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23/02/2006

Sous l'eau



Requin marteau halicorne,
Big brother (Egypte), flanc Est,
le 7 Octobre 2003



Il y a des lions de mer, des requins léopards, des raies aigles et des requins tigres, y compris en Afrique. Il y a des raies électriques, des bancs de poissons disjoncteurs et des poissons lune. Il y a des danseuses espagnoles, des poissons chirurgiens, mais aucun requin stéthoscope. Il y a des requins marteaux et des poissons scies, mais il n’y a pas d’océan Bouatahoutique. Il y a des mines flottantes, des crevettes boxeuses, des limaces de mer, des huîtres perlières, des coraux à tête de cerveaux et aussi des chiens de mer. Avec tout ça, on pourrait faire un monde.

Il y a des poissons géographes, des poissons écureuils et même des poissons pierre. Pourtant, il n’y a pas de requin phoque, ni de phoque requin. Il y a bien des phoques léopards, mais personne ne sait où ils se sont rencontrés.

Il y a des chevaux de mer, des poissons ventouses, des requins zèbre, des poissons trompette, des sergents majors, des demoiselles et même des loups de mer.

Parfois, on a l’impression que le dessous de l’eau n’est qu’un reflet du dessus, alors que tout ce qu'il y a sous l'eau ne se reflète pas sur terre. Il nous manque des choses et des mots.

21/02/2006

Les requins ont peut être de l’humour

Cette époque a le défaut qu’il faille qu’on lui précise tout. Finis les décalages entre les mots et l’expression du visage. Finies les stupidités balancées avec un rictus d’huissier.

Aujourd’hui, il faut souligner ce que l’on ressent par des grimaces outrées, au cas où l’autre n’écouterait pas. Il faut jouer ses émotions au niveau de la voix, au cas où l’autre ne regarderait pas. Car les autres ne sont pas toujours bien là. On le croit, mais non. Ils sont le plus souvent déconnectés de leur environnement immédiat. Ils ont besoin qu’on leur montre qui l’on est. Aujourd’hui, il faut d’abord paraître.

C’est peut-être pour cela que le dauphin est un animal qui nous paraît tellement sympathique. En effet, il paraît toujours gai. Il sourit tout le temps. Il sourit quand il nage, il sourit quand il saute, il sourit quand il mange. Il sourit même quand il souffre et quand il meurt. Est-on bien sûr d’ailleurs qu’il sourit tout le temps ?

Non seulement il sourit, mais en plus il rit. D’un rire de dauphin, certes, mais d’un rire qui ressemble étrangement à celui de certains humains. Hin, hin, hin hin. Et s’il peut rire, c’est qu’il doit avoir de l’humour.

C’est certain, les dauphins doivent avoir de l’humour. Ne sont-ils pas d’ailleurs farceurs ? Toujours prêt à surprendre un nageur, à plonger d’un côté pour réapparaître à l’improviste de l’autre. On les dit facétieux.

Alors que le requin, c’est tout le contraire. S’il surprend un nageur, c’est évidemment pour l’attaquer, ça n’a rien de facétieux. D’ailleurs, si on a le malheur de lui prêter un sourire, c’est toujours un sourire sadique, dénué d’humour. D’ailleurs, il sourit, mais il ne rit pas.

Qu’en sait-on d’ailleurs ? Ces ailerons qui dépassent de l’eau n’ont pas l’air bien sérieux. En effet, pourquoi laisser dépasser son aileron au bord d’une plage et créer une panique parmi les baigneurs, si ce n’est pour déconner ? Pourquoi foncer sur un plongeur et dévier sa trajectoire au dernier moment si ce n’et pour provoquer l’hilarité.

Qui nous dit que les requins n’ont pas d’humour. Ce ne sont peut-être que des pince-sans-rire qui cachent bien leur jeu. Qui nous dit qu’ils ne sont pas pris d’un violent fou rire quand ils retournent au large, vers les profondeurs ? Si leur humour est incompris, c’est peut-être juste que leurs blagues, vieilles de 180 millions d’années, ne sont plus tout à fait de ce temps.

01:25 Publié dans Requineries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : requin, dauphin, humour

15/02/2006

Le Grand Blanc, métaphore du serial killer



Comment parler des requins et des hommes sans parler de leur principal point commun, cette histoire qui les lie depuis trente ans, les Dents de la Mer. Un modèle d’anthropomorphisme.

Dans une société qui a expulsé toutes les menaces à sa périphérie, qui a rendu la violence abstraite, une bête féroce remonte des profondeurs pour se saisir de paisibles vacanciers. La peur a de nouveau un objet qu’on peut se représenter. Comble de l’ironie, l’Homme se sent menacé par un animal en voie de disparition.

En effet, il ressort qu’une Mort blanche, mécanique et froide peut à tout moment venir interrompre d’innocentes (quoique…la nana de la première scène sait de quoi je parle) baignades. Elle peut frapper n’importe où (au large comme au bord, en mer comme en eau douce), n’importe quand (de jour comme de nuit), n’importe qui (femmes, enfants et même animaux domestiques). Ca ne vous rappelle personne.

La plage est une métaphore de ces no man’s land urbains que constituent tous les lieux de transit. Une plage, c’est une société qui ne fait que passer et qui pourtant étale ses différences comme une serviette de bain. Le périmètre de la serviette reproduit celui des clôtures qui entourent ce pavillon de banlieue que l’on habite d’ordinaire. La famille d’à côté, dont les enfants empiètent sur notre territoire, ressemble étrangement à d’autres voisins, que nous côtoyons à longueur d’année, mais dont nous ne connaissons guère que le nom. Nos proches sont finalement des anonymes qui ne nous seront d’aucun secours en cas de danger. Nous sommes seuls au milieu de la foule, comme des proies sur un quai de gare. C’est connu, les populations en perpétuel transit sont les cibles privilégiées de tueurs aveugles et anonymes. Un guépard x ne tuera certes qu’une seule gazelle y, mais toutes les gazelles sont sa proie. Du coup, c’est le troupeau tout entier qui se sent nerveux.

La menace est permanente, omniprésente, parce que non circonscrite. N’étant nulle part, elle peut être partout. Le risque est certes faible, mais cette faible probabilité est compensée par la nature même du risque : être découpé puis dévoré vivant. Le prix à payer semble d’autant plus élevé que le risque ne l’est pas.

On remarquera que le coupable désigné correspond parfaitement au portrait robot du tueur idéal. Il s’agit d’un mâle de race blanche. Il est solitaire et ses mâchoires sont garnies de sept rangées de dents acérées. On l’appelle le Grand Blanc, ce qu’il est, mais seulement vu d’en dessous. Il hante le bleu de notre psyché et habite les profondeurs de notre inconscient. Son dos, contrairement à ce que son ventre pourrait laisser croire, est noir comme les abysses. Ses dents sont le souvenir enfoui d’un temps éloigné où notre peau courrait à tout moment le risque d’être déchirée. Elles sont la preuve d’une fragilité qui nous est essentielle, d’une menace qui sera toujours là, à portée de la main, comme un couteau de cuisine.

Ce requin blanc n’est-il finalement pas rassurant, comme tous ces tueurs en série dont le nombre augmente aujourd’hui moins que l’intérêt qu’on leur porte. Tant que nous aurons peur de lui, nous ne nous méfierons pas de nous-mêmes et il restera la seule victime d'un conte de fées pour adulte dont il n'est même pas le sujet.

Vus du dessus, même les requins blancs ne le sont plus.

14/02/2006

Qu'est-ce qu'une requinade?

Alors qu’on a consacré des milliards de dollars à ne rien découvrir, ou si peu, dans l’Espace d’au-dessus, Eldorado virtuel sur lequel nous fondions les plus grands espoirs ; il semblerait que cet autre monde, situé sous les vagues, ait en fait beaucoup plus de choses à nous apprendre. Cette section échafaudera des ébauches de théories possibles se fondant sur des extrapolations ayant pour points de départ les dernières informations recueillies sur les requins, habitants privilégiés de cet espace bleu, mais pas complètement vide. Nous appellerons cela des « Requinades ».

14:43 Publié dans Requinades | Lien permanent | Commentaires (0)

Qu'est-ce qu'une requinerie?

Le regard que nous portons sur les animaux en dit souvent plus long sur nous-mêmes que sur ces derniers. On appelle cela de l’anthropomorphisme. L’homme a tendance à voir le reflet de ses actions dans le comportement des animaux et à leur prêter des motivations qui ne sont que les siennes. Explication simpliste et grandes allégories éclairantes se côtoient au sein d’un immense bestiaire psychique que les requineries tentent modestement de venir enrichir.

Pourquoi une Sharkuterie?




L’aileron du requin fend la surface, tranche l’écume comme un coupe-papier une feuille bleue. Il attire notre regard comme la silhouette furtive d’un assassin. L’homme qui capture le requin tranche aujourd’hui cet aileron avant de balancer par dessus bord le reste de la bête amputée qui agonise en coulant vers le fond. 100 millions d’individus meurent ainsi chaque année, au nom d’une soupe qui plaît un peu trop, au nom d’un appendice qui paraît menaçant et dont on se passerait bien.

Le meurtrier est en fait une victime. Le requin est toujours trahi par ses ailerons. On assassine le tueur avec son propre couteau. Cette caricature de criminel avec ses grandes dents apparentes a tout du coupable désigné que personne ne viendra plaindre.

Attention ! Le requin est la dernière incarnation réelle d’une bête effrayante dont nous n’avons que vaguement la mémoire, d’une bête qui pouvait nous engloutir. Quand il aura disparu, cette idée ne sera plus que légende. Il n’y aura plus de raison d’avoir peur d’autre chose que de nous-mêmes.

Ce site est consacré à ce fantasme vivant qu’est le requin, à sa découverte, à son étude, aussi bien qu’à celle des mécanismes psychiques qui nous font, nous hommes, lui prêter des desseins tels que celui de nous dévorer.

Ce site est consacré au requin, à ce qu’il est dans une réalité, la mienne, et à la place qu’il occupe dans un imaginaire, le mien. Ce sont ceux que je connais le mieux.