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20/12/2011

Protection des requins : une lueur d’espoir en 2011

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Je me souviens avoir écrit un post, comme cela en fin d’année, il y a trois ou quatre ans intitulé « This is the end », assez pessimiste et résigné. Je ne voyais à l’époque encore aucun espoir de sauver les requins. La protection s’organisait assez peu intelligemment et on ne s’attaquait alors pas vraiment au problème de la consommation d’ailerons.

Il semblerait que l’année 2011 marque un véritable changement à ce niveau-là. En 2011 plusieurs municipalités et provinces, en Amérique du Nord notamment on interdit le commerce et l’importation des ailerons de requins. San Francisco, la Californie, Toronto, le Mexique. Ca commence. De nombreuses campagnes ont été menées à Taiwan, Hong Kong et en Chine pour sensibiliser les consommateurs. Des initiatives ont été prises pour inciter les jeunes mariés à se passer de la fameuse soupe traditionnelle lors leur mariage.

On dit que le commerce des ailerons de requins aurait baissé de 15% cette année sur le marché asiatique. Tout espoir n’est donc peut être pas perdu.

Bonne fin d’année à vous tous. En ce qui me concerne 2011 fut une année « requinless » et je n’aime pas beaucoup ça. Je me rattraperai en 2012. L’occasion d’aller collecter quelques informations pour de futurs articles.

06/09/2011

Le commerce mondial des ailerons de requins en data visualisation

 

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Si comme moi vous trouver cela un peu difficile à lire, voici le lien :

http://tinyurl.com/44588tp

Merci à David 

05/06/2007

Des tigres en Afrique ?

Mais oui voyons, des requins tigres. Il se trouve que ce site manque récemment d’informations fraîches, de celles qu’on ne lit pas partout sur Internet. C’est pourquoi je me suis dit qu’il était temps d’aller en cueillir quelques unes à la source. Des nouvelles de première main.

La semaine prochaine, je pars plonger en Afrique du Sud voir les Tigres d’Aliwal shoal. J’ai déjà tenté le coup deux fois, en 2003 et en 2005, mais pour des raisons qui ont varié entre l’absence de requin en 2003 (la technique pour les attirer n’était pas encore aussi éprouvée qu’aujourd’hui) et une malencontreuse gueule de bois des marins en 2005, les sorties sont à chaque fois tombées à l’eau, si je puis dire.

Cette fois ci sera la bonne et si tout se passe bien, j’irais plonger deux fois avec eux. Au début, mon souhait était de retourner chasser les boules d’appât du Sardine Run, mais j’ai préféré opter pour un plan B, car pour la seconde année consécutive, le Sardine Run s’annonce bien mal. Peu de poches ont été aperçues pour le moment. L’année dernière déjà, on n’avait rien vu sur les plages du Kwazulu Natal.

Cette fois-ci, on peut définitivement dire qu’il y a un dérèglement. C’est la deuxième fois de suite alors même qu’il n’y avait déjà pas eu de Sardine run en 2004, sans doute ce coup-ci pour des raisons de fin de cycle. Ainsi, il n’y a donc eu qu’un seul vrai Run depuis 2003. Ces deux dernières années sont particulièrement suspectes. Le réchauffement climatique et El Nino ont beau dos.

Il se murmure que le gouvernement sud africain aurait accordé des permis de pêche à d’énormes chalutiers qui moissonnent le banc de sardines avant même qu’il n’ait quitté la région du Cap. Il se dit que le port de Mossel Bay est rempli de cette flotte, que l’endroit serait pris de frénésie quand elle déverse ses flots de poissons. On songerait même à construire deux conserveries sur place. Le Sardine Run, phénomène naturel sans équivalent au monde, qui se déroule inlassablement et cycliquement sans doute depuis des centaines de milliers d’années, est suspendu jusqu’à nouvel ordre sur intervention d’une poignée d’épuiseurs de ressources. Les centaines de milliers de dauphins et de requins qui sont venus pour l'occasion se sont déplacés pour rien. Leurs frais de voyage ne seront pas remboursés. C’est scandaleux. Je ne sais ce qu’on peut faire, ni à qui écrire. Je vous le ferais savoir dès que j’en saurais plus. Et surtout je vous dirais à mon retour si ces funestes rumeurs se sont vérifiées, en fonction de la présence ou non des sardines.

Quoi qu’il en soit, et pour éviter de contempler la surface de dépit, je m’en vais voir les tigres d’Aliwal, je l’espère quelques raggies, et entre une plongée à Protea Banks et une autre à Sodwana, je croiserais bien quelques baleines.

J’ai constaté sur You Tube que l’on n’attirait plus les Tigres recroquevillé dans un petit renfoncement du récif à Aliwal. Désormais, la chose se fait apparemment en pleine eau. Des morceaux de poissons sont déposés dans un seau qui pend de la surface. De nombreux requins sont attirés, notamment des requins à pointe noire. Je suis curieux de voir en quoi cette technique diffère de celle de Walker’s Cay et son Shark Rodeo.

Certes, je désapprouve officiellement ces pratiques, certes je préférerais naturellement voir un banc de sardines attaqué par une horde de requins sombres, mais je ne peux m’empêcher d’y aller, pour voir ces énormes requins à rayures de très près, des fois que demain ce ne soit plus possible... comme pour les sardines.

Tant pis pour moi ou pour le concert des Daft Punk. Si j'y pense, je les écouterais sur mon autoradio. On the Sunshine Coast.

28/12/2006

La réputation du longimanus est-elle justifiée ?


Quand les requins aux longues mains s'approchent.


Il existe un classement officieux des requins dits les plus dangereux et, selon ce classement, le requin longimanus arrive bien souvent en quatrième position, loin derrière le blanc, juste derrière le bouledogue et le tigre. Si l’on rapporte ce classement aux modes de vie des espèces citées, on s’aperçoit que le longimanus est le seul parmi celles-ci à ne jamais s’approcher des côtes. C’est le seul requin du large. Que fait-il donc dans ce classement ? Les chances pour un homme de le rencontrer dans l’eau sont si faibles qu’on pourrait en venir à se demander s’il n’est pas d’autant plus dangereux qu’on ne le croise pas souvent. Et pourtant, en une fois comme lors du naufrage de l’Indianapolis, il a probablement fait plus de victimes que certaines espèces en cent ans (cf.article précédent).

Profilé comme un avion, le longimanus, n’était-ce pour sa couleur et la pointe de ses nageoires, est la quintessence même du requin, son eidos. C’est l’idée même qu’on s’en fait, froide et abstraite comme la mort. Le longimanus est un requin à part, un véritable chien de mer, un prédateur, un rapace qui plane dans le bleu. Pour lui, toute nouveauté prend la forme et le corps d’une opportunité. Une chose à essayer. Son sourire est ambiguë, donc sadique, comme une arme blanche, qui peut servir à tout et à n’importe quoi.

Pendant longtemps, le longimanus fut le requin qui hanta les cauchemards de tous les marins du globe. Ayant pour habitude de suivre les bancs de cétacés, il n’est pas étonnant qu’il se soit également mis à suivre les bateaux, à l’affût de toute nourriture qui pourrait être jetée par dessus de bord. Inutile de souligner que du coup, il incarna aux yeux des marins cette menace lugubre qui planait au-dessus de tout homme qui aurait le malheur de tomber à l’eau. On avait l’habitude de l’appeler alors aileron blanc du large. Les baleiniers eurent fréquemment l’occasion de goûter sa compagnie. Une baleine morte attire en effet ce requin dans les zones où il est présent. Et comme bien souvent il constitue l’espèce dominante parmi les requins du large, il est probable que le longimanus se soit souvent montré aux yeux des marins comme un des meneurs de l’orgie marine que provoque immanquablement un cétacé mort. Cousteau rapporte une telle situation dans Le Monde du Silence où d’ailleurs il s’acharne avec une sauvagerie incompréhensible sur plusieurs membres de cette espèce n’ayant commis pour seule faute que de suivre leur odorat et leur instinct. Autre temps…

Mais il existe tout de même d’autres raisons qui font que le longimanus tient une place à part parmi tous les requins. Alors que la plupart des requins nous fuient ou nous ignorent, le longimanus nous jauge en permanence. Sa réputation n’est pas totalement usurpée. J’en fis l’expérience à Elphinstone. Après trente minutes de plongée à la pointe sud du récif passées entre 5 et 10m de profondeur sous les bateaux en compagnie des longimanus, ce ne fut que lorsque le nombre de plongeur se réduisit à trois que ceux-ci s’approchèrent vraiment. Le nombre de plongeur changeait le regard qu’ils portaient sur chacun de nous. C’est en nombre seulement que les plongeurs les intimidaient. Alors que nous attendions non loin de l’échelle de plongée, deux longimanus vinrent m’inspecter de fort près. Il semblerait que la lumière de mes deux phares ainsi que mon objectif grand angle aient particulièrement attirés leur attention. Au moment même où je mettais mes feux en marche, le requin dévia sa trajectoire, me fit face, vint coller son museau à un centimètre de l’objectif, sans toutefois le toucher et poursuivit son chemin dans le bleu.

Quelques secondes plus tard, un autre longimanus vint me défier à nouveau de face. C’est alors qu’avec mes deux camarades, nous nous aperçûmes que les requins qui n’étaient que deux ou trois à tourner autour de nous jusque-là, étaient désormais au nombre de six ou sept et s’approchaient de plus en plus près. Impossible de les tenir tous à l’œil. Nous décidâmes d’un commun accord de sortir de l’eau. Certains disent que le longimanus attaque toujours de dos, c’est pourquoi il ne faut jamais se méfier de celui que l’on voit, mais toujours de celui qu’on ne voit pas.
Même expérience une autre fois aux Brothers, presqu’à la tombée de la nuit où je me retrouvais entouré de longimanus et de requins soyeux. Le nombre de plongeur immergés réduisant et la lumière baissant, les requins devenaient de plus en plus curieux. Ceux qui sont restés plus longtemps dans l’eau disent que l’étape suivante consiste en une variante ou le requin vient heurter le plongeur et mordre ses palmes. Il est alors vivement conseillé de sortir de l’eau. On rapporte également moults incidents ou des snorkeler isolés ont été « ennuyés » par le longimanus. Un classique également : les snorkelers qui se font déposer au milieu d’un banc de dauphin. Les dauphins s’en vont et vous connaissez la suite. Quoiqu’il en soit il apparaît que le longimanus n’attaque jamais sans crier gare. Il est ainsi à la fois extrêmement prudent, bien que curieux, et tout à fait prévisible, ce qui explique sans doute malgré le nombre impressionnant d’incidents impliquant ce requin, la quasi absence d’accident sérieux au cours des dernières années.

Il existe aujourd’hui plusieurs endroits en mer rouge côté égyptien ou les plongeurs peuvent observer très facilement le longimanus: il s’agit des récifs d’Elphinstone, des Brothers, mais aussi des récifs du sud du côté de St John jusqu’au Soudan. Apparemment on peut également le voir assez facilement dans le Pacifique à Hawaï notamment, à Kona coast, puisque pas mal de bonnes prises qui traînent sur la toile ont été filmées là-bas. En Egypte, il semble que les longimanus apparaissent à Elphinstone autour de Septembre et qu’on puisse en observer jusqu’en Mai dans le sud. Les longimanus d’Elphinstone sont-ils habitués à la présence de l’homme. Je pense que oui. Leur territoire bien que vaste doit reconduire les mêmes spécimens sur les mêmes lieux. Comme ceux des Brothers, ils recherchent la présence des bateaux. J’ai d’ailleurs vu certains bateaux jeter de la nourriture par-dessus bord pour les attirer. Que dis-je, j’ai même vu des vidéastes qui utilisaient des poulets dont ils nourrissaient les squales pour obtenir de meilleures prises. Ainsi appâtés, les longimanus nageaient de façon rapide et saccadée parmi les plongeurs qu’ils chargeaient de temps à autre. Imaginez le danger pour un plongeur non averti qui viendrait à plonger dans les minutes qui suivent avec le même requin. A ce jour, il n’y a pas encore eu d’accident ni à Elphinstone, ni aux Brothers. Pas sur un plongeur en tout cas. Mais je me suis laissé dire qu’un snorkeler en revanche avait été attaqué. Peu importe, tout porte à croire que cela arrivera forcément un de ces jours à un plongeur et que ça ne prouvera rien. Pourtant je reste persuadé que les longimanus d’Elphinstone se sont habitués à l’homme, qu’ils vont sans doute se mettre à progressivement ignorer. Ce sont les bateaux qui les intéressent.

Les longimanus qui n’ont encore jamais rencontré l’homme en revanche conserveront ce naturel inquisiteur, cet instinct du large, cette envie de défier l’autre, qui sont la marque de fabrique de cette espèce.

Le longimanus est aujourd’hui particulièrement victime de la surpêche, et ce pour deux raisons : la taille de ses nageoires tout d’abord qui en fait une espèce fort prisée des trafiquants d’ailerons, mais aussi son comportement qui lui faisant suivre les bateaux, les cétacés et les bancs de pélagiques (les trois allant souvent de concert) le rend particulièrement vulnérable aux prises accidentelles (bycatch).

Autrefois parmi les requins les plus abondants, du fait de l’étendue de son habitat , le longimanus, victime d’interminables lignes garnies d’appât, comme de filets dérivants, est aujourd’hui l’un des requins les plus menacés, du fait de ce même habitat. Les temps changent.
Jadis hors de portée de l’homme, le longimanus est désormais hors de portée des lois qui pourraient le protéger et des autorités qui pourraient les faire respecter. Les deux spécimens que je pus filmer en très gros plan à Elphinstone étaient tous deux affublés d’un hameçon, l’un à la bouche, l’autre à une nageoire. Sans doute un souvenir du Soudan. Le longimanus fait partie de la liste rouge des espèces menacés de l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), au même titre que l’ours polaire.