engageante ne fait que cacher un caractère assez pacifique, constituait une proie de choix pour ces pêcheurs sous marin voulant faire sensation à leur retour au rivage.

Le résultat est qu’aujourd’hui la population australienne est décimée et peine à récupérer.

On trouve deux principaux endroits de congrégation des requins taureaux à Aliwal Shoal : Raggie Cave et Cathedral. Cathedral est, comme son nom l’indique un peu, une cave qui semble posséder une voûte mais qui possède vraiment une entrée. Raggie cave n’est pas vraiment une cave, juste une succession de perforations larges dans le récif. Un couloir.

Quand nous montâmes dans le zodiac par ce joli matin de Novembre 2001 sud-africain, tout craignait du point de vue du sens commun, la pluie et les vagues, notamment. La compagnie n’était pas terrible, non plus (4 amerloques dogmatiquement obsédés de sécurité et ouverts comme des huîtres).

Après avoir poussé le volumineux zodiac à l’eau, après que, ne voulant pas démarrer, il nous ait bien imprégnés de vapeurs de kérosène matinales, les américains  vomirent à peu près tous pendant les 5 kms qui devaient nous conduire au site de plongée. Les poissons volants que nous croisâmes et qui, comme le souligne Audiard, ne constituent pas la majeure partie de l’espèce, n’en revenaient pas.

Nous aperçûmes également deux ou trois dauphins sur le chemin et, à une centaine de mètres, une baleine à bosse. En Novembre, les baleines redescendent du Nord. Peu importe.

Un rayon de soleil se pointa et nous stopâmes. Quelques secondes de calme sur l’océan indien que n’interrompit qu’une forme noire, ondulée comme une nappe, sautant hors de l’eau. Il s’agissait en fait d’une raie aigle.

L’américaine demanda au skipper « C’était quoi ? Un morceau de plastique ? »

Le skipper sud africain lui répondit que bien sûr, il y a avait des gros morceaux de plastique qui flottaient au dessus de l’eau partout en Afrique. Tout doux.

Nous n’êumes pas le temps de creuser le sujet car un espadon bondit hors de l’eau, la queue en godille sur 1m ou 2 avant de replonger. Il était petit. Pas plus d’1m50, plutôt moins. L’américaine ne le confondit pas avec marteau-piqueur.

La seconde après, de l’autre côté du zodiac un plongeur pointa à son doigt vers la surface. « Là, un requin ! » Je mis quelques secondes à localiser le sujet de cette agitation. A une vingtaine de mètre, un aileron dépassait de la surface dans le plus pur style hollywoodien. Il s’agissait d’un aileron de requin marteau hallicorne qui s’approcha de nous avant de repartir sous l’eau.

Il était grand temps de plonger à notre tour. Après toutes ces distractions, le zodiac redémarra pour se positionner à la verticale du point de plongée et nous plongeâmes en flottabilité négative. Regroupement à 3m et nous continuâmes jusqu’en bas, jusqu’à 18m.

L’eau était bleue verte, remplie de particules flottantes, mais finalement assez claire. Une houle décidait du rythme de nos mouvements. Très vite, une fois en bas, on réalisait vite qu’on était sur le chemin d’une requin taureau, venu de nulle part, et qu’il fallait laisser passer. Les requins semblaient se laisser promener par la houle et se contentaient d’un léger battement de queue au bon moment pour aller dans le sens qu’ils souhaitaient. Ils avaient l’air léthargiques. Il paraît que les requins taureaux récupèrent durant le jour des accouplements nocturne pendant cette période à Aliwal. Ils montent en hiver vers Sodwana, Cape Vidal et le Mozambique, pour redescendre vers le cap avec une escale à Aliwal au retour. On y voit fréquemment de grandes femelles (3 ou 4m pour les plus grandes) le derrière de la dorsale lacéré par l’accouplement.

Le couloir de Raggie Cave est fait de sable. Les requins taureaux aiment le survoler. C’est aussi là qu’on peut trouver les dents qu’ils perdent souvent lors de leurs accouplements. Le truc alors, c’était de laisser filer son air et de se poster à plat ventre en attendant qu’un raggie passe juste au dessus de vous. C’est ainsi qu’on obtient les meilleurs angles de caméra. Ce jour-là, j’en vis tourner autour de moi plus d’une quinzaine. L'un chassait l'autre, l'autre découvrait l'un. Ils se déplaçaient comme une farandole de fantômes hypnotisés. La bouche entrouverte en permanence, ils filtraient l'eau en l'absence de toute langue.

Je remontais au bout de quarante cinq minutes passées face à face avec ces requins aux dents qui leur sortent de la bouche. J'étais émerveillé. Pourtant cette congrégation n'avait rien d'exceptionnel. Il est arrivé qu'on voit une centaine de requins taureaux en une plongée à Aliwal.
Je les avais surpris durant leur sieste. J’avais remarqué cette particularité qu’ils ont de prendre l’air à la surface pour se donner une flottabilité neutre et errer somnolant au dessus du récif. J'étais content. Arrivé à la surface, des requins plein les yeux, je retrouvais la jeune américaine du début.

Nous nous hissâmes sur le zodiac, elle enleva son masque et me demanda immédiatement : « Did ya see that turdle ?? », mais je ne l'entendis pas.

06/03/2008

Informations additionnelles sur l’accident survenu lors d’un shark feeding

J’ai pu obtenir quelques informations complémentaires sur l’accident survenu lors d’un shark feeding la semaine dernière. Apparemment, il se serait produit dans les eaux bahaméennes.

J’ai pu trouver sur Youtube deux vidéos prises lors de feedings organisés par le même opérateur avant l’accident. Je n’ai pas vu sur ces vidéos de requins bouledogue, mais en revanche plusieurs requins tigre qui avaient l’air particulièrement agités, ce qui n’est pas si courant pour le requin tigre, car c’est un requin d'ordinaire calme. Il n’entre pas en frénésie, y compris quand il se nourrit sur des carcasses de baleines mortes qui pour les grands blancs sont des lieux d’orgie.

On voit néanmoins distinctement sur ces vidéos que les requins tigre viennent un peu trop fréquemment taper du museau l’objectif du caméraman. La raison est simple. ils cherchent quelque chose : l’origine de l’odeur. Faute de la localiser, ils s’énervent. S’il ne peuvent localiser cette source, c’est que toute la zone du feeding doit être saturée d’odeur et de minuscules morceaux d’appâts. Un détail ne trompe pas : les autres poissons sont très éparpillés sur toute la zone ou se trouvent les plongeurs, alors que normalement ils se concentrent autour de l’appât.

On aperçoit une densité de poissons un peu plus importante autour d’un des plongeurs agenouillés au fond (la profondeur doit être de 10m maximum). On distingue qu’il tient ce qui ressemble à un appareil photo d’une main et de l’autre un récipient dont il doit sortir des appâts de temps en temps.

Ainsi, il se met doublement en danger ainsi que les plongeurs autour de lui, d’abord en faisant que les requins associent la présence d’appât à celle des plongeurs, ensuite en éparpillant des morceaux d’appâts anarchiquement sur la zone. Il est toujours bon dans un shark feeding qu'il y ait une zone "safe" où se trouvent les plongeurs et une zone où les requins se nourrissent

Les shark feeding sûrs, comme ceux de Walker’s Cay ou d’Aliwal Shoal évitent ces deux écueils. A Walker’s Cay, la boule d’appât est congélée, ce qui évite l’éparpillement. A Aliwal shoal, les opérateurs procèdent en deux temps. D’abord ils attirent les requins avec du chum (brouet odorant), puis, une fois les requins sur zones, laissent dériver un tambour de machine à laver rempli de sardine et accroché à une drumline sur laquelle sont accroché des carcasses de plus gros poissons pour les requin tigre. Aucun morceau d’appât ne se disperse. C’est alors seulement qu’ils laissent les plongeurs se mettre à l’eau.

C’est la clé. La source d’appât ne doit pas laisser échapper de morceaux de poissons et les requins ne doivent pas être nourri directement par l’homme. Ils doivent associer ce dernier à un prédateur qui comme eux a été attiré par l’odeur.

01/11/2007

Les hauts et les bas du requin tigre

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Ma femme en compagnie d'un requin tigre. Aliwal Shoal, Juin 2007




Les dernières observations pratiquées sur le requin tigre, comme souvent, contredisent les précédentes. Il s’avère que le requin tigre est un requin qui a des sautes d’humeur dont on n’avait jamais vraiment perçu l’origine, évidemment lunatique, sans qu’elle ne soit tout à fait nocturne.

Que ce soit en matière de profondeur, de température, de nourriture ou de lieu de résidence, le requin tigre oscille. L’hésitation est érigée chez lui en mode de vie et varie avec l’âge. S’il vous attaque un jour, ce sera du bout des dents, pour mieux vous connaître. L’adolescence du requin tigre a plusieurs rangées.

La première de ses hésitations tient à son mode de déplacement. Les anglo-saxons appellent cela son « schéma de nage rebondissant ». Le requin tigre arpente la colonne d’eau de bas en haut. A cela une raison bien simple : comme le dirigeable recherche les courants porteurs, le tigre inspecte les strates odorantes en recherche de nourriture, car les courants portent conseil. Il passe rapidement de 6 à 70m. Le tigre passe sa journée dans l’ascenseur.

Car il en va autrement la nuit. Le requin tigre n’arrive pas à se décider. Ou bien il s’éloigne en mer, ou bien il se rapproche de la côte. Dans tous les cas, il est moins actif qu’on ne le pensait et reste même parfois longtemps en un même lieu, sans doute pensif. Ce demi somnanbulisme explique sans doute le pyjama rayé qu’il porte en permanence.

On disait jusqu’à récemment que le requin tigre ne vivait qu’en eau chaude et ne descendait jamais à plus de 350m de fond. Les dernières études, basée sur la télémétrie acoustique, ont déjà (en moins de deux ans) prouvé le contraire. Les quelques requins tigres marqués à Aliwal Shoal en Afrique du Sud avec des appareils enfin fiables ont montré qu’ils pouvaient descendre ponctuellement jusqu’à 875m dans une eau à 5°c.

Reste que le tigre préfère quand même l’eau chaude. C’est indéniable. Il quitte plus ou moins les eaux du Kwazulu Natal en Juin pour ne revenir qu’en Octobre. Quelques spécimens particulièrement bien adaptés restent néanmoins dans la région en permanence. On ne sait ce qui les différencie des autres, si ce n’est un vécu de requin tigre particulier.

Deux choses semblent provoquer les transhumances du requin tigre. La nourriture et la température de l’eau. Cette dernière semble cependant bien plus déterminante. Ainsi, on ne constate pas les mêmes transhumances chez les requins tigres hawaïens que chez les tigres sud-Africains, la température des eaux hawaïennes étant bien plus constante.

Parmi les autres aspects changeant de la personnalité du requin tigre, on peut également citer son régime. Contrairement à bien d’autres requins, le tigre possède un régime extrêmement varié de proies vivantes ou non. C’est ce qui lui valu sa réputation de poubelle des mers ,puisqu’on a souvent retrouvé des objets en métal ou en plastique dans son estomac. Ce caractère de charognard lui a certainement valu d’endosser certaines attaques qu’il n’avait peut-être pas commises. Ainsi, quand on a retrouvé, il y a deux ou trois ans le bras sectionné d’un pêcheur sous-marin disparu près de Sodwana en Afrique du Sud, on a tout de suite cru que le coupable était un gros requin tigre de plus de quatre mètres observé dans la zone de recherche le même jour. Il n’est pas dit cependant que le pêcheur sous-marin ne soit pas mort d’une syncope en remontant à la surface et que le requin tigre n’ait fait que se repaître du corps qui traînait au fond.

Le régime varié du tigre en Afrique du Sud se compose principalement d’élasmobranches que l’on retrouve dans 46,5% des estomacs de spécimens capturés, puis viennent les téléostes (37,3%), les mammifères marins (36,4%), les oiseaux (22,5%), les mollusques (16,3%), des objets divers et variés (13%), les crustacés (10,7%), les reptiles (6,6% : essentiellement des tortues). Ce menu peut varier énormément selon les points du globe. Chez les tigres de Shark Bay en Australie par exemple, on trouve une dominante de tortues et de mammifères marins. Ce régime évolue de surcroît avec l’âge. Ainsi ce n’est qu’à partir de 2m50 que la tortue fait son apparition au menu. Avant cela, les mâchoires du requin tigre ne sont pas encore assez puissantes pour transpercer l’épaisse carapace de ces reptiles. Cette extrême variété des proies du requin tigre nous a longtemps fait croire que nous pourrions éventuellement faire partie du menu. Ce n’est heureusement pas le cas.

La prédation des tortues nous livre quelques enseignements sur les habitudes de chasse des requins tigre. Ainsi, on s’est longtemps demandé pourquoi les tortues vertes étaient plus épargnées par les tigres que leurs cousines les caouannes. C’est le cas en Australie comme en Afrique du Sud. Après des études, on s’est aperçu que les tortues vertes passaient bien moins de temps en surface pour prendre leur respiration. Ainsi, elles s’exposaient moins.

Comme le blanc, le tigre est un requin qui chasse à l’affût. En partant du bas, contrairement au laveur de carreaux. Inversement, quand il monte, il ne peut s’empêcher de suivre ceux qui glissent vers le bas, comme des gouttes sur une vitre. Il se nourrit souvent en surface. La combinaison de ce mode de prédation, de sa taille et de son menu varié, explique qu’il se soit rendu coupable de nombreuses attaques sur des baigneurs. Rarement sur des plongeurs toutefois, et quasiment jamais sans que celles-ci ne soient provoquées. Les accidents/incidents peuvent être considérés comme provoqués dans la mesure où dans tous les cas un appât était présent dans l’eau moment de l’attaque, qu’il s’agisse d’un shark feeding ou de pêcheurs sous marins.

Reste qu’on sent qu’il convient d’être méfiant en présence d’un tigre. Comme le longimanus, le tigre vient défier le plongeur de très près. Le mieux alors est de ne rien faire. Quand on a l’habitude, comme moi, de plonger avec une caméra, on peut toujours se protéger avec celle-ci, mais mieux vaut tout de même ne pas provoquer de contact avec le requin, même s’il vient très près. Il n’est pas dit d’ailleurs que ce ne soit pas le métal et les batteries de la caméra qui l’attire. Les requins tigres aiment également beaucoup les écrans de contrôles LCD des caméras vidéos modernes. Méfiez vous donc des caméras sous marines pourvues d’un écran de contrôle extérieur. A moins que vous n’aimiez vous faire des frayeurs.
Méfiez-vous également du calme du tigre. Quand un tigre attaque, l’attaque est rarement soudaine, il ne s’agit d’ailleurs le plus souvent même pas d’une attaque de son point de vue, mais d’un « check bite ». Une morsure investigatrice faite dans le calme. Le requin tigre n’a pas peur de vous. Il n’hésitera pas à vous « goûter » pour mieux vous identifier. Ainsi est fait son caractère.

Quoiqu’il en soit, en règle générale, le tigre évite l’homme. Pendant longtemps, on s’est d’ailleurs demandé pourquoi les palanquées de plongeurs voyaient si peu de tigres sur Aliwal shoal, alors même que le récif fait partie de leur territoire. On pourrait d’ailleurs se poser la même question pour les requins blancs du Cap. La réponse est simple, les requins tigres évitent les plongeurs.Les relevés faits sur Aliwal grâce aux requins marqués montrent que ceux-ci ne fréquentent assidument le récif que l’après midi, alors même que les dernières plongées ont lieu entre midi et une heure. Les tigres ont compris les règles de notre manège sous-marin. Quant aux spécimens qui s’aventurent sur le récif durant la matinée, les plongeurs la plupart du temps ne les voient pas. Probablement se faufilent-ils derrière les palanquées où nagent-ils en surface quand ils les croisent. Or nous ne regardons que rarement au-dessus de nos têtes, piétons que nous sommes d’un monde en deux dimensions.

Le tigre, qui est également le plus primitif des requins, la plus vieille espèce vivante, est un requin discret et furtif qui se cache et nous cache sans doute encore bien des secrets.

05/06/2007

Des tigres en Afrique ?

Mais oui voyons, des requins tigres. Il se trouve que ce site manque récemment d’informations fraîches, de celles qu’on ne lit pas partout sur Internet. C’est pourquoi je me suis dit qu’il était temps d’aller en cueillir quelques unes à la source. Des nouvelles de première main.

La semaine prochaine, je pars plonger en Afrique du Sud voir les Tigres d’Aliwal shoal. J’ai déjà tenté le coup deux fois, en 2003 et en 2005, mais pour des raisons qui ont varié entre l’absence de requin en 2003 (la technique pour les attirer n’était pas encore aussi éprouvée qu’aujourd’hui) et une malencontreuse gueule de bois des marins en 2005, les sorties sont à chaque fois tombées à l’eau, si je puis dire.

Cette fois ci sera la bonne et si tout se passe bien, j’irais plonger deux fois avec eux. Au début, mon souhait était de retourner chasser les boules d’appât du Sardine Run, mais j’ai préféré opter pour un plan B, car pour la seconde année consécutive, le Sardine Run s’annonce bien mal. Peu de poches ont été aperçues pour le moment. L’année dernière déjà, on n’avait rien vu sur les plages du Kwazulu Natal.

Cette fois-ci, on peut définitivement dire qu’il y a un dérèglement. C’est la deuxième fois de suite alors même qu’il n’y avait déjà pas eu de Sardine run en 2004, sans doute ce coup-ci pour des raisons de fin de cycle. Ainsi, il n’y a donc eu qu’un seul vrai Run depuis 2003. Ces deux dernières années sont particulièrement suspectes. Le réchauffement climatique et El Nino ont beau dos.

Il se murmure que le gouvernement sud africain aurait accordé des permis de pêche à d’énormes chalutiers qui moissonnent le banc de sardines avant même qu’il n’ait quitté la région du Cap. Il se dit que le port de Mossel Bay est rempli de cette flotte, que l’endroit serait pris de frénésie quand elle déverse ses flots de poissons. On songerait même à construire deux conserveries sur place. Le Sardine Run, phénomène naturel sans équivalent au monde, qui se déroule inlassablement et cycliquement sans doute depuis des centaines de milliers d’années, est suspendu jusqu’à nouvel ordre sur intervention d’une poignée d’épuiseurs de ressources. Les centaines de milliers de dauphins et de requins qui sont venus pour l'occasion se sont déplacés pour rien. Leurs frais de voyage ne seront pas remboursés. C’est scandaleux. Je ne sais ce qu’on peut faire, ni à qui écrire. Je vous le ferais savoir dès que j’en saurais plus. Et surtout je vous dirais à mon retour si ces funestes rumeurs se sont vérifiées, en fonction de la présence ou non des sardines.

Quoi qu’il en soit, et pour éviter de contempler la surface de dépit, je m’en vais voir les tigres d’Aliwal, je l’espère quelques raggies, et entre une plongée à Protea Banks et une autre à Sodwana, je croiserais bien quelques baleines.

J’ai constaté sur You Tube que l’on n’attirait plus les Tigres recroquevillé dans un petit renfoncement du récif à Aliwal. Désormais, la chose se fait apparemment en pleine eau. Des morceaux de poissons sont déposés dans un seau qui pend de la surface. De nombreux requins sont attirés, notamment des requins à pointe noire. Je suis curieux de voir en quoi cette technique diffère de celle de Walker’s Cay et son Shark Rodeo.

Certes, je désapprouve officiellement ces pratiques, certes je préférerais naturellement voir un banc de sardines attaqué par une horde de requins sombres, mais je ne peux m’empêcher d’y aller, pour voir ces énormes requins à rayures de très près, des fois que demain ce ne soit plus possible... comme pour les sardines.

Tant pis pour moi ou pour le concert des Daft Punk. Si j'y pense, je les écouterais sur mon autoradio. On the Sunshine Coast.