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26/02/2008

Un requin bouledogue tue un plongeur lors d’un shark feeding

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Moi-même en snorkeling avec
un requin bouledogue aux Bahamas.







Un plongeur autrichien serait mort des suites de ses blessures, le week dernier en Floride, suite à un accident survenu lors d’un shark feeding, à 50 miles au sud est de Fort Lauderdale. Apparemment, l’opérateur ne serait pas des plus fiables, puisqu’il avait déjà été averti par courrier par Neal Watson qui supervise la plupart des shark feedings de la région, Bahamas comprises.

Le requin incriminé serait un requin bouledogue (bull shark) et aurait mordu le touriste à la jambe. Ce dernier serait mort de ses blessures après avoir été transporté en hélicoptère dans un hôpital de Floride. Probablement une perte de sang trop importante. C’est le danger lors d’une attaque de requin. Si d’ailleurs le nombre de mort n’a pas augmenté plus au cours des dernières décennies, cela est principalement dû à la rapidité des secours qui permettent des transfusions plus rapides.

Nul doute que cet accident va relancer le débat sur les shark feedings et notamment ceux qui impliquent des requins dits dangereux, comme celui-ci qui attirait régulièrement requins tigre et requins bouledogue.

C’est la première fois que j’entends parler d’un accident de la sorte sur le net. Même si dans la réalité ces accidents arrivent. Il faut reconnaître qu’ils sont généralement tus par les opérateurs et qu’une véritable omerta est soigneusement entretenue par les uns et les autres. J’ai pourtant réussi à savoir par diverses indiscrétions qu’un plongeur avait été mordu au visage lors du sardine run de l’année dernière. J’ai également eu vent d’une attaque provoquées, probablement mortelle, de requin tigre en Afrique du Sud, il y a quelques années. Il semblerait qu’une attaque (mortelle ou non je ne le sais pas) impliquant un requin océanique à pointe blanche ait aussi eu lieu sur un récif du large en Egypte (Brothers ou Elphinstone, je n’en sais rien). Les guides rencontrés sur place ne me l’ont jamais confirmée, mais ils n’ont jamais cherché à l’infirmer non plus. Leur silence semblait néanmoins éloquent. L’Egypte, qui ne comporte aucun Hélicoptère de secours, ce qui est tout de même une honte quand on pense à l’argent que les plongeurs du monde entier y déversent chaque année, est à cet égard un des pires endroits où un tel accident puisse survenir.

Il est fort dommage que ces accidents soient systématiquement tus. Les opérateurs doivent estimer, justement ou non, qu’ils procureraient une baisse de la fréquentation. Je n’en suis pas si sûr. Le silence qui les entoure me semble pire. Il empêche les touristes d'évaluer les risques qu'ils courent et empêche de faire le tri entre bons et mauvais opérateurs. Il entretient aussi les pratiques abusives comme celles que l’on voit à Elphinstone où les bateaux nourrissent fréquemment les requins océaniques alors même qu’un peu plus loin des plongeurs se jettent à l’eau. Il nourrit les rumeurs infondées (rien ne me prouve en effet que les accidents dont je vous parle aient bien eu lieu).

Il serait sain qu’un serveur rassemble des données concernant ces accidents. En attendant qu’un site plus développé ne s’y colle, je vous propose de m’envoyer un mail si jamais vous avez vent de tels accidents ou abus. Après vérification, je tâcherais de les mettre en ligne.

On pourrait d’ailleurs envisager la même chose pour les accidents de plongée qui sont bien souvent eux aussi soigneusement dissimulés. Or les accidents se répètent souvent de la même façon. Les connaître, c’est pouvoir les éviter.

Pour en revenir à cet accident précis, je ne saurais encore que dire. Si ce n’est qu’il faut bien se renseigner avant de faire confiance à un opérateur qui attire en pleine eau de tels requins. Il convient également de bien observer les procédures. Le requin est un animal d’habitude. Ainsi, aux Bahamas, un opérateur avait l’habitude de nettoyer le pont des restes d’appâts, une fois les plongeurs remontés. Les requins le savaient et attendaient ces derniers morceaux de poissons. Un jour, un plongeur, après sa plongée eut la mauvaise idée de nettoyer son masque en surface. Un requin le mordit sérieusement à la main.

Il convient donc de ne se livrer à ce genre d’activité qu’avec extrême prudence et en compagnie de vrais professionnels. Il faut être avec quelqu’un qui contrôle bien les mises à l’eau ainsi que les sorties et qui surtout sache empêcher les novices de se placer à contre-courant des appâts. Les squales ne doivent pas être nourris directement à la main, bien évidemment. En Afrique du Sud à Aliwal, deux opérateurs contrôlent parfaitement ces techniques avec les requins tigres. Reste que ceux-ci n’ont pu éviter des incidents liés à l’inconscience de certains plongeurs. Ainsi ai-je pu voir une vidéo dans laquelle un père ayant confié une caméra au caisson métallique bien scintillant à son fils, laissa celui-ci foncer directement sur l’appât à contre-courant, horizontalement sous la surface. Tout ce que les requins tigre apprécient. Un requin fonça droit sur le jeune homme, se saisit de la caméra et il s’en fallut d’un miracle qu’il ne soit pas blessé. Seule l’intervention immédiate de l’opérateur permit d’éviter l’accident.

En ce qui concerne les requins bouledogue, je ne les ai jamais vus appâtés en pleine eau, mais je suspecte que la chose puisse être dangereuse, dans la mesure où le bouledogue préfère les proies vivantes qui se débattent. Ainsi, à Walker’s Cay aux Bahamas, on ne les voit pas sur le site du shark rodeo. Même chose à Aliwal shoal où ils ne viennent pas sur les lieux des plongées avec les tigres. Il se pourrait donc que notre opérateur de Floride ait utilisé une technique dangereuse et peu au point. J’avais à cet égard aperçu une vidéo sur le net où l’on apercevait requins tigre et bouledogue sous l’eau, depuis l’arrière d’un bateau. Les plongeurs devaient être sous la plateforme arrière du bateau. La technique n’avait pas l’air très élaborée et les requins étaient forcément attirés par quelque chose lancé depuis le bateau.

Une chose n’est jamais à perdre de vue quand on plonge avec un requin. Si le risque d’accident est faible, les conséquences peuvent être désastreuses. On ne peut autoriser le moindre risque.

16/02/2008

The rainbow fin

J’entends souvent dire autour de moi que l’environnement est un souci de riche, la mer encore plus, et les requins, qui sont ma passion, je ne vous en parle même pas. Il faudrait, semble t-il, au moins être concerné par le paquet fiscal de Sarkozy pour avoir le droit de s’en soucier. Préoccupation de privilégié.

Le monde serait ainsi divisé en deux : d’un côté Zola, de l’autre le règne naturel. D’un côté le progrès, de l’autre ceux qui ne lisent pas. C’est à cela que l’on réduit hélas bien souvent le débat actuel. Les écolos seraient des débiles à la pensée parcellaire. Personnellement, je n’adhère pas à cette conception primaire. Certes il y a bien deux sortes de personnes, mais elles ne se répartissent pas de cette manière-là. En fait, il y a ceux qui divisent le monde en deux et ceux qui ne le font pas. Ceux qui pensent que l’Homme et la Nature se distinguent et ceux qui ne le pensent pas.

Or le souci écologique et le souci humain ne font pas deux, ils ne font qu’un. L’homme n’est qu’un sous-produit de la Nature. La croissance est une idéologie qui nous menace nous, osbcure sous-partie de la biosphère.

Une chose m’inquiète cependant. Très, très sérieusement d'ailleurs. Il s’agit de notre temps de réaction à nous tous. Nous nous comportons comme si nous avions le temps.

Alors que c’est tout de suite qu’il faut s’y mettre.

La menace qui se dresse face à nous n’est d'ailleurs peut être que le prétexte qu’il nous manquait pour réinventer une société si loin d’être parfaite. Qu'attendons-nous?

It’s an exciting time to be alive !


PS: désolé pour ce post lyrique, mais pas très requinesque

12/01/2008

La femelle du requin

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"De tous ces êtres humains, qui remuent les quatre membres dans ce continent peu ferme, les requins ne font bientôt qu’une omelette sans œufs, et se la partagent d’après la loi du plus fort. »

Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont

09/01/2008

Et si on commençait l'année par des poissons d'avril ?



Requins blanc, Dyer island, Juillet 2005



Bonne année à vous qui êtes trois fois plus nombreux que l’année dernière à la même époque. Ce qui me fait le plus plaisir, ce sont les mails que je reçois et vos commentaires qui se font un peu moins rares. A cet égard, n’hésitez pas à me faire part des articles qui vous intéressent afin que je poursuive dans ce sens. Je compte prochainement revenir sur une rubrique un peu délaissée, celle de mes « meilleures plongées avec des requins ». Je vous réserve également quelques nouvelles vidéos dont la qualité devrait être meilleure, grâce aux convertisseurs de fichiers désormais disponibles.

La cause des requins fait son chemin. Leur éradication a même fait l’objet d’une séquence lors du zapping de fin d’année sur Canal plus. Il faut à cet égard saluer le travail de sensibilisation énorme accompli par le film Sharkwater. Il semble que l’heure, plus qu’à la sensibilisation, soit désormais à l’action. Et de ce côté, il y a beaucoup de travail. J’ai pu constater en deux passages sur le marché de St Martin de Ré cet été, qu’à chaque fois le requin était proposé aux consommateurs. Une fois du requin taupe, l’autre du requin bleu. Parlez aux poissonniers, parlez aux consommateurs. C’est en supprimant la demande qu’on arrêtera l’offre. Il est plus facile et plus légitime de convaincre un Européen bien portant qu’il peut se passer de requin, qu’un pêcheur Sénégalais dans le besoin qu’il doit renoncer à cette source de revenu.

L’année a commencé avec une nouvelle étonnante. Le feuilleton de la présence du grand requin blanc sur les côtes anglaises se poursuit. La nouvelle est cependant à prendre avec les plus longues pincettes disponibles, car elle émane au départ, une fois de plus, du très sérieux Sun. Ce journal même qui nous faisait part de la possible présence cet été d’un requin blanc sur les côtes du Cornwall, attestée par une vidéo. Très vite le débat s’était alors porté sur le fait de savoir si l’aileron filmé ne pouvait être celui d’un très gros spécimen de requin taupe. On avait juste oublié de se demander si cette vidéo avait bien été filmée en Angleterre, ce qui n’était justement pas le cas. Il s’agissait en fait bien d’un requin blanc, mais d’un requin blanc Sud Africain. Le requin blanc a remplacé le monstre du Loch Ness. L’animal en voie de disparition a donc fini par accéder au statut de créature mythique dans l’inconscient collectif britannique, ce qui n’est guère rassurant. On utilise les mêmes stratagèmes qu’hier pour faire croire à sa présence.

Il faut également rappeler qu’au cours des deux précédentes années une promeneuse avait déjà cru apercevoir un grand blanc du haut d’une falaise du Cornwall et un surfer avait cru distinguer la silhouette d’un requin bouledogue alors qu’il était assis sur sa planche dans la même région (ce dernier événement avait d’ailleurs fait l’objet d’un article de ma part). Il s’agissait probablement dans les deux cas, au vu de l’endroit et de la saison, de requins pèlerin.

Cette fois-ci, la nouvelle a l’air plus sérieuse ou la supercherie plus élaborée. Un phoque gris a été retrouvé mort le 4 Janvier sur la cote du Norfolk, portant les signes caractéristiques d’une morsure de grand requin. Une gigantesque morsure en forme de demie lune qui au-delà de la graisse a atteint les organes vitaux de l’animal. S’il s’agit d’une requin (et il ne peut s’agir d’un orque vu la taille de la machoire), il s’agit probablement d’un requin blanc. A ma connaissance le Mako n’attaque pas les phoques et quand bien même ce serait le cas, il s’agirait alors d’un spécimen d’une taille hors du commun (ce qui est toutefois possible, une pièce de 884 livres ayant été pêchée cette année).

Cette première nouvelle en a déclenché une seconde, relayée cette fois par le Daily Mail, journal tout aussi sérieux qui s’interroge encore sur les véritables circonstances de la mort de la princesse Diana. A la lecture de l’article du Sun, un pêcheur du Suffolk aurait fait le rapprochement avec une carcasse de marsouin qu’il avait observée et prise en photo à l’aide de son téléphone portable sur une plage le 1er Janvier au matin. Cette fois-ci, il s’agit d’une proie, certes occasionnelle, mais entrant dans le menu du requin mako. Qui plus est, les mutilations que l’on constate sur ce qu’il reste de la carcasse ne permettent pas de tirer de véritable conclusion quant à l’identité du ou des agresseurs.

Toujours est-il que les commentateurs ne peuvent s’empêcher de voir là la possible signature du tueur blanc tant espéré. Possible. Même si rien ne dit que les incidents soient reliés, même si aucun requin blanc n'a jamais été observé en Atlantique Est au nord de Noirmoutiers.

Vous me permettrez néanmoins de rester dubitatif. Le pêcheur qui a trouvé la carcasse du marsouin souligne qu’en 40 ans de pêche, il n’avait jamais vu de marsouin échoué. Quant au phoque, on ne comprend pas bien pourquoi un requin blanc, s’il s’agit de cette espèce, ne l’aurait pas consommé en entier, puisque les organes vitaux semblaient atteint et que l’on ne voit pas bien comment l’animal aurait pu s’échapper. Les individus mutilés que l’on aperçoit du côté de Dyer ou de Seal island en Afrique du Sud ne parviennent à fuir leur agresseur qu’à la seule condition de n’avoir été amputé que de graisse.

Et si nous avions affaire à un serial imposteur ?

18/12/2007

Le requin qui attaquait les kangourous

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Un kangourou en pleine baignade (la photo n'est pas de moi).




Un évènement vient de faire la une de l’actualité marine globale. Un kangourou a été attaqué par un requin et n’a pas survécu à cette attaque. Quoi de tellement surprenant?

Pourquoi tout cela paraîtrait-il anormal ou insolite, puisqu’il y a des requins en Océanie et que les kangourous nagent? Mais voilà, justement, on ignorait tout de la propension aquatique du kangourou. Il y a des animaux improbables que l’on met inconsciemment à l’abri d’un redoublement d’improbable comme une attaque de requin.

Le coupable, je vous le donne en mille : le plus imaginatif des squales, le requin bouledogue, votre nouvel ami. On ne peut vraiment faire confiance qu’à lui pour animer les pages de la Sharkuterie.

Alors pourquoi cette nouvelle étonne t-elle ? Pour son incongruité. Parce qu'on se demande ce que le kangourou foutait là. Comme un top model italien accompagné d’un chef d’état qui visiterait Euro Disney par un dimanche après-midi de Décembre.

15/12/2007

Trunko, le monstre de Margate

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Le premier aileron de requin qu'ait aperçu mon fils, par un après midi de Juin 2005, sur la plage de Margate. Là même où s'échoua Trunko.

Par un matin d’Octobre 1924, alors que Lénine venait de relâcher depuis 10 mois sa vigilance sur un monde qui s’éloignait inexorablement d’une certaine vision du communisme, un étrange animal fut aperçu au large de Margate, qui faisait alors partie de ce que les Anglais avaient nommé l’Union Sud Africaine.

Les témoins rapportent qu’un animal marin, pourvu d’une longue trompe et couvert d’une fourrure d’ours blanc, aurait été vu livrant un dernier combat contre plusieurs baleines qui l’attaquaient sans rémission. Le combat dura, semble t-il, plusieurs heures

Plus tard, la carcasse du Léviathan s’échoua sur la plage où elle demeura pendant plusieurs jours sans que personne ne la photographiât. L’animal atteignait une taille qui, d’après les marseillais présents sur place, dépassait les 40 pieds.

Quelques prélèvements, à ma connaissance furent opérés, puis ensuite égarés. Il s’agissait d’un temps où les monstres se faisaient remarquer sans se faire totalement respecter. Il semblait normal que la profondeur recèle d’idées originales.

Pourquoi devrais-je vous raconter cette histoire à la con ? A cela deux raisons. La plage de Margate et ce flou que nos cerveaux du 21ème siècle peuvent dissiper si facilement.

C’est sur la plage de Margate que mon fils par un jour de juin a vu son premier requin dans cinquante centimètres d’eau. Il s’agissait d’un grand requin sombre qui poursuivait une poche de sardines lors de la migration annuelle. C’est une attaque mortelle sur la même plage en 1957 qui déclencha la pose de filets sur toute la côte du Natal. Il s’agit d’une plage exceptionnelle, car elle fait face à un récif coralien à nul autre pareil. Il s’agit du seul récif à ma connaissance où le chaud et le froid se soient donnés rendez-vous. Quasiment toutes les espèces majeures de requins peuvent y être observées : requin blanc, requin tigre, requin bouledogue, requin mako, requin renard, requin taureau, requin sombre, requin cuivre, requin marteau halicorne etc. Comme par hasard, c’est à cet endroit-là que s’est manifesté Trunko. Il a choisi le dernier récif vers le sud. La dernière station essence.

Venons-en à la seconde raison. Que s’est-il vraiment passé ? Pour moi, cette histoire est beaucoup plus simple que ce que la collectivité solidaire des brêles indécises agrégées vous racontera sur Wikipedia. Il n’y a qu’une seule possibilité.

Il s’agissait tout simplement d’une bâston entre requins. Pas d’ours, pas de trompe, pas d’éléphant, pas de baleines. Juste des requins.

Curieusement, c’est l’identité du monstre qui est la plus facile à déterminer. Il s’agissait sans aucun doute possible d’un requin pèlerin en état de décomposition avancée. La mâchoire s’était détachée, faisant paraître son petit crâne comme le bout d’une trompe, et les tissus en décomposition prenaient l’apparence de poils, mais là ne comptez pas sur moi pour vous expliquer pourquoi.

On pourrait se demander s’il ne s’agissait pas plutôt d’un requin baleine, mais il me semble que c’est très improbable, même si l’espèce, comme le requin pèlerin, à déjà été aperçue sur Protea (et récemment sur Aliwal Shoal en 2006). D’autres récits, dont celui d’un spécimen pêché par un cargo japonais au large de la Nouvelle Zélande en 1977(dont on fit courir le bruit qu’il s’agissait peut être d’un spécimen de plésiosaure), prouvent que c’est le requin pèlerin qui se décompose de cette façon. La seule chose que je ne comprenne pas est la raison pour laquelle il flotte en surface. Peut-être aspire t-il de l’air pour maintenir une flottabilité neutre, comme le font le requins taureaux ?

Mais bon, vraiment, faites-moi confiance, la question intéressante est ailleurs. Quelles étaient ces baleines qui l’attaquaient ? D’après moi, il ne pouvait s’agir de baleine. Le terme de baleine employé par les témoins ayant assisté à la scène à distance ne peut être pris au mot. La notion de baleine désignait à cette époque une foultitude de choses pas très claires. Les baleines qui traînent à cette moment-là de l'année (et ce n’est pas l’heure de pointe) dans ces eaux, n’attaqueraient jamais une carcasse de requin mort.

Les seuls cétacés qui auraient pu à mon sens se livrer à de telles activités seraient des cétacés carnivores comme les orques. Je n’y crois pourtant pas. Les orques ne sont pas des charognards. Qui plus est, leur présence à cet endroit, à ce moment, serait tout à fait surprenante. Ils s’aventurent parfois aussi près des côtes en juin , pendant le Run, mais pas en octobre. S’il s’agissait d’orques d’ailleurs, une autre possibilité serait envisageable. Les faux orques. J’en aperçu un en 2005, j’ai sauté à l’eau, personne ne m’a suivi, et lui même ne m’a pas attendu. Ca tombait bien, je ne connaissais pas personnellement ces dauphins aux longues dens.

Alors de quoi pouvait-il bien s’agir. D’après moi de plusieurs requins blancs. Leurs charges verticales soulevèrent sans doute la carcasse au point de donner l’impression qu’elle était vivante. On savait s’amuser en 1924.

Il aurait pu s’agir aussi de requins tigres, mais c'est peu probable. Il s’agit certes d’un de leur terrain de chasse privilégié, mais ce n’est ni leur saison, ni leur mode d’opération.

Donc voilà la version officielle : un requin pèlerin mort s’est fait ce jour là dépouiller par plusieurs requins blancs. C’est tout.

Les monstres sont une ressource que nous avons épuisée. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais au cours de cette histoire, je viens d’en faire disparaître un.

20/11/2007

Un requin bouledogue en Irak

Pauvres irakiens qui ne sont à l’abri nul part. Les américains et les attentats sur terre et maintenant des requins dans les fleuves.

Vous l’avez peut être entendu, un requin a été trouvé mort dans les filets d’un pêcheur non loin de Nassiriyah à 200 kms de la mer, en Irak. Il s’agirait d’un spécimen d’environ 2 m, et 110 kg, décrit comme étant un requin blanc ayant commis une escapade suicidaire en eau douce dans l’Euphrate.

Vous vous en doutez, il ne s’agit évidemment pas d’un requin blanc. Je vous le confirme, j’ai vu une photo de l’animal. Pas plus d’un requin taureau, comme le prétendent d’autres sites pseudo-érudits (erreur habituelle de traduction de bullshark en français), mais bien d’un requin bouledogue.

Les sites qui rapportent cet évènement parlent d’une prise inédite. Ce n’est pas non plus tout à fait vrai. Le requin bouledogue a fréquenté pendant de nombreuses années l’Euphrate, ainsi que le Tigre, autre fleuve d’Irak. Les individus à ailerons qui fréquentent ce genres d’eaux fluviales le font essentiellement, quand il s’agit de spécimens de petite taille (environ 1m), pour se préserver des prédateurs. On les trouve alors souvent aux embouchures des fleuves. Pour ce qui est des individus de plus grande taille, il s’agit le plus souvent de femelle qui viennent mettre bas. La constitution particulière de cette espèce lui autorise ces séjours prolongés en eau douce (cf. article : « Dans quelles circonstances le requin bouledogue en vient-il à attaquer ? »).

Si la présence du bouledogue dans l’Euphrate semble avoir été oubliée, c’est que cette espèce a progressivement déserté les fleuves qui étaient son domaine jadis. Il y a de cela 5 ans, dans le cadre d’un reportage sur les attaques de 1916 dans le New Jersey, une équipe de National Geographic avait eu le plus grand mal à trouver un tout petit spécimen de bouledogue mort, après trois semaines de tournage sur le Gange, alors qu'il "infestait" jadis ce fleuve. Le Zambèze, qui était son royaume et qui lui a valu son surnom en Afrique australe (requin du Zambèze), ne fait lui même plus partie de ses fleuves prédilections, obstrué qu’il est par de nombreux barrages.

Si la présence des américains en Irak est contestable, celle d'un requin bouledogue dans l’Euphrate l'est beaucoup moins. Il ne fait que revenir, peut être à l’occasion de circonstances exceptionnelles, sur un territoire dont on l’a chassé, il y a peu. Peut-être s'agit-il d'ailleurs d'un ultime pélerinage. Qui sait si l’on reverra un jour un autre requin bouledogue dans l’Euphrate ?

01/11/2007

Les hauts et les bas du requin tigre

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Ma femme en compagnie d'un requin tigre. Aliwal Shoal, Juin 2007




Les dernières observations pratiquées sur le requin tigre, comme souvent, contredisent les précédentes. Il s’avère que le requin tigre est un requin qui a des sautes d’humeur dont on n’avait jamais vraiment perçu l’origine, évidemment lunatique, sans qu’elle ne soit tout à fait nocturne.

Que ce soit en matière de profondeur, de température, de nourriture ou de lieu de résidence, le requin tigre oscille. L’hésitation est érigée chez lui en mode de vie et varie avec l’âge. S’il vous attaque un jour, ce sera du bout des dents, pour mieux vous connaître. L’adolescence du requin tigre a plusieurs rangées.

La première de ses hésitations tient à son mode de déplacement. Les anglo-saxons appellent cela son « schéma de nage rebondissant ». Le requin tigre arpente la colonne d’eau de bas en haut. A cela une raison bien simple : comme le dirigeable recherche les courants porteurs, le tigre inspecte les strates odorantes en recherche de nourriture, car les courants portent conseil. Il passe rapidement de 6 à 70m. Le tigre passe sa journée dans l’ascenseur.

Car il en va autrement la nuit. Le requin tigre n’arrive pas à se décider. Ou bien il s’éloigne en mer, ou bien il se rapproche de la côte. Dans tous les cas, il est moins actif qu’on ne le pensait et reste même parfois longtemps en un même lieu, sans doute pensif. Ce demi somnanbulisme explique sans doute le pyjama rayé qu’il porte en permanence.

On disait jusqu’à récemment que le requin tigre ne vivait qu’en eau chaude et ne descendait jamais à plus de 350m de fond. Les dernières études, basée sur la télémétrie acoustique, ont déjà (en moins de deux ans) prouvé le contraire. Les quelques requins tigres marqués à Aliwal Shoal en Afrique du Sud avec des appareils enfin fiables ont montré qu’ils pouvaient descendre ponctuellement jusqu’à 875m dans une eau à 5°c.

Reste que le tigre préfère quand même l’eau chaude. C’est indéniable. Il quitte plus ou moins les eaux du Kwazulu Natal en Juin pour ne revenir qu’en Octobre. Quelques spécimens particulièrement bien adaptés restent néanmoins dans la région en permanence. On ne sait ce qui les différencie des autres, si ce n’est un vécu de requin tigre particulier.

Deux choses semblent provoquer les transhumances du requin tigre. La nourriture et la température de l’eau. Cette dernière semble cependant bien plus déterminante. Ainsi, on ne constate pas les mêmes transhumances chez les requins tigres hawaïens que chez les tigres sud-Africains, la température des eaux hawaïennes étant bien plus constante.

Parmi les autres aspects changeant de la personnalité du requin tigre, on peut également citer son régime. Contrairement à bien d’autres requins, le tigre possède un régime extrêmement varié de proies vivantes ou non. C’est ce qui lui valu sa réputation de poubelle des mers ,puisqu’on a souvent retrouvé des objets en métal ou en plastique dans son estomac. Ce caractère de charognard lui a certainement valu d’endosser certaines attaques qu’il n’avait peut-être pas commises. Ainsi, quand on a retrouvé, il y a deux ou trois ans le bras sectionné d’un pêcheur sous-marin disparu près de Sodwana en Afrique du Sud, on a tout de suite cru que le coupable était un gros requin tigre de plus de quatre mètres observé dans la zone de recherche le même jour. Il n’est pas dit cependant que le pêcheur sous-marin ne soit pas mort d’une syncope en remontant à la surface et que le requin tigre n’ait fait que se repaître du corps qui traînait au fond.

Le régime varié du tigre en Afrique du Sud se compose principalement d’élasmobranches que l’on retrouve dans 46,5% des estomacs de spécimens capturés, puis viennent les téléostes (37,3%), les mammifères marins (36,4%), les oiseaux (22,5%), les mollusques (16,3%), des objets divers et variés (13%), les crustacés (10,7%), les reptiles (6,6% : essentiellement des tortues). Ce menu peut varier énormément selon les points du globe. Chez les tigres de Shark Bay en Australie par exemple, on trouve une dominante de tortues et de mammifères marins. Ce régime évolue de surcroît avec l’âge. Ainsi ce n’est qu’à partir de 2m50 que la tortue fait son apparition au menu. Avant cela, les mâchoires du requin tigre ne sont pas encore assez puissantes pour transpercer l’épaisse carapace de ces reptiles. Cette extrême variété des proies du requin tigre nous a longtemps fait croire que nous pourrions éventuellement faire partie du menu. Ce n’est heureusement pas le cas.

La prédation des tortues nous livre quelques enseignements sur les habitudes de chasse des requins tigre. Ainsi, on s’est longtemps demandé pourquoi les tortues vertes étaient plus épargnées par les tigres que leurs cousines les caouannes. C’est le cas en Australie comme en Afrique du Sud. Après des études, on s’est aperçu que les tortues vertes passaient bien moins de temps en surface pour prendre leur respiration. Ainsi, elles s’exposaient moins.

Comme le blanc, le tigre est un requin qui chasse à l’affût. En partant du bas, contrairement au laveur de carreaux. Inversement, quand il monte, il ne peut s’empêcher de suivre ceux qui glissent vers le bas, comme des gouttes sur une vitre. Il se nourrit souvent en surface. La combinaison de ce mode de prédation, de sa taille et de son menu varié, explique qu’il se soit rendu coupable de nombreuses attaques sur des baigneurs. Rarement sur des plongeurs toutefois, et quasiment jamais sans que celles-ci ne soient provoquées. Les accidents/incidents peuvent être considérés comme provoqués dans la mesure où dans tous les cas un appât était présent dans l’eau moment de l’attaque, qu’il s’agisse d’un shark feeding ou de pêcheurs sous marins.

Reste qu’on sent qu’il convient d’être méfiant en présence d’un tigre. Comme le longimanus, le tigre vient défier le plongeur de très près. Le mieux alors est de ne rien faire. Quand on a l’habitude, comme moi, de plonger avec une caméra, on peut toujours se protéger avec celle-ci, mais mieux vaut tout de même ne pas provoquer de contact avec le requin, même s’il vient très près. Il n’est pas dit d’ailleurs que ce ne soit pas le métal et les batteries de la caméra qui l’attire. Les requins tigres aiment également beaucoup les écrans de contrôles LCD des caméras vidéos modernes. Méfiez vous donc des caméras sous marines pourvues d’un écran de contrôle extérieur. A moins que vous n’aimiez vous faire des frayeurs.
Méfiez-vous également du calme du tigre. Quand un tigre attaque, l’attaque est rarement soudaine, il ne s’agit d’ailleurs le plus souvent même pas d’une attaque de son point de vue, mais d’un « check bite ». Une morsure investigatrice faite dans le calme. Le requin tigre n’a pas peur de vous. Il n’hésitera pas à vous « goûter » pour mieux vous identifier. Ainsi est fait son caractère.

Quoiqu’il en soit, en règle générale, le tigre évite l’homme. Pendant longtemps, on s’est d’ailleurs demandé pourquoi les palanquées de plongeurs voyaient si peu de tigres sur Aliwal shoal, alors même que le récif fait partie de leur territoire. On pourrait d’ailleurs se poser la même question pour les requins blancs du Cap. La réponse est simple, les requins tigres évitent les plongeurs.Les relevés faits sur Aliwal grâce aux requins marqués montrent que ceux-ci ne fréquentent assidument le récif que l’après midi, alors même que les dernières plongées ont lieu entre midi et une heure. Les tigres ont compris les règles de notre manège sous-marin. Quant aux spécimens qui s’aventurent sur le récif durant la matinée, les plongeurs la plupart du temps ne les voient pas. Probablement se faufilent-ils derrière les palanquées où nagent-ils en surface quand ils les croisent. Or nous ne regardons que rarement au-dessus de nos têtes, piétons que nous sommes d’un monde en deux dimensions.

Le tigre, qui est également le plus primitif des requins, la plus vieille espèce vivante, est un requin discret et furtif qui se cache et nous cache sans doute encore bien des secrets.

04/09/2007

Making of d'une jolie photo de requin

Voici quelques précisions (suite à la photo mise en ligne récemment), sous forme de vidéo, sur la façon de s'y prendre pour faire une jolie photo de requin. Les ingrédients sont les suivants : une mer calme, une bonne visibilité, de longues palmes (éviter le jaune, je ne sais pas pourquoi, mais ils n'aiment pas)) et quelques sardines à placer entre l'appareil et le requin.

Ce jour là, le photographe (qui était très exigeant) ne fut pas satisfait du résultat.




Aliwal Shoal, Afrique du Sud, Juin 2007

07/08/2007

Shark Spotting

Je viens d’apprendre que ces derniers mois à Cabo Catoche au Mexique avait été observée la plus grande congrégation de requins baleines jamais vues. Entre 800 et 1400 individus, apparemment (c’est le moins que le puisse dire). En tous cas, c’est ce que disent les scientifiques qui les ont observés.

Une nouvelle merveille de la Nature ?

Sans doute pas.

Car dans deux ans, des bateaux de pêche venus de tous les pays pointeront leur museau pour ratisser en bordure des eaux territoriales mexicaines ces ressources qui ne leur appartiennent pas. Les scientifiques qui croient protéger la Nature attirent souvent les massacreurs. Les écologistes sont des indics.



Une fois, à Pemba, au large de la Tanzanie, j’eus cette sensation. Nous venions de plonger sur un point appelé Manta Point à la tombée de la nuit et, le lendemain matin, au réveil, nous découvrîmes que les locaux avaient jeté un filet en travers même de ce point du récif.

Protea Banks a d’abord été signalé par des pêcheurs. Ils ont sans nul doute d'abord été des découvreurs, mais aujourd’hui, ce sont les plongeurs qui leur révèlent des secrets qu’ils ne devraient pas connaître. Les pêcheurs, désormais à la traîne, sont les principaux acheteurs des caméras sous marines ultra-perfectionnée que nous montrent certains documentaires.

Récemment deux conserveries se sont ouvertes dans le Cap Est pour traîter les prises liées au Sardine Run. Nul ne peut m’empêcher de penser que la médiatisation de l’évènement a un peu exposé ces poissons.

Ceux qui se sont émerveillés devant la vie marine en un certain moment en un certain endroit devraient se taire. Pour ne pas ébruiter l’information. Comme pour un restaurant qui gagnerait à n’être dans aucun guide.

29/07/2007

Un caméraman provoque l'attaque d'un requin bouledogue

Il y a de cela quelques mois, dans un article consacré aux circonstances dans lesquelles le requin bouledogue peut en venir à attaquer l'homme (cf. requinades), je vous avais parlé d'une vidéo aperçue sur la toile dans laquelle un caméraman se faisait mordre. La voici. Du fait de la mauvaise qualité de l'image, je pensais alors que le caméraman avait tenté de filmer un requin qui se débattait au bout de la ligne d'un pêcheur, ce qui n'aurait déjà pas été très malin. Je surestimais ce monsieur. La réalité est bien plus consternante, comme vous pourrez le constater vous-mêmes.

Tout d'abord, le caméraman et son équipe de pseudos scientifiques ont tenté d'accrocher une crittercam sur le dos du requin qu'ils venaient de pêcher. Généralement, on immobilise pour une telle opération le requin le long du bateau, mais ces messieurs ont apparemment préféré faire cela directement dans l'eau. Le requin, se débattant, a finalement réussi à s'échapper. Le caméraman n'a alors rien trouvé de mieux que de le suivre pour continuer à filmer. C'est alors qu'un harpon (lancé de la surface par les pêcheurs qui avaient aidé à la capture du squale?) est venu heurter le flanc de celui-ci. Le requin passablement exaspéré a fait demi-tour et a mordu le caméraman à la hanche. Contrairement à l'imbecilité de ce dernier, la patience du requin bouledogue a des limites.

Quand j'avais vu ces images pour la première fois, il y a quelques années, l'attaque était sortie de son contexte et on pouvait croire à s'y méprendre qu'elle n'était pas provoquée, du fait de la qualité de l'image qui ne permettait pas de voir le harpon heurtant l'animal.

Il faut se méfier des images qui se font si bien passer pour la vérité.



Shark Vs Camera - Click here for more blooper videos

PS : on notera au passage quelques incohérences. Des images de requin Blanc en début de film? Des gros plans d'un autre requin, tournés en un autre endroit (on reconnaît distinctement le fond de Walker's Cay, d'où viennent d'ailleurs quasiment tous les gros plans de requin bouledogue). J'aime également beaucoup la voix off qui stipule que Nick était "confiant, persuadé que le requin n'attaquerait qu'en cas de provocation". Car évidemment, il n'avait pas du tout été provoqué.

24/07/2007

La suppression des filets anti-requins

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En Juin, lors du Sardine run, les filets de protection sont relevés pour éviter un carnage parmi les prédateurs de toutes sortes qui s'approchent inhabituellement de la côte pour suivre les poches de sardines. Plage de Hibberdene, Afrique du Sud, Juin 2007.




Une expérience menée par le Natal Sharks Board est en cours depuis peu en Afrique du Sud qui vise à collecter des informations en vue de supprimer les filets anti-requins et de les remplacer par un autre système appelé « drumline ». Une drumline est une installation qui consiste en une bouée amarrée au fond à laquelle est accroché un hameçon auquel est fixé un appât. Mais comment une ligne pourrait-elles remplacer un filet vous demandez vous? Ceci signifierait qu’il n’y aurait plus de barrière entre les baigneurs et les requins. C’est que vous ignorez le fonctionnement des filets de protection.

Ces filets ne constituent nullement une barrière infranchissable entre la plage et le large. Ils n’ont pas pour but de tenir éloignés les requins des baigneurs, mais tout simplement d’exterminer les spécimens ayant tendance à s’approcher un peu trop près du rivage. Ces filets d’environ 200m de long et six de large, sont généralement installés à 400m du rivage dans des eaux où la profondeur n’excède pas 15m. Parfois, on trouve deux rangées parallèles de filets, d’autres fois le système est complété d’une ou deux drumlines. Toujours est-il que le requin peut passer en dessous ou au dessus du filet. D’ailleurs plus de la moitié des prises sont faites côté plage. J’espère que vous voilà rassurés pour la prochaine fois où vous viendriez à faire trempette sur les plages du Kwazulu Natal !

Pourtant, vous pouvez l’être. Quasiment aucune attaque n’a été observée depuis la pose de ces filets dans les années 1960 (en 1952 pour la plage de Durban qui en comporte 17). Les rares exceptions, dont les plus célèbres furent les 4 attaques de Décembre 1974 sur la plage d’Amamzimtoti,, n’eurent lieu que parce que le système était défaillant et la baignade par conséquent interdite. Deux autres attaques eurent lieu jusqu’à aujourd’hui dans des circonstances que je ne connais pas. Aucune de ces attaques ne fut fatale.

Comment expliquer ces chiffres alors que le système n’est pas totalement « étanche» . Trois explications me viennent à l’esprit. La première, qui est la plus préoccupante, est que les requins qui ont pour habitude de s’approcher de ces plages sont systématiquement éliminés. Une seconde, qui n’est qu’une supposition, est que les requins craignent peut être désormais de s’approcher de ces plages et les évitent. La vue de congénères pris dans les filets les a peut-être amenés à éviter certaines zones. Cousteau ne raconte t-il pas qu’après avoir harponné un requin lors d’une plongée en mer rouge, ses congénères évacuèrent la zone pendant quelques jours, probablement méfiants ? La troisième est que, mis part le grand requin blanc, la plupart des requins potentiellement dangereux s’approchent du bord plutôt de nuit. Ce qui expliquerait les prises côté plage. C’est connu, n’en déplaise à certains, les requins évitent la présence de l’homme.

Le problème que posent ces filets est cependant double. Tout d’abord, ils tuent inutilement beaucoup d’animaux : dauphins, tortues, raies, requins inoffensifs et autres pélagiques. C’est ce que vise à corriger la pose de « drumlines ». En ceci, elle constitue un véritable progrès. Les premières expériences menées montrent qu’elles n’affectent vraiment que les espèces visées, à quelques rares exceptions près. Tout juste observe t-on des prises anormalement élevées de requins sombres. Mais peut être cela tient-il à des facteurs extérieurs ponctuels au moment des essais ou à un défaut du système (appât ?). Ce problème devrait être facilement corrigé selon les experts. Un résultat reste néanmoins troublant. Les drumlines poursuivent l’œuvre entamée par les filets, à savoir l’éradication du requin du Zambèze. Alors même que les filets anti-requins prenaient à l'origine 150 requins de cette espèce par an, ce nombre est tombé de nos jours à 50. Il ne semblerait pas que les drumlines épargnent plus cette espèce.
Ceci s’explique par l’extrême vulnérabilité du requin du Zambèze qui est, parmi les requins visés, celui qui passe le plus de temps au plus près de la côte. Son habitat est directement menacé par l’homme. La seule véritable solution pour protéger cette espèce serait de retirer complètement les systèmes de protection de certaines plages. L’homme ne peut-il sacrifier quelques bains en pleine mer s’il ne peut contrôler sa peur? Ne peut-on construire des piscines, naturelles ou non, qui suffiraient peut être aux baigneurs ?

Et si pour une fois c’était l’homme qui s’adaptait ? D’autant qu’il n’a guère plus de raisons de craindre une attaque avec que sans filet. Il a très peu de chance d’être attaqué en l’absence de filets et il a quand même quelques chances de l’être en leur présence.

It's the mind. C'est dans l'esprit des gens qu'il faudrait placer quelques filets de protection.

02/07/2007

Les requins et les nazis

Ricky Gervais nous parle des nazis et des requins lors de son one-man-show "Animals".


20/06/2007

www.sharkuterie.com

Désormais, vous pouvez accéder à ce blog directement par www.sharkuterie.com. Je crois que j'avais oublié de vous le dire. C'est fait.

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05/06/2007

Des tigres en Afrique ?

Mais oui voyons, des requins tigres. Il se trouve que ce site manque récemment d’informations fraîches, de celles qu’on ne lit pas partout sur Internet. C’est pourquoi je me suis dit qu’il était temps d’aller en cueillir quelques unes à la source. Des nouvelles de première main.

La semaine prochaine, je pars plonger en Afrique du Sud voir les Tigres d’Aliwal shoal. J’ai déjà tenté le coup deux fois, en 2003 et en 2005, mais pour des raisons qui ont varié entre l’absence de requin en 2003 (la technique pour les attirer n’était pas encore aussi éprouvée qu’aujourd’hui) et une malencontreuse gueule de bois des marins en 2005, les sorties sont à chaque fois tombées à l’eau, si je puis dire.

Cette fois ci sera la bonne et si tout se passe bien, j’irais plonger deux fois avec eux. Au début, mon souhait était de retourner chasser les boules d’appât du Sardine Run, mais j’ai préféré opter pour un plan B, car pour la seconde année consécutive, le Sardine Run s’annonce bien mal. Peu de poches ont été aperçues pour le moment. L’année dernière déjà, on n’avait rien vu sur les plages du Kwazulu Natal.

Cette fois-ci, on peut définitivement dire qu’il y a un dérèglement. C’est la deuxième fois de suite alors même qu’il n’y avait déjà pas eu de Sardine run en 2004, sans doute ce coup-ci pour des raisons de fin de cycle. Ainsi, il n’y a donc eu qu’un seul vrai Run depuis 2003. Ces deux dernières années sont particulièrement suspectes. Le réchauffement climatique et El Nino ont beau dos.

Il se murmure que le gouvernement sud africain aurait accordé des permis de pêche à d’énormes chalutiers qui moissonnent le banc de sardines avant même qu’il n’ait quitté la région du Cap. Il se dit que le port de Mossel Bay est rempli de cette flotte, que l’endroit serait pris de frénésie quand elle déverse ses flots de poissons. On songerait même à construire deux conserveries sur place. Le Sardine Run, phénomène naturel sans équivalent au monde, qui se déroule inlassablement et cycliquement sans doute depuis des centaines de milliers d’années, est suspendu jusqu’à nouvel ordre sur intervention d’une poignée d’épuiseurs de ressources. Les centaines de milliers de dauphins et de requins qui sont venus pour l'occasion se sont déplacés pour rien. Leurs frais de voyage ne seront pas remboursés. C’est scandaleux. Je ne sais ce qu’on peut faire, ni à qui écrire. Je vous le ferais savoir dès que j’en saurais plus. Et surtout je vous dirais à mon retour si ces funestes rumeurs se sont vérifiées, en fonction de la présence ou non des sardines.

Quoi qu’il en soit, et pour éviter de contempler la surface de dépit, je m’en vais voir les tigres d’Aliwal, je l’espère quelques raggies, et entre une plongée à Protea Banks et une autre à Sodwana, je croiserais bien quelques baleines.

J’ai constaté sur You Tube que l’on n’attirait plus les Tigres recroquevillé dans un petit renfoncement du récif à Aliwal. Désormais, la chose se fait apparemment en pleine eau. Des morceaux de poissons sont déposés dans un seau qui pend de la surface. De nombreux requins sont attirés, notamment des requins à pointe noire. Je suis curieux de voir en quoi cette technique diffère de celle de Walker’s Cay et son Shark Rodeo.

Certes, je désapprouve officiellement ces pratiques, certes je préférerais naturellement voir un banc de sardines attaqué par une horde de requins sombres, mais je ne peux m’empêcher d’y aller, pour voir ces énormes requins à rayures de très près, des fois que demain ce ne soit plus possible... comme pour les sardines.

Tant pis pour moi ou pour le concert des Daft Punk. Si j'y pense, je les écouterais sur mon autoradio. On the Sunshine Coast.