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24/07/2007

La suppression des filets anti-requins

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En Juin, lors du Sardine run, les filets de protection sont relevés pour éviter un carnage parmi les prédateurs de toutes sortes qui s'approchent inhabituellement de la côte pour suivre les poches de sardines. Plage de Hibberdene, Afrique du Sud, Juin 2007.




Une expérience menée par le Natal Sharks Board est en cours depuis peu en Afrique du Sud qui vise à collecter des informations en vue de supprimer les filets anti-requins et de les remplacer par un autre système appelé « drumline ». Une drumline est une installation qui consiste en une bouée amarrée au fond à laquelle est accroché un hameçon auquel est fixé un appât. Mais comment une ligne pourrait-elles remplacer un filet vous demandez vous? Ceci signifierait qu’il n’y aurait plus de barrière entre les baigneurs et les requins. C’est que vous ignorez le fonctionnement des filets de protection.

Ces filets ne constituent nullement une barrière infranchissable entre la plage et le large. Ils n’ont pas pour but de tenir éloignés les requins des baigneurs, mais tout simplement d’exterminer les spécimens ayant tendance à s’approcher un peu trop près du rivage. Ces filets d’environ 200m de long et six de large, sont généralement installés à 400m du rivage dans des eaux où la profondeur n’excède pas 15m. Parfois, on trouve deux rangées parallèles de filets, d’autres fois le système est complété d’une ou deux drumlines. Toujours est-il que le requin peut passer en dessous ou au dessus du filet. D’ailleurs plus de la moitié des prises sont faites côté plage. J’espère que vous voilà rassurés pour la prochaine fois où vous viendriez à faire trempette sur les plages du Kwazulu Natal !

Pourtant, vous pouvez l’être. Quasiment aucune attaque n’a été observée depuis la pose de ces filets dans les années 1960 (en 1952 pour la plage de Durban qui en comporte 17). Les rares exceptions, dont les plus célèbres furent les 4 attaques de Décembre 1974 sur la plage d’Amamzimtoti,, n’eurent lieu que parce que le système était défaillant et la baignade par conséquent interdite. Deux autres attaques eurent lieu jusqu’à aujourd’hui dans des circonstances que je ne connais pas. Aucune de ces attaques ne fut fatale.

Comment expliquer ces chiffres alors que le système n’est pas totalement « étanche» . Trois explications me viennent à l’esprit. La première, qui est la plus préoccupante, est que les requins qui ont pour habitude de s’approcher de ces plages sont systématiquement éliminés. Une seconde, qui n’est qu’une supposition, est que les requins craignent peut être désormais de s’approcher de ces plages et les évitent. La vue de congénères pris dans les filets les a peut-être amenés à éviter certaines zones. Cousteau ne raconte t-il pas qu’après avoir harponné un requin lors d’une plongée en mer rouge, ses congénères évacuèrent la zone pendant quelques jours, probablement méfiants ? La troisième est que, mis part le grand requin blanc, la plupart des requins potentiellement dangereux s’approchent du bord plutôt de nuit. Ce qui expliquerait les prises côté plage. C’est connu, n’en déplaise à certains, les requins évitent la présence de l’homme.

Le problème que posent ces filets est cependant double. Tout d’abord, ils tuent inutilement beaucoup d’animaux : dauphins, tortues, raies, requins inoffensifs et autres pélagiques. C’est ce que vise à corriger la pose de « drumlines ». En ceci, elle constitue un véritable progrès. Les premières expériences menées montrent qu’elles n’affectent vraiment que les espèces visées, à quelques rares exceptions près. Tout juste observe t-on des prises anormalement élevées de requins sombres. Mais peut être cela tient-il à des facteurs extérieurs ponctuels au moment des essais ou à un défaut du système (appât ?). Ce problème devrait être facilement corrigé selon les experts. Un résultat reste néanmoins troublant. Les drumlines poursuivent l’œuvre entamée par les filets, à savoir l’éradication du requin du Zambèze. Alors même que les filets anti-requins prenaient à l'origine 150 requins de cette espèce par an, ce nombre est tombé de nos jours à 50. Il ne semblerait pas que les drumlines épargnent plus cette espèce.
Ceci s’explique par l’extrême vulnérabilité du requin du Zambèze qui est, parmi les requins visés, celui qui passe le plus de temps au plus près de la côte. Son habitat est directement menacé par l’homme. La seule véritable solution pour protéger cette espèce serait de retirer complètement les systèmes de protection de certaines plages. L’homme ne peut-il sacrifier quelques bains en pleine mer s’il ne peut contrôler sa peur? Ne peut-on construire des piscines, naturelles ou non, qui suffiraient peut être aux baigneurs ?

Et si pour une fois c’était l’homme qui s’adaptait ? D’autant qu’il n’a guère plus de raisons de craindre une attaque avec que sans filet. Il a très peu de chance d’être attaqué en l’absence de filets et il a quand même quelques chances de l’être en leur présence.

It's the mind. C'est dans l'esprit des gens qu'il faudrait placer quelques filets de protection.