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07/07/2009

Les absences du requin pèlerin

Le requin pèlerin doit son qualificatif aux premières observations répertoriées qui se basaient sur les apparitions saisonnières de cet animal de passage ; passage qui finit par s’installer pour devenir son essence, avec une certaine connotation religieuse qui ne vous aura pas échappé. Le requin pèlerin est en effet un requin en pèlerinage. On supposait alors, bien entendu, que l’objet de ce pèlerinage était nos côtes qu’il visitait en été. Personne ne connaissait alors les Maldives, qu’il ne visite d’ailleurs jamais..

Ce qu’il faisait le reste de l’année, notamment pendant les longs mois d’hiver, fut longtemps sujet à conjectures. Nombreux furent ceux qui tentèrent ou furent tentés par la thèse de l’hibernation. Il faut dire que la saison s’y prêtait.

Rien ne confirmait, ni n’infirmait leurs dires, si ce n’étaient les disparitions fantomatiques de l’animal. Ses absences à répétition. Il devait partir vers le bas, mais qu’y faisait-il au juste et où. ? On l’imaginait un peu plus loin et beaucoup plus profond. Plus tard on imagina qu’il suivait le plancton en des régions marines isolées.

Aujourd’hui, le doute a de moins en moins de place. Tous les ballons sont crevés et presque tous les mystères sont percés. Les bateaux disparus aux Bermudes sont sortis d’une brume liquide grâce aux sonars et autres voyeurs aveugles des fonds. Il était donc normal que tôt ou tard l’hibernation des requins pèlerins refasse surface.

C’est chose faite depuis peu. On a enfin réussi à marquer le requin pèlerin avec de petits enregistreurs de données qui tiennent suffisamment de temps accrochés à l’animal pour suivre ses moindres mouvements. C’est tout récent. Ca date d’il y a à peine un an.

Et qu’a t-on découvert au juste de bien intéressant? Que le requin pèlerin se livre à un long pèlerinage circulaire, qu’il tourne en rond comme sied à son espèce. Il tourne inversement au sens des aiguilles d’une montre, emporté dans le tambour de la machine à laver du Gulf Stream.

Où passe t-il l’hiver nordique ? Au sud du Nord, normal. Aux Bahamas qu’il aperçoit au loin,en transit 800m plus bas. Il prend l’avion, l’avion pèlerin, celui qui atterrit au fond.

Que fait-il alors ? Les enregistreurs ne le disent pas. C’est la limite du truc. Si ça se trouve, il entre en hibernation, comme le pensaient les anciens. La saison s’y prête drôlement.

09/01/2008

Et si on commençait l'année par des poissons d'avril ?



Requins blanc, Dyer island, Juillet 2005



Bonne année à vous qui êtes trois fois plus nombreux que l’année dernière à la même époque. Ce qui me fait le plus plaisir, ce sont les mails que je reçois et vos commentaires qui se font un peu moins rares. A cet égard, n’hésitez pas à me faire part des articles qui vous intéressent afin que je poursuive dans ce sens. Je compte prochainement revenir sur une rubrique un peu délaissée, celle de mes « meilleures plongées avec des requins ». Je vous réserve également quelques nouvelles vidéos dont la qualité devrait être meilleure, grâce aux convertisseurs de fichiers désormais disponibles.

La cause des requins fait son chemin. Leur éradication a même fait l’objet d’une séquence lors du zapping de fin d’année sur Canal plus. Il faut à cet égard saluer le travail de sensibilisation énorme accompli par le film Sharkwater. Il semble que l’heure, plus qu’à la sensibilisation, soit désormais à l’action. Et de ce côté, il y a beaucoup de travail. J’ai pu constater en deux passages sur le marché de St Martin de Ré cet été, qu’à chaque fois le requin était proposé aux consommateurs. Une fois du requin taupe, l’autre du requin bleu. Parlez aux poissonniers, parlez aux consommateurs. C’est en supprimant la demande qu’on arrêtera l’offre. Il est plus facile et plus légitime de convaincre un Européen bien portant qu’il peut se passer de requin, qu’un pêcheur Sénégalais dans le besoin qu’il doit renoncer à cette source de revenu.

L’année a commencé avec une nouvelle étonnante. Le feuilleton de la présence du grand requin blanc sur les côtes anglaises se poursuit. La nouvelle est cependant à prendre avec les plus longues pincettes disponibles, car elle émane au départ, une fois de plus, du très sérieux Sun. Ce journal même qui nous faisait part de la possible présence cet été d’un requin blanc sur les côtes du Cornwall, attestée par une vidéo. Très vite le débat s’était alors porté sur le fait de savoir si l’aileron filmé ne pouvait être celui d’un très gros spécimen de requin taupe. On avait juste oublié de se demander si cette vidéo avait bien été filmée en Angleterre, ce qui n’était justement pas le cas. Il s’agissait en fait bien d’un requin blanc, mais d’un requin blanc Sud Africain. Le requin blanc a remplacé le monstre du Loch Ness. L’animal en voie de disparition a donc fini par accéder au statut de créature mythique dans l’inconscient collectif britannique, ce qui n’est guère rassurant. On utilise les mêmes stratagèmes qu’hier pour faire croire à sa présence.

Il faut également rappeler qu’au cours des deux précédentes années une promeneuse avait déjà cru apercevoir un grand blanc du haut d’une falaise du Cornwall et un surfer avait cru distinguer la silhouette d’un requin bouledogue alors qu’il était assis sur sa planche dans la même région (ce dernier événement avait d’ailleurs fait l’objet d’un article de ma part). Il s’agissait probablement dans les deux cas, au vu de l’endroit et de la saison, de requins pèlerin.

Cette fois-ci, la nouvelle a l’air plus sérieuse ou la supercherie plus élaborée. Un phoque gris a été retrouvé mort le 4 Janvier sur la cote du Norfolk, portant les signes caractéristiques d’une morsure de grand requin. Une gigantesque morsure en forme de demie lune qui au-delà de la graisse a atteint les organes vitaux de l’animal. S’il s’agit d’une requin (et il ne peut s’agir d’un orque vu la taille de la machoire), il s’agit probablement d’un requin blanc. A ma connaissance le Mako n’attaque pas les phoques et quand bien même ce serait le cas, il s’agirait alors d’un spécimen d’une taille hors du commun (ce qui est toutefois possible, une pièce de 884 livres ayant été pêchée cette année).

Cette première nouvelle en a déclenché une seconde, relayée cette fois par le Daily Mail, journal tout aussi sérieux qui s’interroge encore sur les véritables circonstances de la mort de la princesse Diana. A la lecture de l’article du Sun, un pêcheur du Suffolk aurait fait le rapprochement avec une carcasse de marsouin qu’il avait observée et prise en photo à l’aide de son téléphone portable sur une plage le 1er Janvier au matin. Cette fois-ci, il s’agit d’une proie, certes occasionnelle, mais entrant dans le menu du requin mako. Qui plus est, les mutilations que l’on constate sur ce qu’il reste de la carcasse ne permettent pas de tirer de véritable conclusion quant à l’identité du ou des agresseurs.

Toujours est-il que les commentateurs ne peuvent s’empêcher de voir là la possible signature du tueur blanc tant espéré. Possible. Même si rien ne dit que les incidents soient reliés, même si aucun requin blanc n'a jamais été observé en Atlantique Est au nord de Noirmoutiers.

Vous me permettrez néanmoins de rester dubitatif. Le pêcheur qui a trouvé la carcasse du marsouin souligne qu’en 40 ans de pêche, il n’avait jamais vu de marsouin échoué. Quant au phoque, on ne comprend pas bien pourquoi un requin blanc, s’il s’agit de cette espèce, ne l’aurait pas consommé en entier, puisque les organes vitaux semblaient atteint et que l’on ne voit pas bien comment l’animal aurait pu s’échapper. Les individus mutilés que l’on aperçoit du côté de Dyer ou de Seal island en Afrique du Sud ne parviennent à fuir leur agresseur qu’à la seule condition de n’avoir été amputé que de graisse.

Et si nous avions affaire à un serial imposteur ?

18/01/2007

Vingt cinq contre un

C’est la cote assignée par les bookmakers anglais aux paris de ceux qui pensent qu’en 2007, avec le réchauffement climatique, on observera enfin un requin blanc sur les côtes britanniques. Le réchauffement de la planète entraîne un réchauffement des têtes. A moins que ce ne soit l’inverse.

07/08/2006

Des requins bouledogue en Angleterre ?

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Même à travers l'eau pourtant cristalline de Walker's Cay et à trois mètres au dessus de la surface, il n'est pas facile de remarquer le museau arrondi de chacun de ces requins bouledogues.

Un requin bouledogue aurait été aperçu au cours de l’été 2005 par un surfeur à Sennen Cove, au sud de l’Angleterre. Ce dernier, familier des requins d’après le reportage de la BBC, aurait distinctement reconnu, assis sur sa planche, la silhouette caractéristique d’un requin bouledogue au corps sombre et massif et au museau arrondi. Si cette observation venait à être confirmée, il s’agirait de la première observation d’un requin de cette espèce en Angleterre.

Certes la température de l’eau, autour de 19°c maximum au mois d’août sur la côte du Cornwall, rend la chose envisageable. On a bien capturé un bouledogue au nord de l’île sud de la Nouvelle Zélande récemment. Or la température de l’eau en été peut y atteindre 20°c maximum. 19°c constitue donc sans doute la température minimale autour de laquelle on trouve encore le bouledogue.

Néanmoins, la chose semble peu probable. On voit mal pourquoi un bouledogue, espèce relativement sédentaire pour un grand requin, aurait soudainement remonté les côtes africaines vers l’Europe. La réponse à la question se trouve probablement plutôt du côté du surfeur. Il paraît impossible, sauf éventuellement à un spécialiste dont le nombre au monde se compte sur les doigts de deux mains, d’identifier à coup sûr un requin bouledogue au ras de l’eau, comme peut l’être un surfeur, de surcroît à travers le clapotis. Le museau arrondi semble le détail de trop. La livrée sombre ne prouve rien, tout comme le côté massif. Il pouvait tout autant s’agir d’un petit requin pèlerin ou d’un requin taupe commun qui aurait suivi quelques proies en eau peu profonde, la première éventualité étant de loin la plus probable.

Curieuse coïncidence, cette observation intervient alors même qu’on n’a jamais autant parlé du bouledogue que depuis quatre ou cinq ans. On lui reproche tous les maux et on l’accable après coup de tous les crimes non résolus. Les surfeurs en on fait leur principale hantise.

A cela viennent se rajouter deux autres raisons qui expliquent cette hallucination. La première est à chercher autour de la thématique du réchauffement climatique. Il est vrai que les côtes anglaises ont vu leur température monter de plus de 1,5° au cours des dernières années. Les anglais s’attendent donc qu’à tout moment de nouvelles espèces fassent leur apparition. Ou l’espèrent-ils ? Il est vrai que le réchauffement devrait provoquer des changements. Ce qui nous conduit à la dernière raison. Il ne se passe pas grand-chose sur les côtes anglaises. On aimerait bien que ça change. Il n’y a pas grand-chose à voir entre la roussette et le requin pèlerin… quand on a beaucoup de chance. Les surfeurs anglais qui se caillent sur leur planche au milieu de la grisaille et des vagues intermittentes ont le temps d’y penser. C’est alors qu’ils s’inventent des requins tropicaux pour tromper la pluie.