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24/06/2011

Encore un peu plus sur la population mondiale de requins blancs (auto satisfecit)

L'université de Stanford vient de publier un article sur la population mondiale de requins blancs. Ils seraient moins nombreux que les tigres, soit moins de 3500 individus, ce qui est à peu près le chiffre un tant soit peu pifométrique que je vous communiquais il y a quelques temps.

http://www.telegraph.co.uk/earth/wildlife/7268636/Great-white-sharks-more-endangered-than-tigers.html

31/03/2011

Un tout petit peu plus sur le nombre de grands blancs

Depuis mon dernier article quelques mails instructifs me sont parvenus. Merci. Je vous avais prévenu, tout cela n'était pas très scientifique, mais mieux que rien. J'ai appris depuis 2 choses importantes. Une étude conduite à la fin des années 80 début 90, avait conclu à une population d'environ 1200 individus en Afrique du Sud (mais celle-ci a dû bien décliner depuis). Une autre en Australie identifiait 250 individus. Ce qui est bien moins que ce que je pensais. Là dessus, j'ai bien dû oublier des populations inconnues, ce qui m'étonnerait un peu car le blanc est un requin qui aime passer par les côtes.

Dans tous les cas, je pense que la population totale doit se situer entre 3000 et 7000 individus (mon intuition penchant pour la fourchette basse), ce qui vous le reconnaîtrez est bien peu.

08/12/2010

La protection des requins à Malpelo

Malpelopicture.jpg

 

 

Le Nemo, amarré à un navire de la marine colombienne à Malpelo, Novembre 2010.

 

 

 

Malpelo, située en plein Pacifique, à 500 km de la côte colombienne, est un sanctuaire pour les requins, notamment pour les requins marteaux et les requins soyeux que l’on trouve autour de l’île regroupés en bancs de plusieurs dizaines, voire centaines d’individus. C’est la concentration plus que la rareté des espèces qui en fait un endroit unique, à la notable exception d’une variété endémique de requin féroce découverte récemment.

 

 

Malpelo qui s’élève d’environ 300 m au dessus de l’eau pour l’îlot principal, constitue la crête émergée d’une montagne sous marine, la dorsale de Malpelo. Alors que la surface de l’île n’est que 3,5km2, la dorsale s’étend elle sur 296 km de long et 90 km de large. C’est dire que la surface à protéger dépasse de loin la superficie de l’île. C’est pour cela que la zone du Sanctuaire de Faune et de Flore de Malpelo a évolué en trois étapes pour atteindre sa taille actuelle qui couvre un périmètre 90 km sur 90 km et semble enfin à peu près suffisante.

 

L’espèce ciblée par la pêche à Malpelo, c’est le requin, même si d’autres espèces comme le thon sont présentes en abondance. Elles peuvent être pêchées ailleurs, avec moins de risques. Tandis que rares sont les endroits où les requins se concentrent comme autour de cette île qui est une oasis dans un désert d’eau. Ils ne s’en éloignent que d’une quarantaine de kms maximum pour se nourrir, avant de revenir autour de l’île se faire nettoyer.

 

Reste que ce sont des pélagiques et qu’ils transitent. Il y a une inter-connectivité entre Malpelo et ces autres îles que sont les Galapagos en Equateur, Cocos au Costa Rica et Coïba au Panama. Des requins marteaux marqués à Malpelo ont été retrouvés autour de chacune de ces îles. Les tortues marines, les mammifères marins et d’autres pélagiques utilisent également ces itinéraires bleus entre ces montagnes sous marine qu’on appelle corridors marins. Les pays concernés par ces migrations se sont rejoints pour créer le CMAR, un corridor marin protégé reliant ces îles. Ces initiatives semblent néanmoins en réalité encore balbutiante, faute de moyens de surveillance.

 

 

La Colombie, parmi les pays cités, paraît de loin être la plus volontaire. Pour les autres, les choses sont plus problématiques. Le Panama, dont la complaisance maritime n’est plus à prouver, abrite sous son pavillon de nombreux pêcheurs illégaux. Quant au Costa Rica, qui faillit sortir du CMAR il y a peu suite aux pressions de lobbies de pêcheurs, sous des apparences fermes, on le découvre très laxiste : le respect des zones protégées laisse pour le moins à désirer, que ce soit du fait du manque de capacité à le faire respecter ou de la corruption. On m’a informé ainsi que des taupes de la marine costa-ricienne renseignaient régulièrement les pêcheurs commandités par les cartels taïwanais sur la présence des navires de contrôles. Quand on sait que de son côté l’Equateur soutient encore régulièrement le Japon dans sa lutte pour l’obtention de quotas supplémentaires de pêche à la baleine, on se dit que la partie est loin d’être gagnée.

 

Lors de mon séjour a Malpelo, nous étions amarrés à un navire de la marine colombienne en permanence (les endroits de mouillages ne sont pas légion). Un autre navire parcourait la zone dans le même temps. Je ne l’ai jamais aperçu. L’un de nos guides m’informa que c’était la première fois qu’il constatait une présence militaire en cinq voyages en 2010.

 

Selon la fondation Malpelo, au cours des 7 dernières années, le nombre de prises illégales de requins aurait diminué de 80%. Il s’élevait à environ 13 tonnes aux alentours de 2003, ce qui représentait environ 65 000 requins tués. Je ne sais pas sur quelles bases ces mesures reposent, mais il est par définition toujours difficile de juger de l’ampleur d’un commerce qui se déroule dans l’ombre. Lors de mon séjour sur l’île, nous avons quand même trouvé 2 ou trois morceaux de lignes et de filets montés sur des bouées.  Les pêcheurs sont donc bien là, à jouer plus ou moins à cache-cache avec des militaires fort mal équipés. Leurs bateaux sont des rafiots lents et peu dissuasifs. Souvent, faute d’avoir pu arraisonner les vaisseaux coupables, ils doivent se contenter de rapporter leur immatriculation aux autorités compétentes de leurs pays respectifs. Autant dire que pour certains, le risque est faible voire inexistant.

 

Ce trafic, dérisoire à l’échelle mondiale, bien que beaucoup moins juteux que le trafic de la drogue, n’est pas négligeable à l’échelle de pays comme la Colombie et ses voisins.

 

La Colombie qui a combattu bien d’autres formes de criminalité ces dernières années semble s’être attaqué à celle-là. Il lui revient de s’assurer qu’en contrepartie, elle saura dégager des revenus de substitution qui combleront le manque à gagner et qui encourageront dans cette voie. A cet égard, Malpelo pourrait facilement accueillir 3 bateaux de plongeurs à la fois, sans que la vie marine n’en soit bouleversée, ni que les plongeurs ne se croisent sous l’eau. Ils pourraient même échanger des infos intéressantes sur les sites de plongée. Un éco-tourisme profitable pour tous serait peut-être un argument convaincant, même s’il ne peut être qu’une réponse partielle au désarroi économique que connaissent les régions côtières qui se sentent en manque quand la drogue ou la rébellion n’arrondissent pas leurs fins de mois. 

 

12/10/2009

Tourner en rond

Ces derniers temps la sharkuterie s’est un peu dispersée sur tous les supports : blogs, mails, sms, en des contrées non requinesques. Mais le squale finit toujours par revenir tourner en rond où qu’il se trouve. En rond, où le même endroit est le même envers. Le squale revient toujours à la sharkuterie. Et ces prochains temps, il sent qu’il va y passer beaucoup de temps, beaucoup de temps à y tourner en rond voire, comme l’hiver approche à grands coups de palmes, y hiberner.

A bientôt, pour des articles très froids venus d’en bas.

18/03/2009

Pseudo attaque, vrai massacre

Vous avez peut-être entendu parler ces derniers jours de ce pêcheur sous-marin qui pour sauver « héroïquement » un de ses compagnons a dû batailler pendant plusieurs heures avec un requin tigre qu'il transperça de plusieurs flèches, avant de tenter de le noyer puis de le finir à coups de couteau. Charmant, non?

Qu'un requin tigre soit attiré par des pêcheurs sous marins, n'a rien de bien surprenant. Vous verrez dans la video ci-dessous que celui-ci n'avait pas l'air si menaçant, puisqu'il suffisait de crier dans son embout pour le faire détaler.

Vu le niveau de menace, un retour à la surface sans trop d’encombre n’aurait pas été trop difficile. A moins de vouloir faire quelques clichés sensationnalistes qui avec un soupçon d’ignorance peuvent aisément faire passer un bourreau pour un héros.





14/03/2009

This is the end

Une bien triste nouvelle m’est parvenue ces derniers jours. Alors que j’écrivais à Trevor Krull pour l’informer de mon intention de plonger avec lui sur Protea Banks au mois d’Avril, ce dernier me fit savoir qu’il avait cessé son activité sur ce récif qu’il avait été le premier à explorer en dessous de la surface, en tant que pêcheur sous-marin en 1993. Il fut également le premier à le faire découvrir à d’autres plongeurs à partir de 1994 à la tête d’African Dive Adventures qu’il revendit ensuite à un abruti dont j’ai oublié le nom, avant de revenir en 2002 pour travailler dans l’opposition.

Protea Banks était pour moi la Mecque de la plongée avec les requins. Le nombre et la variété d’espèces que l’on pouvait y observer étaient impressionnants. On y rencontrait régulièrement, au gré des saisons, requins marteaux halicornes, requins du zambèze (requins bouledogue), requins taureaux, requins tigre, requins à pointe noires, requins cuivre, requins sombres et beaucoup plus rarement requins blancs. Occasionnellement, on y vit aussi requin pélérin , requin baleine, requin mako et requin renard.

Mais ce qui faisait le caractère unique de Protea, c’était avant tout le requin du Zambèze. Protea était probablement le seul récif d’Afrique du Sud sur lequel on pouvait observer de la façon la plus certaine cet animal emblématique des côtes de l’Afrique Australe. Certes on peut toujours l’observer ailleurs, mais jamais plus on ne verra les congrégations qui peuplaient alors Protea Banks.

Protea était la ruche longtemps inconnue d’où venaient tous ces requins qui provoquèrent la panique sur les plages d’Amamzintoti dans les années 50, puis dans les années 70. Ce sont eux qui provoquèrent ce besoin chez les nageurs de se cacher derrière des filets meurtriers, alors même qu’il leur aurait suffit d’aller nager ailleurs.

Alors qu’il arrivait encore en 1999 d’apercevoir une quarantaine de requins du zambèze par plongée, on n’en voit plus aujourd’hui dans les bons jours qu’un ou deux. Les longliners et les filets se sont occupés du gros du ménage, les pêcheurs au gros, ont enlevé la poussière qu’il restait dans les coins.

Si je vous parle aujourd’hui de ce récif au passé, c’est que pour moi il n’existe plus. Le Protea que je viens de vous décrire, n’est hélas plus qu’un souvenir. Protea n'est pas Protea sans Trevor et ces requins, qui portent le nom de son chien.

C’est pourquoi je vais aller les voir à Ponta, au Mozambique, en espérant qu'ils soient encore un peu là, mais pour combien de temps.

17/07/2008

Au courant

La Sharkuterie était fermée le mois dernier. Apparemment, certains d’entre vous étaient au courant. Je le sais car j’ai les empreintes digitales (mais anonymes) de tous ceux qui sont passés. Vous n’étiez pas très nombreux.

Pour reprendre les choses là où nous les avions laissées, voici un petit film concocté avec des amis du bureau.

Promis, les prochains posts seront plus spécifiquement requinesques.

20/04/2008

Nightmare on the only highway

Il faisait nuit, mais la route était éclairée. Martin et John roulaient déjà depuis pas mal de kilomètres. 2008 pour être précis. Tout à coup, Martin, assis sur le siège du passager, fit remarquer quelque chose à John :

- « C’est pas un mur, là -bas, au milieu de la route ? »

- « Peut-être, c’est difficile à dire d’ici… répondit John.

- « Ah oui, c’est bien un mur ! » ajouta t-il, après avoir examiné la situation de plus près (façon de parler).

- « On ferait peut-être bien de freiner, non ? » se permit d’ajouter Martin

- « Bah, évidemment ! »

- « Alors qu’est-ce que t’attends ? »

- « Quoi tout de suite ? »

- « Bah oui, non ? »

Ils se regardèrent dans les yeux pendant quelques secondes qui semblèrent durer des années, interrogatifs… Un peu trop longtemps à mon avis. Leur voiture s’écrasa violemment contre le mur.

Aucun des deux ne survécut.

Vous ne trouvez pas qu’il est est un peu bête de s’écraser contre un mur que l’on a vu venir de loin? C’est pourtant ce que nous faisons en ne faisant rien contre le réchauffement climatique.

Vous ne trouvez pas que la situation ressemble à ces cauchemars où l’on comprend tout, mais où l’on ne peut agir.

Nos pieds en coton sont englués.

11/04/2008

Quelques commentaires sur Sharkwater

Je tiens à commencer ce post par un grand remerciement à Rob Stewart qui a fait plus que n’importe qui pour défendre les requins, voire plus que tous les autres réunis. Si l’on peut discuter la caisse, on ne peut nier la résonance.

Vous l’aurez compris, c’est la partie « Oui » de l’article. Et elle n’est pas finie. Certaines images sont exceptionnelles, d’autres insoutenables, parfois les deux en même temps. Le traitement de l’image (notamment dans les scènes en noir et blanc de la première partie) et la bande son sont magnifiques.

Certains regretteront les scènes du début qui ne font que répéter ce que de si nombreux documentaires ont déjà dit. Peu importe, la visée est pédagogique. On prend les gens là où ils sont pour la plupart et on les emmène par la main un peu plus loin.

Entamons la partie : "Bon!"

Rob Stewart aime bien se voir. Il se met beaucoup en scène. Espérons que ce narcissisme ne cache rien. Espérons que nous ne sommes pas face à un Michael Moore de l’écologie documentée. Une première excuse me vient cependant à l’esprit. Il développe un côté personnel de sa relation de fascination aux requins qui me plaît. Puis une seconde, plus terre à terre : de nos jours, et pour plusieurs raisons qui tiennent aux coûts rapportés aux revenus qu’implique son combat, il a tout intérêt à médiatiser sa personne s’il veut le poursuivre.

Le film devient à mon sens vraiment passionnant à partir du moment où nous entrons, c’est le cas de le dire, dans le vif du sujet. Le massacre organisé. Saluons au passage le courage du réalisateur et de tous les membres du Sea Shepherd, même si je ne partage pas leur avis sur l’efficacité de ces méthodes.

Prenons un exemple que cite Paul Watson lui-même, qui croit que ce sont les individus seuls et l'action violente qui font bouger les choses : Nelson Mandela et la cause noire en Afrique du Sud. Héritier de Gandhi, Mandela n’a jamais vraiment cru, me semble t-il, à la lutte armée que menaient ses condisciples. Ce n’est pas à mon sens qu’il s’y opposait par principe, même si je n’en sais rien, mais j’ai surtout l’impression qu’il ne croyait pas en son efficacité. La lutte armée à surtout permis à certains rebelles de l’ANC de se faire exploser leur propre gueule avec leur propre bombe, tandis que Mandela a fait plier le gouvernement d’abord depuis sa prison, puis par les grèves qui paralysèrent l’économie sud africaine.

Inutile de le souligner, nous entrons dans la partie "mais" de l'article.

Ramenons tout cela aux requins. Si l’action de Paul Watson est utile, car elle contribue certainement à faire peur à certains braconniers, elle semble dérisoire. Je ne crois pas qu’on puisse empêcher de pauvres gens aux quatre coins du monde de tenter de gagner à tout prix cet argent qui leur fait si cruellement défaut. Qu’ils soient exploités par des salauds, aucun doute. Qu’ils soient eux-mêmes coupables, non. Je pense que même si une action de Police comme celle de Paul Watson est nécessaire et devrait être prise en charge au niveau international vue l’urgence de la situation, elle ne peut se faire sans que parallèlement soit mèné le vrai combat, celui qui consiste à faire cesser la demande. C’est aux consommateurs qu’il faut parler. Ce sont eux qui attaquent et mangent les requins. C’est aux gouvernements qu’il faut aussi s’adresser pour faire interdire ce commerce qui ne pèse finalement pas si lourd à l’échelle d’économies comme celles de la Chine et de Taïwan. C'est la demande qui tarira l’offre, comme pour l’ivoire.



Autre chose, puisque je parle du marché asiatique. Le documentaire n’évoque pas l’ensemble des protagonistes de ce carnage planétaire. Ce n’est pas forcément un oubli volontaire, mais assurément une omission malencontreuse. Sachez cependant que de nombreux pays occidentaux, avec une mention spéciale pour l’Espagne et l’Australie (la France est dans le coup aussi), participent activement à fournir le marché asiatique. L’Afrique du Sud elle-même a accordé une quinzaine de licences à des bateaux taïwanais, depuis au moins cinq ans.


Voilà, en conclusion, merci quand même Rob! Ca commence à bouger.

16/02/2008

The rainbow fin

J’entends souvent dire autour de moi que l’environnement est un souci de riche, la mer encore plus, et les requins, qui sont ma passion, je ne vous en parle même pas. Il faudrait, semble t-il, au moins être concerné par le paquet fiscal de Sarkozy pour avoir le droit de s’en soucier. Préoccupation de privilégié.

Le monde serait ainsi divisé en deux : d’un côté Zola, de l’autre le règne naturel. D’un côté le progrès, de l’autre ceux qui ne lisent pas. C’est à cela que l’on réduit hélas bien souvent le débat actuel. Les écolos seraient des débiles à la pensée parcellaire. Personnellement, je n’adhère pas à cette conception primaire. Certes il y a bien deux sortes de personnes, mais elles ne se répartissent pas de cette manière-là. En fait, il y a ceux qui divisent le monde en deux et ceux qui ne le font pas. Ceux qui pensent que l’Homme et la Nature se distinguent et ceux qui ne le pensent pas.

Or le souci écologique et le souci humain ne font pas deux, ils ne font qu’un. L’homme n’est qu’un sous-produit de la Nature. La croissance est une idéologie qui nous menace nous, osbcure sous-partie de la biosphère.

Une chose m’inquiète cependant. Très, très sérieusement d'ailleurs. Il s’agit de notre temps de réaction à nous tous. Nous nous comportons comme si nous avions le temps.

Alors que c’est tout de suite qu’il faut s’y mettre.

La menace qui se dresse face à nous n’est d'ailleurs peut être que le prétexte qu’il nous manquait pour réinventer une société si loin d’être parfaite. Qu'attendons-nous?

It’s an exciting time to be alive !


PS: désolé pour ce post lyrique, mais pas très requinesque

02/04/2007

Le requin bouledogue aime les basses

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Ni avec les mains, ni avec les pieds.






Trevor Krull, depuis un an, expérimente sur Protea Banks un nouvel appareil qu’on appelle le « Shark Whisperer ». On n’est pas loin de l’appeler : « l’homme qui murmurait à l’oreille des requins ... bouledogues ».

Apparemment, le requin bouledogue ne serait pas facilement "attirable" avec le brouet odorant qu’on utilise d’ordinaire pour attirer les grands squales. Brouet + Thon. Je ne suis pas sûr d’ailleurs que, pour les requins, le brouet n’annonce le thon. L’un serait le signal de l’autre. Le vrai met serait toujours à suivre.

Toujours est-il que le requin bouledogue ne réagit pas seulement aux odeurs, mais surtout aux vibrations subaquatiques. A Protea Banks, ce n’est pas d’appâter qui attire les bouledogues, c’est quand un poisson se débat au bout de la ligne d’un pêcheur … un pêcheur sportif. Sportif. L’expression est aussi consternante que le personnage qu’elle décrit. Ce sont ces sportifs qui tirent à la carabine sur les requins qui s’emparent de « leurs » poissons. La pêche aux gros comme ils disent. Un vrai sport de gros. Un de ceux qui ne font pas perdre de poids.

Le « Shark Whisperer » est un petit appareil électrique qui produit des basses fréquences, de celles qui font venir les bouledogues. N’attaquent-ils pas quand l’eau est trouble et que les pieds des baigneurs battent la mesure ? Ils ne font que des coups bas.

Récemment, une équipe de scientifiques, dont je tairais le nom, faisait une expérience en Floride sur les tarpoons. Il leur fallu plusieurs semaines, sinon plus d’un mois, pour parvenir à capturer le premier tarpoon vivant, afin de le marquer. A chaque fois qu'il en attrapaient un, dans les premiers temps, les Bullsharks le divisaient immédiatement par deux.

Le requin bouledogue réagit d’abord aux vibrations. C’est pourquoi il vient aujourd’hui voir Trevor, son ami du temps où un seul plongeur visitait ces eaux. Il est séduit par les bonnes vibrations.
Le « Shark Whisperer » attire aujourd’hui les bouledogues de Protea, mais pour combien de temps. S’y habitueront t-ils, pour enfin le dédaigner?

S’il n’y a avait pas tant d’autres choses à faire, j’irai tout de suite voir là-bas, au sud, avant qu’il ne soit trop tard. Voir des amis que je ne reverrais pas de sitôt.


http://www.africanodyssea.co.za

01/01/2007

Une bonne année et plein de requins

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Les mentalités changent.






Vous êtes de plus en plus nombreux à vous rendre régulièrement à la sharkuterie dont le contenu est variable ou plutôt fluctuant (une fluctuation concerne un liquide et le terme est donc clairement plus approprié à un site s‘intéressant aux requins).

Les choses ont un peu changé cette année. Un peu seulement car le futur prend toujours son temps. Pas de mesures de protection radicales, mais une conscience de plus en plus répandue de toutes les menaces qui planent sur nos amis les élasmobranches. Certains disent qu’il est plus facile de mobiliser autour du requin, qui attise nos peurs, que de certaines grenouilles anonymes, ignorées et pourtant menacées. Certes, mais les fantasmes qui génèrent cette mobilisation sont les mêmes que ceux qui causent la perte de cette espèce. Les pêcheurs au gros qui tentent de résoudre leurs problèmes de bites avec une longue canne à pêche qu’ils calent dans un étui pénien afin de pêcher un animal qu’ils n’oseraient pas affronter dans l’eau, comme les long-liners qui pour fournir le marché asiatique d’aphrodisiaques s’attaquent au même problème à beaucoup plus grande échelle, répondent finalement à la même demande. Qu’il soit capturé par des artisans ou des industriels, le requin est finalement toujours une prise accidentelle.

Et puis les grenouilles… vraiment…

La seule question qui se pose finalement aujourd’hui, leitmotiv de la conscience environnementale actuelle, est « comment ? », et non plus « Pourquoi ? ». Que faut-il faire ? C’est la question à laquelle tentera de s’atteler autant que possible la sharkuterie en 2007 avec toutefois une intuition pessimiste sous-jacente: si les requins s’en sortaient et pas nous. Ils étaient là avant, ne pourraient-ils être là après ?

L’année prochaine, c’est peut-être eux qui nous souhaiteront une bonne année. En même temps, ce n'est pas leur genre.

28/05/2006

Steak de requin : plat d'un jour



Il faut toujours commencer par balayer devant sa propre porte a t-on coutume de dire. C’est ce que je m’en vais faire dans cette note. Après avoir maudit depuis des années les cantonais qui ont eu la mauvaise idée de transmettre le virus de la soupe aux ailerons de requin à l’ensemble de la chine nouvellement capitaliste, quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater, l’autre jour, dans un restaurant de la capitale où je dînais avec une amie, que du requin était au menu, sous forme de steak. Sur le moment, bien qu’un peu surpris, je mis cela sur le compte d’une volonté d’exotisme un peu déplacée. Il s’agissait d’un restaurant un peu branché de la rue des vinaigriers, dans le premier arrondissement de Paris, et je pensais le problème relativement circonscrit. J’avais déjà connu des restaurants à destination des touristes, en Afrique du Sud, qui proposaient du crocodile au menu, sans que le phénomène ne s’étende. Je commis l’erreur de croire qu’il en allait de même et ne fit même pas de remarque au restaurateur pour ne pas indisposer mon amie qui était une habituée. Il faudra que je retourne leur parler.

Ce que je prenais pour un cas isolé n’en était pas. Aujourd’hui même, dans le 10ème arrondissement, rue d’Hauteville, j’ai remarqué un bar-restaurant d’allure modeste, peuplé d’alcooliques encastrés dans le bar, baigné d'une odeur de cafard, de formica et de crême de cassis, qui proposait lui aussi du steak de requin comme plat du jour. Comme plat du jour ! Le mal s’étend. L’exception n’en était donc pas une.

Je ne reviendrais pas sur les faibles vertus culinaires du requin, pour avoir déjà couvert ce sujet dans une précédente note, car ce n’est pas le problème. Il ne nous viendrait pas à l’idée de manger du léopard aux champignons, même si c’était délicieux. Ce qui me paraît le plus grave avec cette nouvelle arrivée du requin sur nos tables, c’est ce qu’elle signifie. Devant l’interdiction progressive du « finning » (technique qui consiste à sectionner les ailerons et à rejeter le requin amputé par dessus bord), les pêcheries, désormais progressivement contraintes de garder le requin entier à bord, tentent de commercialiser le reste de l’animal. On cherche à créer un nouveau marché. On multiplie les causes d’un massacre d’autant plus stupide que l’exploitation du requin n’est absolument pas « durable ». Dans toutes les zones ou le requin a été surexploité, les volumes de prises se sont rapidement écroulés et les pêcheries ont dû fermer.

Il faut de toute urgence s’insurger contre ce nouveau marché de viande de requin. Les chinois seront suffisamment difficiles à faire évoluer sans qu’on ne crée un deuxième front. Il n’y a sûrement pas chez ces restaurateurs de volonté de nuire, tout simplement un manque d’information. Idem pour les clients. Il convient de rapidement les sensibiliser à ce qu’il sont en train de faire afin qu’ils retirent le requin de leur menu. A ce rythme, on va finir par nous proposer de la confiture de kangourou.

Je compte sur vous.

00:45 Publié dans Requinisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Animaux

22/05/2006

Le jour où plus aucun aileron ne dépassera


Ce jeune garçon fera t-il parti de la dernière génération à avoir vu un grand requin blanc en chair et en cartilage. Dyer island (Afrique du Sud), Juillet 2005.

Une étude menée par l’université de Dalhousie au Canada montre que les populations de requins de l’Atlantique Nord sont en déclin grave et auraient chuté de 50% en moyenne au cours des 15 dernières années. Pour certaines, nous ne sommes pas loin du point de non-retour. Ces études sont basées sur des taux de captures d’animaux marqués, mais aussi sur les quantités de requins pêchés par la flotte canadienne.

La situation varie sans doute selon les espèces. Ainsi le requin bleu, communément appelé peau bleue en France, résiste t-il probablement mieux, car sa maturité sexuelle est atteinte plus tôt que d’autres espèces et le nombre de petits qu’une femelle peut mettre au monde chaque année, autour de 50, est élevé pour un requin. Reste qu’on en aperçoit de moins en moins en Atlantique Est, sur les côtés anglaises (quatre ou cinq spécimens sont observés chaque année autour de l’île de Scilly), sans même parler des côtes bretonnes où il a quasiment disparu. Dans le cas du requin taupe commun, la situation est catastrophique. Pour le requin marteau hallicorne, qui a le malheur de se déplacer en immense groupe, la situation est elle aussi plus que préoccupante. 90% de baisse des prises ! Que dire du requin blanc dont les femelles n’atteignent la maturité sexuelle qu’autour de 4m50 et dont on pense que les livrées ne dépassent guère les 8 individus, même si là encore on ne sait pas grand chose. D’après cette étude, on ne l’observe plus sur au moins deux zones de pêche dans l’Atlantique Nord Ouest.

Une grande partie du problème vient de là : on ne sait pas grand chose et personne n’a vraiment intérêt à ce que ça change. Pas plus les pêcheurs professionnels que les pêcheurs dits« sportifs » pour lesquels la rareté du trophée fait sa valeur. Or le requin, situé en haut de la chaîne alimentaire, n’est pas censé subir à ce point le poids d’une quelconque prédation. Son cycle de reproduction, adapté à sa position sur cette chaîne alimentaire, est lent. Comment cette espèce pourra t-elle soutenir durablement une ponction de 150 millions d’individus par années, chiffre d’ailleurs tout à fait fantaisiste, qui traduit notre ignorance totale en la matière. On parle parfois de 100 ou de 200 millions de requins capturés chaque année. Du simple au double. C’est dire si l'on est au courant ! Nous ne faisons qu’extrapoler à partir de données en matière de tonnage qui ne sont elles mêmes pas fiables. Nous ne possédons pas de chiffre. Nous ne savons pas inventorier les populations. Nous opérons des ponctions sans même savoir la part qu’elles représentent. Une richesse disparaît devant nos yeux, sans même que nous ne le sachions. Au moins, quand les grands animaux ont commencé à se faire plus rares sur les grandes plaines africaines en a t-on pris conscience, même si ce fut un peu tard. Ce coup-ci rien, ou presque.

Pourquoi personne ne réagit-il ? La réponse est simple. Certains ne voient pas le problème, d’autres ne veulent pas le voir et d’autres encore, les pires peut-être, qui aiment hiérarchiser les choses de façon exclusive, pensent qu’il est presque malsain de s’autoriser le luxe de s’intéresser à ces animaux quand il y aurait bien d’autres problèmes plus importants à résoudre. Comme s'il fallait choisir. Ce sont toujours les mêmes qui trouvent de bonnes raisons de ne rien faire.
Bizarrement, et contrairement à ce qu’ils croient, beaucoup de choses se jouent avec la disparition des requins et notamment notre capacité à gérer ensemble à l’échelle mondiale des ressources communes. C’est pourquoi il y a lieu d’être pessimiste.

En effet, contrairement à ce que croient certains, nous ne nous en tirerons pas en reproduisant ce que nous avons fait sur la terre ferme. Quelques réserves marines ne garantiront pas la survie des espèces. Celles qui existent aujourd’hui, comme à Aliwal shoal en Afrique du Sud, montrent l’inadaptation d’une telle méthode. Les pêcheurs qui contrairement à d’autres endroits du globe respectent au moins la loi, se postent en périphérie du périmètre protégé, bien trop réduit pour des pélagiques, et capturent tout autant de pièces qu’ils le faisaient avant que la réserve n’existe. Les requins ne détectent pas les frontières virtuelles et leur terrain de chasse est hélas bien plus étendu que celui des grands prédateurs terrestres. Un lion possède en moyenne un territoire de 200km2 quant un requin plutôt sédentaire comme le requin bouledogue se déplace sur un périmètre d’au moins 150 kilomètres de long. En admettant qu’il fasse environ 20 ou 30 kms de large, ce qui ne constitue pas une hypothèse exagérée, son territoire serait de 4500km2. Pas mal pour un sédentaire. Les réserves ne servent donc qu’à protéger la faune des récifs. Pour protéger une animal marin, il ne faut pas protéger l’espace qu’il ne fait que traverser, mais l’animal lui-même. C’est ce qu’on a fait pour le grand requin blanc, c’est ce qu’on commence à faire en certains endroits pour le requin pèlerin ou le requin taureau, mais ceci n’empêche pas les captures accidentelles. Or ce n’est qu’en remontant l’animal mort ou presque qu’on découvre son identité. La pêche est une chasse où l’on tire dans le tas sans aucun discernement.

Car bien souvent le requin disparaît alors qu’il n’est pas même visé. Un dommage collatéral en quelque sorte. En effet, notre manière d’envisager l’exploitation des ressources des océans est placée sous le signe de la dilapidation. Les chalutages de fond génèrent ainsi des pourcentages de « déchets » impressionnants. On détruit des forêts entières avec leurs arbres et leur faune pour ne garder que quelques lapins. Les filets dérivants et les longues lignes constellées d’hameçons s’occupent des animaux de pleine eau. On tend d’immenses toiles d’araignées dans le ciel pour ne consommer que quelques mouches. C’est à notre façon de pêcher qu’il faudrait s’attaquer. Peut-être pourrait-on éviter certains types de pêches, dans certaines zones, à certains moments, connus de tous, qui sont des moments de migrations pour les requins, mais il faudrait pour cela pouvoir se coordonner, s’entendre. Autant dire une montagne.

Alors, que faire ? Certes poursuivre les combats que l’on vient d’évoquer, notamment celui contre les filets dérivants, mais aussi et surtout convaincre de l’inutilité de la pêche au requin. Il n’y a encore pas si longtemps, le requin était négligé. En effet, sa chair ne présente pas d’intérêt culinaire particulier et ne sert vraiment que dans les Fish and Chips, plat dont la culture culinaire mondiale pourrait fort aisément se passer. Jusqu’à récemment, quelques dizaines d’années à peine, seul son foie riche en vitamine A était considéré comme revêtant un quelconque intérêt. Ses ailerons étaient bien utilisés comme base d’une soupe dans la région de Canton, mais ce plat était jugé élitiste et banni par le gouvernement de Pékin. Ce n’est que vers la fin des années 80 avec l’ouverture de la Chine et sous l’influence est asiatique que la soupe aux ailerons de requins devint aussi prisée, notamment lors de banquets et de mariages. Or l’aileron de requin n’a aucun goût, on le mélange d’ailleurs dans cette soupe à un jus qui combine poulet et jambon et qu’il sert surtout à absorber. Selon la médecine chinoise, la soupe aux ailerons de requin, riche en protéines, aurait des vertus tonifiantes et aiderait la croissance du cartilage, mais d’un point de vue scientifique, on s’accorde à dire que le requin a peu de valeur nutritionnelle. Il se pourrait même que les fortes concentrations en mercure que contiennent les ailerons puissent à terme s’avérer dangereuses pour l’homme. C’est connu, plus un animal se situe haut dans la chaîne alimentaire, plus il pâtit des pollutions qui touchent celle-ci dans son ensemble.
Il est peut-être encore temps de sensibiliser ces populations pour qu’elles se défassent de cette coutume somme toute récente et dénuée d’intérêt culinaire ou médicinal. Tout comportement déviant d’une population de plus d’un milliard d’habitants créera systématiquement des déséquilibres voire des catastrophes. Le requin n’est qu’un exemple parmi d’autres à venir. Sa consommation est irrationnelle. Comme pour le rhinocéros, on veut s’attribuer les vertus fantasmées de l’animal en l’ingérant. Encore une fois, le requin meurt pour l’idée qu’on s’en fait.

Tous autant que nous sommes, français et espagnols, sud-africains et australiens, alimentons le marché asiatique, soit en vendant directement sur ces marchés, soit en autorisant les long liners taïwanais dans nos eaux. Nous sommes tout aussi responsables. Serons-nous collectivement capables de mettre un terme à un règne de 170 millions d’années sur les océans du globe ?

Quand le requin aura complètement disparu, nous ne le saurons même pas. Dans un monde où plus aucun aileron ne dépassera, il continuera de hanter nos rêves et demeurera à titre de possible, caché sous la surface. Alors seulement, il pourra n’être plus que cette fiction à laquelle nous l’aurons réduit.

Nous ne nous déferons pas de la peur de mourir en supprimant le requin, mais sans doute nous éloignerons nous un peu plus de la vie.

00:50 Publié dans Requinisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Animaux