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28/05/2006

Steak de requin : plat d'un jour



Il faut toujours commencer par balayer devant sa propre porte a t-on coutume de dire. C’est ce que je m’en vais faire dans cette note. Après avoir maudit depuis des années les cantonais qui ont eu la mauvaise idée de transmettre le virus de la soupe aux ailerons de requin à l’ensemble de la chine nouvellement capitaliste, quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater, l’autre jour, dans un restaurant de la capitale où je dînais avec une amie, que du requin était au menu, sous forme de steak. Sur le moment, bien qu’un peu surpris, je mis cela sur le compte d’une volonté d’exotisme un peu déplacée. Il s’agissait d’un restaurant un peu branché de la rue des vinaigriers, dans le premier arrondissement de Paris, et je pensais le problème relativement circonscrit. J’avais déjà connu des restaurants à destination des touristes, en Afrique du Sud, qui proposaient du crocodile au menu, sans que le phénomène ne s’étende. Je commis l’erreur de croire qu’il en allait de même et ne fit même pas de remarque au restaurateur pour ne pas indisposer mon amie qui était une habituée. Il faudra que je retourne leur parler.

Ce que je prenais pour un cas isolé n’en était pas. Aujourd’hui même, dans le 10ème arrondissement, rue d’Hauteville, j’ai remarqué un bar-restaurant d’allure modeste, peuplé d’alcooliques encastrés dans le bar, baigné d'une odeur de cafard, de formica et de crême de cassis, qui proposait lui aussi du steak de requin comme plat du jour. Comme plat du jour ! Le mal s’étend. L’exception n’en était donc pas une.

Je ne reviendrais pas sur les faibles vertus culinaires du requin, pour avoir déjà couvert ce sujet dans une précédente note, car ce n’est pas le problème. Il ne nous viendrait pas à l’idée de manger du léopard aux champignons, même si c’était délicieux. Ce qui me paraît le plus grave avec cette nouvelle arrivée du requin sur nos tables, c’est ce qu’elle signifie. Devant l’interdiction progressive du « finning » (technique qui consiste à sectionner les ailerons et à rejeter le requin amputé par dessus bord), les pêcheries, désormais progressivement contraintes de garder le requin entier à bord, tentent de commercialiser le reste de l’animal. On cherche à créer un nouveau marché. On multiplie les causes d’un massacre d’autant plus stupide que l’exploitation du requin n’est absolument pas « durable ». Dans toutes les zones ou le requin a été surexploité, les volumes de prises se sont rapidement écroulés et les pêcheries ont dû fermer.

Il faut de toute urgence s’insurger contre ce nouveau marché de viande de requin. Les chinois seront suffisamment difficiles à faire évoluer sans qu’on ne crée un deuxième front. Il n’y a sûrement pas chez ces restaurateurs de volonté de nuire, tout simplement un manque d’information. Idem pour les clients. Il convient de rapidement les sensibiliser à ce qu’il sont en train de faire afin qu’ils retirent le requin de leur menu. A ce rythme, on va finir par nous proposer de la confiture de kangourou.

Je compte sur vous.

00:45 Publié dans Requinisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Animaux

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