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28/07/2015

Ocearch, au secours

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas écrit sur ce blog. C’est mal. A cet égard, il faudra que je vous parle des requins bleus des Açores, des requins des mangroves de Turks and Caicos, et pourquoi pas des singes à culs nus dévoreurs de tropiques , mais nous avons le temps.

 En attendant, je voudrais revenir sur un sujet auquel j’ai consacré plusieurs articles, le tracking de requins blancs réalisé par les Shark Wranglers d’Ocearch. Shark Wranglers ! Tout était dit. J’aurais dû me méfier. Les vrais scientifiques se prennent rarement pour des cowboys.

Ces marquages qui se voulaient révolutionnaire prirent place d’abord à Guadalupe au Mexique, puis aux îles Farallones au large de San Francisco, puis en Afrique du Sud, à Mossel Bay notamment, et se poursuivirent ailleurs en ciblant d’autres espèces. C’est lors des marquages effectués en Afrique du Sud que j’entendis parler de cette initiative pour la première fois, renseigné par le reality show requinesque diffusé par … The History Channel (là aussi, on aurait pu se méfier).

Cela fait maintenant 3 ans que ces marquages ont été réalisés en Afrique du Sud et plus aucun tag ne marche depuis plus d’un an. Une grande partie d'entre eux a cessé d’émettre très vite. Ce devait pourtant être ça la révolution: des tags qui ne se détacheraient pas et qui pourraient nous permettre de suivre en temps réel les requins sur une période de 5 ans.

Au final, ces expéditions à part la médiatisation du requin blanc suivi en temps réel n’auront rien apporté.  Elles n’auront permis que de collecter en temps réel des données que l’on possédait déjà. L’intérêt du temps réel est lui-même discutable. Certains y verront une première avancée pour lutter contre les attaques. J’en doute. Un dispositif qui avertirait les baigneurs de la présence de requins ne ferait que les effrayer en permanence tant les requins blancs, requins largement côtiers sont si souvent présents, bien qu’inoffensifs. L’autre problème du temps réel, c’est à l’évidence qu’il renseigne les pêcheurs et n’aide en rien à la protection de l’espèce.

Non seulement ces expéditions n’ont rien apporté de positif,  mais elles auront coûté la vie à plusieurs animaux. C’est là où le bât blesse.

Ces tags révolutionnaires requéraient des méthodes de fixations qui l’étaient beaucoup moins. Chaque requin devait être hissé sur une plateforme ascenseur afin de permettre à différents techniciens et autres pseudo-scientifique (ou vrais, mais achetés) de travailler.
Conformément à leur surnom de Shark Wrangler, les cowboys d’Ocearch pêchaient le requin blanc à l’aide d’un gros crochet, censé ne pas blesser sérieusement l’animal, puis le remorquait jusqu’à la plateforme. On remontait ensuite la plateforme et le tour était joué. Les hommes d'Ocearch s'amusaient à jouer le rôle  de cowboys marins qui captureraient le bétail au lasso pour ensuite le marquer.

Il semblerait qu’au moins un requin ait avec une quasi certitude succombé aux effets secondaires du crochet inoffensif. Un requin baptisé Junior qui se rendait chaque année aux îles Farallon n’a plus été aperçu qu’une seule fois après son marquage, très diminué et présentant une infection manifeste à la mâchoire.

Un autre requin est mort au moment même de son marquage en Afrique du Sud.  L’animal une fois remis à l’eau a coulé presque directement au fond. Probablement exténué par son remorquage suivi d’un long, trop long, séjour sur la plateforme (certains requins sont restés ½ heure en dehors de l’eau) l’animal était probablement asphyxié quand il a été remis à l’eau.

Il existe un autre problème qui n’a pas trait à l’oxygénation que pose l’utilisation d’une telle plateforme. Le requin (comme les cétacés d’ailleurs) ne possède pas de muscle « abdominaux », si je puis parler ainsi, protégeant et soutenant ses organes. C’est l’eau qui s’acquitte généralement de cette tache.  Ainsi, à l’air libre, sous l’effet de son poids  un requin de plusieurs centaine de kilo, voire une tonne, peut s’infliger des lésions qui s’avéreront fatales au bout de quelques heures ou de quelques jours. Il y a fort à parier que quelques individus ont succombé de la sorte.

Je vous passe les détériorations infligées aux ailerons par ces tags révolutionnaires, comme l’ont montré les photos prises d’un spécimen nommé Frodo qui avec le temps a perdu toute la partie de son aileron dorsal à laquelle était attaché le tag.

Je ne sais trop quoi dire en conclusion si ce n’est  que Chris Fischer, à la suite de la capture de Junior a tenté de faire homologuer sa prise pour obtenir le record mondial pour une prise de grand requin blanc, record quasi impossible à obtenir aujourd’hui que la pêche est quasiment interdite partout. Mais, pas pour tout le monde.

20/05/2013

Attaque de requins à La Réunion : et si on s'occupait du vrai problème?

 

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Le maire de Saint Leu à La Réunion, commune sur laquelle a eu lieu une attaque de requin bouledogue ce mois-ci, a autorisé par un arrêté municipal la pêche au requin bouledogue, espèce responsable de l'attaque. L'année dernière, une autre attaque mortelle avait eu lieu sur la même plage.

M. Robert, sortant d'une Réunion avec le préfet reprochait à ce dernier de ne prendre que des mesurettes, alors même que celui-ci venait d'autoriser de façon totalement irrationnelle le "prélévement" (ou plutôt le massacre), de requins bouledogues grâce à la pause de drumlines qui ne manqueront pas de tuer de nombreuses autres espéces.

Irrationnelle, car la nécessité de ces prélèvements ne s'appuie sur aucune conclusion scientifique, alors même que des études sont en cours et ne semblent pas indiquer une augmentation du nombre de requins (c'est sans doute même le contraire).

M. Thierry Robert a donc décider d'en remettre une couche. Il est d'ailleurs coutumier du fait puisque c'est déjà lui qui avait autorisé la chasse il y a un an, en toute illégalité (sa commune faisant partie d'une réserve naturelle).

M.Robert ferait mieux de s'occuper du retraitement des eaux usées de sa commune où le 18 Mars à la suite de la rupture d'une canalisation toutes les eaux usées se sont déversées dans la mer. Dans ce cas pas de mesure immédiate, mais des travaux qui auront sans doute lieu à la Saint Glin Glin. Le problème des eaux usées est un problème que les élus locaux de la Réunion ne semblent pas vouloir combattre , au point que la France paie des amendes à l'Union Européenne pour non respect des normes en la matière. 

A la Réunion 58% des eaux usées ne sont pas retraîtées, mais résoudre ce problème semble un peu au dessus des compétences de M.Robert qui préfère dilapider l'argent publc ("7 euros par kilo de poids vif, dans la limite de 50 requins!!!) pour pêcher dans une réserve garante de la biodiversité de l'ïle.

28/11/2012

Un requin blanc à La Réunion : c'est possible

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Comme vous le voyez sur cette capture d'écran du shark tracker d'Ocearch, un des 35 requins marqués par l'organisation entre mars et juin, se promène non loin de La Réunion (tout est relatif), en tout cas sous les mêmes latitudes.

C'est donc possible, ce dont certains doutait, mais qui ne m'étonne pas puisqu'on les aperçoit aussi, bien que rarement au Mozambique, en Floride et en Nouvelle-Calédonie. Le mythe du grand blanc dissuadé par l'eau chaude est donc définitivement dissipé.

On nuancera néanmoins le propos. En 6 mois, seulement deux des requins marqués sont remontés plus haut que la frontière du Mozambique et de l'Afrique du Sud.  On comprend donc qu'une rencontre soit encore plus improbable, mais tout aussi possible.

28/09/2012

Le flicage et l'éradication des requins côtiers en Australie : la tracking tuerie organisée par le gouvernement australien

Après une augmentation du nombre d'attaques qui n'était imputable qu'à une augmentation du nombre d'utlisateurs de la mer, dans un grand geste de démagogie obscurantiste, le gouvernement australien a décidé d'ouvrir la chasse aux requins "qui s'approchent trop près des côtes" ou qui "présentent une menace imminente". 

Mais pas une chasse à l'ancienne. Non, le chasseur utlise tous les nouveaux moyens qu'offre le monde moderne. Ainsi, une partie des fonds gouvernementaux ira au marquage et au tracking de requins. Pour mieux les connaître ? Pas du tout. Pour pouvoir les tuer s'ils sortent de leur périmètre !

Le requin menaçant ou s'approchant trop des plages sera abattu, tandis que le requin éloigné et peu menaçant sera marqué. A lui de ne pas trop s'approcher par la suite, car grâce ou à cause de son tag, il déclenchera  une alarme et sera occis sur le champ. Le gouvernement australien s'est ainsi décidé à fliquer les requins !

Les deux critères sont d'une rigueur à toute épreuve. S'approchant "trop près des côtes" d'abord. J'ose espérer qu'une limite précise a été donnée ? Mais quoi ? Cela veut dire qu'à terme tous les requins côtiers seront abattus tant il est évident que tous s'approchent à un moment ou un autre du bord ? Le requin bouledogue tout d'abord qui s'approche des emboûchures de rivières quand il n'y entre pas. On a vu lors d'Australia Day, dans la région de Sydney que six requins bouledogues marqués s'étaient promenés au milieu des baigneurs, sans même que personne ne les aperçoivent. Avec les nouvelles mesures qu'aurait-on fait ? Les aurait-on abattus ?

Dans la rivière Breede en Afrique du Sud vit une population de requins bouledogues dont certains éléments mesurent plus de 4m, sans qu'aucune attaque n'ait eu lieu à ce jour.  

Une telle décision revient à nier au requin bouledogue le droit d'habiter son propre écosystème. Cela revient donc à un arrêt de mort.

Le requin blanc est lui aussi un requin qui occasionnellement peut s'approcher tout près du bord, sans qu'il ne soit pour autant menaçant (pour preuve Chris Fallows pagayant sur une planche au dessus d'un spécimen dans False Bay). Le requin tigre peut venir tout près du bord si quelque chose l'y attire. A terme tous les requins bouledogues, blancs  et tigres marqués seront tués, puisque tôt ou tard, ils s'approcheront tous trop près. C'est absurde.

Passons au deuxième critère "présenter une menace imminente". En voilà un critère objectif ! Il n'est qu'à aller sur Youtube et taper "shark attack" pour s'apercevoir que ce terme recouvre des interprétations assez variées. Ainsi une video anglaise d'un pauvre requin renard pêché à la ligne et se débattant sur le pont d'un bateau est qualifiée d' "attaque" et le requin décrit comme "vicieux" (alors même qu'il vit ses derniers instants !). Nul doute que beaucoup de requins présenteront des "menaces imminentes". Imminentes, car comme chacun le sait il est très facile de prévoir une attaque de requin et de percevoir le moment exact où elle va se déclencher.

Au final, ces mesures veulent surtout dire que la pêche au requin est à nouveau ouverte en Australie, le gouvernement fournissant désormais aux pêcheurs deux bonnes raisons stupides permettant de justifier n'importe quelle prise, y compris celle du grand requin blanc, dont la population australienne se compte aujourd'hui en centaines.

L'Australie a massacré sa population de requins taureaux dans les années 60, elle va maintenant s'occuper des autres espèces côtières. Le plus stupide, c'est que pour pouvoir les tuer, les pêcheurs vont désormais appâter bien près des côtes, là ou c'est autorisé, mettant par la même les populations humaines en danger. Bravo.

07/08/2012

Prélévements de requins à la Réunion : l'hypocrisie des pouvoirs publics

Suite à l'attaque de la semaine dernière à St Leu à la Réunion et après une valse-hésitation, les pouvoirs publics ont finalement autorisé le prélévement de 10 requins bouledogues et 10 requins tigres, tenez-vous bien "pour étudier une bactérie, la ciguatera, dont ils seraient porteurs"  et qui les rendant impropre à la consommation en limiterait la pêche (???).

Quel raisonnement tordu !

Si l'on suit ce raisonnement qui ne vise qu'à autoriser hypocritement une battue à l'ancienne de pêcheurs locaux qui ce faisant ne vont encore qu'attirer plus de requins, il s'agirait de lutter contre ce qui fait proliférer le requin bouledogue, alors même que cette prolifération n'est pas du tout établie scientifiquement.  L'hypothèse selon laquelle l'augmentation du nombre d'attaque ne pourrait résulter que d'une augmentation de la population de requin n'a rien d'évidente. Il n'y a pas prolifération de requin mais augmentation du nombre d'attaque. Cette augmentation pourrait très bien ne résulter que d'un changement de nos comportements et d'un changement des leurs, l'un ayant peut être occasionné l'autre. Nous sommes plus nombreux dans l'eau, de plus en plus loin du bord. Ils se rapprochent plus souvent des côtes (rejets). Par exemple.

Pas question d'avouer qu'il s'agit d'éliminer quelques spécimens pour contenter l'électorat. Non. Tout ceci n'a de fin que scientifique. 

Dans le même temps les pouvoirs publics ont investi dans un programme de marquage des requins bouledogues de la Réunion. Il serait amusant que leurs études sur les bactéries les amènent à éliminer des individus marqués dans le cadre de leur programme d'observation des comportements.

De la même façon, les pouvoirs publics ont créé une réserve naturelle, près de Saint Leu. Ils souligent néanmoins, par la voie d'un certain M.Brunetière, que la pêche au requin bouledogue, qui n'est pas une espèce protégée "y est autorisée". On hallucine. 

Il serait temps d'arrêter de réagir face à chaque attaque de façon soit hypocrite, soit épidermique pour regarder les choses de façon pragmatique et distanciée,

Tout d'abord, les mesures mises en place, du type vigie-requin, dont les surfeurs demandent le renforcement, sont-elles véritablement appropriées ?

Les vigies-requins s'inspirent d'une initiative mise en place sur certaines plages du Cap en Afrique du Sud : les Shark Spotters.

Il s'agit en effet d'une remarquable initiative parfaitement adaptée à la région du Cap et aux attaques de requins spécifiques qu'elle connaît. Mais pas à la Réunion!

Les Shark Spotters au Cap jouissent de deux avantages : ils interviennent sur un terrain accidenté et sont positionnés en hauteur, en surplomb des plages, parfois à plusieurs dizaines de mètres.  Je ne sais pas si c'est le cas à la Réunion. Qui plus est, les requins qu'ils guettent sont des grands requins blancs, bien plus imposants que le bouledogue et surtout nageant fréquemment sous la surface, donc bien plus faciles à repérer. Le bouledogue lui, partout où je l'ai rencontré, que ce soit au Mozambique, en Afrique du Sud ou au Bahamas, nage en rasant le fond.

D'après ce que j'ai pu voir sur Youtube, les vigies-requins de la Réunion encadrent notamment les cours en stand up paddle. Une telle technique, aussi reconfortante qu'elle soit pour les participants puisque la vigie est parmi eux, ne peut en aucun cas avoir une véritable efficacité. Seul un pêcheur aguerri parviendrait à percer à travers la surface à une distance de plus de 4m avec un tel angle et les reflets sur la surface (par temps calme). Il faudrait vraiment que le requin passe sous la planche pour qu'il soit aperçu. Rappelez-vous un post précédent :  lors d'Australia day, six bouledogues marqués se sont promenés au milieu des baigneurs sur les plages de Sydney sans qu'un seul ne soit remarqué !

Du coup, la vigie-requin de la Réunion en arrive à avoir une fonction inverse des shark spotters du Cap. Alors que les shark spotters du Cap sécurisent véritablement la plage, notamment en informant sur la fiabilité de leur surveillance (en fonction de la visibilité) et en amenant les surfers à évaluer la dangerosité des conditions, les vigies-requin donnent un faux sentiment de sécurité. Un système de drapeau vert et rouge, indiquant le niveau du danger requin (eau trouble ou non, analyse de celle-ci si possible) serait préférable.

La seule mesure efficace (même si je pense que la vraie conduite à avoir serait que les surfeurs acceptent ce risque minime comme faisant parti de leur activité) ne peut être que l'installation de filets ou de drumlines sur quelques plages sélectionnées (le moins possible) et ce de façon provisoire en attendant les résultats de l'étude sur le comportement des bouledogues. Seule cette solution satisfera les surfers et les professionnels du tourisme. A défaut de pouvoir partager la même mer, chacun la sienne.

Ceci n'évitera pas à 100% le risque d'attaque, mais le réduira considérablement. Les attaques sur les plages protégées de la South Coast du Kwazulu-Natal en Afrique du Sud sont rarissimes depuis la pose de filets à la fin des années 50 et au cours des années 60/70.  

La filets fonctionnent comme des pièges. Ils n'empêchent pas les requins de passer, mais tendent à capturer les spécimens passant trop de temps près de la plage. A la vue et à l'odeur de leurs congénères morts, les requins désertent probablement la zone (Cousteau avait remarqué ce comportement en mer rouge). C'est la seule raison que je vois à leur efficacité, si ce n'est peut être également qu'ils contribuent à faire diminuer inexorablement le nombre de requins. Les plages concernées ne deviendront donc pas sûre du jour au lendemain après la pose des filets. Cette technique est efficace notamment sur les bouledogues, relativement sédentaires (territoire s'étendant sur une centaine de km) par rapport aux tigres et aux blancs. . 

Elle constitue sans doute un moindre mal, si elle permet d'éviter qu'on éradique une espèce entière, au seul motif de sécuriser la pratique d'un sport aquatique. Le requin bouledogue est un requin côtier. C'est comme ça. Depuis assez longtemps d'ailleurs. 

Le requin bouledogue est classé parmi les espèces vulnérables par la CITES. Il constitue la quatrième espèce dont les ailerons sont les plus communs sur le marché de Hong Kong (cf. Rapport CITES). Peut-être se rapproche t-il des côtes parce qu'il est trop pêché au large ?

04/07/2012

Quand les requins blancs se géolocalisent : le Shark Tracker

 

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Localisation d'Albert en face de Eersterivier, dans la province de l'Eastern Cape, à 300 m de l'endroit où je m'étais baigné 10 ans plus tôt, à 5h du soir, au mois de juin.



Depuis deux jours, le Shark Tracker est en ligne. Il s'agit d'un site qui permet de visualiser les déplacements de 32 requins blancs, marqués en 4 endroits de la province du Cap en Afrique du Sud en Avril et Mai dernier par les équipes d'Ocearch.

Chaque fois que l'émetteur sort de l'eau, donc que l'aileron du requin dépasse de la surface, et pour peu qu'un gentil satellite passe par là, à la verticale, quelques milliers de kilomètres plus hauts, eh bien toc, le requin est localisé.

On peut ensuite visusaliser grâce au tracker les déplacements de tous les requins, de chaque requin individuel et faire toutes les combinaisons possibles à des fins de comparaisons. Le tracker est un outil formidable pour les amateurs de requins comme moi. Aux scientifiques, il offrira sans aucun doute une matière inestimable.

Je reviendrai sur les premières observations que l'on peut faire à partir du tracker dans un prochain article. Ce qui me frappe pour le moment c'est la très grande diversité des itinéraires empruntés le long de la côte sud africaine. Quelques points de rendez vous, ça se confirme. Bien des chemins pour y parvenir.

Pour autant, est-il bon de laisser ainsi le shark tracker entre toutes les mains ? Des individus mal intentionnés (l'espèce est mondialement protégée) ne pourraient-ils se servir de ces données à des fins peu avouables et radicalement opposée aux intentions de ceux qui les fournissent ?

Une autre question me taraude. Est-il bon que le grand public, surtout sud africain, visualise ces déplacements ? Ne risque t-il pas de s'apercevoir que presque tous ses lieux de baignade favoris, entre le Cap et le Kwazulu-Natal, en passant par l'Eastern Cape sont fréquentés, fût ce occasionnellement, par ce squale tant redouté ? Le tracker ne risque t-il pas de devenir une source d'angoisse plus qu'un outil pédagogique. La même remarque m'était venu à la suite de la publication des déplacements de requins bouledogues dans la baie de Sydney lors d'Australia Day. A ceci près que la publication avait été faite postérireurement et était ponctuelle.

J'imagine déjà les gens se rendant demain à la plage tout en consultant l'appli shark tracker sur leur smart phone. Ou bien un shark tracker à l'entrée de chaque plage, comme ces panneaux indiquant les pistes ouvertes ou non, dans les stations de ski ? Gageons que l'apaisement que sont censées procurer les vacances en prendrait un sacré coup. Qu'importe me direz-vous, les blackberries l'ont déjà sérieusement entamée. Plus sérieusement, j'imagine surtout des vacanciers réclamant du coup toujours plus de protections, toujours plus filets. J'espère me tromper.

Une dernière remarque : à ce jour, les requins n'écrivent pas de status quand ils se localisent.

Le shark tracker : http://sharks-ocearch.verite.com/

 

06/04/2012

Plus d'attaques, moins de requins

Suite à la récente attaque d'un plongeur sous marin par un grand requin blanc, la quatrième en moins de 7 mois sur la côte ouest de l'australie, fleurissent à nouveau ici et là des reportages et articles sur la hausse du nombre d'attaques de requins dans le monde.

Souvent ces articles se concluent en évoquant le fait que le nombre de pratiquants de sports nautiques est également en augmentation, mais sans plus de précisions, reléguant ainsi au rang d'hypothèse le fait que cette augmentation puisse être la cause de l'augmentation du nombre d'attaques.

Alors que c'est une certitude. On ne devrait pas s'inquiéter du fait que le nombre d'attaque augmente, mais qu'il n'augmente pas plus.

Les principales organisations mondiales forment environ 180000 plongeurs sous marins par an et on estime qu'au final ce sont sans doute plus de 220 000 plongeurs qui sont formés chaque année. Certains d'entre eux doivent poursuivre cette pratique, c'est sûr.

Le nombre de surfers dans le monde atteindrait peut être 27 millions selon la Surf Industry Manufacturer's Association. Ce sport aurait connu une formidable progression au cours des dernières décennies, avec notamment un essor spectaculaire en Europe où il est devenu le symbole d'une cool attitude. Aujourd'hui le marché des équipement liés au surf pèse 13,24 milliards $. Mis à part cette dernière année, il a connu une croissance constante au cours des deux dernières décennies.

Le kite surf qui n'existait pas, si ce n'est de façon confidentielle, jusqu'au début/milieu des années 90, compte aujourd'hui près de 200 000 pratiquants dans le monde.

Le kayaking a également connu récemment un essor surprenant puisqu'on compte pas moins de 8 millions de pratiquants aux US à ce jour, dont nombreux sont ceux qui pratiquent le Kayak en mer ( National Sporting Goods Association).

Alors ça suffit, arrêtons avec les requins dont le nombre augmenteraient ou qui seraient rendus plus agressifs par les opérateurs qui les appâtent. La vérité est que même si le nombre d'attaque en 2011 est élevé, il ne fait qu'égaler les pics constatés au cours des 30 dernières années selon les Shark Attack Files (79 en 2010, 81 en 2000). A peu près le même nombre d'attaques (alors qu'elles sont bien mieux comptabilisées qu'hier) avec tellement plus de monde dans l'eau, cela veut sans aucun doute dire qu'il y a beaucoup moins de requins.

Bientôt, les seuls ailerons que l'on verra sous l'eau seront ceux des planches de surf.

30/01/2012

Un nouveau massacre de requins à Malpelo

 

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LE Bateau de la marine colombienne, prêt à bondir.






La semaine dernière, la marine colombienne a saisi un bateau de pêche costa-ricien de retour de Malpelo, la cale pleine d'ailerons de requins. 660 Livres. Il y a deux mois déjà cette même marine colombienne avait saisi un autre bateau, unique coupable appréhendé d'une flotille de 10 bateaux selon les plongeurs qui les avait surpris et avait attiré l'attention sur leurs activités. On a calculé d'après les prises de ce bateau qu'environ 2000 requins marteaux et soyeux avaient dû être pêchés par cette flotille. Cette dernière était doublement dans l'illégalité, pratiquant une méthode de pêche illégale (le finning) à l'intérieur d'une zone marine protégée, le Sanctuaire de Faune et de Flore de Malpelo, classé au patrimoine mondial de de l'UNESCO (en voilà encore une chose utile).

Il faut savoir que le bateau saisi ces jour derniers, faisait quant à lui partie d'une autre opération de pêche illégale (et qu'il y en avait là encore peut être 10 autres de plus sur zone au même moment que lui). C'est effrayant. Alors même que les opinions changent et que la consommation de soupe d'ailerons baisse en Asie, le massacre se poursuit.

Une première question vient à l'esprit. Combien de temps cet écosytème du pacifique Est pourra t-il soutenir de telles ponctions? Les plongeurs russes qui ont documenté le massacre affirment qu'après leur macabre découverte, ils ne virent plus un seul requin marteau sur place pendant le reste de leur séjour (soit environ 5 jours je suppose).  Cette dernière nouvelle ne m'étonne guère. En sentant et en voyant leurs congénères aux ailerons sectionnés agonisant sur le fond, les requins restants ont provisoirement dû fuir la zone, terrorisés. Ils reviendront sous peu, jusqu'au jour où il ne reviendront plus, parce qu'ils auront disparu de cette zone.

Il y a un an, de retour de cet ilôt au large de la Colombie, je vous avais parlé dans un post de la protection des requins à Malpelo (http://sharkuterie.blogspirit.com/archive/2010/12/08/la-protection-des-requins-a-malpelo.html) et vous avais expliqué le problème des ressources, sur place : un seul pauvre bateau rouillé, assez lent aux dires des gardiens du Sanctuaire. Qui plus est, un guide de plongée qui s'était rendu quatre fois sur place dans l'année m'avait calmement confié quand nous nous amarrâmes au bateau de la marine que c'était la première fois qu'il le voyait sur zone (!!!!).
Il semblerait qu'il en existe un deuxième. Il paraît. Les moyens de garantir la protection de la zone sont donc dérisoires et du coup les grandes déclarations des gouvernements sonnent creux.

Les gouvernements colombien et costa ricien se sont joints la semaine dernière pour souligner qu'ils allaient renforcer leur coopération, suite à ces derniers "incidents". La sincérité des colombiens, qui sont derrière toutes les révélations, n'est plus à prouver. Celle des costa riciens me paraît beaucoup plus douteuse. Passivité ou corruption, je n'en sais rien, mais les problèmes viennent souvent de ce pays qui se dit écologiste. Le Costa Rica ne pourrait-il prouver sa bonne foi en commençant par sanctionner ses ressortissants criminels ? Ne pourrait-il également mettre un tout petit peu plus de moyens au service de la protection des requins, puisqu'une bonne partie des pêcheurs illégaux battent son pavillon et déchargent leurs prises au Costa Rica.  Sans doute suis-je naïf. Le documentaire Sharkwater était édifiant à ce sujet.

A court terme, la seule solution que je vois serait à mon sens qu'on autorise plus de bateaux de plongée à Malpelo. Les bateaux de plongée ne peuvent arraisonner les pêcheurs illégaux (pas plus que les bateaux de la marine colombienne d'ailleurs, vue leur lenteur,) mais peuvent signaler les fauteurs de trouble aux autorités compétentes. Or avec plus de bateau de plongée, on pourrait garantir une présence quasi permanente sur place, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

Aujourd'hui le nombre de bateaux de plongée est limité à un seul à la fois. On pourrait sans aucun problème en avoir trois sur place au même moment, sans que la faune n'en soit beaucoup plus dérangée, ni que les plongeurs ne se marchent sur les palmes.

Cette solution offirait également un avantage du point de vue de la sécurité. Il est dangereux de laisser un bateau seul, à 700 km des côtés, quand bien même il y aurait une présence humaine sur l'ilôt.

Dernière chose, augmenter et partager les revenus du tourisme écologique, c'est sans doute la meilleure façon de protéger les requins de Malpelo. 

24/12/2011

Sur les récents marquages de requins bouledogue à la Réunion

 

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Le Capitaine Billy Black, fameux pêcheur au gros, préparant le fruit de sa pêche à Walker's Cay, aux Bahamas, qui abrite (abritait?) une impressionnante communauté de requin bouledogues. 2002

 

 

 

 

 

 

Certains d’entre vous ont peut-être suivi les liens postés par Ben concernant les récents marquages à la Réunion (qui étaient apparemment le fait d’initiatives privées), là même où avaient eu lieu certaines attaques. Comme vous l’avez dans ce cas vu, les résultats se sont avérés assez décevants. Un seul requin marqué par la première équipe et un autre par la seconde, au moment où le lien était paru. Ces derniers avaient encore quelques jours devant eux.

J’ai lu ici ou là des remises en cause de l’expérience ou de l’expertise des équipes ayant procédé à ces marquages. Certes, je n’avais personnellement jamais entendu parler de Fred Buyle, l’apnéiste belge qui a procédé au marquage d’un requin avec la première équipe, mais je n’ai pas l’impression que le choix soit particulièrement à remettre en cause. Pour une telle tâche, être un ancien champion d’apnée ne me paraît pas contre-indiqué, les bouledogues appréciant raser le fond ce qui ne les rend pas faciles à approcher.

Le problème ce n’est pas le marqueur, mais la technique de marquage.

De toutes mes plongées avec des requins bouledogues en Afrique du Sud et au Mozambique, je ne les ai jamais vus tourner autour des plongeurs comme le font d’autres requins. La plupart du temps, ils restaient à distance, rasant le fond, si ce n’est peut-être lors de la mise à l’eau où il venaient parfois jeter un rapide coup d’œil avant de repartir aussitôt. Il n’y a guère qu’à Walker’s Cay aux Bahamas que j’ai pu les voir vraiment de près, mais c’était là une situation exceptionnelle. Ils s’étaient habitués à venir à un endroit précis de l’île où l’on vidait les poubelles pleines d’entrailles et d’arêtes des poissons ramenés par les pêcheurs au gros qui fréquentaient cette île. On venait même les nourrir pour divertir le touriste, une à deux fois par semaine. En revanche, cela m’avait intrigué, pas un requin bouledogue lors de mes plongées bouteilles journalières, alors qu’ils étaient parfois une trentaine au bord de l’île. Pas de requin bouledogue non plus lors du shark feeding local (le shark rodeo), fréquenté par les requins gris, les requins des caraïbes et les requins nourrices. Ils ne mangeaient pas de cette soupe. Même chose en Afrique du Sud lors de mes plongées avec les requins tigre d’Aliwal shoal où ceux-ci sont appâtés, même s’ils ne sont pas à proprement parlé nourris. Des blacktips à ne plus pouvoir les compter, parfois jusqu’à 5 ou 6 requins tigres, mais pas de bouledogue. Le requin bouledogue est difficile à approcher en plongée et on ne l’attire pas en surface avec du vinaigre ou de l’huile plutôt.

Dans ces conditions on comprend que le travail des équipes réunionnaises, vue la technique choisie avait peu de chances de réussir.

Les grandes opérations de marquages de requins bouledogue qui ont eu lieu récemment, à savoir celles menées à Sydney Harbour et quelques km au nord en Australie et celle menée sur la Breede River dans la province du cap en Afrique du sud, ont toutes été faites sur des requins qui avaient été au préalable pêchés puis sortit de l’eau. Ceci demande pas mal d’expérience et de moyens puisqu’il faut posséder un harnais permettant de soulever l’animal tout en protégeant sa colonne vertébrale. Ensuite il faut pouvoir le protéger du soleil tout en faisant passer de l’eau dans ses ouïes. Cette opération doit se faire rapidement pour ne pas risquer de remettre à l’eau un animal qui mourra quelques minutes plus tard. Les équipes réunionnaises ont peut être voulu éviter cette technique qui cause certainement beaucoup de stress à l’animal, mais je crains que ce ne soit la seule permettant de mener à bien une étude fiable en marquant un nombre suffisant d’animaux.

Afin de capturer le requin bouledogue, les sud-africains comme nombres d’autres pêcheurs dans le monde utilisent de préférence des appâts vivants. C’est la meilleure garantie avec le requin bouledogue. Les pêcheurs au gros le savent bien qui voient souvent leurs prises sectionnées par les requins bouledogues dans les eaux qu’ils fréquentent. Ceux qui en doutent peuvent aller voir cette vidéo de requins bouledogues attaquant un tarpon en Floride (http://www.youtube.com/watch?v=HCqAafdU09E), il y en plein d’autres sur Youtube. Je vous en recommande également une autre où cette fois-ci c’est en eau douce dans la rivière Breede en RSA qu’un bouledogue découpe une gigantesque carpe. D’ailleurs, c’est dans cette même rivière Breede, je vous le disais qu’on a marqué et suivi une énorme femelle pendant 43h récemment. On a constaté à cette occasion que par moment elle suivait les bateaux de pêcheurs, une fois pendant 35 mn, semblant attendre une prise pour ensuite la dérober.

En conclusion, c’est avec des appâts vivants qu’il faudra peut-être songer à capturer les bouledogues réunionnais une prochaine fois, à condition d’avoir les experts et le matériel adéquats pour les marquer ensuite en dehors de l’eau.

Il me semble qu’il faudrait également envisager des marquages à des périodes différentes de l’année. Les bouledogues migrent parfois d’au moins 200 km au cours d’une année. Il n’est pas dit qu’il n’y est pas à la réunion une population de passage et des périodes de l’année où les bouledogues soient plus nombreux que d’autres. Mais bon, je dis ça, je ne dis rien.

20/12/2011

Protection des requins : une lueur d’espoir en 2011

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Je me souviens avoir écrit un post, comme cela en fin d’année, il y a trois ou quatre ans intitulé « This is the end », assez pessimiste et résigné. Je ne voyais à l’époque encore aucun espoir de sauver les requins. La protection s’organisait assez peu intelligemment et on ne s’attaquait alors pas vraiment au problème de la consommation d’ailerons.

Il semblerait que l’année 2011 marque un véritable changement à ce niveau-là. En 2011 plusieurs municipalités et provinces, en Amérique du Nord notamment on interdit le commerce et l’importation des ailerons de requins. San Francisco, la Californie, Toronto, le Mexique. Ca commence. De nombreuses campagnes ont été menées à Taiwan, Hong Kong et en Chine pour sensibiliser les consommateurs. Des initiatives ont été prises pour inciter les jeunes mariés à se passer de la fameuse soupe traditionnelle lors leur mariage.

On dit que le commerce des ailerons de requins aurait baissé de 15% cette année sur le marché asiatique. Tout espoir n’est donc peut être pas perdu.

Bonne fin d’année à vous tous. En ce qui me concerne 2011 fut une année « requinless » et je n’aime pas beaucoup ça. Je me rattraperai en 2012. L’occasion d’aller collecter quelques informations pour de futurs articles.

26/10/2011

En rond

La semaine dernière, une troisième attaque de grand requin blanc en quelques mois a eu lieu en Australie de l'Ouest . En Australie, pays qui fut après l'Afrique du Sud un des premiers à protéger le grand requin blanc, on propose aujourd'hui (la région de Perth étant moins familière de cette espèce que la Nouvelle Galles du Sud), là encore, de prélever quelques spécimens, au pif, pour satisfaire les électeurs, tout en sachant bien que cela ne sert à rien, mais pour montrer qu'on se bouge.

Une conclusion s'impose. Que ce soit pour les pays a priori en avance dans la connaissance des requins (Australie) ou en retard (France (Réunion) et Seychelles), le naturel chevauche toujours la même Harley Davidson quand il revient au galop.

Il semblerait que nous ayons protégé à l'échelle mondiale le requin blanc sans que nous n'en acceptions  les conséquences. Comme pour le loup. La vérité est que nous voulons éradiquer ces animaux sauvages pour étendre nos prés verts d'ennui. Nous n'acceptons pas leur mode de vie qui se heurte au nôtre. La pratique sécurisée du kite surf est plus importante qu'une espèce toute entière.

Alors même que les effectifs du grand blanc n'augmentent pas en Australie (et diminuent probablement), l'homme fait confiance à ce bon sens, qui se trompe la plupart du temps, pour croire les sportifs aquatiques toujours plus nombreux à le repérer, parce qu'ils sont tout simplement plus nombreux dans l'eau.

Protéger le requin blanc, ce devrait être accepter qu'il y ait des attaques. Sinon, nous continuerons à tourner en rond.

14/10/2011

Un requin "attaque" un kayak à la Réunion

Une cinquième attaque a eu lieu à la Réunion. Mon dernier post avait un peu de retard sur l’actualité. Elle s’est produite le 5 Octobre et a cette fois impliqué un kayakiste. Le requin s'en est pris au kayak sans dommage pour son occupant. Elle s’est produite à peu près là où avait eu lieu la dernière, aux environs du 20 Septembre au cap de la Houssaye, mais aussi et surtout là où un requin bouledogue avait été pêché suite à l’arrêté préfectoral dont je vous parlais dans mon précédent post.

Pas étonnant qu’il y ait des requins dans le coin, vu qu’on a dû appâter en continu pendant trois jours, moins d’une semaine avant. Il aurait été sage de ne pas faire de kayak à cet endroit pendant quelques jours. Je suppose d’ailleurs que c’est la recommandation qu’avaient dû faire les autorités.  Le problème, c’est qu’une fois de plus la réaction primaire va être « plus d’extermination », alors même que c’est probablement le fait de pêcher à cet endroit qui a attiré encore plus de requins. Le poisson se mord la queue, oserais-je dire.

Une remarque : le kayak n’était pas si répandu il y a encore quelques années, le kite surf n’existait pas. Deux pratiques nautiques qui font s’éloigner du bord, par delà les tombants, bien au delà de la où vont les surfeurs. C’est automatique, les rencontres sont plus fréquentes. Alors même qu'il y a sans doute moins de requins.

J’ai entendu dire que les autorités avaient ou allaient entreprendre un balisage des requins de la zone. Apparemment, l’idée serait de suivre leurs déplacements (grâce à des bornes placés sous l’eau) et de savoir ainsi à quel moment fermer les plages. Le balisage est certes intéressant pour étudier les déplacements, je doute qu’un système d’alerte puisse être mis en place (en dehors du fait qu'il faudrait équiper tous les requins et renouveler ces équipements), pour la bonne et simple raison que ce serait sans doute l’alerte permanente. Je vous renvoie à un précédent post et à l’opération de marquage des requins bouledogues à Sydney qui révélait que le jour de la fête nationale, sept bouledogues s’étaient promenés, à proximité des baigneurs à certains moments, sans qu’aucun ne soit même aperçu. Toujours se rappeler qu’on a été vu par bien plus de requins que l’on a vus.

La vraie question est en fait la suivante : pourquoi attaquent-ils à certains moments, alors que tout le reste du temps ils ne le font pas ?

 

 

10/10/2011

10 requins tigres et bouledogues pêchés sur arrêté préfectoral à la Réunion

Il y a de cela quelques jours, l’un de vous (et je l’en remercie vivement) m’a fait parvenir un arrêté préfectoral émanant de la Réunion et autorisant une « opération ciblée de prélèvement de requins ». En gros, la préfecture avertissait qu’elle avait décidé la prise de 10 requins tigres et bouledogue et ce afin de réguler une population de requins "côtiers sédentaires et dangereux" (suite aux quatre attaques mortelles recensées en 2011). Cette régulation par l'homme prête à sourire tant les spécialistes de ces espèces s’accordent à dire combien leurs effectifs ont reculé ces 20 dernières années, en particulier le requin bouledogue, ou requin du Zambèze.

Dans sa très grande rigueur, la préfecture ne donnait pas la répartition des prises entre les espèces. On se demande bien, de toutes façons, comment on en est arrivé à ce nombre de 10, puisque le rapport précise qu’on ne connaît pas la taille des populations de ces deux espèces.  Qui plus est le requin tigre n’est pas sédentaire, même s’il repasse souvent par les mêmes endroits. Quant au requin bouledogue, certes il est un peu plus casanier, mais on le voit quand même souvent faire des migrations de plus de 300 km entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. C'est dire la précision du ciblage.

Dernière petit détail : ces prises, était-il précisé, pourraient être faites à l’aide de palangres (ces longues lignes bourrées d’hameçons), technique de pêche qui comme chacun le sait permet une pêche extrêmement sélective.

Cette décision paraît totalement stupide (ne régulant rien du tout), et probablement motivée par de seules raisons électoralistes. Ne pourrait-on plutôt s’inspirer des autorités australiennes qui ont marqué les populations de requins bouledogues dans le port de Sydney. Connaître les déplacements de ces requins réunionnais, pour comprendre ces attaques et leurs circonstances, serait sans doute bien plus intéressant que de les pêcher 

Probablement s’apercevrait-on alors que ces populations n’augmentent pas, qu’elles décroissent au contraire, et que la cause est à chercher du côté d’une autre population, celle des surfeurs, qui passent de longues heures dans l’eau à des endroits fréquentés par les requins, et qui elle n’a cessé d’augmenter depuis l’apparition du surf à la Réunion dans les années 1970-80.

1 attaque mortelle en moyenne chaque année, quatre cette année. Nous restons sur des chiffres très bas comparés à d’autres dangers.

Il faut que les surfeurs acceptent ce risque, comme on accepte le risque de chute dans certains sports extrêmes, fût-elle mortelle, qu’ils oublient qu’il s’agit d’un animal et en particulier du requin avec tout ce que cela excite comme imaginaire. 

06/09/2011

Le commerce mondial des ailerons de requins en data visualisation

 

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Si comme moi vous trouver cela un peu difficile à lire, voici le lien :

http://tinyurl.com/44588tp

Merci à David 

01/09/2011

Les requins bouledogues ne sont pas des tueurs aveugles

Le 14 juillet australien dernier, Australia Day, le 26 Janvier, des scientifiques australiens travaillant pour le Dr Smoothey ont monitoré une population de requins bouledogues qu’ils marquent en les équipant de transmetteurs depuis 2009 ( à la suite de l’attaque qui avait eu lieu de nuit dans le port de Sydney). Ils ont publié, il y a quelques jours, la carte de leurs déplacements. Les résultats sont édifiants.

 

Deux populations ont été marquées depuis 2009. D’abord dans la baie de Sydney qui devient ensuite bras de mer et s’enfonce dans un delta, puis, depuis octobre 2010 un peu plus au nord dans un écosystème qui semble proche pour celui qui regarde une carte, mais qui ne l’est sans doute pas tant que ça, vus les premiers résultats de l’étude : Clarence river. En effet sur le premier site, où environ une trentaine de requins ont été marqués (je ne suis pas sûr du chiffre exact), on ne trouve que des mâles. Sur le second site en revanche, rien que des femelles et de jeunes spécimens (25 individus marqués), ce qui est assez logique.

 

Les informations collectées lors de l’Australia Day ne concernaient donc que des mâles (mais le marquage de Clarence n’a commencé qu’en Octobre) dont la taille oscillait entre 2m20 et 2m80 environ.

 

Il s’avère que ce jour-là, au coeur de l’été austral, alors que les plages de Sydney étaient bondées, 7 requins bouledogues se sont baladés, parfois à proximité des baigneurs, sans qu’aucun incident ne survienne et surtout, c’est peut être la le plus étonnant, sans qu’aucun d’eux ne soit remarqué.

 

Cette observation m’a rappelé deux témoignages qui abondent dans le même sens. Il y a quelques années, sur la toile, je suis tombé sur un témoignage d’un plongeur américain qui disait qu’une population de quelques requins bouledogues traînait en quasi-permanence au bord d’un tombant qui créait une vague que les surfeurs affectionnaient tout particulièrement. Là encore, jamais le moindre accident. L’autre témoignage me vient du Mozambique, de Ponta Do Ouro, dont je vous ai souvent parlé. Un chauffeur de pick up m’avait confié, sans que je l’ai observé moi-même, que les enfants surfaient très souvent en compagnie de requins bouledogues et qu’ils s’amusaient même parfois à les taquiner. Si c’était mes enfants, je pense que j’aurais tout de même une petite conversation avec eux.

 

Tout ceci amène une première conclusion. Ce qui est exceptionnel, dans les zones qui constituent son habitat, ce n’est pas la présence du requin bouledogue, c’est le fait qu’il attaque (très très rarement) l’homme, alors même que leurs habitats se chevauchent plus que pour aucun autre requin.

 

Je ne reviendrai pas sur les conditions dans lesquelles un requin bouledogue peut être amené à parfois attaquer l’homme (cf. dans ce blog l’article « Dans quelles conditions le requin bouledogue risque t-il d’attaquer ? »). Ce que je veux dire ici et c’est ma deuxième conclusion, c’est que l’homme n’est en aucun cas une proie pour ce requin et que la coexistence de ces deux grands prédateurs que sont l’homme et le requin bouledogue est le plus souvent harmonieuse.

 

Je ne voudrais pas vivre dans un monde où il n’y aurait plus de requins bouledogues.