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28/11/2012

Un requin blanc à La Réunion : c'est possible

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Comme vous le voyez sur cette capture d'écran du shark tracker d'Ocearch, un des 35 requins marqués par l'organisation entre mars et juin, se promène non loin de La Réunion (tout est relatif), en tout cas sous les mêmes latitudes.

C'est donc possible, ce dont certains doutait, mais qui ne m'étonne pas puisqu'on les aperçoit aussi, bien que rarement au Mozambique, en Floride et en Nouvelle-Calédonie. Le mythe du grand blanc dissuadé par l'eau chaude est donc définitivement dissipé.

On nuancera néanmoins le propos. En 6 mois, seulement deux des requins marqués sont remontés plus haut que la frontière du Mozambique et de l'Afrique du Sud.  On comprend donc qu'une rencontre soit encore plus improbable, mais tout aussi possible.

12/09/2012

Requins marteaux et requin des Galapagos à Malpelo

Novembre 2010, Malpelo, Colombie, cf. article précédent "meilleures plongées avec des requins : La Nevera" 

30/01/2012

Un nouveau massacre de requins à Malpelo

 

Marine colombienne, Columbian navy, Malpelo, Colombie, requins, pêche illégale






LE Bateau de la marine colombienne, prêt à bondir.






La semaine dernière, la marine colombienne a saisi un bateau de pêche costa-ricien de retour de Malpelo, la cale pleine d'ailerons de requins. 660 Livres. Il y a deux mois déjà cette même marine colombienne avait saisi un autre bateau, unique coupable appréhendé d'une flotille de 10 bateaux selon les plongeurs qui les avait surpris et avait attiré l'attention sur leurs activités. On a calculé d'après les prises de ce bateau qu'environ 2000 requins marteaux et soyeux avaient dû être pêchés par cette flotille. Cette dernière était doublement dans l'illégalité, pratiquant une méthode de pêche illégale (le finning) à l'intérieur d'une zone marine protégée, le Sanctuaire de Faune et de Flore de Malpelo, classé au patrimoine mondial de de l'UNESCO (en voilà encore une chose utile).

Il faut savoir que le bateau saisi ces jour derniers, faisait quant à lui partie d'une autre opération de pêche illégale (et qu'il y en avait là encore peut être 10 autres de plus sur zone au même moment que lui). C'est effrayant. Alors même que les opinions changent et que la consommation de soupe d'ailerons baisse en Asie, le massacre se poursuit.

Une première question vient à l'esprit. Combien de temps cet écosytème du pacifique Est pourra t-il soutenir de telles ponctions? Les plongeurs russes qui ont documenté le massacre affirment qu'après leur macabre découverte, ils ne virent plus un seul requin marteau sur place pendant le reste de leur séjour (soit environ 5 jours je suppose).  Cette dernière nouvelle ne m'étonne guère. En sentant et en voyant leurs congénères aux ailerons sectionnés agonisant sur le fond, les requins restants ont provisoirement dû fuir la zone, terrorisés. Ils reviendront sous peu, jusqu'au jour où il ne reviendront plus, parce qu'ils auront disparu de cette zone.

Il y a un an, de retour de cet ilôt au large de la Colombie, je vous avais parlé dans un post de la protection des requins à Malpelo (http://sharkuterie.blogspirit.com/archive/2010/12/08/la-protection-des-requins-a-malpelo.html) et vous avais expliqué le problème des ressources, sur place : un seul pauvre bateau rouillé, assez lent aux dires des gardiens du Sanctuaire. Qui plus est, un guide de plongée qui s'était rendu quatre fois sur place dans l'année m'avait calmement confié quand nous nous amarrâmes au bateau de la marine que c'était la première fois qu'il le voyait sur zone (!!!!).
Il semblerait qu'il en existe un deuxième. Il paraît. Les moyens de garantir la protection de la zone sont donc dérisoires et du coup les grandes déclarations des gouvernements sonnent creux.

Les gouvernements colombien et costa ricien se sont joints la semaine dernière pour souligner qu'ils allaient renforcer leur coopération, suite à ces derniers "incidents". La sincérité des colombiens, qui sont derrière toutes les révélations, n'est plus à prouver. Celle des costa riciens me paraît beaucoup plus douteuse. Passivité ou corruption, je n'en sais rien, mais les problèmes viennent souvent de ce pays qui se dit écologiste. Le Costa Rica ne pourrait-il prouver sa bonne foi en commençant par sanctionner ses ressortissants criminels ? Ne pourrait-il également mettre un tout petit peu plus de moyens au service de la protection des requins, puisqu'une bonne partie des pêcheurs illégaux battent son pavillon et déchargent leurs prises au Costa Rica.  Sans doute suis-je naïf. Le documentaire Sharkwater était édifiant à ce sujet.

A court terme, la seule solution que je vois serait à mon sens qu'on autorise plus de bateaux de plongée à Malpelo. Les bateaux de plongée ne peuvent arraisonner les pêcheurs illégaux (pas plus que les bateaux de la marine colombienne d'ailleurs, vue leur lenteur,) mais peuvent signaler les fauteurs de trouble aux autorités compétentes. Or avec plus de bateau de plongée, on pourrait garantir une présence quasi permanente sur place, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Aujourd'hui le nombre de bateaux de plongée est limité à un seul à la fois. On pourrait sans aucun problème en avoir trois sur place au même moment, sans que la faune n'en soit beaucoup plus dérangée, ni que les plongeurs ne se marchent sur les palmes.

Cette solution offirait également un avantage du point de vue de la sécurité. Il est dangereux de laisser un bateau seul, à 700 km des côtés, quand bien même il y aurait une présence humaine sur l'ilôt.

Dernière chose, augmenter et partager les revenus du tourisme écologique, c'est sans doute la meilleure façon de protéger les requins de Malpelo. 

01/01/2012

Y a t-il un courant froid qui rend possible le Sardine run?

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"En évitant un prédateur, les sardines se mettent à portée d’un autre : l’homme."

 



En ce début d’année, que je ne vous souhaite pas trop degradée, j’ai décidé de faire un petit article un peu moins requinesque sur le courant froid qui remonterait en Afrique du Sud de la côte Est de la province du Cap jusqu’au Kwazulu Natal et provoquerait la migration annuelle des sardines, appelée Sardine Run. Migration dont bénéficieront notamment les requins taureaux, les requins sombres et les requins cuivres. Les requins ne sont donc pas totalement absents de ce post.

Je regardais hier un épisode de la série de documentaires de la BBC “Great events” consacré au Sardine Run et je constatais qu’on n’avait guère évolué depuis 2009 sur l’explication de ce phénomène. Les mêmes erreurs perdurent.

L’explication que donne la BBC, emboîtant le pas de certains "scientifiques", serait qu’un courant froid venu du Cap remonterait le long de la côte, comme une langue de froid, dans le sens inverse du courant .

J’aimerais faire à ce sujet une ou deux observations factuelles. J’ai assisté au Sardine Run en 2005 , j’ai plongé de nombreuses fois avec les spécialistes locaux du Run qu’il s’agisse d’opérateurs de plongée, de photographes de passionnés ou même de scientifiques.

Un premier fait m’interpelle : un opérateur de plongée local, ancien du sharks board, m’a dit qu’il n’avait jamais observé, en tout cas de la South Coast du Natal jusqu’au Nord du Transkei, un courant remontant vers le nord. Le courant va toujours invariablement dans le meme sens en direction du sud ouest. C’est le courant qu’on appelle le courant des Aiguilles (Agulhas current), du nom de Cape Agulhas, le point le plus au sud du continent africain.

Certains se demanderont alors comment font les sardines pour remonter à contre-courant. La réponse à mon avis est qu’elle n’avancent que les jours où le courant est le moins fort.  En effet, les jours où j’ai pu observer des baitballs en mer, ou meme des poches des sardines depuis la plage, le courant était relativement clément.

Une chose est vraie néanmoins : il faut que la temperature de l’eau descende en dessous de 20°c, 19°c très exactement pour que les sardines apparaissent.

Je suis  sorti en mer tous les matins de 7 heures à 2 heures de l’après midi pendant deux semaines. La première semaine, la temperature de l’eau oscillait entre 22 et 23°c. Pas une sardine. C’est seulement quand la temperature est tombée à 19°c que les poches sont apparues. D’après les spécialistes locaux, elles resteraient au large, en profondeur quand la temperature du bord est trop chaude. Quoiqu’il en soit, quand la temperature a atteint les 19°c et que les baiballs ont commence à fleurir (3 en 2 jours), pas de trace d’un courant remontant le long de la côte.

Si les sardines s’approchent de la côte, c’est donc peut être pour une autre raison. Je ne sais laquelle. Est-ce par ce que la côte leur semble un meilleur endroit pour se protéger de certains prédateurs, les requins et les dauphins notamment qui en s’approchant du bord courent le risque de s’échouer (risque que certains prennent, parfois à leurs propres depens cf. http://www.youtube.com/watch?v=2BX-F5iVdk8)? Si c’est le cas les sardines ne sont pas bien inspirées. En évitant un prédateur, elles se mettent à portée d’un autre : l’homme.

Du coup, l’explication la plus plausible me paraît là encore être le courant des aiguilles, venant en sens inverse de leur progression. Peut être est-ce en longeant la côte qu’elles s’en protègent le mieux, comme le font des plongeurs qui se collent à un récif pour se protéger?

Ainsi, lors du Sardine Run, ll n'y aurait donc pas de courant qui remonterait vers le Nord, juste des sardines qui remonteraient à contre-courant en rasant les murs.

 

 

 

 

 

24/12/2011

Sur les récents marquages de requins bouledogue à la Réunion

 

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Le Capitaine Billy Black, fameux pêcheur au gros, préparant le fruit de sa pêche à Walker's Cay, aux Bahamas, qui abrite (abritait?) une impressionnante communauté de requin bouledogues. 2002

 

 

 

 

 

 

Certains d’entre vous ont peut-être suivi les liens postés par Ben concernant les récents marquages à la Réunion (qui étaient apparemment le fait d’initiatives privées), là même où avaient eu lieu certaines attaques. Comme vous l’avez dans ce cas vu, les résultats se sont avérés assez décevants. Un seul requin marqué par la première équipe et un autre par la seconde, au moment où le lien était paru. Ces derniers avaient encore quelques jours devant eux.

J’ai lu ici ou là des remises en cause de l’expérience ou de l’expertise des équipes ayant procédé à ces marquages. Certes, je n’avais personnellement jamais entendu parler de Fred Buyle, l’apnéiste belge qui a procédé au marquage d’un requin avec la première équipe, mais je n’ai pas l’impression que le choix soit particulièrement à remettre en cause. Pour une telle tâche, être un ancien champion d’apnée ne me paraît pas contre-indiqué, les bouledogues appréciant raser le fond ce qui ne les rend pas faciles à approcher.

Le problème ce n’est pas le marqueur, mais la technique de marquage.

De toutes mes plongées avec des requins bouledogues en Afrique du Sud et au Mozambique, je ne les ai jamais vus tourner autour des plongeurs comme le font d’autres requins. La plupart du temps, ils restaient à distance, rasant le fond, si ce n’est peut-être lors de la mise à l’eau où il venaient parfois jeter un rapide coup d’œil avant de repartir aussitôt. Il n’y a guère qu’à Walker’s Cay aux Bahamas que j’ai pu les voir vraiment de près, mais c’était là une situation exceptionnelle. Ils s’étaient habitués à venir à un endroit précis de l’île où l’on vidait les poubelles pleines d’entrailles et d’arêtes des poissons ramenés par les pêcheurs au gros qui fréquentaient cette île. On venait même les nourrir pour divertir le touriste, une à deux fois par semaine. En revanche, cela m’avait intrigué, pas un requin bouledogue lors de mes plongées bouteilles journalières, alors qu’ils étaient parfois une trentaine au bord de l’île. Pas de requin bouledogue non plus lors du shark feeding local (le shark rodeo), fréquenté par les requins gris, les requins des caraïbes et les requins nourrices. Ils ne mangeaient pas de cette soupe. Même chose en Afrique du Sud lors de mes plongées avec les requins tigre d’Aliwal shoal où ceux-ci sont appâtés, même s’ils ne sont pas à proprement parlé nourris. Des blacktips à ne plus pouvoir les compter, parfois jusqu’à 5 ou 6 requins tigres, mais pas de bouledogue. Le requin bouledogue est difficile à approcher en plongée et on ne l’attire pas en surface avec du vinaigre ou de l’huile plutôt.

Dans ces conditions on comprend que le travail des équipes réunionnaises, vue la technique choisie avait peu de chances de réussir.

Les grandes opérations de marquages de requins bouledogue qui ont eu lieu récemment, à savoir celles menées à Sydney Harbour et quelques km au nord en Australie et celle menée sur la Breede River dans la province du cap en Afrique du sud, ont toutes été faites sur des requins qui avaient été au préalable pêchés puis sortit de l’eau. Ceci demande pas mal d’expérience et de moyens puisqu’il faut posséder un harnais permettant de soulever l’animal tout en protégeant sa colonne vertébrale. Ensuite il faut pouvoir le protéger du soleil tout en faisant passer de l’eau dans ses ouïes. Cette opération doit se faire rapidement pour ne pas risquer de remettre à l’eau un animal qui mourra quelques minutes plus tard. Les équipes réunionnaises ont peut être voulu éviter cette technique qui cause certainement beaucoup de stress à l’animal, mais je crains que ce ne soit la seule permettant de mener à bien une étude fiable en marquant un nombre suffisant d’animaux.

Afin de capturer le requin bouledogue, les sud-africains comme nombres d’autres pêcheurs dans le monde utilisent de préférence des appâts vivants. C’est la meilleure garantie avec le requin bouledogue. Les pêcheurs au gros le savent bien qui voient souvent leurs prises sectionnées par les requins bouledogues dans les eaux qu’ils fréquentent. Ceux qui en doutent peuvent aller voir cette vidéo de requins bouledogues attaquant un tarpon en Floride (http://www.youtube.com/watch?v=HCqAafdU09E), il y en plein d’autres sur Youtube. Je vous en recommande également une autre où cette fois-ci c’est en eau douce dans la rivière Breede en RSA qu’un bouledogue découpe une gigantesque carpe. D’ailleurs, c’est dans cette même rivière Breede, je vous le disais qu’on a marqué et suivi une énorme femelle pendant 43h récemment. On a constaté à cette occasion que par moment elle suivait les bateaux de pêcheurs, une fois pendant 35 mn, semblant attendre une prise pour ensuite la dérober.

En conclusion, c’est avec des appâts vivants qu’il faudra peut-être songer à capturer les bouledogues réunionnais une prochaine fois, à condition d’avoir les experts et le matériel adéquats pour les marquer ensuite en dehors de l’eau.

Il me semble qu’il faudrait également envisager des marquages à des périodes différentes de l’année. Les bouledogues migrent parfois d’au moins 200 km au cours d’une année. Il n’est pas dit qu’il n’y est pas à la réunion une population de passage et des périodes de l’année où les bouledogues soient plus nombreux que d’autres. Mais bon, je dis ça, je ne dis rien.

24/11/2011

Quand un requin « attaque » un pêcheur sous-marin

Il y a quelques jours, trop d’ailleurs car j’aurais voulu poster cet article plus tôt, l’un de vous (Ben pour ne pas le nommer), m’a fait parvenir un lien concernant une nouvelle «attaque» de requin à la Réunion. Décidément. Rien à voir avec les précédentes. Géographiquement d’abord, puisqu’elle ne s’est pas produite du tout au même endroit de l’Île que les autres, ensuite parce qu’elle impliquait cette fois un pêcheur sous-marin.

Mais qu’appelle t-on une attaque exactement ? Il semble en effet qu’il s’agisse d’un mot fourre-tout dans lequel on mélange des choses fort différentes. On lui préfère d’ailleurs aujourd’hui bien souvent les termes d’accidents ou même d’incidents.

Une attaque, d’après le Shark Attack Files, est une rencontre avec un requin qui conduit à ce qui est perçu comme une agression (je dis bien « perçu » car bien des morsures sont en fait des morsures d’inspection du point de vue du requin) que le requin morde ou donne un coup. Un requin mordant un pêcheur décrochant un hameçon pris dans ses mâchoires constitue donc une attaque, mais une attaque provoquée.

Car on distingue deux sortes d’attaques : provoquées et non provoquées. C’est là que les choses se compliquent. En fait, seules les secondes correspondent vraiment à l’idée que se fait le grand public d’une attaque : un requin qui attaque sans raison apparente un baigneur. Là où les choses se compliquent, c’est qu’à partir du moment où l’homme n’est pas au menu, il est bien souvent difficile de parler d’attaques non provoquées, dans la mesure où chaque attaque possède toujours une ou plusieurs causes. Démystifier les attaques, choses à laquelle s’attèle souvent ce blog, c’est trouver ces causes.

Je ne reviendrai pas sur le fait que l’homme ne figure pas au menu des requins. Cela me semble évident si l’on rapporte une population de requins au nombre d’attaques qu’elle occasionne. Ainsi, au Cap, en Afrique du Sud, on compte en 2011 trois attaques mortelles occasionnées par des grands blancs pour une population d’environ 1000 individus. C’est très peu et si l’homme est au menu, il doit y jouer le même rôle qu’en cuisine une épice très rarement utilisée.

Provoquées ou non, c’est un peu comme pour les homicides, volontaires ou involontaires. La limite est parfois trouble, comme l’eau, comme l’intérieur d’une conscience qui nous est étrangère.

Quoiqu’il en soit, je pense que l’on devrait classer comme « attaque provoquée » l’attaque d’un requin sur un pêcheur sous-marin. Certes le pêcheur n’agresse pas directement le requin la plupart du temps, mais quoiqu’il en soit il chasse et il est normal qu’il ait à faire avec le maître des lieux, celui qui est au sommet de la chaîne alimentaire et avec lequel il entre directement en compétition même s’il ne le perçoit pas forcément lui-même.

L’attaque d’un pêcheur sous-marin est un combat entre prédateurs du point de vue du requin. Que le plongeur se soumette en abandonnant sa proie au requin et le requin le laissera le plus souvent tranquille. Quand Protea Banks en Afrique du Sud fut au début (vers 1993) un site fréquenté par les seuls pêcheurs sous-marins, ceux-ci se donnaient pour règle d’abandonner aux requins tous les poissons qu’ils n’avaient pas tués nets. Les autres attirant invariablement les requins en se débattant. Aucun accident ne fut alors à déplorer à ma connaissance, même si les requins s’avéraient parfois extrêmement inquisiteurs, puisque tout plongeur était alors pour eux un pêcheur en puissance.

Prélever une proie devant un requin, c’est à mon sens le provoquer et plus le requin concerné sera dominant, moins la provocation sera ignorée. 

28/10/2011

Meilleures plongées avec des requins : N°7, Raggie Cave, Aliwal Shoal, South Africa

Raggie Cave à Aliwal Shoal est sans doute l’endroit du monde (avec le site homonyme de Protea Banks, 70 kms plus au sud, au large de Margate et Shelly Beach) où l’on peut voir le plus de requins taureaux en une seule plongée.

On peut également observer des variantes de cette espèce en Caroline du Nord, en Australie et même au Liban, ai-je entendu dire, mais dans des quantités bien moindre. Le surnom de Raggie vient de Ragged Toothed Shark qui est le nom que les sud africains donnent au requin taureau. En Australie, on l’appelle Grey Nurse Shark et aux Etats Unis Sandtiger shark, mais il s’agit, à chaque fois, à peu près du même requin à la très sale gueule de voyou des mers. Il ne faut jamais se fier à la tête des requins.

Du fait de son faciès peu engageant, ce requin a particulièrement été massacré durant les années 60-70, en Australie notamment, où l’importante population locale fut en partie décimée par les plongeurs amateurs qui découvraient les têtes de harpon explosives.  Il s’agissait pour eux d’un trophée facile qui devait permettre d’en accrocher d’autres (plus féminins), une fois à terre. Les dragueurs à la noix surfent toujours sur des malentendus. Ce requin, dont l’apparence peu engageante ne fait que cacher un caractère assez pacifique, constituait une proie de choix pour ces pêcheurs sous marin voulant faire sensation à leur retour au rivage.

Le résultat est qu’aujourd’hui la population australienne est décimée et peine à récupérer.

On trouve deux principaux endroits de congrégation des requins taureaux à Aliwal Shoal : Raggie Cave et Cathedral. Cathedral est, comme son nom l’indique un peu, une cave qui semble posséder une voûte mais qui possède vraiment une entrée. Raggie cave n’est pas vraiment une cave, juste une succession de perforations larges dans le récif. Un couloir.

Quand nous montâmes dans le zodiac par ce joli matin de Novembre 2001 sud-africain, tout craignait du point de vue du sens commun, la pluie et les vagues, notamment. La compagnie n’était pas terrible, non plus (4 amerloques dogmatiquement obsédés de sécurité et ouverts comme des huîtres).

Après avoir poussé le volumineux zodiac à l’eau, après que, ne voulant pas démarrer, il nous ait bien imprégnés de vapeurs de kérosène matinales, les américains  vomirent à peu près tous pendant les 5 kms qui devaient nous conduire au site de plongée. Les poissons volants que nous croisâmes et qui, comme le souligne Audiard, ne constituent pas la majeure partie de l’espèce, n’en revenaient pas.

Nous aperçûmes également deux ou trois dauphins sur le chemin et, à une centaine de mètres, une baleine à bosse. En Novembre, les baleines redescendent du Nord. Peu importe.

Un rayon de soleil se pointa et nous stopâmes. Quelques secondes de calme sur l’océan indien que n’interrompit qu’une forme noire, ondulée comme une nappe, sautant hors de l’eau. Il s’agissait en fait d’une raie aigle.

L’américaine demanda au skipper « C’était quoi ? Un morceau de plastique ? »

Le skipper sud africain lui répondit que bien sûr, il y a avait des gros morceaux de plastique qui flottaient au dessus de l’eau partout en Afrique. Tout doux.

Nous n’êumes pas le temps de creuser le sujet car un espadon bondit hors de l’eau, la queue en godille sur 1m ou 2 avant de replonger. Il était petit. Pas plus d’1m50, plutôt moins. L’américaine ne le confondit pas avec marteau-piqueur.

La seconde après, de l’autre côté du zodiac un plongeur pointa à son doigt vers la surface. « Là, un requin ! » Je mis quelques secondes à localiser le sujet de cette agitation. A une vingtaine de mètre, un aileron dépassait de la surface dans le plus pur style hollywoodien. Il s’agissait d’un aileron de requin marteau hallicorne qui s’approcha de nous avant de repartir sous l’eau.

Il était grand temps de plonger à notre tour. Après toutes ces distractions, le zodiac redémarra pour se positionner à la verticale du point de plongée et nous plongeâmes en flottabilité négative. Regroupement à 3m et nous continuâmes jusqu’en bas, jusqu’à 18m.

L’eau était bleue verte, remplie de particules flottantes, mais finalement assez claire. Une houle décidait du rythme de nos mouvements. Très vite, une fois en bas, on réalisait vite qu’on était sur le chemin d’une requin taureau, venu de nulle part, et qu’il fallait laisser passer. Les requins semblaient se laisser promener par la houle et se contentaient d’un léger battement de queue au bon moment pour aller dans le sens qu’ils souhaitaient. Ils avaient l’air léthargiques. Il paraît que les requins taureaux récupèrent durant le jour des accouplements nocturne pendant cette période à Aliwal. Ils montent en hiver vers Sodwana, Cape Vidal et le Mozambique, pour redescendre vers le cap avec une escale à Aliwal au retour. On y voit fréquemment de grandes femelles (3 ou 4m pour les plus grandes) le derrière de la dorsale lacéré par l’accouplement.

Le couloir de Raggie Cave est fait de sable. Les requins taureaux aiment le survoler. C’est aussi là qu’on peut trouver les dents qu’ils perdent souvent lors de leurs accouplements. Le truc alors, c’était de laisser filer son air et de se poster à plat ventre en attendant qu’un raggie passe juste au dessus de vous. C’est ainsi qu’on obtient les meilleurs angles de caméra. Ce jour-là, j’en vis tourner autour de moi plus d’une quinzaine. L'un chassait l'autre, l'autre découvrait l'un. Ils se déplaçaient comme une farandole de fantômes hypnotisés. La bouche entrouverte en permanence, ils filtraient l'eau en l'absence de toute langue.

Je remontais au bout de quarante cinq minutes passées face à face avec ces requins aux dents qui leur sortent de la bouche. J'étais émerveillé. Pourtant cette congrégation n'avait rien d'exceptionnel. Il est arrivé qu'on voit une centaine de requins taureaux en une plongée à Aliwal.
Je les avais surpris durant leur sieste. J’avais remarqué cette particularité qu’ils ont de prendre l’air à la surface pour se donner une flottabilité neutre et errer somnolant au dessus du récif. J'étais content. Arrivé à la surface, des requins plein les yeux, je retrouvais la jeune américaine du début.

Nous nous hissâmes sur le zodiac, elle enleva son masque et me demanda immédiatement : « Did ya see that turdle ?? », mais je ne l'entendis pas.

26/10/2011

En rond

La semaine dernière, une troisième attaque de grand requin blanc en quelques mois a eu lieu en Australie de l'Ouest . En Australie, pays qui fut après l'Afrique du Sud un des premiers à protéger le grand requin blanc, on propose aujourd'hui (la région de Perth étant moins familière de cette espèce que la Nouvelle Galles du Sud), là encore, de prélever quelques spécimens, au pif, pour satisfaire les électeurs, tout en sachant bien que cela ne sert à rien, mais pour montrer qu'on se bouge.

Une conclusion s'impose. Que ce soit pour les pays a priori en avance dans la connaissance des requins (Australie) ou en retard (France (Réunion) et Seychelles), le naturel chevauche toujours la même Harley Davidson quand il revient au galop.

Il semblerait que nous ayons protégé à l'échelle mondiale le requin blanc sans que nous n'en acceptions  les conséquences. Comme pour le loup. La vérité est que nous voulons éradiquer ces animaux sauvages pour étendre nos prés verts d'ennui. Nous n'acceptons pas leur mode de vie qui se heurte au nôtre. La pratique sécurisée du kite surf est plus importante qu'une espèce toute entière.

Alors même que les effectifs du grand blanc n'augmentent pas en Australie (et diminuent probablement), l'homme fait confiance à ce bon sens, qui se trompe la plupart du temps, pour croire les sportifs aquatiques toujours plus nombreux à le repérer, parce qu'ils sont tout simplement plus nombreux dans l'eau.

Protéger le requin blanc, ce devrait être accepter qu'il y ait des attaques. Sinon, nous continuerons à tourner en rond.

10/10/2011

10 requins tigres et bouledogues pêchés sur arrêté préfectoral à la Réunion

Il y a de cela quelques jours, l’un de vous (et je l’en remercie vivement) m’a fait parvenir un arrêté préfectoral émanant de la Réunion et autorisant une « opération ciblée de prélèvement de requins ». En gros, la préfecture avertissait qu’elle avait décidé la prise de 10 requins tigres et bouledogue et ce afin de réguler une population de requins "côtiers sédentaires et dangereux" (suite aux quatre attaques mortelles recensées en 2011). Cette régulation par l'homme prête à sourire tant les spécialistes de ces espèces s’accordent à dire combien leurs effectifs ont reculé ces 20 dernières années, en particulier le requin bouledogue, ou requin du Zambèze.

Dans sa très grande rigueur, la préfecture ne donnait pas la répartition des prises entre les espèces. On se demande bien, de toutes façons, comment on en est arrivé à ce nombre de 10, puisque le rapport précise qu’on ne connaît pas la taille des populations de ces deux espèces.  Qui plus est le requin tigre n’est pas sédentaire, même s’il repasse souvent par les mêmes endroits. Quant au requin bouledogue, certes il est un peu plus casanier, mais on le voit quand même souvent faire des migrations de plus de 300 km entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. C'est dire la précision du ciblage.

Dernière petit détail : ces prises, était-il précisé, pourraient être faites à l’aide de palangres (ces longues lignes bourrées d’hameçons), technique de pêche qui comme chacun le sait permet une pêche extrêmement sélective.

Cette décision paraît totalement stupide (ne régulant rien du tout), et probablement motivée par de seules raisons électoralistes. Ne pourrait-on plutôt s’inspirer des autorités australiennes qui ont marqué les populations de requins bouledogues dans le port de Sydney. Connaître les déplacements de ces requins réunionnais, pour comprendre ces attaques et leurs circonstances, serait sans doute bien plus intéressant que de les pêcher 

Probablement s’apercevrait-on alors que ces populations n’augmentent pas, qu’elles décroissent au contraire, et que la cause est à chercher du côté d’une autre population, celle des surfeurs, qui passent de longues heures dans l’eau à des endroits fréquentés par les requins, et qui elle n’a cessé d’augmenter depuis l’apparition du surf à la Réunion dans les années 1970-80.

1 attaque mortelle en moyenne chaque année, quatre cette année. Nous restons sur des chiffres très bas comparés à d’autres dangers.

Il faut que les surfeurs acceptent ce risque, comme on accepte le risque de chute dans certains sports extrêmes, fût-elle mortelle, qu’ils oublient qu’il s’agit d’un animal et en particulier du requin avec tout ce que cela excite comme imaginaire. 

01/09/2011

Les requins bouledogues ne sont pas des tueurs aveugles

Le 14 juillet australien dernier, Australia Day, le 26 Janvier, des scientifiques australiens travaillant pour le Dr Smoothey ont monitoré une population de requins bouledogues qu’ils marquent en les équipant de transmetteurs depuis 2009 ( à la suite de l’attaque qui avait eu lieu de nuit dans le port de Sydney). Ils ont publié, il y a quelques jours, la carte de leurs déplacements. Les résultats sont édifiants.

 

Deux populations ont été marquées depuis 2009. D’abord dans la baie de Sydney qui devient ensuite bras de mer et s’enfonce dans un delta, puis, depuis octobre 2010 un peu plus au nord dans un écosystème qui semble proche pour celui qui regarde une carte, mais qui ne l’est sans doute pas tant que ça, vus les premiers résultats de l’étude : Clarence river. En effet sur le premier site, où environ une trentaine de requins ont été marqués (je ne suis pas sûr du chiffre exact), on ne trouve que des mâles. Sur le second site en revanche, rien que des femelles et de jeunes spécimens (25 individus marqués), ce qui est assez logique.

 

Les informations collectées lors de l’Australia Day ne concernaient donc que des mâles (mais le marquage de Clarence n’a commencé qu’en Octobre) dont la taille oscillait entre 2m20 et 2m80 environ.

 

Il s’avère que ce jour-là, au coeur de l’été austral, alors que les plages de Sydney étaient bondées, 7 requins bouledogues se sont baladés, parfois à proximité des baigneurs, sans qu’aucun incident ne survienne et surtout, c’est peut être la le plus étonnant, sans qu’aucun d’eux ne soit remarqué.

 

Cette observation m’a rappelé deux témoignages qui abondent dans le même sens. Il y a quelques années, sur la toile, je suis tombé sur un témoignage d’un plongeur américain qui disait qu’une population de quelques requins bouledogues traînait en quasi-permanence au bord d’un tombant qui créait une vague que les surfeurs affectionnaient tout particulièrement. Là encore, jamais le moindre accident. L’autre témoignage me vient du Mozambique, de Ponta Do Ouro, dont je vous ai souvent parlé. Un chauffeur de pick up m’avait confié, sans que je l’ai observé moi-même, que les enfants surfaient très souvent en compagnie de requins bouledogues et qu’ils s’amusaient même parfois à les taquiner. Si c’était mes enfants, je pense que j’aurais tout de même une petite conversation avec eux.

 

Tout ceci amène une première conclusion. Ce qui est exceptionnel, dans les zones qui constituent son habitat, ce n’est pas la présence du requin bouledogue, c’est le fait qu’il attaque (très très rarement) l’homme, alors même que leurs habitats se chevauchent plus que pour aucun autre requin.

 

Je ne reviendrai pas sur les conditions dans lesquelles un requin bouledogue peut être amené à parfois attaquer l’homme (cf. dans ce blog l’article « Dans quelles conditions le requin bouledogue risque t-il d’attaquer ? »). Ce que je veux dire ici et c’est ma deuxième conclusion, c’est que l’homme n’est en aucun cas une proie pour ce requin et que la coexistence de ces deux grands prédateurs que sont l’homme et le requin bouledogue est le plus souvent harmonieuse.

 

Je ne voudrais pas vivre dans un monde où il n’y aurait plus de requins bouledogues.

21/08/2011

Quels sont les requins responsables des attaques aux Seychelles?

En quinze jours deux personnes ont été attaqués et tués par des requins à Praslin aux Seychelles. Jeremy Cliff du Natal Sharks Board a conclu avec une certitude de 100% qu’il s’agissait pour la seconde attaque d’un requin blanc.  Les marques de dents portent sa signature et on a même retrouvé les restes disloqués d’une dent dans le corps du malheureux baigneur.

Le débat, ces jours derniers, voyait s’affronter les partisans du requin bouledogue et ceux du requin tigre. Le grand blanc a mis tout le monde d’accord et apparemment rassuré certains qu’il ne s’agissait que d’un requin de passage (c’est bien connu, le Mal est toujours extérieur), même si d’autres sont persuadés que ce requin attaque lors des marées qui suivent la pleine lune (lune de miel pour la victime, pleine lune pour le requin, tout se recoupe) et qu’il devrait faire une nouvelle apparition meurtrière le 29 août ( !!!!). Les Quint locaux se préparent pour ce rendez vous durant lequel ils n’attraperont évidemment pas le coupable, mais qui sera sans doute l’occasion de massacrer quelques spécimens d’autres espèces totalement innocentes qui passeront par là. C'est bien connu, quand un larcin est commis à Sarcelles par un individu de type asiatique, on a toutes les chances de trouver le coupable en arrêtant un japonais place de l'Etoile.

Il est désolant de constater, une fois de plus, que 25 ans après les dents de la mer, nous n’avons guère évolué. Tout d’abord pourquoi s’agirait-il d’un seul requin ou même d’un seule espèce ? Les attaques dans le New Jersey en 1916 qui ont inspiré les dents de la mer étaient elles-mêmes sans doute le fait d’au moins deux espèces (le grand blanc et le requin bouledogue). Pourquoi n’aurions-nous ici affaire qu’au seul grand requin blanc ? On a déjà vu dans cette partie de l’océan indien, des requins blancs et des requins tigres s’inviter à la même table pour dépecer une carcasse de baleine.

Je pencherais personnellement, même si le jeu des devinettes est ridicule, pour une combinaison de tigre et de blanc. Le requin bouledogue (ou requin du zambèze dans cette région) est une espèce relativement territorial (ou plutôt qui possède un territoire beaucoup plus petit). Sa présence dans ce cas aurait une signification beaucoup plus profonde que celle du blanc ou du tigre, requins maraudeurs qui avalent des milliers de kilomètres et qui n’hésitent pas à dévier de leur itinéraire habituel et faire un petit crochet pour un bon repas.

S’il s’agit du tigre et du blanc, ils ne devraient pas rester longtemps sur place. Pour les tigres, il me semble que c’est environ quinze jours, pour les blancs une semaine. Je me base sur les observations faites par les opérateurs en Afrique du sud avec les grands blancs de Dyer Island ou les tigres d’Aliwal Shoal. Les mêmes individus reviennent au cours de l’année, mais à chaque fois font des séjours sur place de ces durées respectives, si je me souviens bien. Dans ce cas, si c’est l’opportunité qui les a amenés, il faut juste s’assurer que la source de nourriture est bien tarie, car sinon, ce qui pourrait se produire, c’est que d’autres requins soient attirés (ce qui a d’ailleurs dû déjà se produire, car j’ai du mal à croire que le même requin aient pu attaquer deux fois, même si c’est techniquement possible). En attendant, j’éviterais personnellement de me baigner à cet endroit avant que l’affaire ne soit tirée au clair et qu’au moins 2 à 3 semaines soient passées. Ou plutôt non, j'irais vite voir avec une bouteille sur le dos.

03/06/2011

Les requins préfèrent AC/DC

Un opérateur australien prétend attirer les requins en diffusant sous l’eau des chansons d'AC/DC, groupe de hard rock, australien bien sûr.

Parmi de nombreux groupes de musique testés, c’est à AC/DC que les requins répondent le mieux semble t-il, allant jusqu’à se frotter à la cage d’où le son est émis. Pas sûr que cet opérateur ait tenté l’expérience avec un concerto pour piano de Rachmaninov.

Sont-ils attirés par les riffs de « If you want blood » ? Je ne le pense pas. Les requins sont-ils attirés par AC/DC parce que le nom de ce groupe fait référence à l'électricité. Non plus. Il s’agit plus probablement des basses fréquences, apparemment plus présentes chez ce groupe que ceux auxquels il a été comparé, qui intéressent les squales. A mon avis d’ailleurs, la techno marcherait encore mieux. Pas sûr non plus que notre ami australien en écoute.

Déjà en Afrique du Sud, Trevor Krull utilisait à Protea Banks ce qu’il appelait un Shark Whisperer (pas besoin de paroles, ni de mélodie). Un engin émettant de basses fréquences lui servait à attirer les requins du zambèze (requins bouledogues). Les opérateurs qui à la pointe du cap de Bonne espérance attirent requins mako et requins bleus utilisent eux aussi des appareils sonores. Ce système présente l’avantage de ne pas appâter. Y a-t-il un phénomène d’accoutumance qui ferait que les animaux réagiraient moins au bout d’un certain temps ? Je n’en sais rien, mais je ne le crois pas.  Je n’ai encore jamais fait cette plongée à la pointe pour voir les requins bleus électriques, mais je n’y manquerais pas la prochaine fois. Dans quelques mois peut être. Je vous tiendrais au courant. 

31/03/2011

Un tout petit peu plus sur le nombre de grands blancs

Depuis mon dernier article quelques mails instructifs me sont parvenus. Merci. Je vous avais prévenu, tout cela n'était pas très scientifique, mais mieux que rien. J'ai appris depuis 2 choses importantes. Une étude conduite à la fin des années 80 début 90, avait conclu à une population d'environ 1200 individus en Afrique du Sud (mais celle-ci a dû bien décliner depuis). Une autre en Australie identifiait 250 individus. Ce qui est bien moins que ce que je pensais. Là dessus, j'ai bien dû oublier des populations inconnues, ce qui m'étonnerait un peu car le blanc est un requin qui aime passer par les côtes.

Dans tous les cas, je pense que la population totale doit se situer entre 3000 et 7000 individus (mon intuition penchant pour la fourchette basse), ce qui vous le reconnaîtrez est bien peu.

25/01/2011

Plongée N°3 : La Nevera, Malpelo, Colombie, le 16 Novembre 2010

 

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Un groupe de requins marteaux passant devant l'observatoire de La Nevera

 

 

 

La Nevera, qui signifie le réfrigérateur en espagnol, est située sur le côté ouest de l’île de Malpelo, au large de la Colombie. De tout mon séjour, j’ai dû plonger au moins 5 fois à cet endroit. Il faut reconnaître que c’est là que le flux de requins marteaux est le plus constant. Certes, on voit des marteaux un peu partout à Malpelo, mais nulle part avec la même régularité qu’à la Nevera. Tout du moins, pendant mon séjour.

Lors de ma première plongée sur ce site, il y avait un peu de courant et je me laissais entraîner trop rapidement hors de la zone la plus intéressante. Pas besoin de couvrir beaucoup de distance à la Nevera. Je devais l’apprendre par la suite.

La dépose se fait assez près de l’île. A une dizaine de mètres de la falaise. A flanc d’abîme. De là, on descend directement jusqu’à 25m pour trouver la pente de la montagne que l’on suit aussi longtemps que l’on veut. A 35 m la pente s’adoucit et fait place à une étendue de sable qui descend. Je ne sais pas jusqu’à quelle profondeur.

Je descendais jusqu’à 40 m pour apercevoir deux ou trois marteaux qui tournaient au dessus du sable. L’un s’approcha doucement. Il dodelinait de la tête comme pour mieux se faire filmer. Pour mieux se faire nettoyer en fait, car la Nevera, comme Malpelo en général est une station de nettoyage, un endroit de repos pour les marteaux. Ils ne s’approchent pas du récif pour se nourrir, on les voit souvent nager dans le sens du courant, chose que ne fait jamais un requin en mode chasse.

Distinguant d'autres requins un peu plus loin, je poursuivais tout en filmant jusqu’à 45/50m, accompagné par un plongeur italien, mais laissant derrière moi ma femme que son Suunto Vyper n’autorisait pas à descendre plus bas. Ce fut alors « comme une apparition ». Un mur de requins marteaux se dessinait devant moi à une vingtaine de mètres. L’heure de pointe ? Il s’agissait de tout un groupe de petits spécimens (1m50/2m)). Il devait y en avoir entre soixante et quatre-vingts. Peut-être plus, impossible à dire, la visibilité ne me permettant pas de voir au-delà. Hélas, le flot de requin se tarît un peu vite. Alors que je me mettais déjà dans la peau d’un piéton s’apprêtant à regarder passer Pari roller un vendredi soir d’été, quelle ne fut pas ma déception de les voir repartir aussi vite qu’ils étaient venus. Le tout dura quelques poignées de secondes, pas plus. Ils disparurent au delà du rideau de la visibilité, au dessus du sable, comme des fantômes. L’instant d’avant, ils étaient partout et, tout à coup, il n’y en avait plus un.  Ils s’en étaient allés comme un seul requin, parfaitement synchronisés.

Quoiqu’il en soit, j’étais déjà  entré en décompression d’environ 7 mn et il était grand temps d’amorcer la remontée. Pas vers la surface, je vous rassure, mais vers l’observatoire. Nous remontâmes l’étendue de sable vers la paroi rocheuse, récif côté gauche, pour aller nous installer à l’observatoire. L’observatoire, c’est le lieu où il faut être à la Nevera. Il s’agit d’un promontoire rocheux donnant sur le bleu, situé à entre 20 et 25, qui a le bon goût de comporter plusieurs roches plates sur lesquelles les plongeurs peuvent s’installer. Une fois en place il n’y a plus qu’à attendre en regardant arriver le trafic sur sa droite. Je m’installais, retrouvant là deux autres plongeurs espagnols qui filmaient un documentaire. Nous restâmes quelques minutes, le temps de voir passer deux petites formations de trois puis six requins marteaux. Le nombre était compensé par la taille des animaux qui était nettement plus imposante que celle du groupe rencontré plus bas. Mérous et carangues, nous tinrent compagnie entre les passages. Les minutes de décompression s’empilant les unes sur les autres, je décidai de rentrer, laissant à mon plus grand regret mes collègues espagnols avec un troisième groupe de 4 marteaux qui passaient.

Mon compagnon italien me suivait et nous aperçûmes alors à 10/15m, notre palanquée de départ (pour votre information chaque plongeur possédait un système de localisation permettant de signaler sa position à son buddy et au bateau en cas de difficulté). En remontant j’aperçus le long de la paroi un requin à pointe blanche qui ne justifiait pas à un arrêt. Arrivé à 10m nous nous éloignâmes de la paroi et commençâmes, un palier de 14mn. Au bout de dix minutes, nous fûmes gratifiés de la visite d’un banc de thons albacores. Il devaient être environ 300 et défilèrent sous nos yeux sans s’attarder.

En sortant de l’eau, je souriais. J’avais dû voir pas loin d’une centaine de requin en une plongée.

Plongée extraordinaire ? Sans doute. On vient à Malpelo pour ses bancs de marteaux notamment et j’en avais aperçu un. Mais on attend tellement de Malpelo que je restais un peu sur ma faim. Combien y avait-il de requins dans ce groupe rencontré en bas ? Il n’avait peut-être manqué qu’un peu plus de visibilité pour en distinguer une centaine de plus. 

 

 

04/01/2010

Les requins blancs s'attaquent eux-mêmes

Un requin blanc se cachait dans le noir. Il nageait à quelques centimètres du fond, tôt, très tôt le matin, avant que les rayons du soleil ne le dénoncent. Quand le soleil est au zénith, les profondeurs perdent de leur intimité.  Il faut savoir en effet que le requin blanc se cache dans la noirceur du fond comme les léopards se cachent dans les buissons. Comme le léopard, il chasse à l'affût.

A la surface, il aperçut la silhouette d’un autre requin blanc qui lui ressemblait étrangement et qui se tapissait en haut, de l’autre côté, sur l’autre fond. Un requin qui lui était en tous points semblable, à ceci près que ce n’était pas lui. Un requin symétrique.

Il remarqua alors les jambes d’une baigneuse qui perçaient la surface, bercées par les rayons obliques du soleil du matin.  Il tourna alors rapidement sur lui même, pris son élan et s’élança. La profondeur était de 18 m. Il allait l’annuler plus vite que ça.

Plus il s’approchait de la surface, plus les réflexions prenaient de la place dans son cerveau en Y de requin blanc. Plus il remontait, plus c’est son image qu’il apercevait se reflétant dans la surface. C’était bien lui qu’il voyait. Du reflet de sa bouche sortait les deux jambes de la baigneuse, comme de longues dents désarticulées.

Ne pouvant stopper, ni même ralentir son ascension, emporté par son élan, il se saisit de cette paire de jambes, convaincu d’avoir perdu son temps, convaincu au final de s’être fait mal à lui même. Inutilement.