Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/12/2009

Jaws : Metaphor of a Serial Killer

How could one speak of men and sharks without mentioning the story that has been bonding them for the last 30 years : Jaws, a perfect example of anthropomorphism.

In a society that has expelled all the threats at its boarders, which has made violence become abstract, a ferocious beast comes up from the abyss to stalk peacefull holidaygoers.

Fear, at last, has a face that one can visualize. Ironically, Man feels threatened by an animal on the brink of extinction.

True, a white symbol death, cold and mechanic, can at any anytime interrupt innocents swimmers lives. It can stalk anywhere (in shore or offshore), at any time (day or night). It can attack anyone (men, women, children and even domestic animals). Doesn’t it remind you of someone else ? The beach is a metaphor of urban no man’s lands. A beach is a Society in transit which lays its differences like a towel. The perimeter of the towel resembles the fences of those small suburban houses. The family close by resembles those neighbours that we see all year long, but that we hardly know. Our neighbours are anonymous and won’t be of any help if a danger threatens us. We are alone in the middle of a crowd, like preys on a train platform. Everybody knows this, populations in transit are the prime target of blind and anonymous killers. A cheetah will only kill one impala at a time, but the whole herd is its prey. As a result the whole herd feels a little nervous.

The threat is permanent, omnipresent because it cannot be confined. Being nowhere it is everywhere. The risk is small, but this small probability is compensated by the very nature of this risk : being sliced and eaten alive. The price to pay seems even higher because the risk is small. One can notice that the this description fits perfectly the portrait of the ideal killer. It is a white male. He is solitary and its jaws are covered with seven rows of pointy teeth. He is called the great white, which he is, but only seen from below. He haunts the blue of our psyche and lives in the depths of our unconsciousness. His back, on the contrary to its belly, is black like the abyss. Its teeth are the hidden memory of ancient days when our skin was permanently at risk of being cut open. They are the proof of a frailty which is essential to us, of a fear which will always be there, at hand, like a kitchen knife. Maybe the great white is somehow reassuring, like those serial killers whose number remains stable despite our growing interest for them. As long as we will be scared of him, we won’t beware of our own selves and he will remain the only victim of an adult fairy tale in which he should play no part. The supposedly killing machine is in fact the victim. 

15/02/2006

Le Grand Blanc, métaphore du serial killer



Comment parler des requins et des hommes sans parler de leur principal point commun, cette histoire qui les lie depuis trente ans, les Dents de la Mer. Un modèle d’anthropomorphisme.

Dans une société qui a expulsé toutes les menaces à sa périphérie, qui a rendu la violence abstraite, une bête féroce remonte des profondeurs pour se saisir de paisibles vacanciers. La peur a de nouveau un objet qu’on peut se représenter. Comble de l’ironie, l’Homme se sent menacé par un animal en voie de disparition.

En effet, il ressort qu’une Mort blanche, mécanique et froide peut à tout moment venir interrompre d’innocentes (quoique…la nana de la première scène sait de quoi je parle) baignades. Elle peut frapper n’importe où (au large comme au bord, en mer comme en eau douce), n’importe quand (de jour comme de nuit), n’importe qui (femmes, enfants et même animaux domestiques). Ca ne vous rappelle personne.

La plage est une métaphore de ces no man’s land urbains que constituent tous les lieux de transit. Une plage, c’est une société qui ne fait que passer et qui pourtant étale ses différences comme une serviette de bain. Le périmètre de la serviette reproduit celui des clôtures qui entourent ce pavillon de banlieue que l’on habite d’ordinaire. La famille d’à côté, dont les enfants empiètent sur notre territoire, ressemble étrangement à d’autres voisins, que nous côtoyons à longueur d’année, mais dont nous ne connaissons guère que le nom. Nos proches sont finalement des anonymes qui ne nous seront d’aucun secours en cas de danger. Nous sommes seuls au milieu de la foule, comme des proies sur un quai de gare. C’est connu, les populations en perpétuel transit sont les cibles privilégiées de tueurs aveugles et anonymes. Un guépard x ne tuera certes qu’une seule gazelle y, mais toutes les gazelles sont sa proie. Du coup, c’est le troupeau tout entier qui se sent nerveux.

La menace est permanente, omniprésente, parce que non circonscrite. N’étant nulle part, elle peut être partout. Le risque est certes faible, mais cette faible probabilité est compensée par la nature même du risque : être découpé puis dévoré vivant. Le prix à payer semble d’autant plus élevé que le risque ne l’est pas.

On remarquera que le coupable désigné correspond parfaitement au portrait robot du tueur idéal. Il s’agit d’un mâle de race blanche. Il est solitaire et ses mâchoires sont garnies de sept rangées de dents acérées. On l’appelle le Grand Blanc, ce qu’il est, mais seulement vu d’en dessous. Il hante le bleu de notre psyché et habite les profondeurs de notre inconscient. Son dos, contrairement à ce que son ventre pourrait laisser croire, est noir comme les abysses. Ses dents sont le souvenir enfoui d’un temps éloigné où notre peau courrait à tout moment le risque d’être déchirée. Elles sont la preuve d’une fragilité qui nous est essentielle, d’une menace qui sera toujours là, à portée de la main, comme un couteau de cuisine.

Ce requin blanc n’est-il finalement pas rassurant, comme tous ces tueurs en série dont le nombre augmente aujourd’hui moins que l’intérêt qu’on leur porte. Tant que nous aurons peur de lui, nous ne nous méfierons pas de nous-mêmes et il restera la seule victime d'un conte de fées pour adulte dont il n'est même pas le sujet.

Vus du dessus, même les requins blancs ne le sont plus.