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11/04/2008

Quelques commentaires sur Sharkwater

Je tiens à commencer ce post par un grand remerciement à Rob Stewart qui a fait plus que n’importe qui pour défendre les requins, voire plus que tous les autres réunis. Si l’on peut discuter la caisse, on ne peut nier la résonance.

Vous l’aurez compris, c’est la partie « Oui » de l’article. Et elle n’est pas finie. Certaines images sont exceptionnelles, d’autres insoutenables, parfois les deux en même temps. Le traitement de l’image (notamment dans les scènes en noir et blanc de la première partie) et la bande son sont magnifiques.

Certains regretteront les scènes du début qui ne font que répéter ce que de si nombreux documentaires ont déjà dit. Peu importe, la visée est pédagogique. On prend les gens là où ils sont pour la plupart et on les emmène par la main un peu plus loin.

Entamons la partie : "Bon!"

Rob Stewart aime bien se voir. Il se met beaucoup en scène. Espérons que ce narcissisme ne cache rien. Espérons que nous ne sommes pas face à un Michael Moore de l’écologie documentée. Une première excuse me vient cependant à l’esprit. Il développe un côté personnel de sa relation de fascination aux requins qui me plaît. Puis une seconde, plus terre à terre : de nos jours, et pour plusieurs raisons qui tiennent aux coûts rapportés aux revenus qu’implique son combat, il a tout intérêt à médiatiser sa personne s’il veut le poursuivre.

Le film devient à mon sens vraiment passionnant à partir du moment où nous entrons, c’est le cas de le dire, dans le vif du sujet. Le massacre organisé. Saluons au passage le courage du réalisateur et de tous les membres du Sea Shepherd, même si je ne partage pas leur avis sur l’efficacité de ces méthodes.

Prenons un exemple que cite Paul Watson lui-même, qui croit que ce sont les individus seuls et l'action violente qui font bouger les choses : Nelson Mandela et la cause noire en Afrique du Sud. Héritier de Gandhi, Mandela n’a jamais vraiment cru, me semble t-il, à la lutte armée que menaient ses condisciples. Ce n’est pas à mon sens qu’il s’y opposait par principe, même si je n’en sais rien, mais j’ai surtout l’impression qu’il ne croyait pas en son efficacité. La lutte armée à surtout permis à certains rebelles de l’ANC de se faire exploser leur propre gueule avec leur propre bombe, tandis que Mandela a fait plier le gouvernement d’abord depuis sa prison, puis par les grèves qui paralysèrent l’économie sud africaine.

Inutile de le souligner, nous entrons dans la partie "mais" de l'article.

Ramenons tout cela aux requins. Si l’action de Paul Watson est utile, car elle contribue certainement à faire peur à certains braconniers, elle semble dérisoire. Je ne crois pas qu’on puisse empêcher de pauvres gens aux quatre coins du monde de tenter de gagner à tout prix cet argent qui leur fait si cruellement défaut. Qu’ils soient exploités par des salauds, aucun doute. Qu’ils soient eux-mêmes coupables, non. Je pense que même si une action de Police comme celle de Paul Watson est nécessaire et devrait être prise en charge au niveau international vue l’urgence de la situation, elle ne peut se faire sans que parallèlement soit mèné le vrai combat, celui qui consiste à faire cesser la demande. C’est aux consommateurs qu’il faut parler. Ce sont eux qui attaquent et mangent les requins. C’est aux gouvernements qu’il faut aussi s’adresser pour faire interdire ce commerce qui ne pèse finalement pas si lourd à l’échelle d’économies comme celles de la Chine et de Taïwan. C'est la demande qui tarira l’offre, comme pour l’ivoire.



Autre chose, puisque je parle du marché asiatique. Le documentaire n’évoque pas l’ensemble des protagonistes de ce carnage planétaire. Ce n’est pas forcément un oubli volontaire, mais assurément une omission malencontreuse. Sachez cependant que de nombreux pays occidentaux, avec une mention spéciale pour l’Espagne et l’Australie (la France est dans le coup aussi), participent activement à fournir le marché asiatique. L’Afrique du Sud elle-même a accordé une quinzaine de licences à des bateaux taïwanais, depuis au moins cinq ans.


Voilà, en conclusion, merci quand même Rob! Ca commence à bouger.